ETR 200

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FS ETR.200
Description de cette image, également commentée ci-après
La rame FS ETR.232 préservée au dépôt FS de Pistoia.
Identification
Exploitant(s) FS Drapeau de l'Italie Italie
Composition 3 caisses
Couplage 3 rames
Concepteur FS & Breda C.F. SpA
Conception 1934
Commande 1935 - 1937 - 1939
Construction 1936-1941
Constructeur(s) Breda C.F. SpA
Nombre 18 rames
Transformation ETR 220 / 230 / 240
Mise en service 1936-1942 puis après reconstruction en 1950
Modernisation reconstruction après guerre (1950) / modernisation en 1971
Période de service 1937-41 / 1950-1991
Service commercial 1937 à 1991
Retrait début des années 1990
Utilisation Rames grande vitesse de luxe
Caractéristiques techniques
Disposition des essieux Bo'(1A)(A1)Bo'
Écartement standard (1 435 mm)
Gabarit UIC
Alimentation 3 kV continu
Captage pantographe
Pantographes type FS 42L puis 42LR
 Tension moteurs 3 kV
Moteurs de traction 6 moteurs Breda 62-100 de 188 kW
Puissance continue 1050 kW
Ø roues motrices 1.000 mm
Tare 112,20 t
Masse en service 127,70 t
Masse adhérente 94.7 t
Longueur HT 62,50 m
Largeur 2,92 m
Hauteur 3,75 m
Masse totale 112 t
Longueur totale 62,86 m
Empattement 17,50 m
Empattement du bogie 3,00 m
Portes 3 caisses : 4 de chaque côté
4 caisses : 6 de chaque côté
Places assises 94 / 130 pl.
Climatisation Dell'Orto et Stone
Vitesse maximale 203 km/h
Places assises
1re classe 2e classe
places
35 69

L'ETR 200 (ETR = Elettro Treno Rapido) est la première rame de train électrique mondiale à vitesse élevée, construite à partir de 1936, alors que pratiquement tous les réseaux mondiaux fonctionnent à la vapeur. Ce convoi électrique de toute nouvelle conception, avec l'intégration de la locomotive dans la rame même et pouvant rouler indifféremment dans les deux sens de marche, représenta une véritable révolution dans le monde ferroviaire. Faire circuler sur des voies normales un convoi de ce type à une vitesse de 200 km/h fut une des raisons de l'orgueil national italien[non neutre] dans ce domaine.

Histoire[modifier | modifier le code]

Dans les années 1930, les chemins de fer italiens, Ferrovie dello Stato, lancèrent un plan ambitieux de renouvellement de leur réseau avec l'électrification de l'axe nord-sud, la ligne Milan-Bologne-Florence-Rome-Naples et en construisant les premières liaisons directes rapides entre grandes agglomérations.

À l'origine, l'ETR 200 devait être simplement un train léger et rapide, mais le gouvernement fasciste de Benito Mussolini décida d'en faire le porte-drapeau de l'industrie italienne, comme il l'avait fait avec grand succès pour l'automobile et ses voitures de course et l'aviation.

En 1934, les premières études sur ce projet portèrent sur des technologies entièrement nouvelles pour chaque élément et composant, du carénage aérodynamique aux aciers spéciaux. Les extrémités furent étudiées dans la soufflerie de l'École polytechnique de Turin, ce qui justifie l'invention des têtes de train en forme de tête de vipère qui restera la référence des rames des FS en la matière pendant des décennies.

Le , la société Breda C.F. (Società Italiana Ernesto Breda) livra le premier exemplaire : une rame insécable avec une puissance distribuée, composée de deux extrémités identiques et d'une voiture centrale intermédiaire, la rame étant montée sur quatre bogies (deux bogies Jacobs intermédiaires) de type « Cm 1000 » dont deux étaient équipés de moteurs « T 62-R-100 » simples et les deux bogies d'extrémité de deux moteurs identiques chacun, un carénage enveloppant complet, des protections aérodynamiques sur les liaisons entre caisses et des pantographes à double structure en losange.

Le train avait été initialement conçu pour une vitesse commerciale de 175 km/h, mais les essais ont mis en évidence de petits problèmes de contact avec la caténaire au-dessus de 130 km/h. Le problème fut rapidement réglé.

Les premiers trains furent mis en service en 1937 sur la ligne Bologne-Rome-Naples. Cette première série, à la différence de celle qui suivra, comportait des places en première et seconde classe, alors que plus tard, la grande vitesse fut classée en service de luxe et donc les rames seront équipées uniquement avec de larges fauteuils inclinables de première classe.

Les rames ETR 200 disposaient d'un raffinement inconnu auparavant, comme la climatisation avec une installation Dell'Orto, des thermostats automatiques, des fenêtres panoramiques et des fauteuils inclinables. Les rames ETR 200 étaient les plus belles rames et les plus rapides d'Europe, voire du monde. Très fier de cette réalisation, Benito Mussolini en fit envoyer un exemplaire aux États-Unis qui sera exposée à la Foire mondiale de New York.

Le , une rame de démonstration ETR 200 accueillit à son bord plusieurs délégations étrangères, dont notamment une délégation française très fournie, pour effectuer le voyage entre Rome et Naples à la vitesse de 201 km/h. La rame avait été fabriquée l'année précédente par Breda C.F. et avait été tirée au sort parmi les six exemplaires de cette série.

Le l'ETR 212, piloté par le mécanicien Cervellati, établira le record mondial de vitesse sur longue distance de 203 km/h entre Florence et Milan. Il faut rappeler que les voies de l'époque n'étaient pas conçues pour de telles vitesses et qu'elles étaient parsemées de gares et d'aiguillages standards. La propagande fasciste annonça cette nouvelle et certains crurent que c'était le Duce, lui-même qui était aux commandes. Mais Mussolini n'était pas dans la rame, c'est son ministre des Communications Antonio Stefano Benni qui voyagea à côté du mécanicien et qui, à l'arrivée, envoya un télégramme à Mussolini.

En 1939, les FS commandèrent une troisième série de ces fameuses rames mais la Seconde Guerre mondiale débutant, la livraison fut retardée. Deux des quatre rames commandées furent détruites dans les bombardements avant même leur livraison et les deux autres furent très sérieusement endommagées.

Le , toutes les rames furent retirées car les restrictions de guerre et les contrôles incessants des personnes avaient annulé la demande de transport, notamment de luxe. Toutes les rames parquées dans les dépôts ferroviaires furent endommagées lors des bombardements. Les rames 216 et 218 seront entièrement détruites, les autres seront réparées ou reconstruites pour reprendre le service régulier à partir de 1946.

Avec la reprise économique, les rames de la série ETR 200 devinrent insuffisantes en nombre et seront secondées par les nouvelles rames ETR.300 Settebello qui allaient encore améliorer le confort et la vitesse des grands trains rapides italiens.

Tout au début des années 1960, les 8 rames furent reconverties en ETR 220/ETR 230/ETR 240 avec l'adjonction d'une quatrième voiture. Ces rames furent intégralement reconstruites après la Seconde Guerre mondiale avec de nouvelles motorisations et resteront en service régulier jusqu'au début des années 1990.

La rame ETR 232 a été préservée et restaurée. Elle est au dépôt FS de Pistoia et participe aux salons et expositions de matériel ferroviaire remarquable.

L'évolution des rames ETR 200[modifier | modifier le code]

Les rames ETR.200 construite par Breda Costruzioni Ferroviarie ont fait l'objet de 3 séries :

  • la première, a porté sur les automotrices 201 à 206, commande du et livraison entre juin et . Ces rames comportent deux éléments moteurs et une remorque centrale,
  • la deuxième a porté sur les automotrices 207 à 214, commande du et livraison entre et , rames identiques à la 1re série,
  • la troisième a porté sur les automotrices 215 à 218, commande du et livraison en .

La climatisation montée d'origine était de marque Dell'Orto sauf pour les motrices ETR.203 - 206 & 215 qui ont des climatisations Stone. Toutes ces rames tri-caisses avaient une livrée classique des FS marron châtaigne (carénage) et Isabella (haut des caisses) avec un filet rouge intermédiaire.

Les automotrices ETR.216 et 218 ont été entièrement détruites par des bombardements durant la Seconde Guerre mondiale. Les autres rames ont toutes été gravement endommagées par les bombardements et ont été reconstruites pour être remises en service en 1950.

Transformation en ETR 220 (1959)[modifier | modifier le code]

Dès la reprise du service régulier de ces rames après leur reconstruction d'après guerre, les FS avaient rapidement admis que leur capacité était trop limitée par rapport aux futurs besoins de la population. Ils envisagèrent d'ajouter une voiture à la rame, pour cela il fallait augmenter la puissance de traction. Les rames étaient construites avec des bogies centraux de type Jacobs ce qui rendait l'intégration d'une voiture plus complexe. Il fut alors décidé de découper la face de la motrice, la remplacer par un élément avec soufflet de jonction et de placer une nouvelle voiture devant avec la face avant découpée de la motrice comportant la cabine de conduite. La capacité de chaque rame serait ainsi grandement augmentée jusqu'à 154 fauteuils de 1re classe.

À partir du mois de , les FS ont lancé ce programme important de revamping de ces rames renommées ETR 220. La commande a été passée au constructeur Breda C.F. en fin d'année 1958 et toutes les rames ont été rendues modifiées entre mi-1959 et début 1960. La livrée de ces rames quadri-caisses évolua en gris - vert magnolia. La longueur totale de la rame passa à 87,55 mètres pour un poids à vide de 164 tonnes. Les 6 moteurs FS 62R.100 de 190 kW chacun remplacèrent les anciens Breda, permettant une vitesse commerciale de 180 km/h même avec des pentes à 24‰ (24 pour mille). Les nouveaux pantographes FS type 52 équipent les 8 rames.

Transformation en ETR 220 P (1965)[modifier | modifier le code]

Alors que le revamping des 8 rames ETR.200 était presque terminé chez Breda C.F., l'opérateur, les FS qui avaient mis en service les nouvelles rames ETR.300 Settebello et ETR.250 Arlecchino, décida d'uniformiser les caractéristiques des ETR.220 avec celles des ETR.250 afin de les rendre interchangeables et donc couplables.

La motrice ETR.202 gardée en réserve fut directement transformée en ETR.235 avec cette configuration. Elle fut presque entièrement reconstruite et équipée des mêmes bogies Z.1040 et moteur FS T.165 de 250 kW que l’ETR.250 Arlecchino. La remorque qui n'était pas motorisée dans la version ETR.200, reçut également le bogie motorisé de l'ETR.250. La disposition des essieux passa donc de B’o(1Ao)(Ao1)B’o+2’2’ à B’o2’2’B’o+B’o2′. La vitesse maximum fut bridée à 180 km/h malgré un rapport de transmission rallongé à 35/50, toujours avec des pentes pouvant atteindre 24‰. Un troisième feu fait également son apparition. Les ex ETR.206 et 201 vont bénéficier de ce même traitement qui sera baptisé directement ETR.220P. Tous les autres éléments seront transformés lors de leur révision générale intervenue entre 1966 et 1972.

Devenues équivalentes aux ETR.250, ces rames pouvaient désormais leur être accouplées.

Evolution en ETR.220 A.V.[modifier | modifier le code]

L'époque était très faste en idées nouvelles et la direction des FS imagina en 1969, avant même que toutes les rames deviennent des ETR.220P, de les transformer en ETR.220 A.V.. Cette nouvelle évolution était devenue quasi évidente après la mise en service, cette année-là, de la très grande vitesse sur la ligne Rome-Naples. A l'époque, la très grande vitesse signifiait plus de 180 km/h. Pour les trains classiques, les nouvelles motrices FS E.444 étaient plus que suffisantes tout comme les FS Ale 601 modifiées et les ETR.300 Settebello. Comme les rames ETR.250 et ETR.220P étaient bridées à 180 Km/h, il fallait éliminer cette contrainte et pour cela les équiper du freinage électrique, devenu la condition sine qua non pour garantir la sécurité. Le poids à vide des rames allait encore augmenter et passer à 186 tonnes et le rapport de transmission passa de 34/50 à 38/46 ce qui réduisait les pentes maximales franchissables de 24 à 21‰. Les FS firent également installer une cabine téléphonique dans chaque rame.

Toutes les rames ETR.220P furent ainsi transformées en ETR.220 A.V. en 1970.

Transformation en ETR 240[modifier | modifier le code]

Toutes les rames ETR.220 comportaient jusqu'en 1986 une voiture destinée aux services : bagagerie et cuisine, qui n'étaient plus utilisés. Il fut décidé d'équiper cette voiture en fauteuils pour passagers. La voiture fut quasiment reconstruite, l'intérieur comme l'extérieur, avec la suppression de la porte coulissante de la bagagerie et la création de fenêtres comme une voiture classique. La capacité de la rame augmenta ainsi de 50 places, passant à 205 fauteuils de 1re classe avec un local plus spacieux pour le chef de train. Un bar était toujours présent. Des freins à disque ont été installés. Cette transformation concerna 3 rames ETR.220 A.V. et fut réalisée par l'atelier ferroviaire de Cittadella, près de Padoue, entre et . Ces rames ont été renommées ETR.240.

Transformation en ETR.P II (1re & 2e classe)[modifier | modifier le code]

Les années 1970 marqueront la fin des rames automotrices "légères". Avec la construction de locomotives puissantes et rapides comme les FS E.444 attelées à des wagons de grand confort adaptés aux grandes vitesses type GC supportant 200 km/h, circulant sur de nouvelles lignes à grande vitesse comme la fameuse Direttissima entre Florence et Rome, ouverte en 1976, la raison d'être des anciens ETR ne s'imposait plus. Même si leur capacité pouvait être comparable en couplant plusieurs rames, la souplesse d'utilisation des trains classiques était un atout. Même les rames automotrices internationales TEE étaient peu à peu remplacées par des trains traditionnels avec changement de locomotive à chaque frontière ou variation d'alimentation du réseau électrifié ou non.

À partir de 1982, toutes les liaisons TEE ont été assurées par des trains InterCity qui avaient l'avantage de comporter aussi des wagons passagers de 2e classe. Ce fut une véritable révolution pour tous les opérateurs car avant cette date, les liaisons TEE ne s'opéraient qu'en 1re classe.

Les FS se posèrent alors la question du devenir des ETR.200P. Fallait-il les radier ou les adapter aux nouvelles conditions d'exploitation sachant que des investissements importants pour les moderniser avaient été récemment engagés. Il fut naturellement décidé de les adapter en transformant des voitures de 1re en 2e classe avec une augmentation de la capacité en voyageurs passant à 240 ainsi répartis : 84 places en 1re et 156 places en 2e classe.

La transformation des 5 rames non transformées en ETR.240 fut effectuée dans les ateliers de la Citadella entre les mois de et . Les motrices ETR.231 (ex 204), 235 (ex 206) et 230 (ex 209, qui avait été exposée à New York) ont été retirées du service.

Les rames ETR.220P II ont été affectés au dépôt de Milano Centrale et desservaient en liaisons rapides les lignes suivantes :

  • Milan-Turin
  • Milan-Turin-Gènes
  • Milan-Florence-Rome-Naples
  • Milan-Pescara-Foggia-Bari
  • Gènes-Milan-Vérone-Venise-Trieste
  • Venise-Florence

Épilogue[modifier | modifier le code]

À partir de 1987, les rames ETR.220 P II ont assuré les liaisons rapides Tevere et Pantheon entre Milan et Rome. En 1990, elles assuraient les liaisons Svevo entre Milan et Venise et Fogazzaro entre Milan et Udine, en rame double jusqu'à Vicence. A l'été 1990, pour faire face au nombre croissant de voyageurs, les rames ETR.240 ont circulé en triple mais n'arrivaient toujours pas à satisfaire la demande. Elles furent remplacées par des trains classiques et furent transférées du dépôt de Milan à Rome où ces rames ont été utilisées pendant une dizaine d'années sur les lignes Pérouse-Rome Termini et Ancône-Rome-Pescara.

En 1997, certaines rames ont été utilisées pour des liaisons vers Naples (IC Caracciolo). Le elles effectueront leur dernière liaison rapide entre Rome et Naples, sur la ligne qui les aura vues en premier lors de leur mise en service 61 ans et un jour auparavant. Ces rames furent recyclées pour des liaisons en 2e classe uniquement sur la ligne Rome Termini-Port de Civitavecchia en correspondance avec les ferrys en provenance de Sardaigne jusqu'au .

La rame ETR.232, qui est l'ex ETR.212 du record de vitesse, a été transférée à Pistoia, remise en parfait état et fait désormais partie des matériels roulants historiques et remarquables de la Fondation FS.

Notes et références[modifier | modifier le code]


Voir aussi[modifier | modifier le code]

Bibliographie[modifier | modifier le code]

  • Una leggenda che corre: breve storia dell'elettrotreno e dei suoi primati; ETR.200 - ETR.220 - ETR 240 / Giovanni Cornolò. - 2e ed., 1. rist. - Salò : ETR, 1990. - 72 S. : (ISBN 88-85068-23-5)

Liens externes[modifier | modifier le code]