E. W. Scripps Company

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E. W. Scripps Company
illustration de E. W. Scripps Company

Création 1878
Fondateurs Edward Willis Scripps
Forme juridique Société par actionsVoir et modifier les données sur Wikidata
Action New York Stock Exchange (SSP) et S&P 600 (en)Voir et modifier les données sur Wikidata
Slogan Give light and the people will find their own wayVoir et modifier les données sur Wikidata
Siège social Cincinnati (Ohio)
Drapeau des États-Unis États-Unis
Activité Presse écrite, télévision
Filiales Ion Media (en)
Katz Broadcasting (en)Voir et modifier les données sur Wikidata
Site web http://www.scripps.com/
Chiffre d'affaires 1,42 milliard ()Voir et modifier les données sur Wikidata
Le Scripps Center à Cincinnati.

E. W. Scripps Company est une entreprise américaine de média fondée le par Edward Willis Scripps (1854-1926) et son frère James Edmund Scripps (1835-1906), basée à Cincinnati dans l'Ohio. La société possède 14 journaux et 10 stations de télévisions.

Scripps-Howard a été historiquement un important groupe de médias aux États-Unis. Les accords de coopération qu'a très tôt proposé la famille Scripps aux différents journaux américains, pour mutualiser les coûts et réaliser des économies d'échelle tranchent, selon les historiens, avec les pures pratiques monopolistiques d'autres industries à l'époque du « gilded age »[1]. La famille a aussi été très active dans la création de radios et d'agences de presse, capables d'animer la concurrence et de stimuler l'intérêt d'un très large public pour l'actualité internationale. En militant pour une presse quotidienne du soir, bon marché, respectueuse d'un minimum de neutralité, capable de combiner couverture locale et actualités internationales, tout en dénonçant les scandales de corruption, la famille a contribué à forger les mythes fondateur la presse américaine du XXe siècle, qui a produit des grands journaux régionaux de qualité, même si peu font partie de l'empire (The New York Times, Chicago Tribune, The Washington Post, Los Angeles Times, The Detroit News).

Périmètre, scissions et changements de nom[modifier | modifier le code]

L'Empire de presse a regroupé jusqu'à 32 quotidiens et des participations dans 15 autres, ce qui en fait le premier groupe américain de médias, ensuite doublé par celui de William Hearst et Thomson Financial. Il a aussi 10 télévisions, et une agence de presse mondiale et généraliste, UPI, qui a racheté en 1958 l'INS puis a été cédée en 1982. Bon marché, neutres dans leur contenu et riches en actualité internationale, ces journaux étaient créés, achetés ou associés, via une politique de soutien et d'encouragements à leurs dirigeants d'avant l'acquisition, puis souvent revendus.

Fondé depuis 1873 sur The Detroit News, son navire-amiral, l'Empire a connu cinq scissions, en 1889, 1900, 1908, 1929 et 1963, puis quatre autres cessions, en 1976, 1982, 1985 et 1988. Ses branches de Cleveland et San Diego se sont réunies en 1987. La première scission découle de l'éviction en 1889 d'Edward Willis Scripps par ses deux demi-frères. Onze ans après, le moins âgé des deux lui lègue cependant ses parts, ce qui entraîne un conflit avec l'aîné. En 1908, c'est le propre fils d'Edward Willis Scripps qui fait sécession, suivi à la fin des années 1920 par le plus brillant des petits-fils, contraint de partager en 1922 son héritage avec Roy W. Howard, un cadre du groupe, lorsque la "Scripps-MacRae League" est rebaptisée "Scripps-Howard". Leurs héritiers fusionneront avec l'empire en 1986.

La branche des héritiers fidèles à Edward Willis Scripps, basée dans l'Ohio, vend en Bourse son audiovisuel en 1963 et se rebaptise E. W. Scripps Company, puis s'introduit elle-même en Bourse en 1988, juste après avoir fusionné avec les deux branches d'héritiers californiens. La branche des héritiers de James Edmund Scripps, celle du Michigan, alliée depuis 1887 à George G. Booth, cède ses activités en deux temps: 1976 pour Booth newspapers et 1985 pour l'Evening News Association. L'E. W. Scripps Company, nommée ainsi depuis 1963, cotée en Bourse depuis 1988, rassemble aujourd'hui l'essentiel du groupe.

Histoire[modifier | modifier le code]

Les fondateurs sont quatre enfants de James Mogg Scripps, un relieur londonien venu en Amérique en 1844 après avoir perdu sa femme, qui s'est remarié et installé dans une ferme à Rushville, dans l'Illinois.

Né en 1835 à Londres, le fils aîné James Edmund Scripps (1835-1906) a neuf ans lorsqu'il arrive en Amérique. Il est d'abord apprenti chez un relieur puis commence sa carrière de journaliste au Chicago Tribune en 1857, avant de s'installer à Détroit en 1859, où il devient en 1862 directeur du Detroit Tribune puis du Detroit Daily Advertiser, détruit par un incendie en 1873. Avec l'indemnité des assurances, il fonde The Detroit News, dans lequel son frère George H. Scripps (1839-1900) prend 32 % du capital. Leur sœur Ellen Browning Scripps (1836–1936) s'implique dans la rédaction et rédige une colonne d'articles magazine, qui ont un grand succès. Tous trois aident financièrement, par des prêts et prises de participation, leur demi-frère Edward Willis Scripps, plus jeune, à fonder cinq ans plus tard le The Penny Press, à Cleveland dans l'Ohio. En 1882, James Edmund Scripps participe avec quatre autres quotidiens à la création de la « United Press (association) », agence de presse qui concurrence la New York Associated Press puis s'allie secrètement avec elle, avant de devoir finalement s'effacer devant une nouvelle Associated Press, unifiée en 1892 et procéder à une liquidation en 1897.

Edward Willis Scripps est nommé à la tête du groupe familial en 1887, puis écarté l'année suivante par ses deux demi-frères, plus âgés et plus fortunés[2]. En 1889, il fonde un mini-groupe de 3 journaux, la "Scripps MacRae League", en associant au capital et à la direction l'un de ses cadres, Milton A. McRae (1858-1930). Ils sont rejoints par The Indianapolis Sun fondé un auparavant par cinq anciens journalistes de Cleveland[3].

Au même moment, la Pulitzer Publishing Association, de Joseph Pulitzer, actionnaire depuis 1879 du Saint-Louis Post-Dispatch, fait blocage à l'intégration d'un des titres d'Edward Willis Scripps, le Saint-Louis Chronicle, dans les abonnés au service général d'Associated Press, alors que Scripps avait menacé de se retirer si tous ses titres n'étaient pas admis, menace qu'il a mise à exécution[4].

Le groupe créée à son tour en 1897 une agence de presse sur la côte ouest, la Scripps-Blades News Association[5] qui sera rebaptisée "Scripps News Association" en 1901[2]. L'un de ses reporters, Kenneth Bellairs, du Saint-Louis Star est envoyé couvrir la Seconde Guerre des Boers. Entre-temps est apparue la "Publisher Press Association", à New York le 17 mars 1898 et qui sera ensuite intégrée à l'United Press.

À son décès en 1900, George H. Scripps lègue ses parts à Edward Willis Scripps. Le demi-frère James conteste cet héritage en justice. Un accord à l'amiable lui donne 100 % de The Detroit News mais il cède tout ce qui est hors-Detroit[6] à Edward Willis Scripps, qui continue sa progression, créant en 1902 la "Newspaper Enterprise Association" (NEA), bourse aux illustrations, éditoriaux et articles sur le sport ou la mode puis réunit en 1907 quatre agences de presse en une seule, la United Press, forte de 369 journaux membres, pour chasser sur les terres de l'Associated Press, en profitant de Arrêt Inter Ocean Publishing contre Associated Press, qui autorise en 1900 un journal à adhérer à plusieurs agences concurrentes.

Entre temps, Ellen Scripps (1863-1948) fille de James Edmund Scripps, a épousé en 1887 George G. Booth. Leur fils aîné James Scripps Booth, fondera la Société automobile Scripps-Booth. Avec ses frères Edmund Wood Booth (1866-1927) et Ralph Harman Booth (1873-1931), George développe un autre groupe de presse familial, originaire de Toronto en rachetant ou créant eux aussi des quotidiens, formant l'Evening News Association, qui sera plus tard rebaptisé en "société Booth newspapers". Ils rejoindront en 1914 l'empire de presse familial fondé par son beau-père en 1873.

Edward Willis Scripps a cédé en 1908 la direction du groupe à son fils James G. Scripps, qui se brouille sept ans après avec son père, et fait scission avec 5 journaux du groupe, tous situés sur la côte Pacifique, ainsi le Dallas Dispatch. Du coup, c'est le petit-fils commun avec Milton A. McRae, John P. Scripps (1913-1989), qui est associé par anticipation à la succession en 1922 mais en faisant une part importante à un nouvel associé et dirigeant, Roy W. Howard, dont les projets en tant que président de l'agence United Press ont fait forte impression à Edward Willis Scripps. Ce choix sera à l'origine d'une brouille avec Milton A. McRae, préférant soutenir lui les projets du petit-fils commun, John P. Scripps, qui décide lui aussi de faire sécession en Californie.

À l'issue de la Première Guerre mondiale, Roy W. Howard avait été le premier journaliste à publier la nouvelle de l'Armistice de 1918, quatre jours avant qu'il ne soit annoncé officiellement[7]. Une dépêche UPI du vendredi 7 novembre 1918 à 11 heures 56, cosignée par le PDG et le rédacteur en chef étranger William Philip Sims, alors à Paris, avait annoncé l'armistice, mais plusieurs médias refusent de la reprendre. Selon un historien, les procédures de vérification n'auraient pas été respectées[8]. A 13heures, les opérations sont stoppées à Wall Street[8] et les magasins ferment. Un cortège se forme dans New York sous les sirènes, les chants et les pluies de confetti[9].

Dans les années 1920, le groupe s'adapte très rapidement au succès de la TSF et fonde WWJ, première station de radio d'information continue, créée par William Edmund Scripps (1882-1952) et William John Scripps (1905-1965), les deux fils de James Edmund Scripps, tout en complétant par de nouvelles acquisitions son panel de quotidiens du soir. Roy W. Howard décide que United Press, désormais très solidement implantée sur le sol américain, peut concurrencer aussi l'agence Reuters au sein du Commonwealth : il crée en 1923 au Canada la British United Press, qui s'installe dès 1924 à Londres et réalise aussi des percées en Australie et en Inde. Il lance l'ACME Newspictures, une agence de reportage photo, les quotidiens commençant à en publier. Le succès de l'United Press bouleverse le Traité quadripartite des agences de presse, dont les 4 membres sont obligés d'ouvrir leurs marchés en signant l'Accord du 26 août 1927 sur l'information[10].

En 1959, United Press absorbe l'agence concurrente INS, marginalisée, qui ne reçoit que 5 % du nouvel ensemble, appelé United Press International. En 1962, le groupe est montré en exemple comme le seul empire de presse américain à toujours avoir été rentable depuis plus de 80 ans, mais il est endetté et doit procéder à l'introduction en Bourse de ses activités audiovisuelles.

Dans les années 1970, le développement de la télévision pénalise ses principaux clients, les journaux du soir, tandis que la concurrence de Reuters se fait plus forte. En 1980, United Press International concède avoir cumulé 24 millions de dollars depuis six ans. Elle est revendue en 1982 pour seulement un dollar. L'endettement accumulé oblige alors le groupe à décider une introduction en Bourse en 1988[11].

Histoire récente[modifier | modifier le code]

La société possédait plusieurs actifs dans les nouvelles technologies (Shopzilla) et les chaînes câblées (Home & Garden Television) qui ont été transférées dans une autre société en 2008, la Scripps Networks Interactive.

Le 3 octobre 2011, E. W. Scripps Company annonce l'achat de la division télévision de McGraw-Hill pour 212 millions de dollars[12].

En juillet 2014, E. W. Scripps et Journal Communications annoncent leur fusion et la scission de leurs activités dans la presse dans une nouvelle entreprise sous le nom de Journal Media Group[13].

En octobre 2015, Gannett, qui ne regroupe plus que des journaux dont USA Today, acquiert pour 280 millions de dollars Journal Media, issue de la fusion des journaux de E. W. Scripps Company et de Journal Communications[14].

En septembre 2020, E. W. Scripps annonce l'acquisition de Ion Media pour 2,68 milliards de dollars[15]. En février 2021, iHeartMedia annonce l'acquisition de Triton Digital, spécialisée dans la publicité audio, pour 230 millions de dollars, à E. W. Scripps Company[16].

Chronologie[modifier | modifier le code]

Journaux[modifier | modifier le code]

Télévision[modifier | modifier le code]

Ville de licence / Zone Station TAT / TNT Détenue depuis Affiliation Notes
Détroit WXYZ-TV 7 / 41 1986 ABC Achetée à American Broadcasting Company
Phoenix KNXV-TV 15 / 56 1985 ABC
Tampa - St. Petersburg WFTS-TV 28 / 29 1986 ABC
Cleveland - Akron WEWS-TV 5 / 15 1947 ABC Première station achetée par E. W. Scripps
Baltimore WMAR-TV 2 / 52 1991 ABC
Kansas City KSHB-TV 41 / 42 1977 NBC
Lawrence KMCI-TV 38 / 36 2001 Indépendante
Cincinnati WCPO-TV 9 / 10 1949 ABC Station fondée et détenue depuis sans discontinuer
West Palm Beach WPTV-TV 5 / 55 1961 NBC
Tulsa KJRH-TV 2 / 56 1971 NBC

Notes et références[modifier | modifier le code]

  1. "Secret Combinations and Collusive Agreements: The Scripps Newspaper Empire and the Early Roots of Joint Operating Agreements", par Edward E. Adams, Assistant Professor1 1Department of Communications, Drama and Journalism at Angelo State University in San Angelo, Texas.
  2. a b c et d "E.W. Scripps and the business of newspapers", par Gerald J. Baldasty
  3. a b et c (en) David J. Bodenhamer et Robert G. Barrows, The Encyclopedia of Indianapolis, , 1616 p. (ISBN 978-0-253-11249-1, lire en ligne), p. 811.
  4. "The Nation's Newsbrokers: The rush to institution, from 1865 to 1920", par Richard Allen Schwarzlos [1]
  5. a b c et d The Scripps newspapers go to war, 1914-18, par Dale E. Zacher University of Illinois Pres 2008, page 230 [2]
  6. a b c et d (en) « The E.w. Scripps Company », sur encyclopedia.com (consulté le ).
  7. "Un siècle de chasse aux nouvelles: de l'Agence d'information Havas à l'Agence France-presse (1835-1957)", par Pierre Frédérix – 1959 -, page 325
  8. a et b "A False Armistice", par William Bryk, dans le New York Sun du 10 novembre 2004
  9. "Un siècle de chasse aux nouvelles: de l'Agence d'information Havas à l'Agence France-presse (1835-1957)", par Pierre Frédérix – 1959 -, page 326
  10. "Un siècle de chasse aux nouvelles: de l'Agence d'information Havas à l'Agence France-presse (1835-1957)", par Pierre Frédérix – 1959 -, page 365
  11. a et b The Enquirer Staff, « Home », sur enquirer.com, The Enquirer, (consulté le ).
  12. « escrippsnews.scrippsnet.com/ar… »(Archive.orgWikiwixArchive.isGoogleQue faire ?).
  13. (en) « Scripps, Journal to merge broadcast operations, spin-off newspapers »,
  14. Gannett Co to buy Journal Media for $280 million, Reuters, 8 octobre 2015
  15. (en) « E.W. Scripps to buy ION Media in $2.65 billion Berkshire-backed deal », sur Reuters,
  16. (en) « IHeartMedia to buy Triton Digital for $230 million in podcast push », sur Reuters,
  17. (en) Gerald J. Baldasty, E.W. Scripps and the Business of Newspapers, , 217 p. (ISBN 978-0-252-06750-1, lire en ligne), p. 12.
  18. a et b « Answers - The Most Trusted Place for Answering Life's Questions », sur Answers (consulté le ).
  19. (en) Gerald J. Baldasty, E.W. Scripps and the Business of Newspapers, , 217 p. (ISBN 978-0-252-06750-1, lire en ligne), p. 13.
  20. a et b "Notable american women: a biographical dictionary", par Edward T. James,Janet Wilson Jame [3]
  21. (en) Gerald J. Baldasty, E.W. Scripps and the Business of Newspapers, , 217 p. (ISBN 978-0-252-06750-1, lire en ligne), p. 14.
  22. (en) Gerald J. Baldasty, E.W. Scripps and the Business of Newspapers, , 217 p. (ISBN 978-0-252-06750-1, lire en ligne), p. 21.
  23. a et b « Indictment of Earl Brian », sur downhold.org (consulté le ).
  24. (en) Jim Willis, 100 Media Moments that Changed America, , 229 p. (ISBN 978-0-313-35517-2, lire en ligne), p. 32.
  25. (en) « John P. Scripps; Newspaper Family Scion », Los Angeles Times, (consulté le ).

Voir aussi[modifier | modifier le code]

Articles connexes[modifier | modifier le code]

Liens externes[modifier | modifier le code]