Délos

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Délos
Δήλος (el)
Panorama
Panorama
Géographie
Pays Drapeau de la Grèce Grèce
Archipel Cyclades
Localisation Mer Égée (mer Méditerranée)
Coordonnées 37° 22′ 59″ N, 25° 15′ 00″ E
Superficie 3,5 km2
Point culminant Kynthos (113 m)
Administration
Périphérie Égée-Méridionale
Nome Cyclades
Démographie
Population 14 hab. (2001)
Densité hab./km2
Plus grande ville Port de Délos
Autres informations
Fuseau horaire UTC+02:00
Géolocalisation sur la carte : Grèce
(Voir situation sur carte : Grèce)
Délos
Délos
Îles de Grèce

Délos (en grec moderne : Δήλος) est l'une des îles des Cyclades, en Grèce. Minuscule (3,5 km2), aride, inhabitée depuis longtemps, elle se situe en face de l'île de Rhénée (14 km2, inhabitée) et à proximité de Mykonos. Ses pentes sont douces et la colline Cynthe (Kynthos) ne dépasse pas 113 m. Le port a toujours été exposé aux vents qui, dès qu'ils se lèvent, rendent l'île inaccessible. Dans la partie basse se trouvait jadis un lac sacré d'eau douce, aujourd'hui à sec.

Elle a joué un rôle considérable en Grèce antique, lorsqu'elle avait de l'eau potable, tant sur le plan commercial que religieux, et son rayonnement a connu son apogée sur le plan religieux au VIe siècle av. J.-C. Le site de Délos a été inscrit au patrimoine mondial de l'Unesco en 1990.

Elle a connu plusieurs dénominations dans l'Antiquité : Lagia (l'« île aux lièvres »); Ortygie (l'« île aux cailles ») ; Prypile (« porte de feu ») ; Cynthère (l'« île de Cynthia », nom carien d'Artémis)[1] ou encore Pélasgie (l'« île des Pélasges »). Son nom de Délos (« claire », « visible ») s'explique par la mythologie.

Mythologie

Selon la légende, Zeus immobilisa cette île, jusque-là flottante, pour que Léto, poursuivie sur terre et sur mer par la jalousie d'Héra, trouvât enfin un asile où elle pût mettre au monde ses jumeaux Apollon et Artémis. L'île était sacrée : il n'était pas permis aux femmes d'y accoucher ; on ne pouvait non plus y enterrer les morts.

« [...] aiant esté couverte de la mer, elle se descouvrit et apparut tout en un coup : ce qui a donné occasion aux poetes de feindre que ceste estendue de terre, avoit long temps erré à l’avanture, et qu’en fin elle fut arrestee en la mer Ægee et mise au rang des Cyclades, où Léto acoucha depuis de Phœbus et de Diane. »

— Simon Goulart

On racontait aussi que l'île aurait été créée :

  • par le plongeon d'Astéria (sœur de Léto) dans la mer, pour échapper aux poursuites de Zeus ;
  • par Poséidon, à la demande de Zeus. D'un coup de son trident, le dieu de la mer fit sortir de l'eau deux rochers plats (Délos et Rhénée).

Histoire

Les premiers habitants de ces îles seraient les Cariens venant de l'Asie Mineure (3000 av. J.-C.), appelés Pélasges par les Mycéniens et les Ioniens qui s'y ajoutent. Tous habitent, au sommet du mont Cynthos, nom éponyme d'un village fortifié et pourvu de citernes. Là, on honore Apollon et Artémis, comme le rappelle le poète latin Virgile dans l'Énéide[2].

Dès le VIIIe siècle av. J.-C., des fêtes somptueuses avec des hymnes et des compétitions sportives en l'honneur d'Apollon sont organisées sur l'île, autour du Lac Sacré. Pendant les VIIe et VIe siècles av. J.-C., les monuments historiques édifiés sur Délos sont très nombreux comme l'oikos des Naxiens, les terrasse des lions, le Colosse des Naxiens, la colonne des Naxiens et la statue de Nicandre, offrande à Artémis.

Vers 540 av. J.-C., le tyran Pisistrate d'Athènes ordonne la « purification » de l'île sacrée en déplaçant sur l'île voisine de Rhénée les sépultures, les personnes âgées infirmes et les malades. En 478 av. J.-C. se forme la ligue de Délos : c'est le nom que les historiens modernes donnent à l'alliance que formèrent les cités grecques pour lutter contre les Perses, après que ceux-ci eurent été refoulés de Grèce. Le trésor de la ligue est confié au sanctuaire de Délos. Cependant, la ligue ne tarde pas à passer sous contrôle athénien et de nombreux trésors culturels de Délos sont transférés à Athènes en 454 avant notre ère.

Pendant la guerre du Péloponnèse, une épidémie se déclare sur Athènes, qu'on attribue à la colère d'Apollon. Athènes décide à nouveau, en 426 av. n.è., une purification de l'île de Délos en éloignant sur l'île voisine les tombeaux, les personnes prêtes à mourir et les femmes enceintes, puisque dans l'esprit de cette purification, il était interdit de mourir et naître sur l'île de Délos.

En 422 av. n.è., Athènes ordonne l'expulsion provisoire de tous les habitants permanents, qui sont établis à Adramyttion, et organise, tous les quatre ans, des fêtes déliennes. Ces pèlerinages sont accompagnés de danses et de concours sportifs et culturels, mais donnent également lieu à de nombreux échanges commerciaux.

En 314 av. J.-C., suite à la proclamation de Tyr, l'île retrouve son indépendance et une population permanente : le sanctuaire d'Apollon devient le centre religieux de la ligue des Nésiotes nouvellement créée. Des temples dédiés aux dieux étrangers, égyptiens, syriens, phéniciens, sont construits au-dessus de la cité.

La ligue des Nésiotes entre dans l'orbite de Rhodes vers 200 av. J.-C. Après la troisième guerre de Macédoine et l'affaiblissement consécutif de Rhodes, les Romains cèdent le Temple d'Apollon aux Athéniens et proclament le port de Délos comme un port franc en 166 av. n.è.. Les Athéniens expulsent à nouveau les habitants, remplacés par des colons. L'île garde son côté religieux mais le commerce devient prépondérant et la population monte à 25.000 habitants. Les échanges portent sur les céréales, l'huile, le vin, le bois et les esclaves.

Le déclin commence en 88 av. n.è. : le roi Mithridate, en guerre contre Rome, fait une incursion éclair sur Délos, décime la population et détruit tout sur son passage. Les pèlerinages disparaissent progressivement et les pirates rendent les routes commerciales peu sûres. L'île devient chrétienne au IVe siècle mais est abandonnée au VIIe siècle, le lac s'étant asséché.

L'exploitation du Murex, à l'origine de la pourpre, était une des industries de Délos[3].

En 1329, le climat connaissant une période plus humide, quelques Grecs venant d'Épire, puis des chevaliers venant de Malte s'installent sur l'île, mais l'Empire ottoman les en chasse à nouveau et l'île devient un refuge pour les pirates qui, cherchant des trésors, pillent le site.

Un des premiers « archéologues » occidentaux à mettre le pied sur Délos est Cristoforo Buondelmonti au XVe siècle.

Délos en 1829, lors de l'Expédition de Morée.

Depuis 1872, les membres de École française d'Athènes, en liaison avec le gouvernement grec, réalisent des fouilles et sauvegardent les trésors culturels de l'île, exposés in situ et dans le musée.

Sites archéologiques

Délos *
Critères [1]
Numéro
d’identification
530
* Descriptif officiel UNESCO
** Classification UNESCO

Le sanctuaire d'Apollon

Les pèlerins arrivaient à Délos et entraient dans le sanctuaire par un itinéraire que suivent encore les touristes contemporains. Ils étaient accueillis à l'agora des Compitaliastes, du nom des Compitalia, divinités romaines honorées par les esclaves et les affranchis.

De l'agora des Compitaliastes, la voie processionnaire conduit au sanctuaire d'Apollon, précédé d'un propylée en ruines. Sur une vaste esplanade subsistent les vestiges de quatre temples consacrés au dieu. Il s'y dressait aussi jadis une colossale statue le représentant, mais qui a subi des dégradations et des tentatives de déplacement multiples. Il ne demeure que le torse et une partie du bassin, une main est conservée au musée local et un pied au British Museum.

Les lions de Délos

Au Nord du portique d'Antigone s'étend l'agora romaine, avec le Lac sacré, asséché de nos jours, et la fameuse « Terrasse des Lions » disposés ici pour la protection symbolique du site. Au nombre de neuf au départ, il ne reste plus que cinq lions (il s'agirait plus précisément de lionnes) en marbre de Paros, abrités dans le musée de l'île.

Un sixième est visible devant la porte terrestre de l'Arsenal de Venise.

La terrasse des dieux étrangers

Maison avec mosaïque

Sur une terrasse surplombant la ville, et pour répondre aux souhaits des marchands étrangers, sont érigés de petits temples et des salles de réunions.

Atargatis, l'Aphrodite syrienne, ainsi qu'Isis et Sérapis pour les Égyptiens, sont vénérés à partir de 200 avant notre ère.

Tout proche, on trouve aussi les bases d'un temple dédié à Héra, plus ancien, et à bonne distance du temple d'Apollon, dont elle n'avait pas facilité la naissance.

La maison des dauphins

Elle abrite de somptueuses mosaïques.

Le quartier du théâtre

Tête d'Hermès trouvée à Délos

Au sud-est du port se trouve le quartier le plus luxueux de la ville antique avec les demeures dites (d'après leur décoration) « de Dionysos », « des Dioscures » et (d'après ses occupants) « de Cléopâtre » (épouse d'un riche marchand). Des mosaïques remarquables ornent le sol des maisons d'époques hellénistique et romaine.

Le théâtre de 5 000 personnes se situe en plein milieu de ces maisons.

L'alimentation en eau potable sur cette île aujourd'hui aride a été résolue dans l'Antiquité par d'immenses citernes qui recueillaient l'eau de pluie.

Architecture

Références

  1. La combinaison nth est une marque des noms pélasges (Corinthe, menthe, labyrinthe...).
  2. Virgile, Énéide [détail des éditions] [lire en ligne] (I, 495)
  3. Bruneau Philippe. Documents sur l'industrie délienne de la pourpre. In: Bulletin de correspondance hellénique. Volume 93, livraison 2, 1969. pp. 759-791.

Annexes

Articles connexes

Bibliographie

  • Philippe Bruneau, Jean Ducat, Guide de Délos, 4e édition refondue et mise à jour avec le concours de Michèle Brunet, Alexandre Farnoux et Jean-Charles Moretti, 344 p., Athènes, École française d'Athènes, 2005, (ISBN 2-86958-210-2).
  • Jean Richer, Delphes, Délos et Cumes, Paris, Julliard, 1970.
  • Waldemar Deonna,
    • « Note sur un bas-relief trouvé à Délos », Bulletin de correspondance hellénique, XXX, 1906, p. 607-609.
    • Le Mobilier délien, Paris, E. de Boccard, 1938.
    • « Notes d’archéologie délienne », Bulletin de correspondance hellénique, essai de 400 pages et 113 planches; repris dans La Vie privée des Déliens, Paris, E. de Boccard, 1948.
  • Philippe Fraisse et Jean-Charles Moretti, Le théâtre, exploration archéologique de Délos, 2 vol., Athènes, École française d'Athènes, 2007, (ISBN 2-86958-235-8).
  • Claude Vial, Délos indépendante (314-167 av. J.-C.). Étude d’une communauté civique et de ses institutions. Athènes, École française d'Athènes; Paris, diffusion E. de Boccard, BCH supplément X, 1985, 424 p.
  • Nouveaux choix d’inscriptions de Délos : lois, comptes et inventaires, par Clarisse Prêtre (éd.), Michèle Brunet, Véronique Chankowski, Christophe Feyel, Marie-Christine Hellmann, Jean-Charles Moretti, Hélène Siard, Claude Vial et Roland Étienne, Athènes, École française d'Athènes; Paris, E. de Boccard, 2002, Études épigraphiques, 286 p.

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