Guillaume Dupuytren

Un article de Wikipédia, l'encyclopédie libre.
(Redirigé depuis Dupuytren)
Guillaume Dupuytren
Guillaume Dupuytren, lithographie par Nicolas-Eustache Maurin (réalisée vers 1842).
Fonctions
Président
Académie nationale de médecine
-
Président
Société anatomique de Paris
à partir de
Titre de noblesse
Baron
Biographie
Naissance
Décès
Sépulture
Cimetière du Père-Lachaise, Grave of Dupuytren (d)Voir et modifier les données sur Wikidata
Nationalité
Formation
Activités
Autres informations
A travaillé pour
Membre de
Maître
Dir. de thèse
Alexis Boulet Boyer (d)Voir et modifier les données sur Wikidata
Distinctions
Tombeau au cimetière du Père-Lachaise.

Le baron Guillaume Dupuytren, né le à Pierre-Buffière et mort le à Paris, est un anatomiste et chirurgien militaire français. Il a laissé son nom à une contracture irréductible de la paume de la main décrite en 1831 et à un type de fracture de la cheville. Il mourut d'une crise d'appendicite, à la suite de son refus de se faire opérer.

Biographie[modifier | modifier le code]

Hommage dans sa ville natale.

En 1780, Dupuytren, alors âgé de trois ans, fut enlevé par une femme et son mari traversant sa ville natale en poste, frappés de sa figure, pour en faire leur fils adoptif, mais son père, bientôt sur leurs traces, les atteignit à Toulouse et les contraignit à lui rendre son fils[1]. Dans les années 1788, il reçut l'enseignement du latin par Pierre Ardent du Pic curé de Condat-sur-Vienne. Un an plus tard, le capitaine de cavalerie Keffer, passant par Pierre-Buffière avec son régiment, le rencontra, alors âgé de douze ans, qui jouait dans la rue[1]. Séduit par la physionomie de cet enfant, il lui demanda s’il voulait le suivre à Paris[1]. Ayant accepté sans hésiter, Dupuytren père installait, quelques jours après, son fils à Paris, au collège de la Marche, dont le frère du capitaine Keffer, était principal[1]. Dupuytren n’avait que seize ans quand il termina ses études scolastiques en 1793[1]. Il partit de Paris à pied, le sac sur le dos, ayant juste ce qu’il fallait pour vivre pendant son voyage, et arriva ainsi à Limoges où sa famille était venue se fixer[1]. Ayant laissé à son fils le choix d’une profession, à l’exclusion toutefois du barreau et des armes, et n’ayant reçu aucune réponse au bout de plusieurs mois, le père de Dupuytren trancha la question en lui disant : Tu seras chirurgien[1].

À peine étudiant en médecine, Dupuytren comprit que l’anatomie était la base de tout l’édifice médical et il s’y livra avec ardeur[1]. Nommé au concours prosecteur (préparateur d’anatomie) de l’école de santé, à l’âge de 18 ans, il préluda à l’enseignement par des leçons particulières, dont la modique rétribution l’affranchit bientôt du dénuement où le laissaient quelquefois ses parents[1] et, à 24 ans, chef des travaux anatomiques. Il est professeur de médecine opératoire en 1812, chirurgien en chef de l'hôtel-Dieu en 1815. Il est également inspecteur général de l'Université en 1808, baron en 1816 et premier chirurgien du roi sous Charles X et Louis-Philippe[2]. Il est élu membre de l'Académie des sciences en 1825.

Dupuytren fut avant tout professeur et praticien. Il a exécuté et perfectionné presque toutes les opérations chirurgicales. On lui doit plusieurs opérations nouvelles au XIXe siècle, notamment la cicatrisation de l'intestin dans les hernies étranglées.

Il amassa une grande fortune, que l'on estime à 3 000 000 francs en 1830. Il en offrit le tiers à Charles X exilé, dont il fut le médecin, ainsi que de son frère Louis XVIII qui l’en récompensa en le faisant baron. Il légua à la Faculté une somme de 200 000 francs, qui servit à la fondation d'une chaire d'anatomie pathologique et à la création d'un musée anatomique, qui porte son nom : le musée Dupuytren fondé par Mathieu Orfila[3].

Dupuytren contribua à plusieurs articles dans le Dictionnaire de médecine et il est l'auteur de mémoires sur les anus contre nature, sur la ligature des principaux troncs artériels[4], sur la fracture de la fibula[5]. La tombe de Guillaume Dupuytren se trouve à Paris dans la 38e division du cimetière du Père-Lachaise[6]. À la mort de Xavier Bichat en 1802[7], qu'il a pillé, il dit : « Enfin je commence à respirer » (mentionné dans des biographies plus complètes). À la suite d'une attaque survenue en 1833, il meurt le 7 février 1835 à Paris[8].

Œuvres et publications[modifier | modifier le code]

Éponymie[modifier | modifier le code]

  • Fracture de Dupuytren[9]. Elle combine une fracture de la cheville et une dislocation provoquées par une torsion forcée ou violente. La fibula est fracturée juste au-dessus de la cheville, et le tibia se fracture à l'extrémité inférieure, siège d'un arrachement des ligaments. La cheville est alors disloquée. Il faut procéder à une réduction des os pour les replacer dans la position anatomique correcte et immobiliser ensuite à la fois le pied, la cheville et la jambe dans le plâtre pendant environ dix semaines[10].
  • Maladie de Dupuytren[11],[12]. Elle se caractérise par une rétraction indolore de l'aponévrose palmaire suivie d'une fibrose progressive. La cause en est inconnue même s'il existe des facteurs génétiques. Le traitement est chirurgical dans la majorité des cas.

Postérité[modifier | modifier le code]

Statue de Dupuytren à l'Hôtel-Dieu déguisée par les internes en médecine.

Articles connexes[modifier | modifier le code]

Bibliographie[modifier | modifier le code]

  • Marie-Nicolas Bouillet et Alexis Chassang (dir.), « Guillaume Dupuytren » dans Dictionnaire universel d’histoire et de géographie, (lire sur Wikisource)
  • Charles Perdrix: Notices historiques et biographiques sur Ambroise Paré et Guillaume Dupuytren, Impr. de Crapelet (Paris), 1836, Texte intégral et lire en ligne sur Gallica.
  • A. Donné, « Illustrations scientifiques. Dupuytren », Revue des Deux Mondes t. 6, p. 664-82.,
  • R. Lisfranc, « Le Testament de Dupuytren ou chronique d'une mort annoncée », Annales de Chirurgie de la Main et du Membre Supérieur, vol. 16, no 4,‎ , p. 271-3 (lire en ligne, consulté le ).
  • René Abelanet et Paul P. De Saint-Maur, « Le Musée Dupuytren, passé et présent », Histoire des Sciences médicales, vol. 25, no 2,‎ , p. 127-32 (lire en ligne, consulté le ).
  • Georges Boulinier, « Documents inédits sur Dupuytren », Histoire des Sciences médicales, vol. 30, no 2,‎ , p. 225-34 (lire en ligne, consulté le ).
  • Armand Colard, « Un médecin bruxellois chez Dupuytren et quelques autres », Histoire des Sciences médicales, vol. 12, no 3,‎ , p. 233-240 (lire en ligne, consulté le ).
  • Vincent-Pierre Comiti, « Dupuytren et la stomatologie : à propos de quelques observations », Histoire des Sciences médicales, vol. 12, no 3,‎ , p. 249-254 (lire en ligne, consulté le ).
  • Paule Dumaître, « Pugilat à la Faculté de médecine de Paris : Dupuytren contre Maisonabe (1829) », Histoire des Sciences médicales, vol. 12, no 1,‎ , p. 61-68 (lire en ligne, consulté le ).
  • René A. Gutmann, « Un procès de Dupuytren », Histoire des Sciences médicales, vol. 12, no 1,‎ , p. 69-70 (lire en ligne, consulté le ).
  • René A. Gutmann, « Une lettre de Marjolin sur ses rapports avec Dupuytren », Histoire des Sciences médicales, vol. 12, no 2,‎ , p. 123-128 (lire en ligne, consulté le ).
  • P. Hillemand et E. Gilbrin, « Larrey et Dupuytren au début de la monarchie de juillet », Histoire des Sciences médicales, vol. 12, no 3,‎ , p. 255-8 (lire en ligne, consulté le ).
  • P. Hillemand et E. Gilbrin, « Les démêlés entre Dupuytren et Pelletan », Histoire des Sciences médicales, vol. 12, no 3,‎ , p. 259-64 (lire en ligne, consulté le ).
  • P. Huard et J. Imbault-Huart, « La Formation et l’œuvre scientifique de Dupuytren (1777-1835) », Histoire des Sciences médicales, vol. 12, no 3,‎ , p. 217-232 (lire en ligne, consulté le ).
  • Guy Ledoux-Lebard, « Le carnet de visites du Baron Dupuytren en 1830 », Histoire des Sciences médicales, vol. 12, no 1,‎ , p. 77-78 (lire en ligne, consulté le ).
  • Jean Théodoridès, « Dupuytren et la rage », Histoire des Sciences médicales, vol. 12, no 3,‎ , p. 241-8 (lire en ligne, consulté le ).
  • Jean Théodoridès, « Quelques documents inédits ou faits peu connus concernant Dupuytren », Histoire des Sciences médicales, vol. 12, no 1,‎ , p. 71-76 (lire en ligne, consulté le ).
  • E. Van der Elst, « À propos de la thèse de Dupuytren : lithotomie (1812) », Histoire des Sciences médicales, vol. 12, no 1,‎ , p. 55-60 (lire en ligne, consulté le ).
  • Pierre Vayre, « Guillaume Dupuytren (1777-1835) : Heurs et malheurs d'un caractère », Histoire des Sciences médicales, vol. 38, no 1,‎ , p. 27-36 (lire en ligne, consulté le ).
  • J.-L. Faure, "Dupuytren 1777-1835", collection "Anniversaires", édité par les Laboratoires G. Beytout, Paris Xe, 1935.

Notes et références[modifier | modifier le code]

  1. a b c d e f g h et i Édouard Mennechet, Le Plutarque français : vies des hommes et femmes illustres de la France, avec leurs portraits en pied, t. 8e, Paris, Crapelet, , 28 p. (lire en ligne), p. 1-3.
  2. Alain Bugnicourt, « Les principaux « Premier chirurgien ou médecin du Roi » ».
  3. Encyclopédie Larousse en dix volumes, vol. IV, p. 3452.
  4. Auguste Théodore Vidal, Matthieu Joseph Bonaventure Puig Orfila, Dominique-Jean Larrey, Hippolyte-Louis Royer-Collard, Jean-Baptiste Bouillaud, Essai historique sur Dupuytren, Paris, J. Rouvier et E. Le Bouvier, , 60 p. (lire en ligne), p. 38.
  5. Court, A.-E. (Dr) : Fracture de Dupuytren, E. Arrault et cie, Tours, 1910, monographie imprimée, 91 p. lire en ligne sur Gallica.
  6. Journal des débats politiques et littéraires, (lire en ligne).
  7. Enterré ultérieurement lui aussi au Père-Lachaise, à la division 8.
  8. « Guillaume Dupuytren (1777-1835), chirurgien et anatomiste de génie », sur archives.haute-vienne.fr (consulté le )
  9. Cf. n. 2.
  10. Dictionnaire médical Larousse, 1991, p. 350, (ISBN 978-2-72420-975-4).
  11. La maladie de Dupuytren.
  12. (en) Guillaume Dupuytren, « Clinical lectures on surgery », The Lancet, vol. 22, no 558,‎ , p. 222-5 (DOI 10.1016/S0140-6736(02)77708-8)
  13. Bibliothèque de la Pléiade, t. II, p. 710.
  14. La Pléiade, t. V, p. 648.
  15. La Pléiade, t. VI, p. 127.
  16. Belin-Galimard, mai 2022, p.286.
  17. La Pléiade, t. III, p. 433.
  18. La Pléiade, t. III, p. 385.
  19. La Pléiade, t. XII, p. 1272..
  20. Les Misérables, vol. 1, 1862, p. 336.
  21. Emmanuelle Jardonnet, « Les internes sont priés de ne plus peindre la statue du baron en bleu schtroumpf », Le Monde,‎ (lire en ligne, consulté le ).

Liens externes[modifier | modifier le code]

Sur les autres projets Wikimedia :