Dorothée de Montau

Un article de Wikipédia, l'encyclopédie libre.
Dorothée de Montau
Autel de sainte Dorothée de Montau
Biographie
Naissance
Décès
Voir et modifier les données sur Wikidata (à 47 ans)
KwidzynVoir et modifier les données sur Wikidata
Nom dans la langue maternelle
Dorothea SwertvegerVoir et modifier les données sur Wikidata
Nom de naissance
Dorothea SchwartzeVoir et modifier les données sur Wikidata
Activité
Autres informations
Nom en religion
Dorothea von MontauVoir et modifier les données sur Wikidata
Étape de canonisation
Fête

Dorothée de Montau (née le à Montau - morte le à Marienwerder, aujourd'hui Kwidzyn) est une sainte catholique, canonisée en 1976 et fêtée le 25 juin. C'est la patronne de la Prusse et de l'Ordre Teutonique.

Biographie[modifier | modifier le code]

Dorothée de Montau est née en 1347, une région qui faisait alors partie de l’État teutonique. Son père est un paysan aisé, originaire des Pays-Bas. Sa famille la contraint à dix-sept ans d'épouser un armurier de Dantzig , Adalbert Swertveger, nettement plus âgé qu'elle. Elle part vivre avec lui à Danzig.

Entre 1366 et 1380, neuf enfants naissent de ce mariage[1]. Une seule parvient à l'âge adulte - Gertrude- tous les autres décédant de la peste et d'autres maladies infectieuses. Cette dernière devient religieuse à Kulm (aujourd'hui Chełmno nad Wisłą).

Sa vie de femme mariée à Adalbert est pour elle un enfer. Durant toute la durée de leur mariage, elle est victime de violence conjugale,[2]. A partir de 1380, Adalbert consent à prendre avec elle un vœu de chasteté[2]. En 1385, elle est convaincue que Jésus a remplacé son cœur par un nouveau cœur ; elle commence également à entendre chaque jour la voix de Dieu[2].

Peu de temps après son mariage, Dorothée eut ses premières visions religieuses. Elle fit quelques pèlerinages en compagnie de son époux, notamment à Cologne, Aix-la-Chapelle et Einsiedeln ; ils avaient prévu de visiter Rome ensemble, en 1390, mais elle partit seule, son mari étant retenu par la maladie. Quand elle revint, il était décédé. En 1391, Dorothea quitte Danzig pour se rendre à Marienwerder, siège du diocèse de Poméranie afin d'y rencontrer Johannes von Marienwerder, doyen de la cathédrale de Marienwerder et prêtre de l'Ordre Teutonique. De retour à Danzig, elle est soupçonnée d'hérésie. Elle quitte alors définitivement Danzig pour Marienwerder. En janvier 1392, elle demande pouvoir vivre comme recluse. Entre-temps, Johannes von Marienwerder est devenu son directeur de conscience. Après que ce dernier ait testé sa détermination et sa foi, son vœu lui est accordé. A partir du 2 mai 1393, elle devient une recluse, vivant dans une cellule intégrée aux bâtiments de la cathédrale.de Marienwerder. Elle y mène une vie extrêmement ascétique, rythmée par différents exercices de mortification. Elle a de nombreuses visions, visions que Johann von Marienwerder prend en notes. Elle décède un peu plus d'une année après son entrée en réclusion.

Vénération populaire[modifier | modifier le code]

Dorothée de Montau se considérait dès son vivant comme étant la patronne divinement appointée de la Prusse et des habitants de Marienwerder[3]. Dès le début de sa réclusion, de nombreuses personnes viennent lui adresser leurs demandes d'intercession. A son décès en 1394, elle est enterrée à l'intérieur de la cathédrale. Très rapidement, son tombeau devient un lieu de vénération populaire[3]. Alors que la Prusse comptait de nombreux lieux dédiés au culte marial, le culte à une sainte locale était une nouveauté[4].

En 1525, le grand maître de l'ordre teutonique Albert de Brandebourg-Ansbach se convertit au luthérianisme et la Prusse devient son fief personnel. En 1544, le culte rendu à Dorothea von Mantau est officiellement supprimé: son tombeau est saccagé, les peintures à son gloire dans la cathédrale de Marienwerder sont ôtées. Cependant, suite à la Contre-réforme, le culte de Dorothea von Montau est ravivé en grandes pompes à la cathédrale de Marienwerder en 1637[3].

Canonisation[modifier | modifier le code]

Procès en canonisation au 14ème siècle[modifier | modifier le code]

L'Ordre Teutonique et les évêques de Prusse présentèrent une demande de canonisation en 1395; la procès en canonisation a lieu de 1404 à 1406[4], mais il n'aboutit pas[5].

Canonisation au 20ème siècle[modifier | modifier le code]

C'est seulement en 1976 que le pape Paul VI la canonisa[5].

Notes et références[modifier | modifier le code]

  1. Coakly 2006, p. 194.
  2. a b et c (en) Michelle M. Sauer, « Violence, isolation, and anchoritic preparation: Dorothy of Montau, anchoress of Marienwerder », Magistra, vol. 21, no 1,‎ , p. 132-150
  3. a b et c Ute Stargardt, « The Political and Social Backgrounds of the Canonization of Dorothea von Montau », Mystics Quarterly, vol. 11, no 3,‎ , p. 107–122 (ISSN 0742-5503, lire en ligne, consulté le )
  4. a et b (en) Anders Fröjmark, « Heilige machen im spätmittelalterlichen Ostseeraum. Die Kanonisationsprozesse von Birgitta von Schweden, Nikolaus von Linköping und Dorothea von Montau. By Cordelia Hess. (Europa im Mittelalter, 11.) Pp. 395. Berlin: Akademie Verlag, 2008. €69,80. 978 3 05 004514 6 », The Journal of Ecclesiastical History, vol. 62, no 2,‎ , p. 386–387 (ISSN 1469-7637 et 0022-0469, DOI 10.1017/S0022046910003477, lire en ligne, consulté le )
  5. a et b (de) « DOROTHEA VON MONTAU », sur Bistum Augsburg (consulté le )

Bibliographie[modifier | modifier le code]

  • Cordelia Heß, « Medieval Cults and Modern Inventions. Dorothy of Montau, the Teutonic Order and “Katholiken für Hitler” », dans Saints and Sainthood around the Baltic Sea: Identity, Literacy, and Communication in the Middle Ages, Kalamazoo, Medieval Institute Publications, (lire en ligne)
  • Ute Stargardt, « The Political and Social Backgrounds of the Canonization of Dorothea von Montau », Mystics Quarterly, vol. 11, no 3,‎ , p. 107–122 (ISSN 0742-5503, lire en ligne)
  • (en) Joan Coakly, « Revelation and authority revisited : John Marienwerder on Dorothy of Montau », dans Joan Coakly, Women, Mean, and Spiritual Power: Female Saints and Their Male Collaborators, Columbia University Press, (ISBN 9780231508612), p. 193-209. Ouvrage utilisé pour la rédaction de l'article
  • (en) Michelle M. Sauer, « Violence, isolation, and anchoritic preparation: Dorothy of Montau, anchoress of Marienwerder », Magistra, vol. 21, no 1,‎ , p. 132-150. Ouvrage utilisé pour la rédaction de l'article

Liens externes[modifier | modifier le code]