Dopplereffekt

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Dopplereffekt
Autre nom Der Zyklus
Dr. Finn & Dr. Otto Henke
Pays d'origine Drapeau des États-Unis États-Unis
Genre musical Techno de Détroit
Electro-indus
Electro
Electroclash
Années actives 1995 - présent
Labels Dataphysix Engineering
International Deejay Gigolo Records
Site officiel dopplereffekt.info
Composition du groupe
Membres Gerald Donald
To Nhan Le Thi
Anciens membres William Scott
Kim Carli

Dopplereffekt est un groupe de musique électronique américain de Détroit assimilé aux genres electro-indus et electroclash, eux-mêmes issus des mouvances de la techno de Détroit. Malgré des succès et une influence considérables, l'identité du groupe reste mal connue, celui-ci préférant l'anonymat. Il a produit entre 1995 et 1997, puis depuis 2003, après une pause de quatre ans, en modifiant son style.

Biographie[modifier | modifier le code]

Le projet est fondé autour de 1995 par Gerald Donald[1], par ailleurs membre du groupe Drexciya, avec William Scott et Kim Karli. La composition exacte du groupe reste néanmoins incertaine car jamais communiquée officiellement[2], certains allant jusqu'à se demander s'il ne s'agirait pas d'un projet solo de Gerald Donald[3]. Par ailleurs, ce dernier y apparait successivement avec les pseudonymes Heinrich Mueller et Rudolf Klorzeiger[4].

Le premier titre du groupe est l'EP Fascist State sorti en 1995 sur Dataphysix Engineering, label fondé par le groupe. Il contient plusieurs morceaux qui feront date dont notamment Superior Race ou encore The Scientist, notamment cité comme une source d'influence majeure des années plus tard par Miss Kittin[5], autre représentante du genre electroclash.

Suivent deux autres EPs sur le même label qui connaissent également le succès: Infophysix et Sterilization.

En 1997, Kim Karli, qui contribuait essentiellement sur les parties vocales, arrête de collaborer dans le groupe[6]. Il semblerait que ce soit également le cas de William Scott, qui n'est plus crédité sur les productions du groupe après cette année-là[7].

Le groupe sort un premier album en 1999, Gesamtkunstwerk, compilation de la plupart des titres sortis en EP précédemment. L'album est produit sur suggestion de DJ Hell sur son propre label International Deejay Gigolo Records, ce qui apporte alors au groupe une visibilité bien plus importante[8]. Par ailleurs, une nouvelle membre du groupe y est créditée: To Nhan Le Thi[9](de son vrai nom Michaela To-Nhan Barthel[10]).

S'ensuit alors une période d'inactivité, Gerald Donald se concentrant alors sur d'autres de ses projets: Arpanet & Japanese Telecom[4].

C'est finalement en 2003 que le groupe revient avec l'album Linear Accelerator. Ce retour marque également un changement stylistique du groupe aussi bien dans les thèmes que la musique[11].

Cette dynamique se poursuit dans les productions suivantes du groupe avec l'album Calabi Yau Space sorti en 2007 sur le label Rephlex d'Aphex Twin, dont ils sont alors plus proches en termes de style[12] puis en 2017 sur Leisure records avec l'album Cellular Automata[13].

Style[modifier | modifier le code]

Les sonorités du groupe se caractérisent par un son froid et robotique, parfois proche de celui de Cybotron[14] ou Model 500[8], souvent teinté de noirceurs et de bruitisme[15]. La musique, qualifiée d'electroclash[16], de synth-funk[8] ou encore techno[17] est décrite comme minimale, épurée, répétitive, austère et mécanique[18]. Sur les morceaux plus tardifs, le groupe s'attarde plus sur des ambiances en délaissant la rythmique caractéristique des premiers morceaux, donnant un aspect plus expérimental et abstrait à la musique[16],[19].

Pendant la première période du groupe, les références dénotent une certaine ironie[20],[21], voire un humour[2] mélangeant les thématiques sexuelles, politiques et scientifiques. Certains titres font notamment référence à la pornographie sur une mélodie inhumaine, froide et robotique[22] ou à un amour impossible avec des mannequins[14]. Il est aussi fait nombreuses mentions du totalitarisme ou de l'eugénisme dans certains titres à l'instar de Fascist State, Superior Race, Sterilization ou dans le pseudonyme Heinrich Mueller, référence directe au chef de la gestapo Heinrich Müller[3].

Le groupe met également en avant d'autres références politiques équivoques, notamment avec la faucille et le marteau ainsi que l'étoile, trois symboles communistes, sur la pochette de leur album Gesamtkunstwerk. Gerald Donald l'explique comme un hommage rendu à l'idéal communiste de Marx ou Engels, loin selon lui des applications perverties qui en ont découlé[23].

Le groupe use beaucoup de la langue allemande, à la fois dans son nom (traduction de l'effet Doppler), le nom de certaines productions (Gesamtkuntwerk, Die Reisen, etc.) ou les autres pseudonymes à consonance germanique de Gerald Donald : Heinrich Mueller, Rudolf Klorzeiger. Ici, outre les références au nazisme précédemment évoquées, l'hommage est surtout rendu au groupe allemand Kraftwerk, pionnier de la musique électronique, qui, au-delà de Dopplereffekt, a eu une influence considérable sur l'ensemble de la techno de Détroit[4]. L'esthétique de Kraftwerk se retrouve par ailleurs dans les sons plus mélodiques du groupe[15],[24].

Mais le thème le plus consistant chez Dopplereffekt, et qui devient même prépondérant dans sa deuxième période d'activité, est la science et son dérivé la science-fiction[4],[8]. Le nom des productions y font souvent référence (Scientist, Radiometer) et se sont portées de plus en plus sur les disciplines de la cosmoslogie[4], des mathématiques et de la géomètrie avec Isotropy et Mandelbrot notamment[25].

Le groupe est par ailleurs particulièrement attaché à l'anonymat[26]. Outre l'incertitude quant aux membres et l'usage de pseudonymes, très peu d'interviews ont été données et les représentations restent rares et souvent masquées[27]. Le groupe justifie cela par l'attention de l'auditeur qui doit être primordialement concentrée sur la musique plutôt que par ses créateurs[23]. Parallèlement, ils indiquent ne pas vouloir se résoudre à faire de musique commerciale pour ne pas pervertir leur œuvre[2].

Discographie[modifier | modifier le code]

Albums[modifier | modifier le code]

Singles & EP[modifier | modifier le code]

Références[modifier | modifier le code]

  1. Estelle Honnorat, « L'univers de Gerald Donald », sur Radio Nova, (consulté le )
  2. a b et c (en) Joe Muggs, « An interview with Dopplereffekt · Feature », sur Resident Advisor, (consulté le )
  3. a et b (en) Mr. Beatnick, « A Beginner's Guide to Gerald Donald, lynchpin of Drexciya, Dopplereffekt and more », sur Fact Magazine, (consulté le )
  4. a b c d et e (en) Paul Simpson, « Dopplereffekt | Biography & History », sur AllMusic (consulté le )
  5. Simon Brazeilles, « Flashback : il y a 11 ans, Miss Kittin & The Hacker en interview pour Tsugi numéro 1 », sur Tsugi, (consulté le )
  6. (en) Mike Darkfloor, « An interview with Dopplereffekt's Kim Karli », sur Darkfloor, (consulté le )
  7. « William Scott », sur Discogs (consulté le )
  8. a b c et d (en) Rédaction de Fact, « Dopplereffekt: Gesamtkunstwerk », sur Fact Magazine, (consulté le )
  9. « Dopplereffekt – Gesamtkunstwerk (1999, Vinyl) », sur Discogs (consulté le )
  10. « Michaela To-Nhan Bertel », sur Discogs (consulté le )
  11. (en) « Artist: Dopplereffekt », sur Delsin Records (consulté le )
  12. (en) Oli Warwick, « Aphex Twin on the Rephlex years · Feature ⟋ RA », sur Resident Advisor, (consulté le )
  13. Roland Torres, « Dopplereffekt - Cellular Automata », sur benzinemag.net, (consulté le )
  14. a et b Nicolas Schoener, « Dopplereffekt - Gesamtkunstwerk », sur Chronic'art, (consulté le )
  15. a et b WakMc, « Dopplereffekt - Linear Accelerator (chronique) », sur dmute.net, (consulté le )
  16. a et b Christian Bernard-Cedervall, « Chronique : Dopplereffekt – Cellular Automata », sur Trax, (consulté le )
  17. Maxime Delcourt, « Dopplereffekt réinvente la techno robotique dans un nouvel album », sur Les Inrockuptibles, (consulté le )
  18. Codotusylv, « DOPPLEREFFEKT - Gesamtkunstwerk », sur fakeforreal.net, (consulté le )
  19. Victor Tramolay, « Dopplereffekt wants to sterilize the population », sur Phonographe Corp, (consulté le )
  20. Benoit Deuxant, « Critique | GESAMTKUNSTWERK », sur pointculture.be, (consulté le )
  21. (en) Patrick Ryder, « Demystifying Gerald Donald », sur Fact Magazine, (consulté le ), p. 4
  22. (de) Holger Klein, « DOPPLEREFFEKT Gesamtkunstwerk (Clone Classic Cuts) », sur Groove, (consulté le )
  23. a et b (en) A.J. Samuels, « Master Organism: A.J. Samuels interviews Gerald Donald », sur Electronic Beats, (consulté le )
  24. Thibaut Allemand, « DOPPLEREFFEKT | CELLULAR AUTOMATA », sur LM magazine, (consulté le )
  25. Laurent Thore, « Dopplereffekt "Cellular Automata" », sur Slow Show, (consulté le )
  26. Sarah Pince, « Dopplereffekt sort une édition vinyle de son album Linear Accelerator », sur Trax, (consulté le )
  27. (en) Rédaction de Fact, « Gerald Donald's Dopplereffekt to release first record since 2007 », sur Fact Magazine, (consulté le )

Liens externes[modifier | modifier le code]