Discussion utilisateur:Michel Louis Lévy/Pilate

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Ponce Pilate a été le cinquième préfet de la province romaine de Judée, de 26 à 36 après JC. Il est surtout connu comme juge au procès de Jésus, ayant autorisé la crucifixion de Jésus. Comme préfet, il a servi sous l'empereur Tibère. Les sources de la vie de Pilate sont les quatre évangiles canoniques, les travaux de Philon et de Josèphe, une brève mention par Tacite, et une inscription connue comme la pierre de Césarée, qui confirme son historicité et établit son titre de préfet.

Dans les Évangiles[modifier le code]

Dans l'Évangile de Luc, la prédication de Jean le Baptiste est solennellement datée : « Or, en la quinzième année du règne de Tibère César, Ponce Pilate étant gouverneur de la Judée, (...) la parole de Dieu vint à Jean, le fils de Zacharie, au désert »[1]. Le même Évangile rapporte brièvement une intervention sanglante de Pilate [2] et ses relations changeantes avec Hérode Antipas[3].

Mais Pilate est surtout connu comme juge au procès de Jésus. Les chapitres 27 de Matthieu, 15 de Marc, 23 de Luc et 18-19 de Jean [4] rapportent le renvoi de Jésus du Sanhédrin à Pilate, son interrogatoire, la pression de la foule, la libération de Barabbas ; bien que reconnaissant l'innocence de Jésus, Pilate le livre pourtant au supplice de la croix ; il accorde le cadavre de Jésus à Joseph d'Arimathie.

Pilate proclame Ecce homo dans Jean (19,5)[5], se "lave les mains" dans Matthieu[6]. Dans Jean, il refuse aux Juifs de modifier l'écriteau de la croix[7] ; dans Matthieu, il leur délègue la garde du tombeau[8] ;

Les mentions ultérieures de Pilate dans le Nouveau Testament se réfèrent toutes à la comparution de Jésus devant lui [9].

  1. Lc 3. 1-2. Le règne de Tibère va de 14 à 37. Ceci situe la prédication de Jean-Baptiste vers l'année 28
  2. Lc 13. 1
  3. Lc 23. 11-12
  4. Mt 27. 1-2 puis Mt 27. 11-26, Mc 15. 1-15, Lc 23. 1-24, Jn 18. 28 puis Jn 19. 4-31
  5. Jn 19. 5
  6. Mt 27. 24
  7. Jn 19. 21-22
  8. Mt 27. 62-65
  9. Voir par exemple1Ti 6. 13, Ac 3. 13, Ac 4. 27, Ac 13. 28

Chez Philon[modifier le code]

Les textes de Philon d'Alexandrie et de Flavius Josèphe (Guerre des Juifs, livre II, IX.2-4 et Antiquités Judaïques, livre XVIII, IIs) attestent de son existence.

Dans Légation à Caïus, Philon d'Alexandrie rapporte l'incident des boucliers dorés, dans une lettre qu'il attribue au roi Agrippa Ier. Il s'agit d'inciter l'empereur Caligula à abandonner son projet de faire ériger sa statue dans le Temple de Jérusalem, en lui opposant l'attitude de son prédécesseur, Tibère, face à une initiative de Pilate, procurateur de Judée.

« Pilate, qui était procurateur de Judée, consacra à l’intérieur de Jérusalem, dans le palais d’Hérode, des boucliers d’or, moins pour honorer Tibère que pour déplaire au peuple. Ils ne portaient aucune image, ni rien qui fût expressément interdit, mais seulement une inscription contenant les noms de celui qui les avait dédiés et de celui auquel ils étaient consacrés. La nouvelle s’en étant répandue, le peuple se rassembla et députa au procurateur les quatre fils du Roi qui, pour la dignité et le rang, ne le cédaient en rien aux rois (102); on leur adjoignit les autres membres de la famille royale et tout ce qu’il y avait de hauts personnages pour le prier de renoncer à cette innovation et d’enlever les boucliers, de ne pas violer les usages de nos ancêtres, jusqu’alors respectés par les rois (103) et les empereurs. Pilate opposa à ces prières un refus plein de raideur, car il était d’un caractère dur et opiniâtre.

« Alors on s’écria: « Ne nous provoque pas à la révolte et à la guerre; ne cherche pas à troubler la paix; ce n’est pas honorer l’Empereur que de violer des lois depuis longtemps établies; que ce ne soit pas un prétexte pour toi de persécuter la nation.

« Tibère ne veut rien changer à nos usages. Si tu le prétends, montre-nous de lui un édit, une lettre ou quelque chose de pareil. Dans ce cas nous ne nous adresserons pas à toi, nous enverrons des députés porter une supplique au seigneur. »

« Cette dernière parole accrut son irritation plus que tout le reste. Il craignit que, si on envoyait des députés, on ne vint à découvrir les autres méfaits de son gouvernement, ses vexations, ses rapines, ses injustices, ses outrages, les citoyens qu’il avait fait périr sans jugement, enfin son insupportable cruauté. Blessé au vif, Pilate ne savait que résoudre; il connaissait la fermeté de Tibère en de telles circonstances; il n’osait enlever les objets consacrés, et ne voulait pas d’ailleurs se rendre agréable à ses sujets.

« Les grands le devinèrent, et s’aperçurent qu’il se repentait de sa conduite, sans vouloir le témoigner. Ils écrivirent à Tibère une lettre remplie d’humbles prières. L’Empereur, ayant appris la réponse de Pilate et ses menaces, bien qu’il fût peu enclin à la colère, s’irrita si violemment qu’il est à peine utile de le dire, tant l’événement le prouva. Sur le champ, sans vouloir remettre l’affaire au lendemain, il lui écrivit pour blâmer énergiquement son audace et lui ordonner de faire aussitôt enlever les boucliers. De la métropole on les transporta à Césarée, à laquelle ton bisaïeul Auguste avait donné son nom (104), et on les lui consacra dans son temple. De la sorte on accorda le respect dû au prince avec l’observance des mœurs antiques du pays (105).

[102] Les fils d’Hérode eurent, du vivant de leur père, des gouvernements en Judée.

[103] Les Lagides et les Séleucides.

[104] En grec Σεβαστόπολις, Sévastopol.

[105] Ces détails sur le gouvernement de Pilate se rapportent, croyons-nous, à l’année 32 de notre ère; ils sont précieux, car on ne les trouve point dans Josèphe, et ils peuvent nous expliquer, ainsi que je l’ai dit, l’attitude du procurateur dans le procès de Jésus.

(Traduction et notes de Ferdinand Delaunay)

Chez Flavius Josèphe[modifier le code]

Dans La guerre des Juifs, livre 2 et dans Antiquités Judaïques, livre XVIII, cette affaire est rapportée avec quelques variantes.

2[87]. Pilate, que Tibère envoya comme procurateur en Judée, introduisit nuitamment à Jérusalem, couvertes d'un voile, les effigies de César, qu'on nomme enseignes [88]. Le jour venu, ce spectacle excita parmi les Juifs un grand tumulte : les habitants présents furent frappés de stupeur, voyant là une violation de leurs lois, qui ne permettent d'élever aucune image dans leur ville ; l'indignation des gens de la ville se communiqua au peuple de la campagne, qui accourut de toutes parts. Les Juifs s'ameutèrent autour de Pilate, a Césarée, pour le supplier de retirer les enseignes de Jérusalem et de maintenir les lois de leurs ancêtres. Comme Pilate refusait, ils se couchèrent autour de sa maison et y restèrent prosternés, sans mouvement, pendant cinq jours entiers et cinq nuits.

3. Le jour qui suivit, Pilate s'assit sur son tribunal dans le grand stade et convoqua le peuple sous prétexte de lui répondre : là, il donna aux soldats en armes le signal convenu de cerner les Juifs. Quand ils virent la troupe massée autour d’eux sur trois rangs, les Juifs restèrent muets devant ce spectacle imprévu. Pilate, après avoir déclaré qu'il les ferait égorger s’ils ne recevaient pas les images de César, fit signe aux soldats de tirer leurs épées. Mais les Juifs, comme d'un commun accord, se jetèrent à terre en rangs serrés et tendirent le cou, se déclarant près à mourir plutôt que de violer la loi. Frappé d'étonnement devant un zèle religieux aussi ardent, Pilate donna l'ordre de retirer aussitôt les enseignes de Jérusalem.

[87] Sections 2 et 3 = Antiquités., XVIII. § 35 ; 55-59. Le gouvernement de Pilate se place de 26 à 36.

[88] Expression impropre. Ant., XVIII, 55, dit plus exactement : les bustes de César, plantés sur les enseignes.

Antiquités Juives XVIII Pilate, qui commandait en Judée, amena son armée de Césarée et l'établit à Jérusalem pour prendre ses quartiers d'hiver. Il avait eu l'idée, pour abolir les lois des Juifs, d'introduire dans la ville les effigies de l'empereur qui se trouvaient sur les enseignes, alors que notre loi nous interdit de fabriquer des images ; c'est pourquoi ses prédécesseurs avaient fait leur entrée dans la capitale avec des enseignes dépourvues de ces ornements. Mais, le premier, Pilate, à l'insu du peuple - car il était entré de nuit - introduisit ces images à Jérusalem et les y installa. Quand le peuple le sut, il alla en masse à Césarée et supplia Pilate pendant plusieurs jours de changer ces images de place. Comme il refusait, disant que ce serait faire insulte à l'empereur, et comme on ne renonçait pas à le supplier, le sixième jour, après avoir armé secrètement ses soldats, il monta sur son tribunal, établi dans le stade pour dissimuler l'armée placée aux aguets. Comme les Juifs le suppliaient à nouveau, il donna aux soldats le signal de les entourer, les menaçant d'une mort immédiate s'ils ne cessaient pas de le troubler et s'ils ne se retiraient pas dans leurs foyers. Mais eux, se jetant la face contre terre et découvrant leur gorge, déclarèrent qu'ils mourraient avec joie plutôt que de contrevenir à leur sage loi. Pilate, admirant leur fermeté dans la défense de leurs lois, fit immédiatement rapporter les images de Jérusalem à Césarée.

Autre épisode : Le renvoi de Pilate

Les Samaritains ne manquèrent pas non plus de troubles, car ils étaient excités par un homme qui ne considérait pas comme grave de mentir et qui combinait tout pour plaire au peuple. II leur ordonna de monter avec lui sur le mont Garizim (32), qu'ils jugent la plus sainte des montagnes, leur assurant avec force qu'une fois parvenus là il leur montrerait, des vases sacrés enfouis par Moïse, qui les y avait mis en dépôt. Eux, croyant ses paroles véridiques, prirent les armes, et, s'étant installés dans un village nommé Tirathana, s'adjoignirent tous les gens qu'ils purent encore ramasser, de telle sorte qu'ils firent en foule l'ascension de la montagne. Mais Pilate se hâta d'occuper d'avance la route où ils devaient monter en y envoyant des cavaliers et des fantassins, et ceux-ci, fondant, sur les gens qui s'étaient rassemblés dans le village, tuèrent les uns dans la mêlée, mirent les autres en fuite et en emmenèrent en captivité beaucoup, dont les principaux furent, mis à mort par Pilate, ainsi que les plus influents d'entre les fuyards. Une fois ce trouble calmé, le conseil des Samaritains se rendit auprès de Vitellius, personnage consulaire, gouverneur de Syrie, et accusa Pilate d'avoir massacré les gens qui avaient péri ; car ce n'était pas pour se révolter contre les Romains, mais pour échapper à la violence de Pilate qu'ils s'étaient réunis à Tirathana. Après avoir envoyé un de ses amis, Marcellus, pour s'occuper des Juifs, Vitellius ordonna à Pilate, de rentrer à Rome pour renseigner l'empereur sur ce dont l'accusaient. les Juifs. Pilate, après dix ans de séjour en Judée, se hâtait de gagner Rome par obéissance aux ordres de Vitellius auxquels il se pouvait rien objecter; mais avant qu'il ne fût arrivé à Rome, survint la mort de Tibère.