Discussion:Voûtement de la Senne

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Voûtement de la Senne. Aspects sociaux.[modifier le code]

Belle page d'histoire bruxelloise, mais l'interprétation qui est faite concernant les motivations des édiles bruxellois de l'époque et d'Anspach en particulier me semble relever plus du procès d'intention que d'une vérité historiquement établie.

La question est de savoir sur quelle base l'on peut prétendre "qu'une loi votée à l'époque au Parlement, (et d'ailleurs toujours d'application de nos jours!), l'a été pour permettre l’expropriation par zones, pour cause d’utilité publique, afin de vider de ses habitants, facilement et à bas prix, des quartiers entiers, bien au-delà des superficies strictement nécessaires aux travaux, ce qui permet de transformer l’entreprise en opération spéculative, la plus-value importante obtenue lors de la revente des terrains devant permettre de financer les travaux." Si tel était le but de la loi, ce serait là un étrange machiavellisme de la part du législateur!

La question est de savoir où il y eut trace de vente avec plus-value par la Ville? Quels furent les bas prix d'achats des maisons? Quelles furent les dépassements de superficies? Une confusion semble être faite ici avec les travaux de la jonction Nord-Midi qui détruisit malheureusement énormément du vieux Bruxellles.

Le sort des expropriés[modifier le code]

Sur quelle base peut-on dire que le "sort des populations modestes chassées de leurs logements et forcées d’aller s’installer dans d’autres quartiers, ou de quitter la ville pour les faubourgs, ne préoccupe pas grand monde à l’époque, du fait qu’elles ne payent pas d’impôts et ne disposent pas du droit de vote." C'est là ignorer le haut sens moral du devoir des classes politiques de cette époque, dont la fortune était considérée comme garante de leur intégrité et c'est projeter les travers actuels sur le passé. N'y a-t-il pas là une sorte de diabolisation des élites politiques de l'époque censitaire et des époques antérieures?

L'on peut lire en effet dans l'article Jules Anspach que "les populations modestes qui avaient été expropriées (plus d'un millier de maisons destinées à la destruction) furent toutes relogées, en majorité par la Ville, dans des logements salubres raccordés aux services publics rénovés (eau potable, gaz et égouttage). Certains de ces logements sociaux existaient encore en 1950. Le bourgmestre était d'ailleurs suffisamment soucieux de ses administrés pour ne pas laisser à la rue ses concitoyens nécessiteux et en faire des clochards. Si cela n'avait pas été le cas, les épidémies de choléra n'auraient d'ailleurs pas manqué de resurgir."

L'historien a besoin de faits et l'on peut penser qu'un approfondissement du sujet et une approche plus objective serait ici nécessaire et permettrait un enrichissement du sujet, au grand bonheur de ceux qu'intéresse l'histoire de Bruxelles.


Bruxellensis

Réponse aux deux sections ci-dessus[modifier le code]

Bonjour, tout d’abord, aucune confusion, cet article est basé pour l’essentiel sur l’ouvrage en 2 volumes de Thierry Demey, Bruxelles, chronique d’une capitale en chantier. Cette étude, la plus complète jamais réalisée sur les transformations de la ville depuis 150 ans, est considérée comme une référence (y compris par des publications par ex. des archives de la ville de Bruxelles, ou du centre d’Histoire sociale et industrielle-La Fonderie) et est extrêmement bien documentée faisant référence à de nombreuses sources souvent inédites, publications, archives, rapports administratifs, annales parlementaires, conseils communaux etc. Il n’est bien sûr pas évident de résumer tout cela dans un article, il se peut que cela conduise à certains raccourcis.

Présentation succincte de deux sections de l'ouvrage: [1] [2]

Expropriation par zones C’est une interprétation que de considérer le calcul à l’origine de la loi de 1858 comme machiavélique. Son but était de rendre simplement possible de grands travaux d’utilité publique que les budgets des villes étaient incapables de supporter. Auparavant le tribunal qui était chargé de déterminer le montant de l’indemnité et la surface à exproprier ne prenait en compte que la surface strictement nécessaire, ce qui avait pour effet de laisser toute la dépense aux pouvoirs publics, maître d’ouvrage, et toute la plus-value aux riverains. Extrait d’une lettre de Charles Rogier aux administrations des villes : Cet obstacle cesserait d’exister ou tout au moins se trouverait considérablement affaibli, si la plus-value acquise aux propriétés riveraines pouvait profiter à celui qui doit supporter les charges de la constructions ; en d’autres termes, si en autorisant l’exécution d’un ouvrage d’autorité publique ou communale, tel, par exemple, que le percement d’une rue nouvelle, etc., le gouvernement avait la faculté d’autoriser l’expropriation d’une zone longitudinale déterminée et calculée d’après les besoins présumés pour les constructions dépendant du projet. Sans ces dispositions, jamais les projets de Jules Anspach (celui-ci, ou la transformation de Notre-Dame aux Neiges) n’aurait pu être financés ni acceptés par le conseil. Un tel système de financement était d’ailleurs parfaitement revendiqué par Anspach, libéral convaincu.

La question sociale La population de la ville a plus que doublé au cours de la première moitié du XIXe siècle (de 65 975 à 152 828 habitants), cette augmentation s’est en bonne partie concentrée dans les quartiers surpeuplés du bas de la ville, près des petites industries, où le sous-prolétariat en augmentation s’entasse dans des impasses (on en compte 375 en 1866) et des arrières cours dans des conditions épouvantables. Les épidémies attribuées à la pollution de la Senne, étaient au moins autant dues à cette urbanisation sauvage que les pouvoirs publics avaient laissés se développer avec son cortège d’insalubrité et de misère, le manque d’eau potable et l’absence de réseau d’égouts. Parallèlement, les classes aisées commencent à quitter la ville pour les nouveaux quartiers extérieurs (Louise et Léopold). Les objectifs hygiéniste et d’infrastructure des grands travaux, est assorti de la volonté d’inverser cette tendance en exportant les premiers (avec l’activité industrielle) de l’autre côté du canal et ré- attirant les second, cela est considéré comme vital pour la ville en voie de paupérisation, le choix est explicite (la même chose se passe d’ailleurs encore de nos jours dans le quartier du Midi, ou les quartiers populaires du centre). Le voûtement de la Senne marque dans les chiffres, le début de l’inversion démographique. Pour la plupart locataires, les habitants expropriés n’ont été indemnisés que de manière dérisoire (l’équivalent d’un seul mois de loyer). Le premier contrat de 1866 avec la Compagnie anglaise (qui a fait faillite ensuite) prévoyait une clause vague, qui l’engageait à construire des habitations ouvrières, dans ou en dehors de la ville : proportionnellement aux besoins qui se produirons par suite de la démolitions des maisons de ce genre, sans préciser si ces maisons devaient être construites avant les expropriations et laissant entendre qu’elle ne devaient l’être que en fonction de la demande. Les difficultés qu’ont encore souvent aujourd’hui les pouvoirs publics à faire appliquer par les entrepreneurs les clauses de construction de logements à prix réduits en compensation des bureaux, logement de luxe ou autres, donne une idée de ce que devait être les pouvoirs de contrainte de l’époque avec un contrat aussi vague. Les lacunes dans l’exécution de ses obligations par la compagnie, ont fait l’objet des débats houleux au conseil communal. Dans une lettre qui lui est adressé, la compagnie se justifie : (…) la Compagnie a pris les mesures propres à satisfaire son contrat, en offrant aux ouvriers délogés le chois entre un logement ou une indemnité, et dans tout les cas, les ouvriers ont optés pour l’indemnité. Précisons qu’à cette époque, pour environs 1 100 maisons expropriées, la récente Société anonyme des habitations ouvrières avec qui la Compagnie du voûtement avait signé un contrat de sous-traitance n’avait prévu la construction que de 192 habitation dans les faubourgs, et que en 1871, seules une vingtaine étaient terminées ét attendaient leurs locataires à Saint-Gilles, les ouvriers n’avaient donc pas vraiment eu de choix. Anspach, attaqué sur le sujet, se borne d’abord à souligner les efforts fait par son administration pour contraindre la compagnie à remplir ses obligation, avant de reconnaître le problème et de faire amande honorable devant le conseil communal : Si les faits n’ont pas répondu à notre attente, il ne faut toutefois pas suspecter nos intentions. (Jules Anspach, Bulletin communal de Bruxelles, 1870).

L’importance de l’action de Jules Anspach dans l’histoire de Bruxelles est incontestable. Ce qui n’empêche que bien de ses aspects ont été contesté durant son administration et de nos jours. Je ne pense pas que l’article dithyrambique qui lui est consacré et qui ressemble plus à la description d’une vie de saint qu'à celle d'un mandataire politique, soit ni très objectif, ni dans les critères de neutralité des biographie de wikipédia.

Bruxelles à eu son baron Haussmann, mais pas son Émile Zola.

Ben2 6 septembre 2007 à 12:01 (CEST)[répondre]

Voûtement (suite)[modifier le code]

Merci pour cette intéressante pièce au dossier "voûtement de la Senne" qui intéressera certainement vos lecteurs et qui comme vous le voyez ne laisse toujours pas indifférent.

Les travaux de grand qualité de Thierry Demey, qui après Guillaume Des Marez, a dépouillé de nombreuses archives ont en-effet apporté bien du nouveau dans notre historiographie bruxelloise, qui n'avait que trop tendance à recopier sans fin Henne et Wauters.

Toutefois, à la différence de Guillaume Des Marez qui se contentait de faits bruts, l'on sent parfois chez certains auteurs une tendance à diaboliser certains acteurs de la vie urbaine présentés sur un jour peu amène, voire cynique. (Voir par exemple l'article Ferdinand de Meeûs auquel certains bémols ont été mis).

Mais ce phénomène de "diabolisation" de la ville, et des édiles urbains, est très ancien chez nous et date d'une époque où le monde urbain, clos dans ses terribles et impressionnantes murailles, jouissant de ses lois propres et de son propre "rituel", effrayait les habitants du plat pays, qui paraît-il, pénétraient avec respect par les portes de la Ville.

Ce discours anti-urbain, encore véhiculé de nos jours sous des formes métamorphosées, que ce soit par le "mouvement flamand", ou à travers une analyse pseudo-marxiste mériterait une étude en soi.

Quoi qu'il en soit, il n'est pas douteux que la bourgeoisie libérale du XIXème siècle est l'héritière de ce vieux désir d'indépendance, de liberté, d'accroissement du bien être matériel, de désir de découvertes, de nos antiques "communiers" du Moyen-Âge.

Le débat reste donc ouvert. Bien cordialement.

Bruxellensis