Rhétorique politique

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André Boisclair durant un débat pour la course à la chefferie du Parti québécois de 2005. Louis Bernard est en arrière-plan.

La rhétorique politique est l'étude du langage qu'utilisent les personnalités politiques, soit pour débattre entre eux, soit à l'adresse du public.

L'objet du discours politique est de persuader autrui : une des deux fonctions de la rhétorique, qui s'intéresse aussi à la manière de convaincre.

Le débat politique, entre spécialistes, prend le plus souvent la forme d'un débat réglé qui limite les moyens qu'il est permis d'employer[1].

Éléments historiques[modifier | modifier le code]

Il est question de rhétorique politique depuis que la politique existe. Cicéron, dans son traité De oratore, fait dire à Crassus :

« Rien ne me semble plus beau que de pouvoir, par la parole retenir l'attention des hommes assemblés, séduire les intelligences, entraîner les volontés à son gré en tous sens. »

Le discours politique tourné vers les grandes envolées lyriques et l'émotion a longtemps bénéficié d'une aura grâce à l'ascendant, le prestige et l'autorité de grands orateurs politiques nourris de références historiques et employant de nombreuses figures de rhétorique et des effets langagiers. Ce discours a en grande partie perdu de son crédit depuis le XXe siècle : le modèle dialogiste est remplacé par le modèle propagandiste (symbolisé par le communisme et le nazisme) puis par le marketing politique et sa rhétorique particulière, régulièrement associée aux techniques de manipulation et de mensonge[2].

À la fin du XXe siècle, dans les démocraties occidentales, le discrédit de la communication politique est renforcé par la peopolisation de la sphère politique, sous l'influence de l'égalitarisme[3] et de la multiplication des médias qui ont paradoxalement un contenu informationnel uniforme privilégiant la forme sur le fond[4]. La fragmentation des audiences politiques (en) encourage le webcasting (diffusion d'audio/vidéo sur Internet)[5] et le narrowcasting (en) (diffusion d'informations vers un public restreint et non pas au grand public, fruit d'un ciblage fin des publics par les programmateurs de télévision et des catégories d’électeurs par les politiques). La communication politique abandonne donc la rhétorique de la mobilisation émotionnelle pour celle de la séduction[6]. Les politiques et leurs conseillers adoptent une stratégie multimédia (interview, talk-show, politainment, publication de communiqués de presse, de tribunes et de livres, communication dans les réseaux sociaux…)[7].

Aux alentours des années 1990, cette communication est stigmatisée à cause de son recours au storytelling qui « s’inscrit logiquement dans une tradition de manipulation des esprits dont les fondements ont été établis au début du XXe siècle par les théoriciens américains du marketing et de la propagande[8] ». Le rejet de cette forme de communication politique s'inscrit dans un mouvement de défiance envers les institutions politiques, les discours des politiciens et les rhétoriques manipulatoires.

Les citoyens, bien qu'incrédules aux effets langagiers du discours politique et aux mécanismes rhétoriques, y restent toutefois sensibles ; ils n'ont, de plus, souvent pas le temps de décrypter tous ces mécanismes (au contraire des journalistes) : l'idéal habermassien — modèle de démocratie délibérative, c'est-à-dire une sphère publique avec une communauté de citoyens éclairés par des médias de masse qui garantiraient les conditions de possibilité d'une organisation sociale pleinement démocratique — apparaît ainsi difficilement atteignable[9],[10].

« Vide », « creux », « prévisible », le discours politique actuel, volontariste et emprunt d'un certain lyrisme, est dénoncé « pour ses lourdeurs formelles » et pour son association fréquente « aux mensonges, promesses et idéologies » auxquels il renvoie[11]. Selon le sociologue Christian Le Bart,

« [Il cumule] les handicaps au point d’apparaître comme l’attribut le moins honorable de ceux qui se livrent à l’activité politique. Si ceux-ci peuvent en effet espérer gagner l’estime de leurs semblables par les « actions » qu’ils mènent (ce que la sociologie politique appelle les politiques publiques), ils savent l’opprobre qui entoure les « beaux parleurs » et autres « démagogues », habiles à manier les mots mais impuissants à faire bouger les « choses ». Cette façon de penser le métier politique comme une incessante oscillation entre des pratiques nobles (agir « concrètement », rester « au contact de la réalité », être « sur le terrain ») et des pratiques critiquables car stériles (les petites phrases, la séduction, la propagande, les « beaux discours ») est à l’évidence simpliste, parce qu’elle établit une distinction fragile entre les mots et les choses, mais il importe avant tout de noter qu’elle constitue un socle des plus solides à partir duquel se déploient les représentations ordinaires de « la politique » »[12]

— Christian Le Bart, Le discours politique

Stratégies discursives politiques[modifier | modifier le code]

« « La communication [politique], c'est comme la chirurgie esthétique, quand ça se voit, c'est que c'est raté. »

— Gérard Colé »

  • L'exorde est le commencement du discours qui doit susciter l'intérêt de l'auditoire, voire sa curiosité et sa bienveillance envers l'orateur[13]. Il prend schématiquement trois formes : exorde simple ou par l'hommage et les remerciements, exorde par l'insinuation en insistant sur l'enjeu du discours et qui peut faire usage de précautions oratoires, exorde ex abrupto ou par la surprise[14].
  • Le plan rhétorique selon l'objectif de la personnalité politique et le contexte : plan classique argumentatif (arguments et réfutation) ou dialectique (thèse -antithèse - synthèse), plan chronologique, plan journalistique (présentation des éléments du plus important au moins important, selon le principe QQOQCCP), plan AIDA (Attention – Intérêt – Démonstration – Acceptation ou Action), plan CBS (Constat – Besoin – Solution), plan SOP (Situation - Opinion - Proposition)[15]...
  • Attitude ou fonction modale : mode assertif ou déclaratif (avec notamment l'assertion catégorique, positive ou négative, sans se soucier d'apporter des preuves[16]), mode interrogatif (phrase interrogative qui exprime une demande d'information adressée à un interlocuteur, l'affirmation dépendant de sa réponse), mode exclamatif (phrase qui témoigne de l’expression d'une émotion)[17], etc.
  • Stratégie discursive de répétition d'un mot isolé ou d'une phrase (anaphore[18], anadiplose, antépiphore, épanaphore, épiphore, épanode, épizeuxe, épanadiplose, symploque, etc.). Cette stratégie composée d'un continuum qui va des simples redondances routinières jusqu'aux reformulations, provoque un « martèlement » qui peut bénéficier de l'effet de simple exposition. Cette « exposition à un message répété a tout d'abord des effets positifs sur sa perception, sa compréhension, sa mémorisation ainsi que sur l'attitude vis-à-vis de son contenu, attitude pouvant aller jusqu'à un apriori de vérité » mais une « répétition trop prolongée aboutit à des effets négatifs : absence de perception, lassitude, rejet »[19].
  • L'apostrophe, interpellation vive et par surprise, qui peut s'adresser au public ou à un interlocuteur (présent ou absent), en prenant son mode de pensée en considération (prise à témoin, jeu de la connivence), en l'invitant à réfléchir (moyens phatiques), en le laissant seul juge (je sais que vous ferez le bon choix), en le provoquant (« je vous mets au défi de trouver mieux », « comment pouvez-vous imaginer … »)[20].
  • Les petites phrases et punchlines, par exemple lors des débats télévisés du premier tour et du second tour de l'élection présidentielle française[21]. Elles ont retenu l'attention car elles sont basées sur des procédés narratifs puissants (suspension[22], effets prosodiques : variations de débit et de rythme tels que les pauses et silences rhétoriques, les accélérations et les décélérations ; variations de volumes tels que les crescendo et decrescendo…)
  • L'argumentation ad hominem d'une personnalité politique pour montrer la contradiction entre les propos et les agissements de son adversaire, voire l'attaque personnelle pour discréditer ses propos sans rapport avec le fond du débat (une technique manipulatoire étant le discrédit par avance, appelé l'empoisonnement du puits). En situation d'attaque ad hominem, l'homme politique peut employer la stratégie d'encaissement (silence, flou, minimisation, dénégation ou contestation), la stratégie de la réplique, ou celle de la réinterprétation[23] et de la pondération[24], cette dernière favorisant la désescalade de la conflictualité[25]
  • L'argument comparatif qui met de côté le contexte. Les discours démagogiques utilisent cet argument simplificateur et manipulateur afin d'établir des « raccourcis de pensée »
  • L'énoncé autophage[26]
  • La provocation, sous forme d'expression lapidaire et réductrice (exemples : le plombier polonais, la marchandisation du monde…) ou de petites phrases assassines, faisant appel plus à l'émotion qu'au raisonnement. Un certain penchant pour le néologisme traduit le souci de frapper les esprits (au risque d'être accusé de populisme politique) en se distinguant au-dessus du bruit ambiant de la communication
  • Les affirmations employées comme argument d'autorité (position professorale avec le procédé de désubjectivation)
  • Le recadrage sémantique qui opère à partir d’une substitution d'un terme trop connoté par un autre[27]
  • L'utilisation d'énoncés stéréotypés situationnels : clichés, truismes (par exemple légitimation de l'action publique par l'emploi de concepts mobilisateurs[28]) et lieux communs (topos) en cas de difficulté à faire des analyses et propositions claires ou à démontrer le bien-fondé de l'analyse, ou pour faire passer de fausses idées, en profitant de l'impression de vérité et d'évidence qu'ils dégagent
  • Les présupposés, amalgames et biais cognitifs (attention sélective[29], effet de cadrage idéologique[30], argumentation par l'exemple qui se substitue à l'exemplification[31], Yes-set ou no-set[32])
  • L'alternance entre biais accusatoire et biais excusatoire : les personnalités politiques sont promptes à accuser leurs adversaires et à s'absoudre de leurs propres erreurs (biais d'auto-complaisance)[33]
  • Les promesses, sans en indiquer comment leur mise en place est faisable
  • Les sophismes (fausse dichotomie ou dichotomisation[34], homme de paille, généralisation abusive[35], association dégradante[36], raisonnement circulaire (pétition de principe, cercle vicieux), pente savonneuse et déplacement de la fenêtre d'Overton, fausse cause[37], sophisme du leurre ou du hareng rouge, sophisme de la mauvaise fréquentation, sophisme de la question multiple, sophisme du cornu, du chauve, sophisme naturaliste)[38]
  • Les informations erronées (ex: contre-vérité)
  • Les raisonnement en faisant appel à la peur, au pathos ou à la terreur
  • La technique de la « valse à quatre temps » : premier temps, la provocation sert à attirer et à monopoliser l’attention des médias et de l'opinion publique, en suscitant délibérément un tollé ; deuxième temps, la requalification : la personnalité politique se plaint, face aux protestations, de lui avoir fait dire ce qu'il n'a pas voulu dire, et, afin de ne pas finir marginalisée, reformule son message sous une forme acceptable au regard des tabous du débat public ; troisième temps, la victimisation : la personnalité politique ou les membres de son parti condamnent les critiques de sa provocation en les assimilant abusivement à un rejet de son second message, dénonçant le « politiquement correct » ou la « pensée unique » ; le quatrième temps, l'accaparement : le parti qui a pris position sur un thème électoralement porteur mais jusqu’alors réservé aux partis anti-système, déploie ses propositions sur ce thème en position de monopole d'expression dans la classe politique (phénomène d'élargissement de la fenêtre d'Overton)[39]
  • Le discours implicite[40] ou explicite construisant notamment l'ethos[41] (par exemple questions directes à l'interlocuteur[42])
  • L'utilisation de figures de style : figures de répétitions de type polyptote[43], polysyndète[44], épanalepses[45], symploques rhétoriques ; figures d'insinuations (réticence, euphémisme) ; énumérations voire gradations, incantations[46], métaphores, hyperboles lexicales, prétéritions[47], prolepses[48], paronomases, aposiopèses, substitutions connotatives euphémiques[49], etc. L'analyse de ces composantes rhétoriques dans les discours politiques peut contribuer à une meilleure compréhension du problème de l'efficacité des discours (phénomènes de persuasion et d'identification). Les recherches actuelles mettent en évidence une corrélation entre l'emploi de figures de rhétorique dans les discours politiques et les applaudissements de l'auditoire[50]
  • Retorsio argumenti, stratagème qui consiste à retourner l'argument de l'adversaire contre lui[51]
  • Appropriation, modification du contrat de communication effectuée par l'orateur, par l'adoption d'un style décontracté (comportemental, vestimentaire), le changement du registre de langue (du formel au familier, par exemple), le recours à la rhétorique manichéenne et de bon sens, idées qui permettent à l'orateur d'afficher sa familarité, sa proximité avec le peuple (l'expression systématique de cette appropriation dénotant une idéologie populiste)[52]
  • La substitution lexicale (périphrase, euphémisme, anglicisme) ou l'extension rhétorique[53].
  • Techniques d'équivocation utilisées par les politiques pour éviter de répondre aux questions des journalistes : ignorer la question, reconnaître la question sans y répondre, mettre la question en doute[54], contester la question[55], attaquer l'intervieweur ou l'interlocuteur, s'abstenir de répondre (notamment en utilisant la langue de bois)[56], faire un point politique[57], répondre de façon incomplète[58], répéter la réponse à la question précédente, dire ou suggérer que l'on a déjà répondu à la question[59]
  • La plaisanterie dont le destinataire peut ne pas reconnaître l'humour intentionnel (méconnaissance), mal le saisir (incompréhension), le refuser (réduction normative, victime de cet humour) ou y voire une autre intention (interprétation d'un non-dit ou d'un implicite, dépendant des contextes antérieurs et postérieurs — notamment lorsque le locuteur déclare que c'est une plaisanterie a posteriori — et de la situation). Le message politique humoristique ou ironique[60] a un effet perlocutoire de connivence[61],[62]
  • Les autres figures rhétoriques peuvent également susciter un effet de connivence puisqu'elles sont associées aux deux tiers des applaudissements produits (l'antithèse recueillant à elle seule un quart des applaudissements)[63], la rhétorique produisant ainsi un claptrap, « piège à applaudissement »[64]
  • Le slogan politique, forme la plus achevée, parfois imagée, la plus souvent vague, mais donnant une impression de profondeur (exemple : « ensemble tout devient possible »[65], « un autre monde est possible[66] »).
  • Péroraison (récapitulation, chute finale).

Allocution[modifier | modifier le code]

Notes et références[modifier | modifier le code]

  1. Michel Catlla, « Les émotions en politique : méthodes mixtes d’investigation des discours de défaite », Recherches qualitatives, vol. 39, no 2,‎ , p. 59–81 (DOI 10.7202/1073509ar, lire en ligne, consulté le )
  2. Modèles développés par le professeur en communication Arnaud Mercier dans son ouvrage La Communication politique. « Le modèle dialogique implique la compétence (la compétence à tenir les arguments donc une capacité communicationnelle), la raison (énonciation de discours de validité universelle) et la liberté (capacité à maintenir en soi tout ce qui peut perturber la bonne marche du dialogue) (pp. 119-120). Le modèle propagandiste identifie ses acteurs, son espace public et ses médias privilégiés. Ainsi, l’espace public est ici l’auditoire qui écoute la propagande ; les acteurs sont de deux natures, certains parlent et d’autres écoutent. C’est une rencontre entre élites et masse ; les médias préférés sont les médias d’image (pp. 122-125). Quant au modèle marketing, il se caractérise par la prépondérance de la publicité avec un recours excessif aux techniques persuasives et un usage sans limite des nouveaux médias. Le marketing politique fait donc moins appelle à la contradiction, à la délibération, qu’à la manipulation, à la séduction, à la construction et à la subtilité (pp. 130-131) ». Olivier Kouassi Kouassi, « Arnaud Mercier, dir., La Communication politique », Questions de communication, no 33,‎ , p. 387-390
  3. Jamil Dakhlia, « People et politique : un mariage contre nature ? Critères et enjeux de la peopolisation », Questions de communication, no 12,‎ , p. 259-278
  4. Arnaud Mercier, La Communication politique, CNRS Éditions, , p. 12
  5. Philippe Riutort, Sociologie de la communication politique, 2020, la découverte, p. 67.
  6. Dominique Wolton, La Communication politique, CNRS Éditions, , p. 85
  7. Roland Cayrol, Arnaud Mercier, « Télévision politique et élection », Les dossiers de l’audiovisuel, no 102,‎ , p. 6
  8. Christian Salmon, Storytelling. La machine à fabriquer des histoires et à formater les esprits, Editions de La Découverte, , p. 175
  9. Anne-Marie Gingras, Médias et démocratie. Le grand malentendu, p*PUQ, , 306 p.
  10. Jean-Baptiste Jeangène Vilmer, Les manipulations de l'information. Un défi pour nos démocraties, la Documentation française, , 210 p.
  11. Dominique Wolton], op. cit., p. 29
  12. Christian Le Bart, Le discours politique, Presses universitaires de France, , p. 3
  13. Michèle Jouve, Communication : théories et pratiques, éditions Bréal, , 155 p.
  14. Bertrand Périer, La parole est un sport de combat, Éditions Jean-Claude Lattès, , p. 54
  15. Renée et Jean Simonet, Savoir argumenter, Éditions d'Organisation, , 198 p..
  16. Voir Stratagème XIV dans L'Art d'avoir toujours raison du philosophe allemand Arthur Schopenhauer.
  17. Anne Lacheret-Dujour, Frédéric Beaugendre, La prosodie du français, CNRS éditions, , p. 277
  18. Exemples : Moi président de la République ; énoncés performatifs anaphoriques qui associent le pronom « je » à un verbe actif (énoncés promissifs tels que « je promets »).
  19. Paola Paissa et Ruggero Druetta (dir.), La répétition en discours, Editions Academia, , 344 p. (lire en ligne).
  20. Michèle Jouve, op. cit., p. 156
  21. Valéry Giscard d’Estaing lance à François Mitterrand lors du débat présidentiel du 10 mai 1974 : « Je trouve toujours choquant et blessant de s’arroger le monopole du cœur. Vous n’avez pas, M. Mitterrand, le monopole du cœur ! ». Mitterrand réplique le 5 mai 1981 : « Vous avez tendance à reprendre le refrain d’il y a 7 ans, l’homme du passé. C’est quand même ennuyeux que dans l’intervalle vous soyez devenu, vous, l’homme du passif ». Le 28 avril 1988, Jacques Chirac fait remarquer à François Mitterrand qu’ils n’étaient ni président ni Premier ministre. Son adversaire dégaine : « Mais vous avez tout à fait raison M. le Premier ministre », fixant avec dédain le candidat du RPR. Le 2 mai 1995, Lionel Jospin lance à Jacques Chirac « Il vaut mieux 5 ans de Jospin que 7 ans de Chirac ». Cf. « Les meilleures punchlines des débats présidentiels », sur ladepeche.fr, .
  22. Exemple : Mon véritable adversaire, c’est le monde de la finance.
  23. Certains faits reprochés ne sont pas faux mais ils ont été mal compris.
  24. Les faits ne sont pas faux mais ils ne sont pas graves.
  25. Patrick Charaudeau, Le discours politique : les masques du pouvoir, Vuibert, , p. 27.
  26. Énoncé qui se détruit lui-même en s'énonçant. Exemples : « je vous le dis de manière spontanée », « je ne suis pas raciste, mais… », « je pense que j'ai une grande qualité, c'est ma modestie ». Clément Viktorovitch, chronique « les points sur les i » dans l'émission télévisée Clique, 5 février 2020
  27. Ce recadrage fait des clandestins des « sans papiers » puis des « migrants » ; un « accord » obtenu après négociation avec les syndicats devient un « succès ».
  28. « Le gouvernement met en place une politique pour que la France aille de l'avant ».
  29. Appelée aussi attention dirigée ou focalisée, il s'agit d'un concept en psychologie cognitive selon lequel l'auditeur du discours accorde plus d'attention aux informations du discours qui le confortent dans ce qu'il pense (biais de confirmation fréquent face à des éléments contradictoires dans le même discours).
  30. La personnalité politique zoome ou dézoome sur la situation locale ou générale qui conforte son discours.
  31. Philippe Wahl, Marc Bonhomme, Anne-Marie Paillet, Métaphore et argumentation, Academia, , p. 219-221
  32. Séquence d'acceptation notamment utilisée en prospection marketing, consistant en une série de truismes ou de négations, parachevée par une ultime affirmation ou négation, bien que plus discutable ou non vérifiable, mais qui est plus facilement acceptée. (en) Lisa Morgan, Comply with Me: Trump's Hypnosis Toolkit Exposed, Future Seeing Ltd, , p. 121
  33. (en) Keith G. Allred, « Relationship Dynamics in Disputes: Replacing Contention with Cooperation », dans Michael L. Moffitt et Robert Bordone, Handbook of Conflict Resolution, Jossey-Bass, 2005, p. 85
  34. Procédé simplificateur qui favorise la mise en lumière de deux positions antagonistes, de deux camps opposés, de deux visions binaires (bien/mal, rationnel/irrationnel). En politique, ce procédé vise à réduire une situation complexe à une alternative entre deux options.
  35. Les politiques abandonnent la rhétorique experte ou savante au profit de la rhétorique de montée en généralité. Ils utilisent une « technique de montée en généralité, plus audacieuse, sociologiquement dépourvue de rigueur, mais qui permet de réconcilier deux définitions de la réalité sociale : la micro-réalité des choses vues et entendues, minuscules mais indiscutables ; la macro-réalité des énoncés concernant la société globale, plus ambitieux mais aussi plus fragiles. La rhétorique de l’anecdote significative, de l’exemple parlant, de la notation qui en dit long sur la société telle qu’elle est, permet de concilier l’émotion du témoignage et l’ambition du diagnostic sociétal. Son point faible est évidemment, au regard des sciences sociales, d’opérer de vertigineuses et abusives montées en généralité. On monte en épingle un fait divers, un témoignage, un événement, et on bâtit sur cette base un diagnostic sectoriel (le monde rural va mal, les entrepreneurs ne sont pas écoutés…). La rigueur sociologique est malmenée. Mais qui se soucie de la rigueur sociologique ? ». Cf Christian Le Bart, L'ego-politique. Essai sur l’individualisation du champ politique, Armand Colin, , p. 145
  36. Stratagème XXXII de Schopenhauer
  37. Corrélation illusoire, post hoc ergo propter hoc.
  38. Michel Dufour, Argumenter. Cours de logique informelle, Armand Colin, (lire en ligne), p. 133.
  39. Thomas Guénolé, Petit guide du mensonge en politique, First, (lire en ligne), p. 47.
  40. L'implicite est doté d'une grande force argumentative. D'une part, il sollicite selon Ducrot la coopération du destinataire qui doitre reconstruire la thèses sous-entendue. D'autre part, « le rôle de l'implicite est de permettre de dire quelque chose sans prendre la responsabilité de l'avoir dit, ce qui revient à bénéficier à la fois de l'efficacité de la parole et de l'innocence du silence. La stratégie est simple : le locuteur réduit sa responsabilité à la signification littérale, et la signification implicite est mise à la charge de l'interlocuteur ». Oswald Ducrot, Dire et ne pas dire. Principes de sémantique linguistique, Hermann, , p. 12
  41. L'ethos (image que renvoie l'orateur de lui-même à son auditoire) peut être préalable (avant la prise de parole de l'orateur) ou (re)construit. L'ethos préalable peut être renforcé par le discours (le logos) et la mobilisation des émotions (le pathos). Anna Jaubert, Damon Mayaffre, « Ethos préalable et ethos (re) construit La transformation de l'humour légendaire de François Holland », Langage et société, no 146,‎ , p. 71-78.
  42. Si l'interlocuteur ne sait pas répondre, il passe pour un incompétent. S'il répond dans le même sens que la personnalité politique, cette dernière retire un avantage en termes d'ethos (elle renvoie l'image d'un professeur de son contradicteur).
  43. François Fillon assume un projet « radical car la situation est radicalement bloquée »
  44. Exemple : formulation politique du ni-ni.
  45. Charles de Gaulle lance, en pleine grève ouvrière : « Il faut que les travailleurs travaillent ».
  46. Figures de rhétorique qui consistent pour l'orateur à confondre ce qui est et ce qu'il voudrait qu'il soit, notamment en employant des verbes impersonnels (« il faut », « il importe ») qui peuvent traduire un vide discursif.
  47. « Ai-je besoin de vous rappeler le bilan de… », « ce n'est pas que vous êtes de mauvaise foi, mais… »
  48. « Je vois que vous allez me rétorquer ».
  49. La substitution consiste à remplacer un terme jugé trop connoté, ou connoté d’une manière que l’on ne veut plus assumer face à ses opposants, par un quasi synonyme mélioratif. Exemples : substituer « mariage homosexuel » à « mariage pour tous » ; « politique d'austérité » à « politique de rigueur », « récession » à « croissance négative ».
  50. (en) John Heritage et David Greatbatch, « Generating Applause: A Study of Rhetoric and Response at Party Political Conferences », American Journal of Sociology, no 92,‎ , p. 110-157.
  51. Arthur Schopenhauer, L'art d'avoir toujours raison, Fayard/Mille et une nuits, (lire en ligne), p. 26.
  52. Yvonne Rosteck, Comment la mondialisation et la médiatisation ont changé la démocratie, NCCR Democracy, , p. 64
  53. Stratagème I de Schopenhauer.
  54. Sous-catégories : demander de plus amples explications, retourner la question (type « c’est à vous de me le dire »)
  55. Sous-catégories : question hors sujet, sortie de son contexte, question hypothétique ou spéculative, non factuellement exacte, comportant une citation erronée…
  56. Sous-catégories : on ne peut ou ne veut pas répondre, « Je ne peux pas m’exprimer à la place d’une autre personne », admettre son ignorance, réponse différée (temporisation telle que « Vous devrez attendre pour le savoir »), langue de bois (appel à la flatterie, utilisation de circonlocutions, diversion qui correspond au Stratagème XXIX de Schopenhauer, faisant appel au biais de récence, et qui peut aller jusqu'à l'intimidation et l'injure, l'Ultime stratagème).
  57. Sous-catégories : attaquer un groupe externe, mettre une politique en avant, rassurer, faire appel au nationalisme, effectuer une analyse politique, s'autojustifier…
  58. Sous-catégories : commencer à répondre mais ne pas terminer (s'interrompre soi-même), émettre une réponse négative, répondre partiellement…
  59. (en) Peter Bull, The Microanalysis of Political Communication: Claptrap and Ambiguity, Routledge, , p. 114-122
  60. La distinction entre l'ironie de l'humour est parfois faible : « la première jouerait plus particulièrement sur l'antiphrase enclenchant le rire, la seconde sur des oppositions qui ne seraient pas antiphrastiques et pour cela n'enclenchant que le sourire ». Maria Dolorès Vivero Garcia, Frontières de l'humour, éditions L'Harmattan, , p. 13
  61. Patrick Charaudeau, « Des Catégories pour l’Humour ? », Questions de communication, no 10,‎ , p. 19-41 (DOI 10.4000/questionsdecommunication.7688)
  62. Patrick Charaudeau, Le discours politique. Les masques du pouvoir, Vuibert, , p. 57
  63. (en) John Heritage, David Greatbatch, « Generating Applause: A Study of Rhetoric and Response at Party Political Conferences », American Journal of Sociology, vol. 92, no 1,‎ , p. 110-157
  64. Peter Bull, op. cit., p. 87
  65. La petite histoire du slogan de campagne de Nicolas Sarkozy Le Figaro 2012
  66. William F. Fisher et Thomas Ponniah, Un autre monde est possible : pour une autre mondialisation, le Forum social mondial, Parangon, , 308 p..

Annexes[modifier | modifier le code]

Bibliographie[modifier | modifier le code]

Articles connexes[modifier | modifier le code]

Opposition à la rhétorique politique[modifier | modifier le code]

Catégories[modifier | modifier le code]

Liens externes[modifier | modifier le code]