Digitaria sanguinalis

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Digitaire sanguine

Digitaria sanguinalis, la digitaire sanguine, est une espèce de plantes monocotylédones de la famille des Poaceae (Graminées), sous-famille des Panicoideae, originaire de l'Ancien Monde.

C'est une plante herbacée annuelle au port décombant ou prostré, aux chaumes pouvant atteindre de 10 à 30 cm de long. L'inflorescence est constituée de racèmes spiciformes groupés en un quasi-verticille à l'extrémité de la tige florale.

Comme toutes les Panicoideae, c'est une plante à photosynthèse en C4[1].

La plante est cultivée principalement comme plante fourragère. Elle a été cultivée autrefois pour ses graines en Europe de l'Est. C'est aussi une adventice en Europe occidentale, notamment dans les cultures de maïs en Belgique[2], mais aussi dans diverses régions du monde où la plante a été introduite. Certaines populations ont été signalées comme résistantes à des herbicides en Australie[3]. Cette espèce est considérée comme envahissante dans certaines régions du monde, notamment aux États-Unis[4].

Appellations[modifier | modifier le code]

Nomenclature[modifier | modifier le code]

Panicum sanguinale de l'herbier de Jean-Jacques Rousseau

L’espèce a été décrite et nommée Panicum sanguinale par Linné en 1735 dans Species Plantarum 1: 57[5].

En 1771, le naturaliste autrichien Giovanni Antonio Scopoli, de culture italienne, transfère l’espèce dans le genre Digitaria[6] (créé en 1768 par Albrecht von Haller, un naturaliste suisse).

Étymologie[modifier | modifier le code]

Le nom générique Digitaria dérive du latin digitus « doigt », en référence à la forme de l'inflorescence rayonnant comme les doigts d'une main[7].
L'épithète spécifique, sanguinalis est d'origine latine (dérivée de sanguis, -inis, « sang ») et se réfère à la fréquente coloration pourpre-rougeâtre des parties aériennes de la plante (inflorescences, gaines foliaires notamment).

Noms vernaculaires[modifier | modifier le code]

Digitaire sanguine, manne terrestre, panic sanguin, sanguinelle, sanguinette, millet sanguin, manne rouge d'Europe[8].

Liste des sous-espèces et variétés[modifier | modifier le code]

Selon Tropicos (5 octobre 2016)[9] (Attention liste brute contenant possiblement des synonymes) :

  • Digitaria sanguinalis subsp. aegyptiaca (Willd.) Henrard
  • Digitaria sanguinalis subsp. ciliaris (Retz.) Arcang.
  • Digitaria sanguinalis subsp. pectiniformis Henrard
  • Digitaria sanguinalis subsp. sabulosa (Tzvelev) Tzvelev
  • Digitaria sanguinalis subsp. sanguinalis
  • Digitaria sanguinalis subsp. vulgaris (Schrad.) Henrard
  • Digitaria sanguinalis var. aegyptiaca (Willd.) Maire & Weiller
  • Digitaria sanguinalis var. atricha (Asch. & Graebn.) Podp.
  • Digitaria sanguinalis var. australis Griseb.
  • Digitaria sanguinalis var. biverticillata A. Reyn.
  • Digitaria sanguinalis var. ciliaris (Retz.) Parl.
  • Digitaria sanguinalis var. debilis (Desf.) Prain
  • Digitaria sanguinalis var. distachya (Asch. & Graebn.) Podp.
  • Digitaria sanguinalis var. duplicata Tuyama
  • Digitaria sanguinalis var. eriogona (Schrad.) Henrard
  • Digitaria sanguinalis var. esculenta (Gaudin) Caldesi
  • Digitaria sanguinalis var. evalvula (Honda) Honda
  • Digitaria sanguinalis var. extensa (Hook. f.) Rendle
  • Digitaria sanguinalis var. fimbriata (Link) Stapf ex Merr.
  • Digitaria sanguinalis var. frumentacea Henrard
  • Digitaria sanguinalis var. gigantea Schur
  • Digitaria sanguinalis var. glabra (Hack.) Henrard
  • Digitaria sanguinalis var. gracilis (Guss.) Henrard
  • Digitaria sanguinalis var. horizontalis (Willd.) Rendle
  • Digitaria sanguinalis var. interrupta Rendle
  • Digitaria sanguinalis var. marginata (Link) Fernald
  • Digitaria sanguinalis var. multinervis (Honda) Kitag.
  • Digitaria sanguinalis var. parvispicula (Reyn.) Henrard
  • Digitaria sanguinalis var. pruriens (Fisch. ex Trin.) Prain
  • Digitaria sanguinalis var. pubescens (Hack. ex A. Reyn.) Henrard
  • Digitaria sanguinalis var. repens (Asch. & Graebn.) Farw.
  • Digitaria sanguinalis var. rhachiseta (Henrard) B. Boivin
  • Digitaria sanguinalis var. rottleri (Hook. f.) Prain
  • Digitaria sanguinalis var. rottleriana Henrard
  • Digitaria sanguinalis var. sanguinalis
  • Digitaria sanguinalis var. sativa Tausch ex Bercht.
  • Digitaria sanguinalis var. timorensis (Kunth) Hayata

Synonymes[modifier | modifier le code]

Selon POWO[10], Digitaria sanguinalis possède 62 synonymes (appellations non valides) dont nous ne retenons que

Description[modifier | modifier le code]

La digitaire sanguine est une plante annuelle, cespiteuse ou solitaire, velue sur les gaines foliaires et les feuilles, à racines fibreuses.

Le chaume (la tige) est ramifié, étalé, ascendant, souvent radicants aux nœuds inférieurs[11]. Il fait de 20 à 60 cm de long. La ligule de 1-2 mm est tronquée.

Les feuilles sont à forte pilosité (poil moyen de 0,5 mm, utiliser une loupe) généralisée sur tous les organes et constante. La largeur des limbes est remarquable (presque 6 mm à la seconde feuille). Feuilles assez courtes, souvent ondulées, velue sur la gaine. Le limbe est linéaire de 3–12 c cm de long sur 0,1–0,5 cm. La gaine est verte à rouge violet.

L‘inflorescence est composée de 4 à 10 grappes spiciformes, digitées, de 6–12 cm de long[10].

Les épillets lancéolés, longs d’env. 3 mm, géminés sur 2 rangs, l’un brièvement, l’autre plus longuement pédicellé, ovales-oblongs, sont sur de courts pédicelles uniflores, glumes inférieures très petites, glumes supérieures aussi longues que l'épillet, recouvertes de poils fins, glumelles stériles aiguës.

Le fruit est un caryopse enfermé dans les 2 glumelles. La semence glabre est généralement constituée d'un épillet contenant une fleur fertile et une fleur stérile[11]. La glume inférieure est très réduite ou manquante ; la glume supérieure inférieure à la moitié de la semence.

La floraison a lieu de juillet à octobre.

Les nervures scabres de la lemme inférieure, bien que nécessitant une bonne lentille pour être observées, sont le meilleur moyen de distinguer cette espèce de Digitaria ciliaris.

Habitat[modifier | modifier le code]

La digitaire sanguine est courante dans les vignes, les champs et les potagers. En ville, on la trouve souvent dans les platebandes et les jardinières. Comme elle ne nécessite que peu de terre pour pousser, elle se rencontre sur les bords de trottoir au pied des murs ou entre les pavés[12].

Distribution[modifier | modifier le code]

Selon POWO[10], Digitaria sanguinalis est originaire de tous les pays riverains de la mer Méditerranée, de la mer Noire et de la mer Caspienne, et plus vers l’est, de pays d’Asie centrale, de l’Afghanistan, le Pakistan, de l’Inde, de la Chine, ainsi qu'au sud, l’Arabie, du Soudan.

Elle a été introduite en Europe du Nord, en Amérique du Nord, au Mexique et dans une partie de l’Amérique du Sud, ainsi que de l’Afrique du Sud, au Kenya. Elle a donc désormais une répartition cosmopolite et se rencontre dans toutes les régions tempérées et tempérées chaudes du monde[13].

Utilisation[modifier | modifier le code]

La plante est cultivée principalement comme plante fourragère.

Au Moyen-Âge, Digitaria sanguinalis était cultivée pour ses fruits comestibles.

Notes et références[modifier | modifier le code]

  1. (en) Rowan F. Sage et Russell K. Monson, C4 Plant Biology, Academic Press, coll. « Physiological Ecology », , 596 p. (ISBN 978-0-08-052839-7, lire en ligne), p. 474.
  2. Prof. Benny De Cauwer, hebdomadaire Le Sillon belge n° 3673 12/6/2015 p. 10-11
  3. (en) Ian Heap, « Multiple Resistant Large Crabgrass (Digitaria sanguinalis) », sur The International Survey of Herbicide Resistant Weeds (consulté le ).
  4. (en) « large crabgrass - Digitaria sanguinalis (L.) Scop », sur Invasive Plant Atlas of the United States (consulté le ).
  5. {{BHL}} : numéro de référence (358076#page/69) non numérique
    {{BHL}} : paramètres non nommés, surnuméraires, ignorés
  6. {{BHL}} : numéro de référence (58202547#page/130) non numérique
    {{BHL}} : paramètres non nommés, surnuméraires, ignorés
  7. (en) L. Watson et M. J. Dallwitz, « Digitaria Haller », sur The grass genera of the world (consulté le ).
  8. (en) « Digitaria sanguinalis (DIGSA) », sur EPPO Plant Protection Thesaurus EPPT, Organisation européenne et méditerranéenne pour la protection des plantes (OEPP) (consulté le ).
  9. Tropicos.org. Missouri Botanical Garden., consulté le 5 octobre 2016
  10. a b et c (en) Référence POWO : Digitaria sanguinalis (L.) Scop.
  11. a et b « Digitaria sanguinalis (L.) Scopoli », sur HYPPA, INRA-Dijon (consulté le )
  12. Nathalie Machon (sous la direction de), Sauvage de ma rue, Guide des plantes sauvages des villes de la région parisienne, Diffusion Seuil, Muséum National d’Histoire naturelle, Le Passage édition, , 256 p.
  13. (en) « Digitaria sanguinalis (large crabgrass) », sur Invasive Species Compendium (ISC), CABI (consulté le ).

Liens externes[modifier | modifier le code]

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Bibliographie[modifier | modifier le code]

  • Lambinon J. et al., Nouvelle flore de la Belgique, du G.-D. de Luxembourg, du Nord de la France et des régions voisines (Ptéridophytes et Spermatophytes), Meise, Jardin botanique national de Belgique, 6e éd., 2012, 1195 p. (ISBN 978-90-72619-88-4)