Différences entre le Concorde et le Tupolev Tu-144

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Le Concorde et le Tu-144 au musée de Sinsheim
Le Concorde et le Tu-144 au musée automobile et technologique de Sinsheim, seul endroit au monde où il est possible de voir ces deux avions côte à côte.
Concorde et Tu-144

La frappante similarité entre le Concorde et le Tu-144, développés simultanément, a longtemps été un champ de spéculation au sujet d'un potentiel cas d'espionnage industriel. Pour certains, dont des industriels occidentaux de l'aéronautique[1] et Christian Harbulot[2], la création du Tu-144 résulterait d'un véritable roman d'espionnage pendant la guerre froide, ce qui, expliquerait les ressemblances entre les deux avions[3],[4]. Néanmoins, même sans espionnage ces avions ne pouvaient que se ressembler fortement, étant donné leurs spécifications assez proches (vitesse supérieure à Mach 2, capacité pour transporter une centaine de passagers, ...). La forme allongée, la voilure delta, le nombre de réacteurs et le nez inclinable sont des solutions identiques pour des problèmes identiques et ne constituent pas une preuve d'espionnage. D'ailleurs ces caractéristiques se retrouvent aussi sur les prototypes de SST américains : Boeing 2707 (dont l'aile à géométrie variable, trop lourde, a été remplacée par une voilure delta dans sa dernière version), Lockheed L-2000 et Mcdonnell- Douglas AST. Les lois aérodynamiques sont bien sûr les mêmes pour tout le monde et requièrent des formes bien précises en régime supersonique.

Cependant, certaines différences sont visibles extérieurement entre le Concorde et le Tupolev Tu-144.

Emplacement des réacteurs[modifier | modifier le code]

Les réacteurs du Tu-144 sont plus rapprochés du fuselage que ceux du Concorde. Les deux nacelles moteurs du prototype du Tu-144 se touchaient même à l'arrière.

Forme en plan de la voilure[modifier | modifier le code]

Tu-144 Concorde

L'aile du Concorde est une aile delta modifiée par un apex (partie avant à très forte flèche) pour augmenter la portance tourbillonnaire à forte incidence (décollage, atterrissage) tout en conservant autant que possible ses capacités en vol supersonique.

Le double delta de la voilure du Tu-144 est plus marqué que celui du Concorde. Cette voilure aurait été conçue pour optimiser au maximum les performances aérodynamiques en supersonique pour rendre, paraît-il, l'avion plus performant en vol supersonique que le Concorde ; cela pénaliserait la portance à basse vitesse.

Canard rétractable du Tu-144[modifier | modifier le code]

Le Tu-144 a des plans appelés « moustaches », situés sur le haut de la cellule, derrière le cockpit, qui servent au contrôle en tangage (comme sur le Rafale) à basse vitesse lors du décollage et de l'atterrissage. Ce sont des surfaces portantes (équipées de volets de courbure) qui n'ont rien à voir avec les turbulateurs du Concorde.

Le Concorde est équipé de deux ailerons fixes (15 cm de large sur 1 m de long) situés à l'avant, de chaque côté du fuselage sous le cockpit. Ces turbulateurs furent rajoutés afin de générer à forte incidence des tourbillons servant à recoller l'écoulement sur le dos du fuselage pour augmenter l'efficacité de la gouverne de direction.

Train d'atterrissage[modifier | modifier le code]

Le train d'atterrissage du CCCP-77115
Le train d'atterrissage principal se situe sous les nacelles, à l'intérieur desquelles il se replie.

Le train d'atterrissage principal du Concorde se situe entre les deux nacelles et se replie vers le fuselage.

Celui du Tu-144 avait une place différente entre le prototype et les autres appareils. Pour le prototype, les nacelles des moteurs se trouvaient entre les deux ensembles du train d'atterrissage. Les ensembles se trouvaient sous les nacelles pour l'appareil de pré-production et les appareils de production. Le train se repliait à l'intérieur des nacelles, entre les deux turboréacteurs.

Références[modifier | modifier le code]

  1. (en) Helen Massy-Beresford, Peter Apps et William Maclean, « Special Report: Renault's electric spy scandal », Reuters,‎ (lire en ligne, consulté le ) :

    « In the early 1970s, western airplane manufacturers widely believed that corporate espionage played a role in the development of the Soviet Union’s Tu-144 supersonic airliner, dubbed “Konkordski” after the Anglo-French Concorde. »

  2. Espionnage industriel du Concorde : Tupolev 144, dans 19/20 sur France 3 (, 2 minutes) Consulté le .
  3. « Tupolev TU-144 | Technik Museum Sinsheim | Allemagne », sur sinsheim.technik-museum.de (consulté le )
  4. Pierre Challier, « Les espions à bonne école à Toulouse », La Dépêche,‎ (lire en ligne, consulté le )

Annexes[modifier | modifier le code]

Articles connexes[modifier | modifier le code]

Liens externes[modifier | modifier le code]