Des oiseaux, petits et gros

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Des oiseaux, petits et gros
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Totò dans une scène du film.
Titre original Uccellacci e uccellini
Réalisation Pier Paolo Pasolini
Scénario Pier Paolo Pasolini
Musique Ennio Morricone
Acteurs principaux
Sociétés de production Arco Film (it)
Pays de production Drapeau de l'Italie Italie
Genre Comédie dramatique
Durée 89 minutes
Sortie 1966

Pour plus de détails, voir Fiche technique et Distribution.

Des oiseaux, petits et gros (Uccellacci e uccellini) est un film italien réalisé par Pier Paolo Pasolini, sorti en 1966.

Synopsis[modifier | modifier le code]

François d'Assise prêchant aux oiseaux (d'après les Fioretti) par Giotto

Totò et son fils Ninetto errent dans la périphérie et les campagnes qui entourent Rome. Faisant chemin, ils rencontrent un corbeau. Le film précise dans un sous-titre : « Pour qui aurait des doutes ou aurait été distrait, nous rappelons que le corbeau est un intellectuel de gauche, disons ainsi, d'avant la mort de Palmiro Togliatti ».

Le corbeau leur raconte l'histoire de frère Ciccillo et de frère Ninetto (eux aussi interprétés par Totò et Ninetto Davoli), deux moines franciscains à qui Saint François d'Assise ordonne d'évangéliser les faucons (les puissants) et les passereaux (les humbles). Si les deux moines réussissent à évangéliser les deux « classes » d'oiseaux, ils échouent à mettre fin à leur rivalité, les faucons continuant à tuer les passereaux : Saint François leur explique la guerre dans une perspective marxiste et les invite à reprendre leur évangélisation.

La parenthèse du récit du corbeau étant refermée, le voyage de Totò et Ninetto continue. Le corbeau les suit en continuant à pérorer. Les personnages rencontrent successivement des propriétaires terriens dans le champ desquels ils se soulagent et qui les chassent à coup de fusil, une famille vivant dans la misère et à qui Totò ordonne de le payer ou de quitter la maison, un groupe d'acteurs itinérants à bord d'une Cadillac, un congrès de « dentistes dantesques », un propriétaire à qui, cette fois, c'est au tour de Totò de devoir de l'argent. Enfin, ils se retrouvent aux funérailles du dirigeant communiste Togliatti et finalement rencontrent une prostituée.

À la fin du film, les deux, fatigués du bavardage du corbeau, le tuent et le mangent.

Fiche technique[modifier | modifier le code]

Distribution[modifier | modifier le code]

Production[modifier | modifier le code]

Totò, Alfredo Bini et le corbeau, pendant le tournage.

Le tournage a eu lieu à Assise, en Toscane, à Rome et à l'aéroport de Rome Fiumicino[3],[4].

Pasolini affirme avoir choisi Totò comme protagoniste du film, alors même qu'il ne le connaissait pas personnellement, car il estimait que son masque représentait de manière exemplaire les deux caractères typiques des personnages de contes de fées : l'extravagance et l'humanité. Ce jugement s'est confirmé par la suite, lorsque les deux hommes ont commencé à travailler ensemble[5].

Le réalisateur a mis en scène dans le même film des acteurs choisis dans la rue et sans expérience de jeu et des monstres sacrés du cinéma comme Totò, dans la conviction que certains personnages nécessitaient des interprétations radicales : la brutalité ou la légèreté naturelle de l'amateur et le cadre et l'expérience de l'acteur professionnel[5].

Totò a défini Pasolini comme un homme intelligent et imaginatif, avec une méthode de mise en scène différente de celle à laquelle le comédien était habitué. Totò, grand improvisateur sur le plateau et habitué à avoir toujours carte blanche, a été au contraire contraint dans ce film à respecter ponctuellement les lignes du scénario et les instructions du réalisateur[5].

Comme il l'a raconté des années plus tard, Oreste Lionello a raconté que Pasolini avait refusé l'aide de Carlo Croccolo, qui doublait habituellement le désormais aveugle Totò dans les scènes extérieures de ses films, et qu'il avait plutôt fait appel à Lionello pour doubler l'ensemble du film : Totò écoutait alors la piste de Lionello en se doublant lui-même.

La production a été obligée de changer plusieurs fois de corbeau, car à chaque fois l'animal essayait d'arracher les yeux de Totò. On a donc imaginé un système dans lequel la cage du corbeau était placée derrière la caméra, et chaque fois qu'elle tournait, le corbeau la poursuivait[6].

Générique d'ouverture[modifier | modifier le code]

L'idée de faire chanter le générique du film était insolite. En effet, du titre du film aux noms des acteurs, du réalisateur, du monteur, de l'architecte, du photographe, etc., tous les noms sont annoncés en chanson par Domenico Modugno, donnant aux titres eux-mêmes un effet évocateur.

Bande originale[modifier | modifier le code]

Le , la bande originale du film est sortie sur CD, intitulée Uccellacci e uccellini, composée par Ennio Morricone et publiée par GDM Music[7],[8]. Une partie de la bande originale consiste en des arrangements du duo Bei Männern, welche Liebe fühlen de La Flûte enchantée de Mozart.

No TitreMusique Durée
Uccellacci E Uccellini (Titoli Di Testa) (interprété par Domenico Modugno)Ennio Morricone et Pier Paolo Pasolini
AforismiEnnio Morricone
Teatrino All'Aperto 1Ennio Morricone
Nidi Di RondineEnnio Morricone
Scuola Di Ballo Al SoleEnnio Morricone
S. Francesco Parla Agli UccelliEnnio Morricone
Il Corvo ProfessoreEnnio Morricone
Teatrino All'Aperto 2Ennio Morricone
Scarpe RotteEnnio Morricone
Uccellacci E Uccellini - strumEnnio Morricone
FuneraleEnnio Morricone
Uccellacci E Uccellini (Titoli Di Coda)Ennio Morricone

Accueil[modifier | modifier le code]

Le film a été un succès critique, mais a connu un relatif échec commercial[6]. Avec 606 442 spectateurs dans les salles italiennes, il est le film avec Totò ayant fait le moins d'entrées de toute sa carrière[9].

Pier Paolo Pasolini a déclaré à propos du film :

« Des oiseaux, petits et gros est le film que j'ai aimé et que je continue d'aimer le plus, d'abord parce que, comme je l'ai dit à sa sortie, c'est "le plus pauvre et le plus beau" et ensuite parce que c'est le seul de mes films qui n'a pas déçu les attentes. Collaborer avec lui [avec Totò] "tout droit sorti de ces films horribles qu'une intelligentsia stupide redécouvre aujourd'hui" a été très agréable : c'était un homme bon, sans agressivité, de bonne pâte. Je tiens également à rappeler qu'en plus d'être un film avec Totò, Des oiseaux, petits et gros est aussi un film avec Ninetto, un acteur de force, qui a commencé sa joyeuse carrière avec ce film. J'ai vraiment aimé les deux personnages principaux, Totò, une riche statue de cire, et Ninetto. Les difficultés n'ont pas manqué lors du tournage. Mais au milieu de tant de difficultés, j'ai eu la joie de mettre en scène Totò et Ninetto : un stradivario et un zuffoletto. Quel beau petit concert. »

— Pier Paolo Pasolini[10]

Distinctions[modifier | modifier le code]

  • 1966 : Sélection en compétition officielle au Festival de Cannes
  • 1966 : Mention spéciale au festival de Cannes pour son interprétation : Totò
  • 1967 : Ruban d'argent Meilleur acteur principal : Totò
  • 1967 : Ruban d'argent Meilleur sujet original : Pier Paolo Pasolini

Notes et références[modifier | modifier le code]

  1. a et b (it) « Uccellacci e uccellini », sur archiviodelcinemaitaliano.it (consulté le )
  2. a et b « Des oiseaux petits et gros », sur encyclocine.com (consulté le )
  3. (it) « Location verificate », sur davinotti.com (consulté le )
  4. « Des oiseaux, petits et gros » (tournage et production), sur l'Internet Movie Database
  5. a b et c Interview de Pasolini et Totò sur le tournage du film Uccellacci e uccellini, 1966
  6. a et b (it) « Uccellacci e uccellini », sur antoniodecurtis.com (consulté le )
  7. (it) Francesca Divella, « Il Morricone di “Uccellacci e uccellini”. Una colonna sonora rivoluzionaria », sur cinefiliaritrovata.it,
  8. « Ennio Morricone – Uccellacci E Uccellini / Cartoni Animati (Colonne Sonore Originali) », sur discogs.com
  9. (it) « Curiosità », sur totowebsite.altervista.org (consulté le )
  10. Modèle:Lien achive

Bibliographie[modifier | modifier le code]

  • Pierre Loubière, « oiseaux petits et gros  », Téléciné no 160, Paris, Fédération des Loisirs et Culture Cinématographique (FLECC), , p. 33, (ISSN 0049-3287).

Liens externes[modifier | modifier le code]