Daniel Serruys

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Daniel Serruys
Daniel Serruys (à gauche) et Louis Loucheur, délégués français à la Société des Nations, à Genève en 1927
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Daniel Louis Jean Alphonse Marie SerruysVoir et modifier les données sur Wikidata
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Daniel Serruys, né à Menin (Belgique) le et mort à Paris 7e le [1], est un universitaire et haut fonctionnaire français.

Né Belge, fils d'Edmond Serruys et de Marie Valcke, il est naturalisé français en 1900. Il se situe au croisement de plusieurs milieux, le monde intellectuel, la haute fonction publique et le monde des affaires.

Biographie[modifier | modifier le code]

Universitaire et intellectuel[modifier | modifier le code]

Licencié es lettres, il entre à l'École française de Rome en 1900. Il est maître de conférences de philologie grecque, puis directeur d'études à l'École pratique des hautes études historiques et philologiques entre 1904 et 1927. Il donne de nombreuses conférences, publie des articles, en faveur d'une économie libérale et libre-échangiste, et enseigne au Haut des études interalliées (cours de droit économique international). Il est élu membre de l'Académie des sciences morales et politiques en 1949.

Haut-fonctionnaire du ministère du commerce[modifier | modifier le code]

La Première Guerre mondiale l'amène à changer de parcours professionnel : il se dirige vers l'administration et la politique internationale. Mobilisé en , officier interprète, il devient directeur du cabinet du sous-secrétaire d'État au blocus en 1917, puis il est mis en à la disposition du ministère du commerce:

  • directeur du service de l'information économique, qu'il créée
  • secrétaire général de la commission économique de la paix (1919) ; il contribue à la rédaction des clauses économiques des traités de Versailles, Saint-Germain et Trianon.
  • directeur des accords commerciaux au ministère français du commerce (1920-1928); il est alors proche des milieux d'affaires favorables à une Europe plus libre-échangiste. Il encourage le Comité d'action économique et douanière de Jacques Lacour-Gayet. Il écrit des articles pour la revue "Pax", et est membre du comité de direction économique de cette revue (dirigée par Jacques Seydoux), aux côtés d'industriels tels Charles Laurent, président de l'Union des industries et métiers de la métallurgie ou Henri de Peyerimhoff, président du Comité central des houillères de France[2].
  • membre puis président du comité économique de la Société des Nations (-); il participe aux grandes réunions internationales sur les questions douanières[3]. Ainsi qu'aux travaux du Comité franco-allemand d'information et de documentation, dont le comité français est présidé par Charles Laurent et où figurent également Seydoux et d'autres industriels engagés dans les discussions douanières, membres des comités techniques des réunions internationales, tels René Laederich, régent de la banque de France et président du syndicat général de l'industrie cotonnière, ou Peyerimhoff[4]. Et à ceux de la Société d'économie nationale de Lucien Romier, qui lui offre en 1928 la présidence d'honneur d'un Comité international économique[5].
  • Haut-commissaire à l'Économie nationale du au dans le gouvernement Édouard Daladier.

Administrateur de sociétés et premier président de la section française de la Ligue européenne de coopération économique à partir de 1946[modifier | modifier le code]

En 1928, il abandonne la fonction publique pour "pantoufler" dans le privé; il rejoint la banque Lazard Frères et devient administrateur de sociétés dans lesquelles cette banque d'affaires a des intérêts: Citroën[6], le cimentier Poliet et Chausson, dont il devient le président du conseil d'administration en 1935[7], la French and foreign investing corporation en 1929[8], la société roumaine Astra romana. Il préside la fédération patronale des chaux et ciments, ainsi que la commission économique de la Confédération générale du patronat français[9].

Il se montre discret durant l'Occupation. Au lendemain de la seconde Guerre mondiale, il anime le Comité d'action économique et douanière (CAED) avec Jacques Lacour-Gayet, et fonde, en accord avec Paul van Zeeland, la section française de la Ligue européenne de coopération économique, qu'il préside jusqu'à son décès et qui regroupe des patrons, des intellectuels et des syndicalistes, défendant une unité européenne fondée sur une vision néo-libérale. Il préside aussi la commission économique et sociale du Mouvement européen. Il a assisté au congrès de La Haye de 1948[10].

Membre du parti colonial[modifier | modifier le code]

Délégué du maréchal Lyautey pour l'exposition coloniale de 1931[11], vice-président à partir de 1931 de l'Institut colonial[12], il préside la commission économique de la conférence impériale de 1934-35[13]. Il est ensuite vice-président de la section économique du Conseil supérieur de la France d'outre-mer[14]. Puis il préside de 1944 à 1947 le Comité de l'empire français[15].

Parcours professoral[modifier | modifier le code]

Daniel Serruys enseigne à l'École libre des sciences politiques dans les années 1930[16].

Distinctions[modifier | modifier le code]

Daniel Serruys est successivement chevalier de la Légion d'honneur (1919), officier (1923), commandeur (1923) puis grand-officier (1927).

Bibliographie[modifier | modifier le code]

  • Laurence Badel, "Un milieu libéral et européen: le grand commerce français, 1925-1948", Comité pour l'histoire économique et financière de la France, 1999
  • Catherine Hodeir, "Stratégies d'empire. Le grand patronat colonial face à la décolonisation", Belin, 2003
  • Charles Malégarie, Notice sur la vie et les travaux de Daniel Serruys, Institut de France, Académie des sciences morales et politiques, Imprimerie de Firmin-Didot, Paris, 1952

Notes et références[modifier | modifier le code]

  1. Acte de décès (avec date et lieu de naissance) à Paris 7e, n° 66, vue 8/31.
  2. Cf. "Les documents politiques, diplomatiques et financiers", juillet 1927, Laurence Badel, "Un milieu libéral et européen", op. cit., chap. IV ( Associations privées et Europe ): Laurence Badel, chap. IV
  3. "Journal des débats", 5/5/1927
  4. Cf. Gaby Sonnabend, Pierre Viénot ( 1897-1944 ): ein Intellektueller in Politik, Oldenbourg Wissenschaftsverlag, 2005, p. 137, Laurence Badel, "Un milieu libéral et européen", op. cit., chap. IV ( Associations privées et Europe ): Laurence Badel, chap. IV. Pour le comité franco-allemand, cf. les pages consacrées à Pierre Viénot et Émile Mayrisch, son parrain
  5. Il figure au comité de rédaction du périodique "la Réforme économique", lié à la Société d'économie nationale de Lucien Romier: "Journal des débats", 26/3/1928 ( comité de rédaction de la "Réforme économique" ), "Journal des débats", 23/5/1928, "Le Matin", 30/4/1929 ( semaine du cinéma ), "Journal des débats", 6/4/1931, "Ciment", février 1934. La Société d'économie nationale a été fondée sous les auspices de l'Association de l'industrie et de l'agriculture françaises; Serruys a assisté à plusieurs de ses banquets annuels.
  6. Cf. "Moodys"s industrial manual", 1930, p. 1150, "L'Œil de Paris pénètre partout", 10/11/1928, Robert W. D. Boyce, "British capitalism at the crossroads, 1919-1932", Cambridge University press, 1987, p. 233
  7. Cf. "Journal des finances", 2/7/1937, "Le Populaire", 26/5/1938, "Le Populaire", 20/5/1938, "Le Figaro", 6/3/1938, "Dictionnaire historique des patrons français", Flammarion, 2010, p. 171: Lazard Frères est actionnaire majoritaire.
  8. Cf. www.wormsetcie.com/1949/Roger-Mennevée, "Les-documents", "Le Populaire", 27/1/1929, "L'Echo des mines et de la métallurgie", 1/12/1928
  9. Cf. François Denord, "Néo-libéralisme version française", Demopolis, 2007, p. 19
  10. Cf. cvce.eu; réunion des délégués français
  11. Cf. "Les Annales coloniales", 14/12/1929
  12. Cf. "Les Annales coloniales", 24/1/1931
  13. Cf. "Les Annales coloniales", 17/11/1934
  14. Cf. "Les Annales coloniales", 13/12/1937
  15. Cf. anom.archivesnationales.culture.gouv.fr
  16. Pierre Rain, L'École Libre Des Sciences Politiques, Fondation nationale des sciences politiques, (ISBN 978-2-7246-0033-9, lire en ligne)

Liens externes[modifier | modifier le code]