Département de Potosí

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Département de Potosí
Blason de Département de Potosí
Héraldique
Drapeau de Département de Potosí
Drapeau
Département de Potosí
Vue hivernale de la laguna Colorada, dans le Sud Lípez.
Administration
Pays Drapeau de la Bolivie Bolivie
Gouverneur
Mandat
Jhonny Mamani (MAS)
2021-2026
Capitale Potosí
ISO 3166-2 BO-P
Démographie
Population 823 517 hab. (2012)
Densité hab./km2
Géographie
Superficie 11 821 800 ha = 118 218 km2
Localisation
Localisation de Département de Potosí

Le département de Potosí est un département du sud de la Bolivie. Sa capitale est la ville de Potosí. Occupant la plus grande partie du sud de l'altiplano andin bolivien, il dispose d'une situation stratégique du fait qu'il borde à l'ouest le Chili et au sud l'Argentine, pays voisins avec lesquels il est en relation par des voies routières et ferrées majeures. L'extraction minière constitue par ailleurs une activité économique très importante du département.

Le département est officiellement constitué le par un décret suprême du président Antonio José de Sucre.

Géographie[modifier | modifier le code]

Localisation[modifier | modifier le code]

Le département de Potosí est limité au nord par le département d'Oruro, au nord-est par celui de Cochabamba, à l'est par celui de Chuquisaca, au sud-est par celui de Tarija, au sud par l'Argentine et à l'ouest par le Chili.

Relief[modifier | modifier le code]

La plus grande partie du relief du département est montagneux, mais en son centre se trouve une importante portion de hauts-plateaux typiques de l'altiplano bolivien.

Le département est constitué à l'est par la cordillère centrale bolivienne entrecoupée de vallées, mais possédant des sommets élevés. Au sud-est se trouvent les cordillères de Chichas et de Lípez, cette dernière contenant de très hauts sommets (l'Uturuncu à 6 008 m et le Cerro Lipez à 5 929 m).

À l'ouest, la cordillère occidentale frontalière du Chili possède des sommets très élevés, approchant également les 6 000 m, souvent volcaniques, comme le Sairecábur (5 950 m), et le volcan Licancábur (5 916 m).

Entre les deux enfin, la grande steppe sèche de l'altiplano bolivien s'étend à environ 3 500 m d'altitude.

Climat[modifier | modifier le code]

D'une manière générale les précipitations baissent du nord au sud et de l'est à l'ouest, si bien qu'il est désertique dans les provinces sud-ouest de Daniel Campos, Baldivieso, Nor Lípez et Sud Lípez ainsi qu'en témoigne leur très faible population (22 000 habitants pour plus de 50 000 km2, soit moins de 0,5 habitant/km2).

Dans la cordillère orientale (provinces de Charcas, Chayanta, Tomás Frías, Saavedra, Linares), on dénombre un grand nombre de vallées qui ont des microclimats fort divers et la région est bien peuplée.

Comme partout sur l'Altiplano, le climat est frais (moyenne de °C) et peut descendre en hiver à −30 °C.

Hydrographie[modifier | modifier le code]

Le département de Potosí compte des rivières qui coulent vers les trois grands bassins fluviaux du pays :

  • Le bassin amazonien, grâce aux ríos Caine, Chayanta et Guadalupe ;
  • Celui du Río de la Plata avec les ríos Pilcomayo, Motaca, Tumusla. Le premier est le plus important et compte en outre de nombreux affluents ;
  • Le bassin endoréique du lac Poopó et des salars, bassin fermé de l'altiplano, avec le río Márquez qui se jette dans le lac Poopó et le río Grande de Lípez qui aboutit dans le salar d'Uyuni ; de plus, il y a là d'autres rivières mineures qui forment de petites lagunes ou lacs salés comme les lagunes Colorada et Verde.

Histoire[modifier | modifier le code]

Le territoire du département de Potosí est habité par des peuples indigènes bien avant sa constitution en tant qu'entité politico-administrative. Un total de 312 sites archéologiques permettent par ailleurs de constater leur présence ancienne. Le premier conquistador à mettre les pieds dans la région est Diego de Almagro, plus précisément en 1536 dans les environs de Tupiza. Les Espagnols fondent quelques années plus tard, en 1545, la ville de Potosí, qui deviendra éventuellement une grande ville sud-américaine.

Subséquemment à la fondation de Potosí, les colons espagnols usent et transforment le système déjà en place de la mita pour y faire travailler les indigènes dans les mines environnantes. Des indigènes vivant à des centaines de kilomètres à la ronde autour de Potosí sont délocalisés pour être soumis au système de l'encomienda (système de quasi-esclavage) par les nouveaux arrivants. La région doit sa prospérité à l'extraction de minerai qui y est très importante.

Le territoire du département de Potosí fait partie de la Vice-royauté du Pérou jusqu'en 1776, année où la Vice-royauté du Río de la Plata est créée et vient englober la région. Le département est finalement créé à partir de l'ancienne Intendence de Potosí (es) de l'Audience royale de Charcas (es), grâce au décret suprême du , dicté par le maréchal d'Ayacucho, Antonio José de Sucre.

La frontière du département avec le Chili se précise après la guerre du Pacifique, en 1883, et avec l'Argentine, au cours du 20e siècle.

Au cours des périodes coloniale et républicaine, la principale activité génératrice de richesse du département demeurait l'exploitation minière, bien que la collecte des impôts des peuples indigènes était également pratiquée par l'État, via un système de taxation indigène qui subsiste jusqu'à la Révolution de 1952. L'exploitation minière est toutefois en déclin au cours du 20e siècle, ce qui entraîne un exode de plusieurs habitants du département vers le département de La Paz ou Cochabamba, plus prospères, ou vers l'Argentine.

Le , sous les ordres du général et président René Barrientos, les troupes gouvernementales commettent le plus grand massacre de travailleurs de l'histoire de la Bolivie, soit le massacre de San Juan à Catavi, qui visait des mineurs.

Population[modifier | modifier le code]

Langues parlées[modifier | modifier le code]

Les principales langues parlées dans le département sont le quechua et l'espagnol et dans une moindre mesure, l'aymara. Il s'agit du seul département bolivien où l'espagnol n'arrive pas en première position de termes du nombre de locuteurs. Malgré cela, le département demeure peu varié linguistiquement, où la très grande majorité des habitants parlent l'une des trois langues officielles nationales du pays les plus parlées.

Le tableau suivant présente le nombre d'habitants du département âgés de six ans et plus en fonction de leur langue principalement parlée pour l'année 2012[1].

Langue Département Bolivie
Quechua 342 880 1 339 919
Espagnol 311 735 5 424 685
Aymara 21 738 836 570
Autre langue autochtone 37 73 721
Autre langue 1 043 146 683

Évolution démographique[modifier | modifier le code]

Le tableau suivant présente la population du département selon les recensements boliviens. Il est à noter que les résultats antérieurs à 1882 peuvent avoir une fiabilité variable, considérant les méthodes d'estimation de l'époque qui pouvaient s'appliquer à des territoires plus étendus[2].

Évolution démographique du département de Potosí
1831 1835 1845 1854 1882 1900 1950 1976 1992
192 155226 320243 263254 728237 755325 615509 087657 533645 889
2001 2012 2022 - - - - - -
709 013828 093------

Villes principales[modifier | modifier le code]

Le tableau suivant présente les villes (au sens de municipalité) du département ayant une population supérieure à 25 000 habitants en 2012, tel que comptabilisé par le recensement bolivien de cette même année.

Population des plus grandes villes selon les recensements
Ville 2001 2012
Potosí 145 057 191 302
Villazón 36 266 44 906
Tupiza 38 337 44 814
Llallagua 36 909 41 104
Colquechaca 31 037 35 199
Betanzos 36 821 33 922
Cotagaita 24 025 31 801
San Pedro de Buena Vista 27 639 30 012
Uyuni 18 705 29 672
Tinguipaya 21 794 27 200
Pocoata 20 116 26 330

Divisions administratives[modifier | modifier le code]

Le département de Potosí est divisé en 16 provinces :

Provinces Population (2012) Chef-lieu Carte des provinces
Alonso Ibáñez 28 315 Sacaca
Carte des 16 provinces du département de Potosí
Carte des 16 provinces du département de Potosí
Antonio Quijarro 55 327 Uyuni
Charcas 40 882 San Pedro de Buena Vista
Chayanta 98 436 Colquechaca
Cornelio Saavedra 55 667 Betanzos
Daniel Campos 5 850 Llica
Enrique Baldivieso 1 684 San Agustín
General Bernardino Bilbao 10 331 Arampampa
José María Linares 49 796 Puna
Modesto Omiste 44 906 Villazón
Nor Chichas 42 447 Cotagaita
Nor Lípez 14 057 Colcha "K"
Rafael Bustillo 87 272 Uncía
Sud Chichas 56 048 Tupiza
Sud Lípez 6 835 San Pablo de Lípez
Tomás Frías 230 240 Potosí

Transports[modifier | modifier le code]

La route 5 entre Potosí et Uyuni.

Situé au sud-ouest du pays et aux confins du Chili et de l'Argentine, le département de Potosí constitue un carrefour névralgique dans le pays. Les infrastructures de transport y sont nombreuses.

En ce qui a trait au transport routier, le département est traversé par plusieurs routes faisant partie du réseau routier national bolivien. Les plus importantes sont la route 5, qui débute à la frontière chilienne, relie Potosí et Uyuni et se rend jusqu'au département de Santa Cruz en passant par Sucre, la route 1, qui relie la capitale départementale à Tarija et Oruro, la route 6 qui dessert le nord du département et relie Oruro et Sucre, en passant par Llallagua et Ocurí et la route 14 qui relie les environs de la capitale départementale à Tupiza, Villazón puis la frontière argentine. Les routes 20, 21, 28 et 30 font aussi partie du réseau routier national, mais sont d'importance moindre. La majorité des routes nationales sont pavées, bien qu'un tronçon important de la route 5 situé à l'ouest d'Uyuni demeure non asphalté.

Un train sur la ligne entre Uyuni et Ollagüe.

Relativement au transport aérien, le département compte deux principaux aéroports, bien que leur achalandage demeure réduit par rapport à certains grands aéroports boliviens. L'aéroport Joya Andina dessert Uyuni et est construit depuis 2011 alors que l'aéroport Capitán Nicolás-Rojas dessert la capitale. Ce dernier bénéficie d'infrastructures mal adaptées à la réalité d'une ville de la taille de Potosí, ce qui limite son achalandage.

Le département est également doté de quelques liaisons ferroviaires. Un chemin de fer relie la capitale à Sucre à l'est et à Río Mulato à l'ouest. La section entre Potosi et Río Mulato, l'un des chemins de fer les plus hauts au monde, ne sert qu'au transport de minerais. À Río Mulato, la liaison ferroviaire se termine à la jonction du chemin de fer Oruro-Uyuni, qui lui sert également au transport de passagers et permet de relier le Chili ou l'Argentine, via Tupiza et Villazón. Les chemins de fer de la région font partie du réseau de la compagnie Ferroviaria Andina et sont notamment utilisés par Ferrocarril de Antofagasta a Bolivia[3].

Économie[modifier | modifier le code]

Ressources minières[modifier | modifier le code]

Les mines du Cerro Rico, à Potosí, encore exploitées de nos jours.

Montagneux, le département est connu pour ses ressources minières depuis la colonisation, la ville même de Potosí, située aux pieds du Cerro Rico (la « montagne riche ») étant naguère synonyme d'« eldorado », mais d'argent. Ces ressources d'argent sont toutefois désormais épuisées.

D'autres ressources géologiques sont présentes dans le sous-sol du département et certaines d'entre elles continuent d'être exploitées, notamment de l'antimoine, du plomb, du zinc, du bismuth, du wolfram, du soufre, du borax, du sel commun, du lithium, du cuivre, de l'or et possiblement de l'uranium. Ainsi, en , le président Evo Morales procède à la nationalisation de la mine d'argent et d'indium (utilisé pour les écrans plats LCD) de Malku Khota, exploitée par la firme canadienne South American Silver Corporation (en). Cette décision intervint après des semaines de manifestations par les travailleurs autochtones de Malku Khota, qui appelaient à nationaliser la mine[4],[5],[6],[7].

Les autorités départementales, avec le salar de Uyuni sur le territoire, misent aujourd'hui sur l'exploitation du lithium, dont le salar constitue parmi l'un, sinon le plus grand gisement sur Terre.

Autres ressources et activités[modifier | modifier le code]

Un lama à l'état sauvage, photographié dans le département.

L'agriculture demeure relativement rare sur le territoire du département et les produits qui y en sont issus sont principalement destinés au marché local. La culture de la patate est nettement la plus importante, bien que d'autres végétaux sont également cultivés, tels que le quinoa, l'oca, le blé, l'orge, le raisin (notamment destiné au vin et au singani[8]), certains fruits et légumes, les fèves[9], les pois et les légumineuses.

L'élevage dans le département demeure marginal. Certaines populations élèvent des espèces indigènes (lamas, alpagas) et introduites (ovins, bovins, caprins et dans une moindre mesure, ânes, chevaux, porcs et volailles). Les lamas et alpagas peuvent être destinés à la consommation de viande, pour leur fibre textile ou encore comme moyen de transport.

Dans les zones urbaines du département, tel que la capitale Potosí, une grande partie de la population travaille dans le secteur des services, notamment dans les commerces, les banques, les écoles et les établissements de santé. Le tourisme constitue également un secteur d'activité économique en croissance dans le département, notamment pour les attraits patrimoniaux et naturels qui s'y trouvent[10].

Tourisme[modifier | modifier le code]

Le salar d'Uyuni, vu depuis l'Isla Incahuasi.

Le département dispose de plusieurs lieux d'exception faisant figure parmi les lieux touristiques les plus populaires du pays. Le plus connu est probablement le salar d'Uyuni, un important désert de sel (ou salar) situé au centre du département et dont la superficie de plus de 10 000 km2 est la plus grande au monde.

Formations rocheuses dans le parc national Toro Toro.

Le parc national Toro Toro se trouve également dans le département – dans sa partie nord –, des canyons, des formations rocheuses particulières et des fossiles d'empreintes de pas de dinosaures y sont présents.

La province de Sud Lípez est située au sud-ouest du département de Potosí et est caractérisée par la présence de plusieurs lagunes. Nombre d'entre elles, notamment la laguna Verde, la laguna Colorada et la laguna Blanca se trouvent protégées au sein de la réserve nationale de faune andine Eduardo Avaroa. Dans cette réserve de faune se trouvent également plusieurs importants sommets de la Bolivie, parmi les plus hauts du pays, notamment le Licancabur et l'Uturuncu.

Notes et références[modifier | modifier le code]

  1. (es) Instituto Nacional de Estadística, Censo de Población y Vivienda 2012 Bolivia - Características de la población, La Paz, , 200 p. (lire en ligne), p. 36
  2. (es) Instituto Nacional de Estadística, Censo de Población y Vivienda 2012 Bolivia - Características de la población, La Paz, , 200 p. (lire en ligne), p. 11-12
  3. (es) Ferroviaria Andina, « Servicio de Pasajeros Vive La Experiencia FCA », sur ferroviaria-andina.com.bo, (consulté le )
  4. Mines: La Bolivie prend le contrôle d'un gisement exploité par une compagnie canadienne, 20 Minutes-AFP, 3 août 2012 ; version en anglais : Bolivia takes over Canada-run mine, France 24-AFP, 3 août 2012
  5. Une mine canadienne provoque de l'agitation en Bolivie, Radio-Canada, 11 juillet 2012
  6. Protest against Canadian mining firm turns deadly in Bolivia, Radio-Canada, 6 juillet 2012
  7. Bolivian farmer dies in protests against Canadian mine, BBC, 8 juillet 2012
  8. (es) Luis Ossio Sanjines, « Ley No 1334 de 4 de mayo de 1992 », sur web.archive.org, (consulté le )
  9. (es) Jaime Acuña Martínez, « Un cultivo importante de Potosí », sur web.archive.org, (consulté le )
  10. Axel Nielsen, Justino Calcina et Bernardino Quispe, « ARQUEOLOGÍA, TURISMO Y COMUNIDADES ORIGINARIAS: UNA EXPERIENCIA EN NOR LÍPEZ (POTOSÍ, BOLIVIA) », Chungará (Arica), vol. 35, no 2,‎ , p. 369–377 (ISSN 0717-7356, DOI 10.4067/S0717-73562003000200018, lire en ligne, consulté le )

Voir aussi[modifier | modifier le code]

Articles connexes[modifier | modifier le code]

Liens externes[modifier | modifier le code]