Couesnon

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le Couesnon
Illustration
Le Couesnon aux abords de Pontorson,
au loin le mont Saint-Michel.
Carte.
Cours du Couesnon.
Caractéristiques
Longueur 97,4 km [1]
Bassin 1 124 km2 [1]
Bassin collecteur le Couesnon
Débit moyen 7,1 m3/s (Antrain) [réf. nécessaire]
Organisme gestionnaire SMCA ou Syndicat mixte du Couesnon aval[2], syndicat mixte du Sage Couesnon[3]
Régime pluvial océanique
Cours
Source Le Bois Joli
· Localisation Saint-Pierre-des-Landes
· Altitude 182 m
· Coordonnées 48° 18′ 39″ N, 1° 03′ 28″ O
Embouchure la Manche
· Localisation Beauvoir, Le Mont-Saint-Michel
· Altitude m
· Coordonnées 48° 37′ 03″ N, 1° 30′ 44″ O
Géographie
Principaux affluents
· Rive gauche Tamout
· Rive droite Nançon, Minette, Loisance, Guerge, Tronçon
Pays traversés Drapeau de la France France
Départements Ille-et-Vilaine, Manche, Mayenne
Régions traversées Pays de la Loire, Bretagne, Normandie
Principales localités Fougères, Antrain, Pontorson

Sources : SANDRE:« J0--0150 », Géoportail, Banque Hydro, OpenStreetMap

Le Couesnon [kwenɔ̃] est un petit fleuve côtier dans les trois départements d'Ille-et-Vilaine, de la Manche, de la Mayenne, dans les trois régions Pays de la Loire, Bretagne, Normandie.

Il prend sa source près de l'étang de Vézins, sur la commune de Saint-Pierre-des-Landes en Mayenne et son embouchure se situe dans la baie du Mont-Saint-Michel. La locution adverbiale « outre-Couesnon » fait référence à la Normandie du point de vue breton, et plus généralement à la France.

Hydronymie[modifier | modifier le code]

Le nom de la rivière est attesté sous les formes Coysnon en 1015-1026 (Dudon de Saint-Quentin), puis Coisnun en 1030 (cartulaire MSM, fo 40), flumen Cosnonis à la fin du XIe siècle (tapisserie de Bayeux, Coisnon encore à la fin du XIe siècle (Guillaume de Jumièges), Coignon, Coisnun au XIIe siècle (Wace, Roman de Rou I, 1109 ; II, 2606)[4], Couasnon plus tard. Il s'est longtemps orthographié Coesnon, comme dans le Grand vocabulaire françois, de 1768[5].

Il s'agit d’un hydronyme d’origine prélatine non identifié, mais dont il existe au moins deux paronymes vraisemblablement de même étymologie : le Couasnon, rivière de Maine-et-Loire et le Couasnon, rivière d'Eure-et-Loir[6].

Géographie[modifier | modifier le code]

L'embouchure du Couesnon devant le Mont Saint-Michel.

La longueur de son cours d'eau est de 97,4 km[1]. Durant la quasi-totalité de son cours, il traverse le nord-est de la Bretagne (Ille-et-Vilaine) et constituait, dans ses derniers kilomètres, la frontière entre le duché de Bretagne et le duché de Normandie. En revanche, sa source est située dans l’ancien comté du Maine, dans le département de la Mayenne.

Un dicton affirme : « Le Couesnon en sa folie a mis le Mont en Normandie »[7] puisque malgré les divagations du fleuve, le mont Saint-Michel s'est toujours situé du côté normand de son embouchure. La limite entre l'Ille-et-Vilaine et la Manche continue d'ailleurs d'épouser l'ancien lit du Couesnon, à cinq kilomètres à l'ouest de l'embouchure actuelle. Les vasières de l'ancienne embouchure se sont ensablées ou ont été comblées et aménagées lors de la canalisation du fleuve. C'est pourquoi le village de Roz-sur-Couesnon en Bretagne, malgré son déterminant complémentaire sur-Couesnon n'est plus situé sur ses berges.

Bulletin des lois - 1794 (no 247) Arrêté relatif à la construction d'un canal pour détourner le cours vers l'est

Communes et cantons traversés[modifier | modifier le code]

Dans les trois départements d'Ille-et-Vilaine, de la Manche et de la Mayenne, le Couesnon traverse les trente communes suivantes, de Mézières-sur-Couesnon, Saint-Marc-sur-Couesnon, Saint-Jean-sur-Couesnon, La Chapelle-Saint-Aubert, Vendel, Billé, Javené, Luitré, Saint-Pierre-des-Landes, Rimou, Romazy, Sens-de-Bretagne, Vieux-Vy-sur-Couesnon, Saint-Ouen-des-Alleux, Romagné, Lécousse, Fougères, La Selle-en-Luitré, Beaucé, Bazouges-la-Pérouse, Antrain, La Fontenelle, Tremblay, Sougéal, Sacey, Pleine-Fougères, Aucey-la-Plaine, Pontorson, Saint-Georges-de-Gréhaigne, Beauvoir.

Toponymes[modifier | modifier le code]

Le Couesnon a donné son hydronyme aux six communes de Mézières-sur-Couesnon, Saint-Marc-sur-Couesnon, Saint-Jean-sur-Couesnon, Vieux-Vy-sur-Couesnon, Roz-sur-Couesnon et Val-Couesnon. Pourtant le Couesnon ne passe plus sur le territoire de la commune de Roz-sur-Couesnon depuis la fin du XIXe siècle, les travaux de poldérisation du nord de la commune ayant eu pour effet de canaliser le fleuve vers le mont Saint-Michel[8]. La commune a conservé « -sur-Couesnon » dans son nom malgré le détournement du cours d’eau[9].

Bassin versant[modifier | modifier le code]

Le Couesnon traverse douze hydrographiques pour une superficie totale de 1 124 km2[1]. Ce bassin versant est constitué à 90,62 % de « territoires agricoles », à 5,25 % de « forêts et milieux semi-naturels », à 3,76 % de « territoires artificiels », à 0,24 % de « zones humides », à 0,04 % de « surfaces en eau »[1].

Organisme gestionnaire[modifier | modifier le code]

Les organismes gestionnaire sont le syndicat mixte du Sage Couesnon[3], Le SIHC ou Syndicat Intercommunal du Haut Couesnon (partie amont du Couesnon et ses affluents), Le SILM ou Syndicat Intercommunal de la Loisance et de la Minette (comprenant les rivières de la Loisance et la Minette, deux affluents majeurs en rive droite) et le SMCA ou Syndicat mixte du Couesnon aval à Pontorson[2] (partie aval du Couesnon et de ses affuents).

Affluents[modifier | modifier le code]

Le Couesnon a quarante-sept tronçons affluents[1] dont :

  • la Motte d'Yné (rd[note 1]), 12 km
  • le ou la Guerge, 25,7 km sur dix communes[10].
  • le Nançon (rd), 20 km qu'il reçoit à Fougères.
  • le Muez,
  • le Moulin de la Charrière,
  • le Général,
  • l'Everre,
  • l'Aleron,
  • la Minette (rd), 25 km
  • les Vallées d'Hervé,
  • le Laurier,
  • la Tamout (rg), 20 km sur quatre communes.
  • la Ville Marie,
  • la Loisance (rd), 30 km sur cinq communes avec dix-sept affluents et de rang de Strahler quatre.
  • le Tronçon (rd), 17,2 km[11] sur sept communes avec deux affluents don de rang de Strahler deux.
  • la Bouessière,
  • le Loison,
  • la Chênelais,
  • le canal du Marais,
  • le Marais,

Rang de Strahler[modifier | modifier le code]

Hydrologie[modifier | modifier le code]

Le barrage à l'embouchure du Couesnon conçu pour chasser les sédiments qui envasent la baie du Mont-Saint-Michel.
Les bords vaseux du Couesnon près du Mont.

Le Couesnon, la Sée et la Sélune participent au fonctionnement hydraulique particulièrement complexe de la baie du Mont-Saint-Michel. D'un côté, la marée apporte de grandes quantités de sédiments qui ont donné naissance à de riches polders. De l'autre, les trois cours d'eau les chassent vers le large.

Au

, le Couesnon a été canalisé pour mettre fin à ses « divagations » qui érodaient les rivages. En 1969, un barrage y a été édifié. Ces divers aménagements, ainsi que la digue d'accès au mont Saint-Michel ont accéléré l'envasement du site. Pour éviter qu'il ne perde son caractère insulaire, la digue est remplacée par un pont passerelle ouvert au public en juillet 2014. En 2009, un nouveau barrage est mis en service sur le Couesnon. Il a été conçu pour générer un effet « chasse d'eau » qui doit permettre le désensablement de la baie du mont Saint-Michel.

Depuis le mont Saint-Michel, aux grandes marées, un mascaret peut être observé sur le Couesnon.

Le Couesnon à Vieux-Vy-sur-Couesnon

Son régime hydrologique est dit pluvial océanique.

Climat[modifier | modifier le code]

Le Couesnon à Romazy[modifier | modifier le code]

Le Couesnon a été observé à Romazy depuis le (56 ans), à 20 m d'altitude et pour un bassin versant de 510 km2[12]. Le module y est de 4,89 m3/s[12]

Débit moyen mensuel (en m3/s)
Station hydrologique : J0121510 - Le Couesnon à Romazy pour un bassin versant de 510 km2 et à 20 m d'altitude[12]
(le 08-07-2016 - données calculées sur 49 ans de 1968 à 2016)
Source : Banque Hydro - Ministère de l'écologie et du développement durable

Étiage ou basses eaux[modifier | modifier le code]

À l'étiage, c'est-à-dire aux basses eaux, le VCN3, ou débit minimal du cours d'eau enregistré pendant trois jours consécutifs sur un mois, en cas de quinquennale sèche s'établit à 0,250 m3/s, ce qui est peu[note 2],[12].

Crues[modifier | modifier le code]

Sur cette période d'observation, le débit journalier maximal a été observé le pour 69,90 m3/s. Le débit instantané maximal a été observé le [note 3] avec 75,60 m3/s en même temps que la hauteur maximale instantanée de 267 cm soit 2,67 m[12].

Le QIX 2 est de 33,00 m3/s, le QIX 5 est 44,00 m3/s, le QIX 10 est de 51,00 m3/s, le QIX 20 est de 58,00 m3/s et le QIX 50 est de 68,00 m3/s[12].

Lame d'eau et débit spécifique[modifier | modifier le code]

La lame d'eau écoulée dans cette partie du bassin versant de la rivière est de 304 millimètres annuellement, ce qui est légèrement au-dessus de la moyenne en France, à 300 mm/an. Le débit spécifique (Qsp) atteint 9,6 litres par seconde et par kilomètre carré de bassin[12].

Histoire[modifier | modifier le code]

Mention du Couesnon sur la tapisserie de Bayeux

Les sources historiques, ainsi que la légende de saint Aubert, évêque d'Avranches, relient le mont à la ville d’Avranches dont l'évêque a toujours dépendu du métropolitain de Rouen, puis de l'archevêché de Rouen. Le cadre religieux s'est calqué sur celui des anciennes provinces romaines, à savoir la Seconde Lyonnaise dont faisait partie Avranches, incluse plus tard dans la Neustrie. Cependant lors des incursions Vikings, le roi des Francs, incapable de défendre toutes les côtes de la Neustrie, concède le Cotentin, donc probablement aussi l'Avranchin avec le mont Saint-Michel au duc de Bretagne, domination qui va durer soixante-dix ans. Le Couesnon n'est donc plus la limite entre la Neustrie et la Bretagne, cependant il reste la limite entre l'évêché d'Avranches et celui de Dol.

Ce n'est qu’en 1009 que le Couesnon serait devenu la frontière entre la Bretagne et la Normandie. Auparavant, ce fut de manière transitoire la Sélune[13]. Cependant, le duc de Normandie Richard Ier aurait déjà fait venir vers 965 une communauté monastique bénédictine de l'abbaye de Saint-Wandrille dirigée par Maynard Ier pour s'installer sur le mont. Le Couesnon est cité dans une des scènes (scène 17) de la tapisserie de Bayeux datant de la fin du XIe siècle :

« ЄT HIC : TRANSIЄRVNT : FLVMЄN : COSNONIS » (Et ici ils traversent le fleuve Couesnon).

Site naturel[modifier | modifier le code]

En 1983, le conseil général d'Ille-et-Vilaine a acquis 140 ha le long du Couesnon, sur les communes de Mézières-sur-Couesnon et Saint-Ouen-des-Alleux. Des aménagements ont été réalisés pour la pratique de sports en milieu naturel (escalade, canoë, VTT, etc.). Cette partie du Couesnon, au XVIIe siècle, comptait une vingtaine de moulins à papier.

Qualité de l'eau[modifier | modifier le code]

Le suivi de la qualité physico-chimique du Couesnon se fait grâce à des points de prélèvement sur les communes de La Selle-en-Luitré, de Mézières-sur-Couesnon, de Romazy et de Sougéal (d'amont en aval)[14], qui donnent les résultats suivants :

Relevés à La Selle-en-Luitré
Nitrates 2010 2011 2012
Concentration du paramètre (percentile 90) 53 51 49
Classe SEQ-Eau
Relevés à Mézières-sur-Couesnon
Nitrates 2010 2011 2012
Concentration du paramètre (percentile 90) 37 38 36
Classe SEQ-Eau
Relevés à Romazy
Nitrates 2010 2011 2012
Concentration du paramètre (percentile 90) 38,5 40,1 37,8
Classe SEQ-Eau
Relevés à Sougéal
Nitrates 2010 2011 2012
Concentration du paramètre (percentile 90) 42,5 41,3 41,9
Classe SEQ-Eau

Liens externes[modifier | modifier le code]

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Voir aussi[modifier | modifier le code]

wikilien alternatif2

Les coordonnées de cet article :

Notes et références[modifier | modifier le code]

Notes[modifier | modifier le code]

  1. rd pour rive droite et rg pour rive gauche
  2. environ 0,5 % module à 4,890 m3/s
  3. à 14h06

Références[modifier | modifier le code]

  1. a b c d e et f Sandre, « Fiche cours d'eau - Le Couesnon (J0--0150) » (consulté le )
  2. a et b « Syndicat mixte du Couesnon aval », sur www.cater-normandie.fr (consulté le )
  3. a et b « Des aides en faveur du développement rural pour les agriculteurs sur les bassins versants du Moyen et de la Basse vallé du Couesnon », sur www.sage-couesnon.fr (consulté le )
  4. François de Beaurepaire (préf. Yves Nédélec), Les Noms des communes et anciennes paroisses de la Manche, Paris, A. et J. Picard, , 253 p. (ISBN 2-7084-0299-4, OCLC 15314425), p. 105
  5. Fichier:vocabulaire.jpg
  6. François de Beaurepaire, Op. cit.
  7. Extrait de Blason populaire de Normandie
  8. « Connaître Roz-sur-Couesnon » sur Entre terre et baie (www.terreetbaie.fr). Consulté le 31 mai 2016.
  9. Le Jeu des 1000 euros, émission du 31 mai 2016 sur France Inter, présentation de la commune d’accueil de l’émission par Nicolas Stoufflet.
  10. Sandre, « Fiche cours d'eau - le Guergue (J0206400) » (consulté le )
  11. Sandre, « Fiche cours d'eau - le Tronçon (J0204100) » (consulté le )
  12. a b c d e f et g Banque Hydro - MEDDE, « Synthèse de la Banque Hydro - Le Couesnon à Romazy (J0121510) » (consulté le )
  13. Hourlier, Dom Jacques, «Les sources écrites de l’histoire montoise avant 966», in Millénaire monastique du Mont-Saint-Michel, Raymonde Foreville (éd.), t. 2, Vie montoise et rayonnement intellectuel, Paris, Lethielleux, 1966, p. 13-28.
  14. « Qualit'eau 35 n°30 p.5 - bulletin du réseau de suivi de la qualité des eaux superficielles en Ille-et-Vilaine » (consulté le )
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