Corno Stella

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Corno Stella
Corno Stella depuis le Monte Stella.
Corno Stella depuis le Monte Stella.
Géographie
Altitude 3 050 ou 3 059 m[1],[2]
Massif Massif du Mercantour-Argentera (Alpes)
Coordonnées 44° 11′ 06″ nord, 7° 18′ 08″ est[1],[2]
Administration
Pays Drapeau de l'Italie Italie
Région Piémont
Province Coni
Ascension
Première , par Victor de Cessole, Jean Plent et Andrea Ghigo
Voie la plus facile depuis le refuge Bozano
Géolocalisation sur la carte : Italie
(Voir situation sur carte : Italie)
Corno Stella
Géolocalisation sur la carte : Piémont
(Voir situation sur carte : Piémont)
Corno Stella

Corno Stella est un sommet des Alpes de 3 050 ou 3 059 m d'altitude, situé intégralement en Italie, dans la vallée du Gesso, dans la province de Coni et dans les limites du parc naturel des Alpes maritimes (en italien : parco naturale delle Alpi Marittime) qui constitue un parc naturel européen avec le parc national du Mercantour qui le jouxte de l'autre côté de la frontière franco-italienne. Ce sommet tient une partie de sa réputation de son inaccessibilité (la voie normale comporte un pas de IV).

Ce sommet constitué de gneiss, attire les alpinistes par la qualité de son rocher et l'ampleur de ses faces. Mais c'est surtout l'histoire de sa conquête, et le mythe qui l'entoure, qui en fait l'attrait, cette paroi étant devenue pour un temps le symbole de la difficulté technique dans les Alpes du Sud dans les années 1960.

Toponymie[modifier | modifier le code]

Corno Stella pourrait se traduire en français par « corne des étoiles ». Étymologiquement, ce nom proviendrait de la forme de corne que prend le sommet vue du haut du couloir de Lourousa, corne qui semblerait vouloir gratter les étoiles. Pour certains, et moins poétiquement, la « corne » du sommet semblerait désigner le Monte Stella, un des deux sommets voisins. Le Corno Stella constitue avec le Monte Stella, le Gelas di Lourousa et les sommets Sud et Nord de l'Argentera, le cœur du massif du Mercantour-Argentera.

Première ascension[modifier | modifier le code]

Les premières tentatives d'ascension se soldent par des échecs, parfois mortels[3].

D'abord réputé inaccessible, c'est Victor de Cessole, insatiable alpiniste niçois, qui entrevoit une possibilité de voie dans le centre de la face Sud. C'est le guide Jean Plent qui franchit le pas difficile (IV impossible à protéger) et ainsi ouvre la voie du sommet, avec Andrea Ghigo, à son client le [4].

Bien sûr, les pitons n'existaient pas à l'époque et c'est à mains nues et chaussé de tricounis que Jean Plent, n'écoutant que son courage, se lancera dans ce passage-clé, connu sous le nom de « mauvais pas » d'une hauteur de 22 mètres.

Alpinisme : les voies majeures[modifier | modifier le code]

Les voies majeures se situent dans les faces nord et sud. Elles sont d'ampleur respectable : la face nord s'étire sur 600 m et la face sud sur 500 m.

Paroi sud/ouest[modifier | modifier le code]

Voie Première Date Première hivernale Date
Voie De Cessole V. De Cessole, J. Plent, A. Ghigo 22 août 1903 M. Campia, N. Gandolfo, R. Nervo, A. Quaranta 10 janvier 1937
Spigolo Inférieur G. Ellena, L. Giugliano 21 août 1927 P.L. Revelli, F. Sorzana 20 janvier 1966
Voie Campia M. Campia, G. Ellena, R. Nervo 15 juillet 1945 D. Ughetto, F. Ruggieri 20 février 1961
Voie Dufranc (Diagonale) M. Dufranc, F. Cravoisier 15 août 1968 Patrick Berhault 8 février 1980
Voie Ruggeri-Ughetto D. Ughetto, F. Ruggieri 26 juillet 1960 Patrick Berhault 9 février 1980
Spigolo Supérieur G. Ellena, E. Soria 17 août 1930 D. Ughetto, F. Ruggieri 19 février 1962

Paroi nord/est[modifier | modifier le code]

Voie Première Date Première hivernale Date
Voie du Diedre Rouge D.Ughetto, F.Ruggieri 11-12-13 juin 1962 J.Gounand, G.Grisolle 23-24-25 décembre 1971
Voie dell'Aspirazione M.Morgantini, V.Ravaschietto Juillet 1978 R.Piombo, M.Schenone 27 décembre 1988
Voie Siccardi G.Carbone, G.Salesi 20 juin 1976
Voie Rabbi M.Maccagno, C.Rabbi 24 juillet 1954 D.Ughetto, F.Ruggieri 12-13 février 1962
Voie Ellena G.Ellena, E.Soria 21 août 1932 Tarcisio e Tommaso Martini 20 janvier 1974

La voie du dièdre rouge en face Nord[modifier | modifier le code]

Dans les années 1960, la mode est aux voies directes (directe américaine aux Drus, directe Brandler Hasse à la Cima Grande dans les Dolomites).

Franck Ruggeri et Didier Ughetto, deux alpinistes français des Alpes-Maritimes, forment une forte cordée du moment. Après l'ouverture préalable d'autres voies au Corno Stella, ils n'en sont pas à leur coup d'essai sur cette montagne. Ils décident en 1962 de s'attaquer à l'ouverture d'une voie directe dans la face Nord. La voie qui leur semble logique est constituée d'un dièdre évasé et surplombant, fermé par un énorme toit.

Après sept tentatives infructueuses, ils comprennent qu'ils ne peuvent venir à bout des larges fissures de la voie avec le matériel d'alpinisme des années 1960. Franck Ruggeri, bricoleur de génie, a alors l'idée de fabriquer des coins de bois de largeur réglable (jusqu'à 26 cm) en guise de coinceurs pour constituer des points d'assurage. Forts de cette invention, les deux grimpeurs réussissent la voie en technique artificielle du 11 au 13 juin 1962. La voie qu'ils cotent V/A3, devient une des plus difficiles des Alpes du Sud[5],[6].

La voie devient dès lors mythique et attire d'autres talentueux grimpeurs qui voudront y inscrire leur nom :

  • 1re hivernale par Jean Gounand et Georges Grisolles du 23 au 25 décembre 1971[7] ;
  • 1er parcours en libre par Patrick Berhault[7] ;
  • 1re solitaire par Patrick Berhault en 1996[7] ;
  • 1re solitaire hivernale, le , en 12 heures, encore par Patrick Berhault au cours de sa grande traversée des Alpes[8] ;
  • 1re parcours en libre et en hiver, le , par Symon Welfringer et Xavier Cailhol, en 6 heures[7].

La voie comporte dix longueurs et sa cotation actuelle est 6B/A1 ED (350 m) avec une longueur de 7A+/A1.

Sommet fétiche de Patrick Berhault, célèbre alpiniste niçois à la réputation internationale, il dira que c'est au Corno Stella qu'il a appris la montagne.

Annexes[modifier | modifier le code]

Notes et références[modifier | modifier le code]

  1. a et b Visualisation sur le géoportail du Piémont.
  2. a et b Visualisation sur le géoportail italien.
  3. « Le Radical de Marseille », sur Gallica, (consulté le ).
  4. Victor de Cessole et Fernand Nœtinger, La Suisse niçoise, Sirius, (ISBN 2-904027-00-9 et 978-2-904027-00-0, OCLC 466119505, lire en ligne), p. 460
  5. Jean-Claude Raibaud, « L'alpiniste mentonnais Franck Ruggeri : infatigable ! », Nice Matin,‎ (lire en ligne)
  6. Montagnes Magazine, « Alpine Line : le Dièdre Rouge en face nord du Corno Stella », sur montagnes-magazine.com (consulté le ).
  7. a b c et d (it) « Corno Stella Diedro Rosso, prima libera invernale per Symon Welfringer e Xavier Cailhol », sur PlanetMountain.com (consulté le ).
  8. (it) « Le Alpi di Patrick Bérhault, dalla Slovenia alle Marittime », sur PlanetMountain.com (consulté le ).

Liens externes[modifier | modifier le code]