Convois de la déportation des Juifs de Belgique

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Convois de la déportation des Juifs de Belgique
Les routes de la déportation et de la Shoah
Les routes de la déportation et de la Shoah

Contexte Seconde Guerre mondiale
Mode de transport Ferroviaire
Départ Drapeau de la Belgique Belgique (4 août 1942 - 31 juillet 1944)
Arrivée Auschwitz, Drapeau de l'Allemagne nazie Reich allemand
Déportés Juifs
· Total 24906
· Hommes 10521
· Femmes 10304
· Moins de 16 ans 4081
But de la déportation Extermination

Entre le et le , 28 convois de déportation furent organisés au départ de la caserne Dossin située à Malines. 24 906[1] juifs furent déportés dans ces trains de la mort qui les conduisaient à Auschwitz ainsi que 351 Tsiganes. Certains de ces trains, firent halte à Kosel pour que certains parmi les plus aptes au travail soient dirigés vers des camps de travaux forcés (ce fut le cas des convois VI, VII, VIII, IX, XII et XIII)[2],[3].

Déportations[modifier | modifier le code]

Sur les trois premiers mois de la déportation, 17 000 Juifs furent déportés. Ils se présentèrent spontanément à Malines à la caserne Dossin répondant ainsi à une convocation pour le travail obligatoire en Allemagne directement transmise par l'AJB: les "Convocations à Malines" qui n'étaient qu'un subterfuge des Nazis pour mettre en œuvre leur projet de Solution finale. Très tôt, cependant, sous l'action de la résistance juive au travers de l'organe clandestin communiste en langue yiddish du Linke Poalei Sion, Unzer Wort[Note 1], au travers des sections de langue de la Main-d'œuvre immigrée (MOI), une organisation communiste des étrangers ou, enfin, au travers du Comité de défense des Juifs, ils cessèrent de se présenter spontanément[4]. Les Allemands organisèrent alors des rafles à Anvers et à Bruxelles[2]. Les deux premières rafles se déroulèrent les 15 et à Anvers sous le commandement du sous-officier SS Erich Holm. Elles furent menées par des feldgendarmes, des SS allemands et flamands ainsi que par des policiers belges. Une troisième rafle se déroulera le . À Bruxelles, la situation est différente et le bourgmestre Jules Coelst qui s'était déjà opposé aux allemands sur la question du port obligatoire de l'étoile juive, ordonnance qu'il refusera de faire appliquer, argua d'un manque d'effectif pour que sa police ne soit pas mêlée aux rafles. Une seule rafle nocturne se déroulera ainsi à Bruxelles, le . À Anvers, 65 % des Juifs seront déportés tandis qu'à Bruxelles, seuls 37 % le furent. À partir de , les départs de convois s'espacent et les Allemands ne parviendront plus à réaliser des arrestations de masse[4].

Le convoi n° XX du fut stoppé par trois résistants à Boortmeerbeek, ce qui permit à 17 déportés de quitter le train. Au total 231 déportés s'enfuirent, par cette action et leurs propres moyens, dont 23 furent abattus par la Schutzpolizei et 95 autres furent repris dans les heures et les jours qui suivirent. Le reste put rejoindre la clandestinité.

Lors de la libération, la caserne Dossin comptaient encore 520 détenus en attente d'un aller-simple vers Auschwitz.

Liste des convois[modifier | modifier le code]

L'Office central de la sécurité du Reich (RSHA) à Berlin était responsable de l'organisation du transport des Juifs. Les dirigeants du camp de rassemblement de Malines devaient donc établir la liste des personnes déportées en trois exemplaires. Un exemplaire était destiné à l'officier de police responsable de la sécurité durant le transport, le second était destiné au Sicherheitsdienst de Bruxelles, le dernier restait au samellager de Malines. L'ensemble des copies de la Caserne Dossin ont été conservées, ce qui permit aux historiens de cartographier de manière précise l'ensemble des 28 convois de déportation qui quittèrent le territoire belge à destination d'Auschwitz.

Wagon de la déportation belge - Breendonk.
Des wagons à bestiaux furent utilisés à partir d'avril 1943.
Mémorial National aux Martyrs Juifs de Belgique, à Anderlecht
convois de Malines à Auschwitz-Birkenau
Personnes déportées par âge (au-dessus et en dessous de 15 ans) et genre. Tous les déportés, à l'exception du convoi Z de 1944, étaient des Juifs[5],[1]
Convois Date Hommes Garçons Femmes Filles Total Survivants
en 1945
convoi I 4 août 1942 545 28 402 23 998 7
convoi II 11 août 1942 460 25 488 26 999 3
convoi III 15 août 1942 380 48 522 50 1000 5
convoi IV 18 août 1942 339 133 415 112 999 0
convoi V 25 août 1942 398 88 429 81 996 27
convoi VI 29 août 1942 355 60 531 54 1000 35
convoi VII 1er septembre 1942 282 163 401 154 1000 15
convoi VIII 10 septembre 1942 390 109 404 97 1000 34
convoi IX 12 septembre 1942 408 91 401 100 1000 30
convoi X 15 septembre 1942 406 132 413 97 1048 17
convoi XI 26 septembre 1942 562 231 713 236 1742 31
convoi XII 10 octobre 1942 310 135 423 131 999 28
convoi XIII 10 octobre 1942 230 89 258 98 675 26
convoi XIV 24 octobre 1942 325 111 438 121 995 15
convoi XV 24 octobre 1942 314 30 93 39 476 26
convoi XVI 31 octobre 1942 686 16 93 27 822 49
convoi XVII 31 octobre 1942 628 45 170 32 875 37
convoi XVIII 15 janvier 1943 361 104 416 65 946 4
convoi XIX 15 janvier 1943 241 49 270 52 612 8
convoi XX 19 avril 1943 506 112 655 125 1398 153
convoi XXI 31 juillet 1943 672 103 706 71 1552 42
convoi XXIIA 20 septembre 1943 292 39 263 37 632 31
convoi XXIIB 20 septembre 1943 304 73 353 63 793 19
convoi XXIII 15 janvier 1944 308 33 293 23 654 99
convoi Z2[Note 2] 15 janvier 1944 85 91 101 74 351 15
convoi XXIV 4 avril 1944 302 29 275 19 625 146
convoi XXV 19 mai 1944 236 20 230 21 507 134
convoi XXVI 31 juillet 1944 280 15 252 16 563 186
Total août 1942 – juillet 1944 10 606 2 201 10 395 2 045 25 257 1 222

Autres convois[modifier | modifier le code]

Du au 2252 travailleurs juifs obligatoires sont déportés par 7 convois dans les camps de l'Organisation Todt[6].

En marge de la solution finale, 4 autres convois de déportation furent organisés au départ de Malines. Ils concernèrent 218 déportés juifs. Pour les convois E, le taux de survie fut de 58 %, alors qu'il n'était que de 5,1 % à Auschwitz pour les Juifs et de 4,3 % pour les Tziganes.

convois de déportation complémentaires au départ de Malines[7].
Convois Date Total Destination Remarques
Convoi Z1 13 décembre 1943 132 Buchenwald pour les hommes
Ravensbruck pour les femmes
principalement des Juifs turcs et hongrois
Convoi Z3 19 avril 1944 14 Bergen Belsen Juifs hongrois
Convoi E1 23 février 1944 29 Vittel Juifs des pays en guerre contre le Reich
Convoi E2 20 juin 1944 43 Vittel Juifs des pays en guerre contre le Reich
Total décembre 1943 – juin 1944 218

5034 Juifs, résidant en Belgique en furent déportés via le Camp de Drancy. Ces résidents avaient fui vers la France à l'aube du conflit ou y avaient été envoyés par les autorités belges. 317 d'entre eux survécurent à la guerre[1].

Déportation des Juifs de Belgique - Totaux.
Convois Total Survivants
Convois vers Auschwitz 24 906 1 207
Convois E1, E2 et Z1, Z3 218 126
Déportés de Drancy 5034 317
Totaux 30 158 1 650

Les Tziganes[modifier | modifier le code]

Outre les Juifs, 351 Tziganes furent également déportés via Malines vers Auschwitz, ils firent partie du convoi Z du . La lettre "Z" signifiant Zigeuner, « Tsigane » en allemand.

Littérature[modifier | modifier le code]

  • « Convocation à Malines », 1942
    Serge Klarsfeld et Maxime Steinberg : Le Mémorial de la Déportation des Juifs de Belgique. Bruxelles 1982.
    • dans ce livre : Tableaux Récapitulatifs des Israélites et Tziganes Déportés du Camp de Rassemblement de Malines vers les Camps d' Extermination de Haute Silésie, éd. du 'Ministère de la Santé Publique et de la Famille', 1.9.1979
  • Juliane Wetzel, Frankreich und Belgien, dans : Dimension des Völkermords. Die Zahl der jüdischen Opfer des Nationalsozialismus, éditeur: Wolfgang Benz, dtv 1996, p. 105–131 (première édition : Oldenbourg Wissenschaftsverlag 1991, (ISBN 978-3486546316))
  • Tanja von Fransecky : Flucht von Juden aus Deportationszügen in Frankreich, Belgien und den Niederlanden. Metropol-Verlag, 2014, (ISBN 978-3863311681). Chap. IV (p. 180 - 270) : Belgique

Liens externes[modifier | modifier le code]

Références[modifier | modifier le code]

  1. a b et c Insa Meinen, La Shoah en Belgique, Renaissance du livre, 2012, (ISBN 9782507050672)
  2. a et b Maxime Steinberg, Un pays occupé et ses juifs : Belgique entre France et Pays-Bas, Gerpinnes, Quorum, , 314 p. (ISBN 978-2-87399-014-5, OCLC 263411514) .
  3. gershon-lehrer.be
  4. a et b Paul Aron (dir.), Dictionnaire de la seconde guerre mondiale en Belgique, Bruxelles, André Versaille, coll. « Références », , 527 p. (ISBN 978-2-87495-001-8, OCLC 604547810).
  5. Schram (2006) De raciale deportatie van België naar Auschwitz vanuit Mechelen
  6. La déportation des Juifs de Belgique, Centre d'Action Laïque, 2015
  7. Laurence Schram, Le camp de rassemblement pour Juifs de Malines : L’antichambre de la mort, Encyclopédie en ligne des violences de masse, publié le 29 mars 2010, consulté le 10 août 2014, ISSN 1961-9898

Notes[modifier | modifier le code]

  1. Notre parole
  2. Z pour Zigeuner, Tzigane en allemand

Voir aussi[modifier | modifier le code]