Concile de Nîmes

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Ce concile référencé CPL 1779, se tint à Nîmes le  ; il concernait l'hérésie des Ithaciens (ou Itaciens) qui portait atteinte à l'unité chrétienne.

Contexte[modifier | modifier le code]

Le schisme félicien[1] ou itacien était né à Trèves lorsque Itace et ses partisans avaient installé Félix comme évêque de la capitale des Gaules. Ce Félix, affirme Sulpice-Sévère, était un homme très saint et très digne de l'épiscopat mais l'indignité de ses consécrateurs, souillés du sang des hérétiques priscillianistes, avait fait de son nom une pierre d'achoppement : il y avait désormais parmi les évêques gaulois les féliciens et les antiféliciens. Ce n'est qu'en 395, après que le gouvernement impérial a repris en mains les contrées transalpines, où Stilicon se rend en personne, que les tentatives de conciliation commencent avec ce concile.

Concile[modifier | modifier le code]

Participants[modifier | modifier le code]

L'historien Louis Duchesne (1894, 1907) donne la liste des 21 participants. Il indique Aprunculus, Ursus, Genialis (Cavaillon ?), Syagrius, Alitius (Cahors ?), Aper, Felix, Solinus, Adelfus, Remigius, Epetemius (Angers ?), Modestus, Eusebius, Octavius (Apt), Nicesius, Evantius, Ingenuus (Arles), Aratus, Urbanus, Melanus (Viviers) et Toeferius[2],[3].

Saint Martin, parfois accusé d'être antifélicien, refuse de participer à ce concile et parmi les nombreux absents figurent l’évêque de Marseille Proculus, celui de Vienne, Simplicius[4],[5] et l’évêque du Puy, Suacrius ou Syagrius, qui charge un de ses collègues de signer pour lui. En revanche on trouve dans la liste des signataires, celle d’Ingenuus d’Arles, ce qui constitue une des deux références historiques à cet évêque. Pour l'historien Jean-Rémy Palanque l'archevêque d'Arles fait partie des féliciens[6].

Décisions[modifier | modifier le code]

Une minorité d’évêques se référant aux évêques de Milan et de Rome, sans distinction entre les deux sièges, veut la condamnation de Priscillien ; il semble toutefois qu’ils échouent. Toutefois le concile repousse le diaconat féminin soutenu par les priscillanistes.

D'après Jean-Rémy Palanque, ce concile qu'il date de 394, ne réussit pas à « effacer les scandales et guérir les discordes » comme il se le proposait[7].

Controverse sur la date 394 ou 396[modifier | modifier le code]

Bien que la date de 396 soit généralement acceptée, certains auteurs ne tranchent pas et laissent subsister un doute entre 394 et 396. En effet ce concile se tient à Nîmes un 1er octobre d’une année indiquée par la note consulaire Arcadio et Honorio augg conss, c'est-à-dire en 394 ou 396. Notons aussi que Saint Martin est encore vivant au moment du concile, donc ce dernier se déroule avant 397. Les tenants pour l’année 396, s’appuient essentiellement sur l’argumentaire de Louis Duchesne. Ce dernier remarque que jusqu’au , la Gaule est au pouvoir de l’usurpateur Eugène et qu’il semble peu probable qu’en si peu de temps (entre le et le 1er octobre) on ait pu lancer les convocations et faire les diligences nécessaires pour cette grande réunion épiscopale.

Notes et références[modifier | modifier le code]

  1. Les évêques réunis à Trêves avaient ordonné évêque de cette ville un saint homme nommé Félix. Le parti des évêques qui avaient causé la mort des hérétiques en prit le nom de félicien, ou, du nom du moins recommandable de ces prélats, celui d'ithacien. Saint Ambroise et le pape Sirice lui-même, d'après la tradition, auraient refusé de reconnaître pour valable une ordination faite par des consécrateurs indignes, et traité en schismatiques les féliciens ou ithaciens. D’autres historiens, comme Ernest-Charles Babut, soutiennent le contraire : il n'y a pas eu de schisme félicien, mais un schisme « antifélicien », et ceux qui se mettaient ainsi en dehors de la grande Église, ce sont précisément Martin, Sulpice Sévère et autres partisans de cet ascétisme outrancier que l'on reprochait à Priscillien. Et ils précisent que si Martin ne fut pas condamné à Trêves, il ne s'en fallut pas de beaucoup, et ce fut uniquement parce qu'il avait donné un gage en assistant à l'ordination de Félix. De plus il n'était plus un évêque comme les autres : d’après Aigrain René (p. 279), Martin ne pouvait plus assister aux conciles.
  2. Louis Duchesne, Fastes épiscopaux de l'ancienne Gaule. Provinces du Sud-Est (tome premier), vol. 3, Paris, Thorin et fils, , 356 p. (lire en ligne), p. 346.
  3. Jean-Rémy Palanque (sous la direction de), Le diocèse d’Aix en Provence, Paris, Éditions Beauchesne, Coll. « Histoire des diocèses de France », 1975, page 13 (présentation en ligne)
    Jean-Remy Palanque évoque un Triferius, probablement le Toeferius relevé par Louis Duchesne. Ce Triferius / Toeferius est dit évêque d'Aix-en-Provence et comme Ingenuus d'Arles, félicien.
  4. Jean-Rémy Palanque (sous la direction de) - Le diocèse d’Aix en Provence - Paris, Éditions Beauchesne - Collection, Histoire des diocèses de France - 1975 - page 13, ici :
    Ceux de la majorité, qui, par opportunisme, faiblesse ou ignorance, avaient reconnu Félix de Trèves (les « féliciens ») se rassemblèrent plusieurs fois en conciles, dont celui de Nîmes en 394, qui ne réussit pas à « effacer les scandales et guérir les discordes » comme il se le proposait : parmi eux l’on trouve Ingenuus d’Arles et Triferius d’Aix, qui devaient donc être féficiens, alors que Proculus de Marseille et Simplicius de Vienne n’y ont pas siégé.
  5. André PelletierVienna – page 163 ici :
    À la fin du siècle, au concile de Nîmes (396) vingt-et-un évêques sont présents, mais il y a des absents (combien ?), comme l’évêque de Vienne.
  6. Jean-Rémy Palanque (sous la direction de) - Le diocèse d’Aix en Provence - Paris, Éditions Beauchesne - Collection, Histoire des diocèses de France - 1975 - page 13, ici :
    Ceux de la majorité, qui, par opportunisme, faiblesse ou ignorance, avaient reconnu Félix de Trèves (les « féliciens ») se rassemblèrent plusieurs fois en conciles, dont celui de Nîmes en 394, qui ne réussit pas à « effacer les scandales et guérir les discordes » comme il se le proposait : parmi eux l’on trouve Ingenuus d’Arles et Triferius d’Aix, qui devaient donc être féficiens,
  7. Jean-Rémy Palanque (sous la direction de) - Le diocèse d’Aix en Provence - Paris, Éditions Beauchesne - Collection, Histoire des diocèses de France - 1975 - page 13, ici :
    Ceux de la majorité, qui, par opportunisme, faiblesse ou ignorance, avaient reconnu Félix de Trèves (les « féliciens ») se rassemblèrent plusieurs fois en conciles, dont celui de Nîmes en 394, qui ne réussit pas à « effacer les scandales et guérir les discordes » comme il se le proposait.

Voir aussi[modifier | modifier le code]

Bibliographie[modifier | modifier le code]

Articles connexes[modifier | modifier le code]