Concile d'Arles (314)

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Le concile d'Arles de 314 est organisé à la demande de l'empereur Constantin, qui, en 313, a promulgué un édit de tolérance du christianisme et a organisé un premier concile à Rome.

Le concile d'Arles réunit seize évêques, principalement de Gaule, mais quelques-uns d'autres provinces romaines (Bretagne, Hispanie, Germanie). Ce concile réitère la condamnation de l'hérésie donatiste.

Il s'agit du premier des deux conciles d'Arles, le suivant ayant lieu en 554.

Contexte[modifier | modifier le code]

Après avoir eu, selon la tradition, la vision d'une croix[1] avant la bataille du pont Milvius (212), dont il sort vainqueur, l'empereur Constantin décide de légaliser le christianisme par l'édit de Milan (313), mettant fin à toute persécution antichrétienne, la dernière ayant eu lieu sous le règne de Dioclétien (régnant de 284 à 305).

Presque aussitôt, il fait réunir un certain nombre d'évêques (episcopi, responsables de l'Eglise dans une cité (civitas) de l'empire) à Rome, afin de définir une doctrine officielle de cette religion, jusque là plus ou moins clandestine. À cette date, dans l'empire romain d'Occident, l'empereur premier (dit « Auguste ») ne réside plus à Rome, mais à Milan ; mais Rome, capitale symbolique, est aussi le siège épiscopal du successeur de saint Pierre, le plus important de tout l'empire.

Le concile de Rome condamne l'hérésie donatiste.

Puis Constantin convoque un deuxième concile afin de faire venir plus d'évêques. Le lieu de réunion est fixé à Arles, dans la province de Narbonnaise deuxième, en Gaule (diocèse civil de Vienne, préfecture du prétoire des Gaules).

Le concile d'Arles[modifier | modifier le code]

Organisation[modifier | modifier le code]

La première réunion a lieu le le

Ce concile se déroule probablement dans l'église construite sur l'emplacement d'un ancien temple dédié à la Bonne Déesse, aujourd'hui église Notre-Dame-la-Major.

Participants[modifier | modifier le code]

Ce concile réunit seize évêques principalement venus de Gaule romains, sur un total d’une trentaine en Gaule[2], mais quelques-uns d'autres parties de l'empire d'Occident. L'évêque de Rome, Sylvestre Ier ne participe pas à ce concile.

Liste des évêques présents[modifier | modifier le code]

Évêques représentés[modifier | modifier le code]

Certains évêques sont représentés, ceux de :

  • Nice : par le diacre Innocentius et l'exorciste Agapista ;
  • Mende (cité des Gabales) : par le diacre Genialis (plus tard évêque de Mende) ;
  • Apt : par Romanus et Victor ;
  • Orange : l'évêque Faustin est représenté par un clerc.

Sièges épiscopaux notables[modifier | modifier le code]

Parmi les évêques représentés, certains viennent de villes chefs-lieux de province, alors que la plupart des évêques représentent seulement une cité : c'est le cas notamment de ceux de

Deux sièges épiscopaux sont encore plus importants :

Dispositions (canons) adoptées par le concile[modifier | modifier le code]

Ce concile établit vingt-deux canons, qui en premier lieu condamnent le donatisme[9].

Parmi les autres mesures adoptées, le concile

  • reconnaît le service militaire comme un devoir du chrétien (canon 3)
  • tente de fixer pour la fête de Pâques (commémoration de la résurrection de Jésus) une date officielle commune à tous les chrétiens
  • admet la validité du baptême administré par un païen (canon 9, confirmé en 1439 par le concile de Florence)
  • condamne les clercs qui ont des relations avec des femmes ;
  • rappelle que les diacres ne peuvent pas donner l’eucharistie (canon 15)
  • que les diacres doivent aux prêtres (presbyteri) l’honneur qui leur est dû (canon 18)
  • prend diverses mesures concernant le mariage chrétien et la consécration des évêques.

Suites[modifier | modifier le code]

Le concile le plus important du règne de Constantin est le premier concile de Nicée (325), tenu dans l'empire d'Orient, qui établit le premier texte officiel du Credo.

Notes et références[modifier | modifier le code]

  1. Accompagnée de la phrase : In hoc signo vinces, « Par ce signe, tu vaincras ».
  2. Liste des participants à ce concile telle qu’elle a été publiée par Charles Munier (1963), puis par Jean Gaudemet (1977), d’après un manuscrit datable du VIe siècle qui appartint au monastère de Corbie :
    « Incipit nomina episcoporum cum clericis suis uel quanti uel ex quibus prouinciis ad Arelatense synhodo conuenerint sub Marino episcopo, temporibus Constantini, ad derimanda scismata uel prauas hominum intentiones, Volosiano et Anniano consulibus. […] Oresius episcopus, Nazareus lector de ciuitate (M)asseliensi prouincia Vienninse [Marseille]. Marinus episcopus, Salamas presbyter, Nicasius, Afer, Vrsinus et Petrus diaconi de ciuitate Arelatensium prouincia Viennensi [Arles]. Verus episcopus, Beflas exurcista de ciuitate V(ienn)ensi prouincia suprascripta [Vienne]. Dafenus episcopus, Victor exurcista de ciuitate Vasensi prouincia Vienninsi [Vaison]. Faustinus presbyter de ciuitate Arausicorum prouincia qua supra [Orange]. Innocentius diaconus, Agapitus exorcista portu Incheinsis [Nice]. Romanus presbyter, Victor exorcista de ciuitate Aptensium [Apt]. Item de Galleis. Inbetausius episcopus, Primigenius diaconus de ciuitate Remorum [Reims]. Ausanius episcopus, Nicetius diaconus de ciuitate Rotomagensium [Rouen]. Riticius episcopus, Amandus presbyter, Felomasius diaconus de ciuitate Augustudunensium [Autun]. Vosius episcopus, Petulinus exurcista de ciuitate Lugdunensium [Lyon]. Maternus episcopus, Macrinus diaconus de ciuitate Agripenensium [Cologne]. Genialis diaconus de ciuitate Gabalum prouincia Aquitanica [Gévaudan]. Orientalis episcopus, Flauius diaconus de ciuitate Burdegalensi [Bordeaux]. Agrucius episcopus, Felix exurcista de ciuitate Triuerorum [Trèves]. Mamertinus episcopus, Leontius diaconus de ciuitate Elosasium [Eauze]. […]. »
  3. Régis Bertrand, Le Christ des Marseillais, La Thune, Marseille, 2008, p. 12 (ISBN 978-2-913847-43-9)
  4. Gérard Lucas, Vienne dans les textes grecs et latins: Chroniques littéraires sur l'histoire de la cité, des Allobroges à la fin du Ve siècle de notre ère, MOM Éditions, coll. « Travaux de la Maison de l’Orient et de la Méditerranée », , 345 p. (ISBN 978-2-35668-185-0, lire en ligne), pages 247-270 : « Adon de Vienne, Chronique », notamment le « Tableau récapitulatif de la liste des évêques de Vienne jusqu'à Avit ».
  5. Les actes de ce concile rapportent: « Ici commencent les noms des évêques et de leurs clercs, combien et de quelles provinces se sont rassemblés au concile d'Arles, auprès de l'évêque Marinus, du temps de Constantin, ... Eborius, évêque de la cité d'York, province de Bretagne. Restitutus, évêque de la cité de Londres, même province que ci-dessus. Adelfius, évêque de la cité de Lincoln ; de là aussi Sacerdos, prêtre, Arminius, diacre. » Canons du premier concile d'Arles, Sources chrétiennes, n° 241, pp. 58-61.
  6. Avant la réforme de Dioclétien, qui accroit le nombre de provinces.
  7. a et b Avant la réforme de Dioclétien.
  8. Selon le découpage de Dioclétien.
  9. Cf. : Catholic Encyclopedia (1913), the Synods of Arles. :« The first Council of Arles was held in 314, for the purpose of putting an end to the Donatist controversy. It confirmed the findings of the Council of Rome (313), i.e. it recognized the validity of the election of Caecilian of Carthage, and confirmed the excommunication of Donatus of Casae Nigrae. Its twenty-two canons dealing with various abuses that had crept into ecclesiastical life since the persecution of Diocletian (284-305) are among the most important documents of early ecclesiastical legislation. »

Voir aussi[modifier | modifier le code]

Bibliographie[modifier | modifier le code]

Articles connexes[modifier | modifier le code]

Liens externes[modifier | modifier le code]