Communauté politique européenne

Un article de Wikipédia, l'encyclopédie libre.
Communauté politique européenne
Photo des dirigeants européens réunis au sommet de Prague de la Communauté politique européenne.
Histoire
Fondation
Cadre
Type
Objectif
Organisation
Fondateur
Site web

La Communauté politique européenne (CPE) est une instance informelle de coopération intergouvernementale, lancée à l'initiative d'Emmanuel Macron durant la présidence française du Conseil de l'Union européenne en 2022 dans le contexte de l'invasion de l'Ukraine par la Russie en 2022. Pouvant être vue comme un forum, elle a pour objectif de favoriser le dialogue politique et la coopération afin de répondre aux questions d'intérêt commun, de manière à renforcer la sécurité, la stabilité et la prospérité du continent européen ; tout en permettant un meilleur accompagnement des candidats à l'adhésion à l'Union européenne. L'enjeu est de pouvoir stabiliser les frontières européennes à distance de l'UE et de renouer des relations avec des pays tels que la Turquie, l'Ukraine et le Royaume-Uni[1]. Aussi, la CPE ne veut pas être vue comme une antichambre en vue de l'adhésion à l'Union européenne[2].

Histoire[modifier | modifier le code]

Contexte[modifier | modifier le code]

À la suite de l'invasion de l'Ukraine par la Russie en 2022, l'Union européenne est confrontée à une situation très complexe. L'Ukraine, pourtant symbole de la démocratie face à l'autocratie de Vladimir Poutine, est alors loin des standards de l'UE[3]. Son adhésion prendrait alors, selon Emmanuel Macron, président du Conseil de l'Union européenne, « plusieurs années, en réalité plusieurs décennies »[4]. Cette communauté est évoquée pour la première fois par Emmanuel Macron lors de son discours à Strasbourg le 9 mai devant le Parlement européen, lors de la clôture de la conférence sur l'avenir de l'Europe[5]. Le président français vise à contourner les responsables politiques qui veulent lier élargissement de l'Union européenne à des garanties élémentaires en matière d’État de droit, de souveraineté et de sécurité[6]. Globalement, le projet, malgré une approbation de l'Allemagne, du Royaume-Uni et de la Commission européenne, fait face à quelques réticences dans les pays d'Europe centrale, ⁣nordique et baltique[1],[7]. Quant aux pays aspirant à rejoindre l'UE, il existe la crainte que ce nouveau format institutionnel serve de substitut à une adhésion[8].

Conseil européen des 23 et [modifier | modifier le code]

Emmanuel Macron présente officiellement le projet au Conseil européen des 23 et .

Les conclusions de ce conseil font état de trois points, dans la rubrique L'Europe au sens large[9] :

  1. Le Conseil européen a tenu un débat stratégique sur les relations de l'Union européenne avec ses partenaires en Europe. Il s'est penché sur la proposition de lancer une communauté politique européenne.
  2. Ce cadre ne remplacera pas les politiques et instruments existants de l'UE, notamment l'élargissement, et il respectera pleinement l'autonomie décisionnelle de l'Union européenne.
  3. Sur la base de ce premier échange de vues, le Conseil européen reviendra sur cette question.

Le but, selon les premières conclusions, est d'offrir une plateforme de coordination politique pour les pays européens à travers le continent. Cette plateforme concerne tous les pays européens avec lesquels des relations étroites sont entretenues. L'objectif est de favoriser le dialogue politique et la coopération afin de répondre aux questions d'intérêt commun, de manière à renforcer la sécurité, la stabilité et la prospérité du continent européen[9].

Selon Emmanuel Macron, ce projet n'est pas un « processus qui se substitue à l'élargissement » ; mais « nous avons tous mesuré, d'abord, le besoin d'avoir un cadre politique en Européens, de pouvoir traiter de sujets stratégiques et nous avons vu que l'élargissement [...] n'épuise pas tout de ce qui doit être une relation entre Européens ». Le projet doit permettre, sur une base « géographique » et de « valeurs », de pouvoir discuter de sujets « de défense », « d'énergie », « de crises sanitaires » ou encore de « solidarité économique »[10].

Participants[modifier | modifier le code]

S'agissant d'une plateforme de dialogue, sans processus formel d'adhésion pour en devenir membre, la CPE fonctionne par invitations à participer à ses réunions. Quarante-quatre pays sont présents lors de la première réunion de la CPE à Prague le . Seuls deux pays d'Europe n'ont pas été conviés, la Russie et son allié, la Biélorussie, en raison de la guerre en Ukraine[11]. Quatre micro-États manquent initialement pour arriver à l'intégralité de l'Europe : Monaco, Andorre, Saint-Marin (ces trois pays rejoignent la communauté lors du deuxième sommet) et le Vatican. Enfin, le Conseil de l'Europe, organisation politique qui regroupe également la majorité du continent, n'a pas non plus été conviée, tandis que la Commission européenne, la PSDC et le Conseil de l'Union européenne étaient présents.

Pays participants (en bleu).

Pays membres de l'Union Européenne[modifier | modifier le code]

Pays membres de l'Espace économique européen et/ou de l'Association européenne de libre-échange[modifier | modifier le code]

Pays candidats à l'UE tout statut confondu[modifier | modifier le code]

Autres pays[modifier | modifier le code]

Réunions[modifier | modifier le code]

Première réunion[modifier | modifier le code]

Le premier sommet se tient le au château de Prague, en Tchéquie, dans le cadre de la Présidence tchèque du Conseil de l'UE. Elle réunit quarante-quatre chefs d’État et de gouvernement : les pays membres de l'Union Européenne ainsi que dix-sept autres pays[12]. Des tables rondes sont organisées sur les grands enjeux du moment : « Paix et sécurité » en Europe et « Énergie, climat et économie ». La réunion est surtout l'occasion de rencontres entre dirigeants sur des sujets de désaccord ou de conflit. Ainsi, le premier ministre arménien, Nikol Pachinian, et le président azerbaïdjanais, Ilham Aliev, sont convenus avec le soutien du président du Conseil européen et d'Emmanuel Macron, qu'une « mission civile » de l’UE soit envoyée afin de contribuer à apaiser le contentieux sur les frontières entre les deux pays[13].

Deuxième réunion[modifier | modifier le code]

Le deuxième sommet du  : de gauche à droite au premier rang Edi Rama (Albanie), Karl Nehammer (Autriche), Alexander De Croo (Belgique), Xavier Espot Zamora (Andorre), Roumen Radev (Bulgarie), Nikol Pachinian (Arménie), Andrej Plenković (Croatie), Charles Michel (Union Européenne), Maia Sandu (Moldavie), Volodymyr Zelensky (Ukraine), Níkos Christodoulídis (Chypre), Ilham Aliyev (Azerbaïdjan), Petr Fiala (Tchéquie), Mette Frederiksen (Danemark), Željka Cvijanović (Bosnie-Herzégovine), Héraklès Garibachvili (Géorgie) et Ursula von der Leyen (Union Européenne) ; au deuxième rang Aleksandar Vučić (Serbie), Gitanas Nausėda (Lituanie), Jonas Gahr Støre (Norvège), Arturs Krišjānis Kariņš (Lettonie), Dimitar Kovačevski (Macédoine du Nord), Giorgia Meloni (Italie), Leo Varadkar (Irlande), Jakov Milatović (Monténégro), Viktor Orbán (Hongrie), Katerina Sakellaropoulou (Grèce), Pierre Dartout (Monaco), Olaf Scholz (Allemagne), Daniel Risch (Liechtenstein), Emmanuel Macron (France), Sanna Marin (Finlande), Katrín Jakobsdóttir (Islande) et Kaja Kallas (Estonie) ; au troisième rang Josep Borrell (Union Européenne), Xavier Bettel (Luxembourg), Alain Berset (Suisse), Mark Rutte (Pays-Bas), Robert Abela (Malte), Mateusz Morawiecki (Pologne), António Costa (Portugal), Klaus Johannis (Roumanie), Ľudovít Ódor (Slovaquie), Robert Golob (Slovénie), Pedro Sánchez (Espagne), Rishi Sunak (Royaume-Uni), Ulf Kristersson (Suède), Vjosa Osmani (Kosovo) et Roberta Metsola (Union Européenne).

Le deuxième sommet a lieu le au château de Mimi dans le village de Bulboaca en Moldavie, et voit de nouvelles participations : Andorre, Saint-Marin et Monaco[14].

Troisième réunion[modifier | modifier le code]

Le troisième sommet s'est tenu les 5 et 6 octobre 2023 à Grenade en Espagne[15].

Quatrième réunion[modifier | modifier le code]

Le quatrième rendez-vous est prévu au printemps 2024 au Royaume-Uni.

Notes et références[modifier | modifier le code]

  1. a et b « « Un projet de “communauté politique européenne” a déjà existé et son histoire est aussi celle d’un échec » », Le Monde.fr,‎ (lire en ligne, consulté le )
  2. Boran, « Qu'est-ce que la Communauté politique européenne ? », sur Touteleurope.eu, (consulté le )
  3. « L’Ukraine candidate à l’Union européenne : le début d’un long processus vers une adhésion », Le Monde.fr,‎ (lire en ligne, consulté le )
  4. « Chers citoyens européens. » (consulté le )
  5. « Strasbourg. Macron appelle à la création d'une «communauté politique européenne» qui pourrait intégrer l'Ukraine », sur www.dna.fr (consulté le )
  6. (en) Elise Bernard, « Geopolitics of the European Rule of Law – Lessons from Ukraine and the Western Balkans », sur Intereconomics,
  7. « Communauté politique européenne : Boris Johnson montre "beaucoup d'enthousiasme" au projet français », sur TF1 INFO, (consulté le )
  8. Julien Arnoult, « Incommunication et référendums sur l’élargissement », Hermès, La Revue, 2022/2 (n° 90), p. 105-109, (consulté le )
  9. a et b « Conclusions du Conseil européen, 23 et 24 juin 2022 - Présidence française du Conseil de l'Union européenne 2022 », sur Présidence française du Conseil de l'Union européenne (consulté le )
  10. « Conférence de presse du Président de la République au Conseil européen - Présidence française du Conseil de l'Union européenne 2022 », sur Présidence française du Conseil de l'Union européenne (consulté le )
  11. Francesca Fattori et Victor Simonnet, « La Communauté politique européenne expliquée en cartes », Le Monde,‎ (lire en ligne)
  12. « La Communauté politique européenne tiendra sa première réunion en octobre », sur Anadolu Agency (consulté le )
  13. Philippe Ricard et Virginie Malingre, « A Prague, les débuts improbables de la Communauté politique européenne », Le Monde,‎ (lire en ligne Accès payant)
  14. « La Communauté politique européenne, club d’un genre inédit né de la guerre en Ukraine, cherche sa voie », Le Monde.fr,‎ (lire en ligne, consulté le )
  15. Karl De Meyer, « Cahin-caha, la Communauté politique européenne permet des avancées diplomatiques », Les Échos,‎ (lire en ligne, consulté le ).