Commandement de l'espace

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Commandement de l'espace
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Logo du Commandement de l'espace

Création
Pays Drapeau de la France France
Allégeance Armée française
Type Organisme interarmées
Effectif 220 (500 +100 non permanents en 2 025[1])
Garnison Centre spatial de Toulouse, (provisoire jusqu'en 2025[2])
Ancienne dénomination Commandement interarmées de l'espace
Commandant Général Philippe Adam

Le Commandement de l'espace (CDE) est un service interarmées de l'Armée française dépendant du Chef d'état-major de l'Armée de l'air et de l'espace créé le [3]. Son but est de « disposer d’une défense spatiale renforcée »[4], et disposer d'une autonomie stratégique spatiale[5].

Historique[modifier | modifier le code]

2010 : création du Commandement interarmées de l'espace[modifier | modifier le code]

Logo du Commandement interarmées de l'espace

Le Commandement interarmées de l'espace (CIE) est créé en 2010, sous la forme d’un organisme interarmées sous l'autorité du chef d'état-major des armées[6].

2019 : création du Commandement de l'espace[modifier | modifier le code]

Contexte politique[modifier | modifier le code]

Le , la ministre des Armées, Florence Parly, annonce par voie de presse que le satellite russe Loutch-Olymp a tenté d'espionner le satellite franco-italien Athena-Fidus en 2017[7]. Ce satellite semble en effet s'être placé près du satellite Athena-Fidus, dans ses «cônes d'émission », pour tenter de capter des communications[8].

Cet acte est qualifié par la ministre d'« acte d'espionnage ». Le président de la République, Emmanuel Macron, annonce ensuite la volonté de la France de mettre en place une stratégie spéciale de défense. Un groupe de travail est créé au ministère des Armées pour étudier le projet et rendre des conclusions à l'automne 2018[7].

De plus, face aux États-Unis, à la Russie et à la Chine, qui développent également des stratégies de défense, d'espionnage voire d'attaque dans le milieu spatial[8],[9], la France entend pouvoir répondre à ces potentielles menaces et protéger ses intérêts militaires et civils, ainsi que ceux des projets spatiaux européens (satellite Copernicus, système de positionnement Galileo) dans l'espace[10].

Le , Emmanuel Macron annonce la création en septembre 2019 du Commandement de l'espace (alors désigné sous le nom « Grand Commandement de l'espace »)[11], lors d'un discours à l'hôtel de Brienne. Ce commandement sera créé au sein de l'Armée de l'air, qui deviendra alors l'Armée de l'air et de l'espace[5].

Parallèlement, en 2019 aux États-Unis, le président Donald Trump annonce la création d'une Space Force[12], déclarant que « l'espace est le nouveau front de guerre du monde »[13].

Mise en place[modifier | modifier le code]

La ministre Florence Parly, le , annonce la mise en place de cette force suivant trois axes :

  • Un « grand commandement de l'espace » sera basé à Toulouse, capitale européenne de l'aérospatial, le premier septembre, sous l'autorité de l'Armée de l'air. Il comptera un effectif de départ de 220 personnes, pour atteindre sa taille nominale en 2025[10]. Il aura pour but de « fédérer et de coordonner tous les moyens consacrés au domaine spatial de défense »[4].
  • Un deuxième axe légal, avec une évolution législative afin de rester dans le cadre des lois française et internationales. La loi française sera adaptée à cette nouvelle force opérationnelle, afin d'assurer la capacité d'action de la France en son sein, que ce soit du point de vue militaire ou civil[4].
  • Un troisième axe technologique qui devra permettre concrètement à la France de se protéger et se défendre contre les actes malveillants d'autre puissances spatiales. Ainsi, il sera prévu de renouveler les capacités spatiales, que ce soit en matière de surveillance ou de défense active[4].

Le futur centre opérationnel du Commandement devrait voir le jour d'ici 2025 au plus près du Centre spatial de Toulouse du CNES, et permettre d'y regrouper les équipes du Centre militaire d'observation par satellites (CMOS) et du Centre opérationnel de surveillance militaire des objets spatiaux (COSMOS), unités actuellement basées à Creil et Lyon[14] et qui ont été rattachées au commandement à l'été 2019[15].

Diverses infrastructures militaires verront leurs capacités améliorées, comme le système de détection de satellites GRAVES. Les télescopes scientifiques TAROT du CNRS, dont l'une des missions est la surveillance des débris spatiaux, seront eux aussi utilisés au sein de cette nouvelle force[4],[16].

Des lasers de puissance pourraient également être développés pour « éblouir » les autres satellites, ou des mitrailleuses pour détruire les panneaux solaires des satellites visés[17].

Des nano-satellites patrouilleurs pourraient également être développés à partir de 2023, pour protéger les satellites en détectant la présence d'engins spatiaux à proximité[17].

D'après de la mise en place de ce commandement est « de confier à une instance unique de décision l’ensemble des leviers dont dispose la France dans le domaine extra-atmosphérique »[18] et par la même occasion de permettre « une intégration poussée et d’une continuité entre moyens aériens et spatiaux »[19].

À terme, la France prône la possibilité d'un axe de développement franco-allemand de ces nouvelles stratégies[10].

AsterX a été piloté par ce service en 2021 et est le premier exercice militaire spatial français[20].

Missions[modifier | modifier le code]

Participation du CDE à l'exercice Global Sentinel 2022 à Vandenberg.

L'arrêté de création du commandement précise les missions de celui-ci. Elles sont relatives à l'élaboration de la politique spatiale militaire, à la mise en œuvre des mesures concourant à la préservation de la liberté d'accès et d'utilisation de l'espace extra-atmosphérique et il est chargé, dans son domaine de compétence de l'application de la politique définie par l'état-major de l'armée de l'air en matière de maîtrise des risques[21][réf. incomplète].

Financement[modifier | modifier le code]

Pour financer ce programme, aux 3,6 milliards d'euros déjà prévus pour le renouvellement complet des capacités satellitaires dans la loi de programmation militaire 2019-2025, un budget supplémentaire de 700 millions d'euros sera ajouté, étalés sur cette période de 7 ans [4],[10].

Satellites utilisés[modifier | modifier le code]

Le CIE a, en 2016, la responsabilité d’utilisation de douze satellites :

Il a également conclu des partenariats avec l’Allemagne et l'Italie pour l’imagerie radar avec les satellites SAR-Lupe allemand et COSMO-SkyMed italien.

La défense française utilise au quotidien vingt et un satellites répartis en huit systèmes différents.

Le système Helios doit être remplacé à partir de 2018 par la composante spatiale optique (CSO) du programme MUSIS[23].

Commandants[modifier | modifier le code]

Liste des commandants interarmées de l'espace[modifier | modifier le code]

Nom Photo Prise de fonction Chef d'état-major de l'Armée de l'air
1 Général de division aérienne Yves Arnaud 30 août 2010[24] Général d'armée Jean-Paul Paloméros
Général d'armée Denis Mercier
2 Général de brigade aérienne Jean-Daniel Testé 1er juillet 2014 [25] Général d'armée Denis Mercier
Général d'armée André Lanata
3 Général de brigade aérienne Jean-Pascal Breton
1er septembre 2017 [26] Général d'armée André Lanata
Général d'armée Philippe Lavigne
4 Général de brigade aérienne Michel Friedling 20 septembre 2018[27] Général d'armée Philippe Lavigne

Liste des commandants de l'espace[modifier | modifier le code]

Nom Photo Prise de fonction Chef d'état-major de l'Armée de l'air et de l'espace
1 Général de division aérienne Michel Friedling 20 septembre 2019[28] Général d'armée Philippe Lavigne
Général d'armée Stéphane Mille
2 Général de division aérienne Philippe Adam [29] Général d'armée Stéphane Mille

Références[modifier | modifier le code]

  1. http://lignesdedefense.blogs.ouest-france.fr/archive/2022/01/04/construction-d-un-complexe-tertiaire-au-profit-du-commandeme-22693.html
  2. http://lignesdedefense.blogs.ouest-france.fr/archive/2022/08/25/le-commandement-de-l-espace-n-aura-pas-ses-nouveaux-locaux-a-23277.html
  3. Arrêté du 3 septembre 2019 portant création et organisation du commandement de l'espace
  4. a b c d e et f « La ministre de la Défense précise ce que sera le commandement de l’espace », sur Ciel et Espace",
  5. a et b « Emmanuel Macron annonce la création d'un commandement militaire de l'espace », sur Le Figaro,
  6. Arrêté du 7 juillet 2010 portant création du commandement interarmées de l'espace et modifiant l'arrêté du 16 février 2010 portant organisation de l'état-major des armées et fixant la liste des autorités et organismes directement subordonnés au chef d'état-major des armées
  7. a et b "Paris dénonce une tentative d'espionnage russe sur un de ses satellites en 2017", Europe 1, le 7 septembre 2018
  8. a et b "Pourquoi la France doit se préparer à la guerre des étoiles", Challenges, le 7 septembre 2018
  9. "Un missile chinois détruit un satellite en orbite" Futura Science, 1er janvier 2019
  10. a b c et d "L'armée de l'Air et de l'Espace", ASAF, 26 juillet 2019
  11. "Emmanuel Macron annonce la création d'un "grand commandement de l'espace", France 24, le 13 juillet 2019
  12. « Les États-Unis ont désormais une force de l'Espace: "L'espace est le nouveau front de guerre du monde" », sur RTBF Info, (consulté le )
  13. La Libre.be, « Missile antisatellite, espionnage, hacking... L'espace, ce "nouveau front de guerre du monde" », sur LaLibre.be, (consulté le )
  14. "Toulouse au cœur de la bataille de l'espace", La Dépêche, 1er septembre 2019
  15. « Florence Parly acte la création du Commandement de l’espace au sein de l’Armée de l’air », sur defense.gouv.fr,
  16. "Moyens au sol", Debrits Spatiaux, Site du CNES, consulté le 26 juillet 2019
  17. a et b "Spatial militaire : la France veut pouvoir riposter dans l'espace", Science et Avenir, le 26 juillet 2019
  18. Antony Dabila, L’émergence des « Armées de l’Espace » et la « martialisation » des programmes spatiaux, article extrait des pages 121 à 136 de la Revue Stratégique sur cairn.info, (N° 126-127) : Deuxième âge spatial : concurrence et complémentarité des acteurs stratégiques à l’ère du New Space
  19. Ibid.
  20. La France a lancé le premier exercice militaire spatial de son histoire , France TV Info, 9 mars 2021
  21. Art. 2, 3 et 4 de l'arrêté du 3 septembre 2019.
  22. Assemblée nationale, « Commission de la défense nationale et des forces armées »,
  23. Helios remplacé par la CSO
  24. Décret du 30 août 2010 portant affectation d'officiers généraux
  25. Décret du 4 juin 2014 portant affectations d'officiers généraux
  26. Décret du 1er août 2017 portant affectations d'officiers généraux
  27. Décret du 30 juillet 2018 portant affectations d'officiers généraux
  28. Décret du 20 septembre 2019 portant affectations d'officiers généraux
  29. Décret du 29 juin 2022 portant affectation d'officiers généraux

Voir aussi[modifier | modifier le code]

Bibliographie[modifier | modifier le code]

  • « Vers l'Armée de l'air et de l'espace », Air Actualités, no 724,‎ , p. 6-13.
  • Antony Dabila, « L’émergence des « Armées de l’Espace » et la « martialisation » des programmes spatiaux », Stratégie, Institut de stratégie comparée, nos 126-127 « Deuxième âge spatial : concurrence et complémentarité des acteurs stratégiques à l’ère du New Space »,‎ , p. 121-136 (ISBN 979-1-092-05187-2, lire en ligne)

Articles connexes[modifier | modifier le code]

Liens externes[modifier | modifier le code]