Combrailles

Un article de Wikipédia, l'encyclopédie libre.
(Redirigé depuis Combraille)

Combrailles
Image illustrative de l’article Combrailles
Vallée de la Sioule entre Saint-Gervais-d'Auvergne et Queuille.

Pays France
Subdivision administrative Auvergne-Rhône-Alpes
Nouvelle-Aquitaine
Subdivision administrative Allier
Creuse
Puy-de-Dôme
Villes principales Saint-Gervais-d'Auvergne
Commentry
Auzances
Gouzon
Chambon-sur-Voueize
Manzat
Saint-Éloy-les-Mines
Coordonnées 46° 18′ 54″ nord, 2° 29′ 47″ est
Géologie Terrain granitique
Population totale Environ 50 000 hab. ()
Régions naturelles
voisines
Bocage bourbonnais
Limagne
Chaîne des Puys
Monts Dore
Artense
Pays d'Ussel
Montagne limousine
Haute Marche
Pays (div. territoriale) Pays des Combrailles
Pays Combraille en Marche

Image illustrative de l’article Combrailles
Localisation des Combrailles
sur la carte du Massif central

Les Combrailles, ou la Combraille sont une région naturelle, historique et culturelle de France, située dans le nord-ouest du Massif central. Cette région de basse montagne était sous l'Ancien Régime partagée entre les provinces d'Auvergne, du Bourbonnais, de la Marche et du Limousin.

Venant du celte comboro, les Combrailles forment un espace existant depuis l'antiquité. Au Moyen Âge elles sont divisées en plusieurs seigneuries. Certaines locales et importantes comme la principauté de Combraille de Chambon en Limousin ou celle des Rochedragon en Auvergne. Plus tard la région divisée intègre des principautés féodales rivales entre elles comme les comtés d'Auvergne ou de la Marche. Par la suite le duché de Bourbon va en partie gagner des territoires sur les deux précédents.

Plusieurs étendues différentes sont proposées pour les Combrailles. Un espace central est retenu par sa topographie et son aire culturelle qui est celle des plateaux occidentaux du nord-ouest de l'Auvergne et de l'est de la Creuse. Les terres vallonnées du sud-ouest de l'Allier y sont également intégrées car font historiquement partie d'une châtellenie bourbonnaise de Combraille.

Elles sont aujourd'hui partagées entre trois départements (Puy-de-Dôme, Allier, Creuse) et deux régions administratives (Auvergne-Rhône-Alpes et Nouvelle-Aquitaine). Sa population actuelle est estimée à 40 000 ou 50 000 habitants pour ce qui concerne la définition la plus stricte et limitée du territoire[1].

Toponymie[modifier | modifier le code]

Le nom du territoire vient du mot de langue gauloise comboro[2]. Dérivé du celtique cumba, « vallée », le mot signifie probablement « débouché, rencontre de vallées », allusion aux confluences de nombreuses vallées : à l'ouest celles de la Tardes, de la Voueize et du Cher ; à l'est celles de la Sioule et de la Bouble. De nombreux cours d'eau y prennent aussi leur source. Pour expliquer le mot gaulois, qui est suivi du suffixe -alia, est également évoqué le sens d'« obstacle, barrage ».

Ce terme donnera Combralhas dans les parlers nord-occitan (auvergnat et limousin)[3],[4], Combralhes dans les parlers intermédiaires du Croissant (marchois, bourbonnais) et enfin Combrailles en français[5].

Situation[modifier | modifier le code]

Les pays traditionnels de l'ancienne région d'Auvergne, les Combrailles auvergnates figurent en vert

Situées dans le nord-ouest du Massif central, les Combrailles sont partagées entre deux régions : l'Auvergne et le Limousin. Elles sont entourées par les régions naturelles suivantes[6] :

Géographie[modifier | modifier le code]

Les Combrailles forment une vaste zone de collines et de gorges qui s’incline doucement vers le nord et l'est. Structuré par les vallées du Cher, de la Tardes, de la Voueize et de la Sioule et parsemé d'étangs, le pays se compose de landes, de bocages, de forêts et de prairies. Le sommet de la roche de Sauterre, à 977 m d'altitude, est son point culminant.

Histoire[modifier | modifier le code]

Période celtique[modifier | modifier le code]

Statère représentant Vercingétorix, trésor de Pionsat.

Durant l'âge du fer les Combrailles étaient divisées entre deux grands peuples celtes : les lémovices à l'ouest dans la partie creusoise, et les arvernes à l'est, dans la Combraille auvergnate[note 1].

Dans la partie auvergnate des Combrailles se retrouvent des aurières (mines d'or) datant du second âge du fer, suivant une ligne qui n'est autre qu'un filon de quartz allant d'Herment à Montaigut en passant par Gouttières[7],[8]. Les rois arvernes, dont notamment Luern, étaient connus pour leur grande richesse dont une partie pourrait provenir de cette région[9]. En témoigne la découverte réalisée en 1852 à Pionsat d'un immense trésor monétaire composé de centaines de statères arvernes datant du Ier siècle avant notre ère[10].

La « principauté de Combraille »[modifier | modifier le code]

Louis II de Bourbon.

De très nombreux textes attestent au Haut Moyen Âge la présence d'une Principauté de Combraille[11],[12], également nommée baronnie à partir du XIIe siècle. La capitale de ce territoire, qui se trouvait à l'origine à Chambon, fut transférée à Montaigut sous la domination bourbonnaise[13].

Vers 1180, la Combraille fut apportée en dot par Péronnelle de Chambon à la famille des comtes d'Auvergne par son mariage avec Guy II d'Auvergne.

Par la suite, la Combraille fut vendue à Pierre de Giac, chancelier de France, qui la céda vers 1400 à Louis II de Bourbon. Ce dernier fit reconstruire les châteaux dans toutes ses terres, aussi bien dans le duché de Bourbon qu'en Combraille, dans le Forez et dans le Duché d'Auvergne. C'est ainsi que le château des ducs de Bourbon à Montluçon fut reconstruit en 1362[14], le « Bon Duc » souhaitant construire une place forte dans ses terres de Combraille[15].

Auzances, Chambon, Evaux, Lépaud, et Sermur, au Moyen Âge central, étaient les cinq châtellenies de Combrailles

Durant la période féodale, qui dura jusqu'à très tard en ce territoire, les Combrailles étaient aussi divisées en de grandes seigneuries ayant à leur tête de grandes familles nobles tel que les Rochedragon, les Chabrol ou les Chazeron.

Quelques sites des Combrailles[modifier | modifier le code]

Galerie[modifier | modifier le code]

Quelques communes des Combrailles selon leurs départements[modifier | modifier le code]

Allier Creuse Puy-de-Dôme Puy-de-Dôme
Pont suspendu sur la Tardes reliant Evaux-les-Bains et Budelière.

Hydrographie[modifier | modifier le code]

Quelques cours d'eau[modifier | modifier le code]

Lacs et points d'eau
La Bouble Le Gour de Tazenat
Le Cher L'étang de Chancelade
La Sioule
Le Sioulet
La Tardes
La Tartasse
La Voueize
La Sioule - méandre et Presqu'île de Saint-Cirgues à Châteauneuf-les-Bains.


Agriculture[modifier | modifier le code]

La vache charolaise est très fréquente dans les Combrailles.

Les Combrailles étaient une terre d'agriculture vivrière, chaque ferme vivant en autosubsistance, élevant et cultivant un peu de tout. Depuis quelques décennies, ce modèle ancestral a été remplacé par l'élevage bovin extensif : production de viande charolaise au nord (en particulier des broutards destinés à l'exportation) et production laitière au sud.

Quelques éléments d'architecture vernaculaire se démarquent, comme les poulaillers de plein champ.

Industrie[modifier | modifier le code]

Les deux pôles industriels importants sont : Les Ancizes-Saint-Georges-de-Mons, avec les aciéries Aubert et Duval et l'entreprise Diétal (luminaires), et Saint-Éloy-les-Mines avec l'entreprise Rockwool (production de laine de roche).

Culture et traditions[modifier | modifier le code]

Langue régionale[modifier | modifier le code]

Aire linguistique du Croissant (Atlas sonore des langues régionales, CNRS, 2022). Les parlers du Croissant sont parlés dans le nord des Combrailles.
Carte linguistique du Puy-de-Dôme selon l'Atlas sonore des langues régionales. En bleu : le croissantais, en marron : le nord-occitan, en vert : l'arpitan.

Les Combrailles sont divisées entre le nord-occitan[16](et ses dialectes limousin[17] et auvergnat), majoritaire[18], au sud et les parlers croissantais[19],[20] (marchois[21],[22] et bourbonnais) au nord[23]. Le Croissant est un espace linguistique de transition entre la langue occitane et la langue d'oïl[24].

La situation géographique des Combrailles a fait de ce territoire un conservatoire de la langue d'oc ; une riche littérature s'y est développée. Les œuvres d'auteurs comme Benezet Vidal (ex. Jan Combralha[25]), de Pontgibaud, ou Paul-Louis Grenier - Chansó de Combralha[26],[27], La dama a l'unicorn etc. - originaire de Chambon-sur-Voueize en sont un témoignage[28],[29].

La culture occitane est toujours vécue au quotidien et est protégée par des associations notamment qui permettent de conserver le patrimoine oral comme l'IEO Marcha-Combralha[30],[31] ou encore l'AMTA. Des groupes au répertoire occitan existent aussi avec notamment Vert de Lune[32]. Des festivals comme le Grand Bal de l'Europe ou Comboros - basés à Saint-Gervais d'Auvergne - participent à donner une scène importante à des groupes venus de toute l'Occitanie.

Notes et références[modifier | modifier le code]

Notes[modifier | modifier le code]

  1. Noter que dans sa lecture de la table de Peutinger, Barailon propose de traduire Cambiovicenses par Combraille, et que ceci étend considérablement la taille du territoire (d'autant que le nom est trouvé jusqu'à la hauteur d'Eburobriga ou Avrolles, près de Saint-Florentin dans l'Yonne). Voir Jean-François Barailon, Recherches sur les peuples Cambiovicenses de la Carte Theodosienne (lire en ligne), p. 74-80, 88-90.

Références[modifier | modifier le code]

  1. Auvergnelife : fiche de présentation du pays des Combrailles
  2. Albert Dauzat, « La toponymie gauloise de l'Auvergne et du Velay », Revue des études anciennes,‎ , p. 357-388 (ISSN 0035-2004, lire en ligne)
  3. Bénédicte et Jean-Jacques Fénié, Toponymie nord-occitane (Périgord, Limousin, Auvergne, Vivarais, Dauphiné), Bordeaux, Éditions Sud Ouest, coll. « Sud-Ouest université », , 128 p. (ISBN 9782879015071, présentation en ligne)
  4. (oc) J.-P. Godonesca, « Pichon lexic d'occitan auvernhat de las Combralhas », Parlem ! Vai-i qu'as paur !, Thiers, Clermont-Ferrand, Institut d'études occitanes, vol. 123,‎ .
  5. Philippe Olivier, Jean-Pierre Chambon, Johan Picot, « Un accord amiable en ancien occitan auvergnat réglant un différend fiscal entre les consuls de Mozac et ceux de Riom (1360) », Bulletin historique et scientifique de l’Auvergne, Clermont-Ferrand,‎ , p. 179-188 (ISSN 1153-2580, lire en ligne)
  6. Frédéric Zégierman, Le Guide des pays de France, Sud, Fayard, 1999
  7. Guy Massounie, « Les minières dans les Combrailles », Archéologie de la France,‎ (ISSN 2114-0502, lire en ligne)
  8. Guy Massounie, Peuplements et paysages aux confins occidentaux du territoire des Arvernes de la protohistoire au moyen âge : Thèse de Doctorat en archéologie, Clermont-Ferrand, Université Blaise-Pascal,
  9. G. Houlbert, « A propos de quelques statères arvernes », Revue archéologique du Centre de la France,‎ , p. 87-91 (ISSN 1951-6207, lire en ligne)
  10. Sylvia Nieto et Jean-Noël Barrandon, Le monnayage en or arverne : essai de chronologie relative à partir des données typologiques et analytiques, Revue numismatique, (lire en ligne)
  11. Jean Tricard, Philippe Grandcoing et Robert Chanaud, Le Limousin, pays et identités, Limoges, Presse Universitaire de Limoges (lire en ligne)
  12. Joseph Joullietton, Histoire de la Marche et du Pays de Combraille, Guéret, Journal de la Creuse, (lire en ligne)
  13. André Blancard, Aux portes de l'Auvergne, Saint-Yorre,
  14. René Germain, Châteaux, fiefs, mottes, maisons fortes et manoirs en Bourbonnais, Romagnat, De Borée,
  15. Jean-Charles Varennes, Les Très Riches Heures du Bourbonnais, Paris, Librairie Académique Perrin,
  16. (oc) Domergue Sumien, « L'article definit davant los noms de luòc », Jornalet,‎ (ISSN 2385-4510, lire en ligne)
  17. Ambroise Tardieu, Augustin Madebène, Histoire illustrée de la ville et du canton de Saint-Gervais d'Auvergne, (lire en ligne) :

    « on parle [...] à la campagne, un patois qui ressemble à celui du Limousin. »

  18. R. Eucher, « La Conscience occitane dans les pays de Franc Alleu et de Combrailles. Constat et réflexion », L'identité occitane : réflexions théoriques et expériences, Association internationale d'études occitanes « Actes du Colloque de Béziers de la section française de l'Association internationale d'études occitanes »,‎
  19. (oc) Domergue Sumien, « Lo Creissent es Occitània », Jornalet,‎ (ISSN 2385-4510, lire en ligne)
  20. Philippe Boula de Mareüil, Gilles Adda (Limsi, CNRS), « Comparaison de dialectes du Croissant avec d’autres parlers d’oïl (berrichon-bourbonnais et poitevin-saintongeais) et d’oc », communication au colloque « 2èmes Rencontres sur les Parlers du Croissant », Montluçon, 2019, [lire en ligne].
  21. (fr + oc) Jeanine Berducat, Christophe Matho, Guylaine Brun-Trigaud, Jean-Pierre Baldit, Gérard Guillaume (collectif), Patois et chansons de nos grands-pères Marchois (Haute-Vienne, Creuse, pays de Montluçon) : Mémoire du patrimoine oral marchois, Paris, Éditions CPE, , 160 p. (ISBN 9782845038271)
  22. Walther von Wartburg, Hans-Erich Keller, Robert Geuljans, Bibliographie des dictionnaires patois galloromans (1550-1967), Genève, Librairie Droz, (ISBN 9782600028073, lire en ligne) :

    « Les parlers marchois forment une transition entre ceux de l'Auvergne et ceux du Limousin, avec des traits limousins prédominants. Délimitation uniquement linguistique. »

  23. (en) Linguasphere Observatory, The Linguasphere Register : The indo-european phylosector, Linguasphere Observatory, 1999-2000 (lire en ligne)
  24. Pierre Goudot, Microtoponymie rurale et histoire locale : dans une zone de contact français-occitan, la Combraille : les noms de parcelles au sud de Montluçon (Allier), Montluçon, Cercle archéologique de Montluçon, coll. « études archéologiques », (ISBN 9782915233018)
  25. (oc) « Vidal, Benezet (1877-1951) », sur occitanica.eu, (consulté le ).
  26. « La Chanson de Combraille », sur geoculture.fr.
  27. (fr + oc) « La chanson de Combraille - Chansó de Combralha [version numérisée] », sur bn-limousin.fr : site officiel de la bibliothèque numérique du Limousin.
  28. Charles Camproux, Histoire de la littérature occitane, Paris, Payot, , 296 p. (ISBN 978-2-402-30718-5, lire en ligne)
  29. Jean Roux, L'auvergnat de poche, Chennevières-sur-Marne (Val-de-Marne), Assimil, coll. « Assimil évasion », , 246 p. (ISBN 978-2-7005-0319-7 et 2700503198)
  30. Jean-Pierre Baldit, « Quelle graphie utilisée pour le marchois ? », Patois et chansons de nos grands-pères marchois. Haute-Vienne, Creuse, Pays de Montluçon (dir. Jeanine Berducat, Christophe Matho, Guylaine Brun-Trigaud, Jean-Pierre Baldit, Gérard Guillaume), Paris, Éditions CPE,‎ , p. 84-87 (ISBN 9782845038271)
  31. (oc) Joan Fulhet, « Del caractèr sintactic de l'evolucion a/o », Linguistica occitana, no 1,‎ , p. 1-34 (ISSN 0338-2419, lire en ligne)
  32. Dominique Amutulli, « Vert de Lune fait chanter les Combrailles et l’Artense », La Montagne,‎ (ISSN 2109-1560, lire en ligne)

Lien externe[modifier | modifier le code]