Codex Grolier

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Page 2 du Codex Grolier

Le Codex de Mexico est l'un des quatre codices mayas préhispaniques. Il était auparavant connu sous le nom de Codex Grolier en référence au Grolier Club (en) de New York où il a été étudié pour la première fois par le mayaniste, Michael D. Coe, en 1971[1]. Contrairement aux trois autres codices mayas, connus depuis le XIXe siècle, il n'est apparu que dans les années 1970 dans des circonstances peu claires. Ceci explique que son authenticité a longtemps été mise en doute.

La déclaration des experts réunis par l'INAH n'est pas suffisante pour clore le débat sur l'authenticité du Grolier.

Amateur de calculs mayas effectués à la main, j’ai noté l’étonnante absence, dans le Grolier, de variation d’une écriture utilisant toujours les mêmes formes hybrides, ainsi que l’absence d’erreurs de calcul ou de copie. Je m’étonne aussi du fait que l’état particulièrement fragmenté des dix ou onze pages du support contraste avec l’état de conservation des écritures et des peintures qu’il porte. Des écritures en nombre suffisant et en état de conservation de leurs détails suffisamment parfait [regarder la page 7 du Codex Grolier affichée comme page 2] pour qu’elles aient été déchiffrées sans hésitation, et que l’on puisse reconstituer tout une éphéméride de dates tzolkin sans jamais avoir à faire une hypothèse sur une donnée cruciale manquante, p. ex. un constituant effacé de date ou de chiffre qu’il serait impossible de reconstituer à partir des autres fragments du Grolier.

D’où mon impression de "trop beau pour être vrai". Une impression n’est pas une preuve, juste une boussole pointant vers un faussaire présumé voulant faire naître ce qu’il ne maîtrise pas vraiment. La commission d’experts réunis par l’INAH n’est plus la seule habilitée à trancher le doute. Il lui manque la légitimité de la justice qui acquitte ou condamne les délits de fraude ou de plagiat de l’Almanach 53.

Histoire[modifier | modifier le code]

En 1965, un collectionneur mexicain, le Dr. Josué Sáenz, l'acquiert dans des circonstances rocambolesques. On lui propose de le conduire en avion à un endroit secret afin de lui montrer un ensemble de pièces archéologiques : un masque en mosaïque, une petite boîte portant le glyphe-emblème de Tortuguero (es), un couteau sacrificiel et un manuscrit pictographique[2], vraisemblablement découverts dans une grotte de l'État de Chiapas, au Mexique[3]. Bien qu'un expert ait conclu qu'il s'agissait d'un faux[4], Sáenz en fit malgré tout l'acquisition. En 1971, le mayaniste américain, Michael D. Coe, examina le manuscrit et fut convaincu de son authenticité. Il fut alors exposé au Grolier Club. Le Dr. Sáenz en fit, ensuite, don à l'État mexicain et il est, depuis, conservé à la bibliothèque du Musée national d'anthropologie de Mexico.

Description[modifier | modifier le code]

Il est composé de dix (ou peut-être onze[5]) pages de papier amate, fragment d'un manuscrit qui en aurait comporté vingt. La taille des différentes pages varie légèrement à l'intérieur d'une longueur maximale de 19 cm et d'une largeur maximale de 12,5 cm. Les pages sont en mauvais état et il manque généralement la partie du bas[6]. Pliées en accordéon, comme c'est le cas des autres manuscrits précolombiens, elles sont illustrées sur une seule face. Le manuscrit est consacré au cycle de Vénus. Tant les illustrations que les glyphes calendaires qui les accompagnent ont été peints au pinceau à l'encre noire. Seuls quelques détails sont en couleur, principalement de l'hématite rouge. Chaque page, décorée d'un épais bord rouge, présente, outre les glyphes calendaires, un personnage armé tourné vers la gauche dans une attitude menaçante, saisissant un captif dans la plupart des cas.

Authenticité[modifier | modifier le code]

Lors de l'exposition au Grolier Club, le mayaniste britannique, Eric Thompson, lui consacra dans un article (posthume) une critique négative qui lança la polémique. Une première datation par le carbone 14 a démontré que le papier était bien précolombien (1230 ± 130)[7].

Son authenticité a été mise en doute par certains auteurs qui ont fait valoir qu'un faussaire aurait pu mettre la main sur du papier précolombien vierge et s'en servir pour réaliser un faux. La docteur Laura Elena Sotelo, spécialiste en codices mayas du Centre d'études mayas de l'Institut de recherches anthropologiques de l'Université nationale autonome du Mexique, soutenait qu'il pourrait s'agir d'un faux réalisé en 1960[8].

En 2016, le professeur Stephen Houston de l'université de Brown et son équipe apportent des preuves incontestables de son authenticité[9]. « There can’t be the slightest doubt that the Grolier is genuine » déclare-t-il au Washington Post[10]. Tant la composition du bleu maya — un mélange de palygorskite et d'indigo — utilisé pour créer l'encre appliquée sur le codex que la description de divinités mayas sont particulièrement justes. Ces éléments n'ont pu être contrefaits en 1964.

Une nouvelle datation au carbone 14 situe le Codex Grolier avant le Codex de Dresde, entre 1021 et 1154[11], ce qui en ferait le plus vieux livre lisible des Amériques. Son authenticité a été formellement reconnue le 30 septembre 2018 par l'Institut national d'anthropologie et d'histoire mexicain (INAH)[11].

Le codex a été exposé durant un mois au Musée national d'anthropologie de Mexico, avant de rejoindre fin la réserve sécurisée de la Bibliothèque nationale du Mexique. Il ne sera a priori plus exposé au public du fait de sa fragilité. Toutefois les amateurs de passage au Mexique pourront tenter de se procurer le livre El Códice Maya de México, antes Grolier, édité par la Bibliothèque nationale d'anthropologie et d'histoire.

Voir aussi[modifier | modifier le code]

Bibliographie[modifier | modifier le code]

  • (en) Michael D. Coe, Breaking the Maya Code, Thames & Hudson, .
  • Michael D. Coe et Justin Kerr, L'art maya et sa calligraphie, la Martiniëre, .
  • (en) Peter Schmidt, Mercedes de la Garza et Enrique Nalda, Maya Civilization, Thames & Hudson, .
  • (en) Lynn V. Foster, Handbook to Life in the Ancient Maya World, Oxford University Press, .
  • (es) Jean-François Baudez, « Venus y el Códice Grolier », Arqueología Mexicana, vol. X, no 55,‎ , p. 71-79.

Liens externes[modifier | modifier le code]

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Notes et références[modifier | modifier le code]