Piège à clics

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Exemple de « piège à clics ».

Un piège à clics[1],[2] ou attrape-clics[2],[3] (en anglais clickbait [ˈklɪkbeɪt][4] : « appât à clics »), appelé vulgairement pute à clics, ou putaclic, est un contenu web destiné exclusivement à attirer le maximum de passages d'internautes afin de générer des revenus publicitaires en ligne, au mépris de toute autre considération. Chaque clic rapporte de l'argent au créateur de l'article donc il y a une réelle motivation économique. Pour ce faire, il s'appuie sur un titre racoleur, voire mensonger[5], et sur des éléments sensationnels ou émotionnels au détriment de la qualité ou de l'exactitude (avec un basculement possible vers la fausse information[6]). Le piège à clics sert à attirer les clics à peu de frais et à encourager le transfert d'un contenu sur les réseaux sociaux.

Principe[modifier | modifier le code]

Les pièges à clics exploitent le fait que les gens sont curieux de nature (technique du curiosity gap, « écart de curiosité », expression forgée par George Loewenstein (en)[7]). Les clickbaits fournissent assez d'information pour éveiller la curiosité des gens mais pas assez pour la combler, afin d'inciter les gens à cliquer sur le lien associé pour en savoir plus[8],[9],[10].

Les pièges à clics s'intéressent à la psychologie pour attirer le maximum de personnes. Ils utilisent les émotions. Les créateurs définissent une cible puis choisissent les couleurs, les images, les titres accrocheurs les plus enclins à engendrer le maximum de clics[11]

On trouvera ainsi souvent des titres sensationnalistes, mystérieux, courts, concis, directs et clairs[11] tels que « Vous ne croirez jamais ce qui arrive à cette personne quand... », « Le Top 10 des plus... Le 3e est incroyable ! », souvent accompagnés de visuels racoleurs, mettant éventuellement en scène des jeunes femmes peu vêtues.

Histoire et réactions[modifier | modifier le code]

Au début des années 2010, l'omniprésence des pièges à clics sur Internet a eu un impact négatif sur l'image qu'ont les internautes de cette technique[10],[12].

Il est aujourd'hui difficile de dresser une liste de tous les médias en ligne qui utilisent ce type de titres, tant il est ancré dans le modèle économique.

En , Facebook a annoncé qu'il prenait des mesures, notamment le changement de son algorithme, pour réduire l'efficacité des contenus « attrape-clics » dans les fils d'actualité des utilisateurs de son réseau social[13],[14],[15]. Entre autres mesures, Facebook utilise le temps passé par un utilisateur sur une page pour mesurer la qualité de la page[16].

Une enquête des « décodeurs » du journal Le Monde a identifié fin 2018 un informaticien français du nom de Johann Fakra comme la tête d'un réseau d'une trentaine de sites clickbait de désinformation comprenant des sites et comptes Facebook de fausses informations à tendance sensationnaliste (Paye ton smile, Tranche de rire...), des sites complotistes (Cadoitsesavoir.fr, Onsaitcequonveutquonsache.com - supprimé en 2018 à la suite d'enquêtes -, La vérité sur notre monde, Réveillez-vous, Libre info, Esprits libres...) ou encore des sites de fausses informations de santé (Alter santé, Le Mag Santé, A ta bonne santé, Osons rêver d'un monde meilleur...)[17]. La santé est en effet l'un des secteurs les plus touchés par les infox (fake news) des pièges à clics, avec des sites et fils Facebook très populaires comme Santé+Magazine (site détenu par un ancien cuisinier reconverti dans l'e-business) avec plus de 7 millions d'abonnés, mais aussi Santenatureinnovation.com, Sante-nutrition.org ou Topsante.org, tous massivement partagés par des internautes naïfs[18]. Aucun de ces sites n'est tenu par des médecins diplômés (ou même un quelconque personnel médical qualifié), et une grande partie appartiennent à des officines opaques utilisant de fausses identités et de fausses adresses de siège social[18].

Notes et références[modifier | modifier le code]

  1. Commission d'enrichissement de la langue française, Journal officiel de la République française du .
  2. a et b « piège à clics », Grand Dictionnaire terminologique, Office québécois de la langue française.
  3. Maxime Delrue, « Entre satire et « attrape-clics », voyage au pays des usines à buzz », .
  4. Prononciation en anglais américain retranscrite selon la norme API.
  5. « Arrêtez tout ! Voici les secrets des titres racoleurs, cela va vous épater ! »,
  6. Richard Sénéjoux et Amaury de Rochegonde, Medias : les nouveaux empires, Éditions First-Gründ, , p. 79
  7. (en) George Loewenstein, « The Psychology of Curiosity: A Review and Reinterpretation », Psychological Bulletin, vol. 116, no 1,‎ , p. 75-98.
  8. Derek Thompson, « Upworthy: I Thought This Website Was Crazy, but What Happened Next Changed Everything », The Atlantic,
  9. Kathy Waldman, « Mind the ‘curiosity gap': How can Upworthy be ‘noble’ and right when its clickbait headlines feel so wrong? », National Post,
  10. a et b Emily Shire, « Saving Us From Ourselves: The Anti-Clickbait Movement », The Daily Beast,
  11. a et b .Marie-Pierre Fourquet-Courbet, « Influence attendue et influence effective de la publicité sur l'internet », Questions de communication, no 5,‎ , p. 31–53 (ISSN 1633-5961 et 2259-8901, DOI 10.4000/questionsdecommunication.7095, lire en ligne, consulté le )
  12. Christine Lagorio-Chafkin, « Clickbait Bites. Downworthy Is Actually Doing Something About It », Inc.,
  13. Lisa Visentin, « Facebook wages war on click-bait », The Sydney Morning Herald,
  14. Andrew Leonard, « Why Mark Zuckerberg’s war on click bait proves we are all pawns of social media », Salon,
  15. Khalid El-Arini and Joyce Tang, « News Feed FYI: Click-baiting », Facebook,
  16. Ravi Somaiya, « Facebook Takes Steps Against ‘Click Bait’ Articles », The New York Times,
  17. Adrien Sénécat, « « Ça doit se savoir », « Alter Santé », « Libre Info » : un seul homme derrière un réseau de désinformation », sur Le Monde,
  18. a et b Adrien Sénécat, « Santé+ Magazine, un site emblématique de la « mal-information » sur la santé », sur Le Monde, .

Voir aussi[modifier | modifier le code]

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Articles connexes[modifier | modifier le code]