Claude Estier

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Claude Estier
Illustration.
Claude Estier en 2013.
Fonctions
Président du groupe socialiste au Sénat

(16 ans, 2 mois et 1 jour)
Prédécesseur André Méric
Successeur Jean-Pierre Bel
Sénateur français

(18 ans et 2 jours)
Élection 28 septembre 1986
Réélection 24 septembre 1995
Circonscription Paris
Groupe politique SOC
Président de la commission des Affaires étrangères de l'Assemblée nationale

(2 ans, 5 mois et 28 jours)
Législature VIIe (Cinquième République)
Prédécesseur Maurice Faure
Successeur Jean Lecanuet
Député français

(4 ans, 8 mois et 30 jours)
Élection 21 juin 1981
Circonscription 25e de Paris
Législature VIIe (Cinquième République)
Groupe politique SOC
Prédécesseur Roger Chinaud
Successeur Circonscription supprimée

(1 an, 1 mois et 27 jours)
Élection 12 mars 1967
Circonscription 25e de Paris
Législature IIIe (Cinquième République)
Groupe politique FGDS
Prédécesseur Dominique Wapler
Successeur Louis Vallon
Député européen

(2 ans, 1 mois et 14 jours)
Élection 10 juin 1979
Législature 1e
2e
Groupe politique PSE
Biographie
Nom de naissance Claude Hasday Ezratty
Date de naissance
Lieu de naissance Paris 17e (France)
Date de décès (à 90 ans)
Lieu de décès Ivry-sur-Seine[2],[3] (France)
Parti politique SFIO (1945-1947)
CIR (1964-1971)
PS (1971-2013)
Diplômé de École libre des sciences politiques
Profession Journaliste

Claude Estier Claude Estier
Députés de Paris
Sénateurs de Paris

Claude Estier, né Claude Ezratty le dans le 17e arrondissement de Paris et mort le à Ivry-sur-Seine, est un journaliste et un homme politique français.

Biographie[modifier | modifier le code]

Famille, jeunesse et formation[modifier | modifier le code]

Il est le fils d'Henri Ezratty, sympathisant de la SFIO, et de Lucie Bemerbe.

Il baigne dans une culture socialiste jusqu’à l’adolescence, où ses convictions se renforcent sous l’influence de ses professeurs Robert Verdier et Maurice Merleau-Ponty.

Il fait ses classes au lycée Carnot puis à l'École libre des sciences politiques (section Économie privée, promotion 1946)[4].

Engagement[modifier | modifier le code]

S'engageant dans la Résistance en 1942, il effectue des transports d'armes et de journaux à Lyon jusqu'en 1944[5].

Chargé des rapports d’écoute de Radio Londres et de Radio Alger, il finit la guerre dans les FFI. Il devient alors, en 1945, adhérent de la SFIO[5]. Il couvre le procès de Pétain pour Le Progrès de Lyon, puis, en 1946, il entre au Populaire[2]. C'est pour un article sur Jules Moch, publié dans la Bataille socialiste, qu'il est exclu, fin 1947, du Populaire[2] pour lequel il suivait la politique gouvernementale. Il milite en 1948 au Parti socialiste unitaire, où il rencontre, entre autres, Gilles Martinet et Pierre Stibbe.

Hésitant entre l'adhésion au PCF et un simple compagnonnage de route, il assume sa sensibilité communisante et neutraliste quand il intègre le noyau originel de France Observateur. Il y joue alors un rôle important dans son service politique, tout en conservant son poste au Progrès de Lyon et en effectuant des piges à Libération. Se situant dans la mouvance anticonformiste, il est proche du cartel d'action des gauches indépendantes, comme de nombreux rédacteurs de France Observateur. Fervent soutien de la cause algérienne, il noue des liens avec les nationalistes algériens comme Ferhat Abbas. Cet engagement en faveur de l'indépendance de l'Algérie lui vaut une visite de la direction de la Surveillance du territoire (DST), qui, comme « formidable pièce à conviction », saisit une « collection de timbres soviétiques, dans une enveloppe en provenance de Moscou »[2]. 

La crise de mai 1958 constitue une rupture majeure dans son itinéraire politique, dans la mesure où son antigaullisme l’amène à quitter Le Monde pour lequel il travaillait depuis 1955[2]. En effet, en , il apparaît comme le seul des rédacteurs du service politique (Raymond Barrillon (1921-1983), Georges Mamy, Alain Guichard (1918-2010)) à aller au bout de son opposition à l'attitude attentiste adoptée par Hubert Beuve-Méry face au nouveau pouvoir. Il amorce alors un rapprochement vers François Mitterrand, devient rédacteur en chef de Libération (en 1958), et continue sa collaboration à France Observateur[5].

Fin 1964, le quotidien Libération disparaît. Parallèlement à son activité de journaliste, il rallie l'équipe de campagne de Mitterrand où il assure la liaison avec les communistes. Il est ainsi aux premiers rangs pour couvrir la candidature de Mitterrand, pour qui il surveille de près la ligne politique suivie par Le Nouvel Observateur. Lors de la campagne présidentielle, il s’oppose ainsi à Gilles Martinet à propos d'une « une » jugée trop défavorable à son candidat.

Élu député aux élections législatives en 1967 face à Alexandre Sanguinetti, il cesse alors le journalisme. La prise de pouvoir mitterrandienne au PS en 1971 l’amène à se consacrer à l'hebdomadaire L'Unité[5].

Ensuite, il est réélu député (), président de la commission des Affaires étrangères de l'Assemblée nationale de 1983 à 1986. Parallèlement, de 1981 à 1988, il participe à l'émission Vendredi Soir sur France Inter avec Jean d'Ormesson, Pierre Charpy et Roland Leroy.

Par décret paru au Journal officiel du , il perd son nom de naissance, Claude Ezratty.

En 1986, il est élu sénateur et devient, en 1988, président du groupe socialiste au Sénat. Il se présente ainsi plusieurs fois à la présidence du Sénat, mais échoue face aux candidats de la droite. Il reste président du groupe socialiste jusqu'à sa retraite, en . Il participe activement à la campagne de Lionel Jospin pour l'élection présidentielle de 2002[2].

Il se consacre ensuite à nouveau à la littérature en publiant plusieurs ouvrages politiques[2].

Une promenade porte son nom à Paris, dans le 18e arrondissement, le long de la « Petite Ceinture ».

Agent supposé des services secrets communistes[modifier | modifier le code]

Il aurait commencé par servir les services secrets tchécoslovaques puis ceux de l'URSS et de la Roumanie. En 1999, Vassili Mitrokhine, ancien archiviste du KGB, révèle les noms d'un certain nombre de Français qui auraient travaillé pour le KGB dont celui de Claude Estier. Celui-ci taxe alors ces révélations de « tissu d'inepties »[6],[7].

En 2016, selon L'Express, la déclassification d'archives en Roumanie révèle que Claude Estier aurait « entretenu des relations suivies » 1982 à 1986, sous le nom de code Stanica avec la Securitate, la police secrète de Nicolae Ceaușescu[8], afin d'influencer le gouvernement. Il aurait été recruté en par un agent roumain en poste à Paris, Oros Popescu. Il aurait renseigné la dictature roumaine notamment sur la vision du gouvernement français à propos de la bombe à neutrons et sur les relations germano-américaines[réf. nécessaire].

Raymond Nart (ex-directeur adjoint de la direction de la Surveillance du territoire (DST)), Jean-François Clair (ex-directeur adjoint de l'anti-terrorisme) et Michel Guérin (ex-chef de l'inspection générale de la DST) confirment, dans leur essai La DST sur le front de la guerre froide édité en , que la DST estime qu'il fut un agent soviétique, notamment grâce à des renseignements fournis spontanément par « un couple de dirigeants de la FGDS », la Fédération de la gauche démocrate et socialiste[9].

Mandats[modifier | modifier le code]

  • Député de Paris de 1967 à 1968 et de 1981 à 1986.
  • Conseiller de Paris de 1971 à 1989.
  • Sénateur de Paris de 1986 à 2004.
  • Membre de la commission des Affaires étrangères, de la Défense et des forces armées de l'Assemblée nationale de 1983 à 1986.
  • Président du groupe socialiste au Sénat de 1988 à 2004.

Publications[modifier | modifier le code]

Décoration[modifier | modifier le code]

Notes et références[modifier | modifier le code]

  1. « Décès de Claude Estier, ancien président du groupe PS du Sénat et « grognard du mitterrandisme » », sur publicsenat.fr, Public Sénat (consulté le ).
  2. a b c d e f et g Michel Noblecourt, « L’ancien sénateur Claude Estier est mort à 90 ans », sur lemonde.fr, Le Monde, 10-11 mars 2016 (consulté le ).
  3. Mention marginale sur acte de naissance à l'état civil de la mairie de Paris 17e, année 1949, acte no 979.
  4. « Sciences Po Alumni », sur sciencespo-alumni.fr (consulté le )
  5. a b c et d Michel Noblecourt, « Le mamelouk du Parti socialiste », Le Monde, .
  6. Antoine Bosshard, « La presse parisienne doute de l'ampleur de l'ancien réseau soviétique », sur letemps.ch, Le Temps, .
  7. (de) « Paris als Tummelplatz von KGB-« Maulwürfen » », sur nzz.ch, Neue Zürcher Zeitung , .
  8. Charles Haquet, Iulia Badea-Guéritée, « Quand Ceaucescu espionnait les Français », sur lexpress.fr, L'Express, (consulté le ).
  9. Étienne Girard, « Ministres, journalistes… Ces Français identifiés comme des espions russes par la DST », sur lexpress.fr, L'Express, (consulté le ).

Liens externes[modifier | modifier le code]