Classe Connecticut

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Classe Connecticut
Image illustrative de l'article Classe Connecticut
L'USS Connecticut, navire tête de la classe Connecticut.
Caractéristiques techniques
Type Cuirassé Pré-Dreadnought
Longueur 139,09 m
Maître-bau 24,42 m
Tirant d'eau 7,44 m
Déplacement 16 257 t
À pleine charge 17 949 t
Propulsion 2 hélices
Machines à triple expansion
12 chaudières Babcock & Wilcox
Puissance 16 500 ch
Vitesse 18 nœuds (33 km/h)
Caractéristiques militaires
Blindage Ceinture : 152 à 279 mm
Cloisons : 152 mm
Pont : 38 à 76 mm
Barbettes :152 à 254 mm
Tlle princ. : 203 à 279 mm
Tlle sec. : 51 à 165 mm
Casemates : 95 à 178 mm
Château : 229 mm
Armement 2 × 2 canons de 305 mm
4 × 2 canons de 203 mm
0012 canons de 178 mm
0020 canons de 76 mm
0012 canons de 47 mm
0004 canons de 37 mm
0004 TLT de 533 mm
Rayon d’action 6 620 milles marins (12 300 km) à 10 nœuds (19 km/h)
(2 249 t de charbon)
Autres caractéristiques
Équipage De 827 à 896 hommes
Histoire
Constructeurs New York Navy Yard
Newport News Shipbuilding
Chantier naval Fore River de Quincy
New York Shipbuilding Corporation
Navires construits 6
Navires prévus 6
Navires démolis 6

La classe Connecticut est une classe de six cuirassés pré-Dreadnought de la Marine américaine dont la construction a été autorisée sur trois exercices budgétaires (1902-1904). Les trois derniers ont été réalisés après la construction des deux unités de la classe Mississippi, dernière classe de cuirassés pré-Dreadnought des États-Unis à être mise en chantier. Le dernier navire de cette classe, le New Hampshire, fut le dernier pré-Dreadnought américain lancé pour la Marine américaine.

Genèse[modifier | modifier le code]

Contexte historique[modifier | modifier le code]

La fin du XIXe siècle est marquée par de nombreux conflits provoqués par l'expansionnisme américain. Les intérêts du pays pour l'outre-mer se confirment, particulièrement dans l'océan Pacifique et en Amérique latine ; c'est ainsi que les îles Samoa puis les îles Hawaï passent sous contrôle américain. Après la guerre hispano-américaine, durant laquelle la Navy affronte la Marine espagnole avec succès, de nombreux territoires reviennent aux États-Unis après la signature du traité de Paris en 1898 : Cuba, les Philippines, Porto Rico et Guam sont autant de nouvelles possessions qui vont nécessiter une présence maritime accrue. Cette situation va pousser la Marine américaine à lancer un vaste programme de construction afin de pouvoir assumer la protection de ces territoires américains[1].

Conception[modifier | modifier le code]

Photo en noir et blanc d'un canon installé sur une tourelle
Un des canons de 305 mm est installé sur le Connecticut en 1906.

C'est dans ce contexte que le , le secrétaire à la Marine des États-Unis John Davis Long demande au Board on Construction de lancer une étude sur la conception d'un nouveau type de cuirassés ; ainsi, plusieurs bureaux proposent différents designs qui sont ensuite étudiés par le Board[2].

Le Board on Construction favorise un navire sur lequel les canons de 6 pouces (152 mm) et de 8 pouces (203 mm) sont remplacés par 24 canons de 7 pouces (178 mm) nouvellement conçus ; ce sont les canons les plus puissants qui puissent être manipulés par un seul homme[n 1]. En plus de ceux-ci, il est prévu que le cuirassé embarque 24 canons de 3 pouces (76 mm) anti-torpilleurs[2]. Le blindage principal doit être plus léger car réparti uniformément sur la longueur du navire. La proposition préférée par le Board aurait ainsi un déplacement de 15 810 t[3]

Le Bureau of Construction and Repair, cependant, propose un concept dérivé de la classe Virginia emportant 16 canons de 8 pouces (203 mm), douze sous forme de tourelles et quatre en casemates ; ces derniers sont finalement abandonnés, donnant un navire emportant douze canons de 8 pouces, douze de 6 pouces et huit de 3 pouces sur un navire de 16 115 t. Ce concept est finalement rejeté car la réduction du nombre de canons anti-torpilleurs est trop drastique[3].

Bien que l'une des deux propositions ait été rejetée, le débat continue. En novembre, le Board décide de nouveaux plans : huit canons de 8 pouces montés en tourelles et douze canons de 7 pouces. Cette disposition est choisie car un obus de 8 pouces peut pénétrer le blindage moyen d'un cuirassé, et celui de 7 pouces est capable d'un tir rapide. Ce nouveau concept possède aussi un blindage plus lourd et plus épais que le précédent. Deux navires basés sur ces plans sont autorisés le , le Connecticut et le Louisiana ; trois de plus le sont le  : les Vermont, Kansas, et Minnesota. La construction du New Hampshire est quant à elle autorisée le [3],[n 2].

Caractéristiques[modifier | modifier le code]

vues de haut et de profil
Silhouette du navire en 1903.

Les navires de la classe Connecticut sont reconnus comme tenant mieux la mer que la plupart de leurs prédécesseurs, étant bien équilibrée. Leur point faible réside dans l'inclusion à la fois de canons de 203 mm et de 178 mm : l'impact de leurs obus et les gerbes provoquées dans l'eau étant sensiblement de la même taille du fait de la similarité des calibres, il devient difficile de régler les tirs correctement[5].

C'est ainsi que ces cuirassés de deux tourelles doubles de canons de 305 mm/45 calibres, de quatre tourelles doubles de canons de 203 mm/45 calibres, de 12 canons de 178 mm/44 calibres pour ce qui est des plus gros calibres, les deux premières étant mues électriquement. L'armement de plus petit calibre est lui aussi hétéroclite, avec 20 canons de 76 mm/50 calibres, 12 canons Hotchkiss de 47 mm et 4 canons de 37 mm. Enfin, le navire est équipé de 4 tubes lance-torpilles de 533 mm. Le blindage quant à lui est fabriqué selon un nouveau procédé inventé par Krupp. La ceinture principale est haute de 2,82 m (1,3 m au-dessus de la ligne de flottaison, 1,52 m en dessous) ; longue de 58,5 m, elle est épaisse de 270 mm en haut et de 229 m sous l'eau. Le blindage du pont est épais de 28 à 76 mm, alors que le château est flanqué de 229 mm de blindage[5].

Déplaçant 16 257 t, le cuirassé est propulsé par deux hélices mues par des machines à vapeur à triple expansion alimentées par 12 chaudières Babcock & Wilcox développant 16 500 chevaux ; lors des essais en mer, le Connecticut atteindra les 18,78 nœuds (34,78 km/h). Il peut embarquer jusqu'à 2 249 tonnes de charbon dans ses soutes, lui procurant une autonomie de 6 620 milles marins (12 300 km) à une vitesse 10 nœuds (19 km/h). De 827 à 896 hommes d'équipage, officiers et matelots du rang, embarquent à son bord selon les périodes[5].

Les unités de la classe[modifier | modifier le code]

Nom Chantier[5] Quille Lancement Mise en service Photo Destin
USS Connecticut (BB-18) New York Navy Yard Rayés des listes en
à la suite du traité naval de Washington.
USS Louisiana (BB-19) Newport News Shipbuilding
USS Vermont (BB-20) Chantier naval Fore River de Quincy
USS Kansas (BB-21) New York Shipbuilding Corporation
USS Minnesota (BB-22) Newport News Shipbuilding
USS New Hampshire (BB-25) New York Shipbuilding Corporation

Histoire[modifier | modifier le code]

Les navires de cette classe, à l'exception du New Hampshire ont participé à la Grande flotte blanche (en anglais Great White Fleet), surnom populaire donné à la flotte de guerre américaine qui réalisa une circumnavigation du au sur l'ordre du Président des États-Unis Theodore Roosevelt, qui souhaitait faire une démonstration de la puissance militaire grandissante des États-Unis et de ses capacités en haute mer. Deux d'entre eux, le Connecticut et le Minnesota servirent tour à tour de navire amiral.

Après cette longue croisière d'apparat, les navires subirent une légère refonte, perdant leurs ouvrages d'agréments mais aussi une diminution des ponts pour réduire leur profil au tir ennemi. En dépit d'être dépassés à l'encontre des nouveaux cuirassés de type Dreadnought, ils ont été maintenus en service durant la Première Guerre mondiale et ont servi jusqu'à leur mise au rebut après le traité naval de Washington, en 1922.

Notes et références[modifier | modifier le code]

Notes[modifier | modifier le code]

  1. Un obus de canon de 7 pouces pèse 165 livres (75 kg), alors qu'un obus de canon de 6 pouces pèse environ 100 livres (45 kg), et celui de 8 pouces pèse environ 250 livres (113 kg). Ces obus de 250 livres (113 kg) peuvent être mus uniquement « mécaniquement ou par plusieurs hommes », faisant du canon de 7 pouces le « plus gros [canon] à tir réellement rapide compte tenu des avancées technologiques de l'époque ».
  2. Ce long laps de temps entre les décisions est dû au fait que les deux cuirassés de la classe Mississippi sont construits entre le Minnesota et le New Hampshire. Le Mississippi est en effet une tentative du Congrès de « ralentir la croissance en taille et en coût des cuirassés » en limitant leur déplacement ; ces deux cuirassés, version « rapetissée » de 20 % du Connecticut auront un succès mitigé et sont finalement vendu à la Grèce en juillet 1914[4].

Références[modifier | modifier le code]

  1. Chesneau et Koleśnik 1979, p. 137.
  2. a et b Friedman 1985, p. 43.
  3. a b et c Friedman 1985, p. 44.
  4. Friedman 1985, p. 45 et 47.
  5. a b c et d Chesneau et Koleśnik 1979, p. 143.

Bibliographie[modifier | modifier le code]

  • (en) Roger Chesneau et Eugène M. Koleśnik, Conway's All the World's Fighting Ships (1860-1905), [détail de l’édition]
  • (en) Robert Gardiner et Randal Gray, Conway's All the World's Fighting Ships (1906-1921), [détail de l’édition]
  • (en) Robert Gardiner et Roger Chesneau, Conway's All the World's Fighting Ships (1922-1946), [détail de l’édition]
  • (en) Norman Friedman, U.S. Battleships : An Illustrated Design History, Annapolis (Maryland), Naval Institute Press, , 463 p. (ISBN 0-87021-715-1, OCLC 12214729)
  • (en) Norman Friedman, Naval Weapons of World War One : Guns, Torpedoes, Mines and ASW Weapons of All Nations, Seaforth Publishing, [détail de l’édition]
  • (en) Albert Gleaves, A History of the Transport Service : Adventures and Experiences of United States Transports and Cruisers in the World War, New York, George H. Doran Company, (OCLC 976757, présentation en ligne)
  • (en) Babcock Company et Wilcox Company, Forged Steel Water-tube Marine Boilers, New York, Babcock & Wilcox, , 2e éd. (OCLC 2358875, présentation en ligne)

Voir aussi[modifier | modifier le code]

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Articles connexes[modifier | modifier le code]

Liens externes[modifier | modifier le code]