Clément d'Ohrid

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Clément d'Ohrid
Image illustrative de l’article Clément d'Ohrid
Icône de saint Clément, église de la Mère de Dieu Perivleptos, Ohrid.
évêque, apôtre du Premier Empire bulgare
Naissance v. 840
Décès 916 
Ohrid
Vénéré par Églises catholiques orientales, Église orthodoxe, Église catholique
Fête 27 juillet (Église catholique) et 25 novembre (Église orthodoxe)
Saint patron Macédoine du Nord, Ohrid

Clément d'Ohrid (en grec Κλήμης της Αχρίδας, en bulgare et en macédonien Свети Климент Охридски, en vieux-slave Климє́нтъ Охрїдьскъ), né vers 840 et décédé en 916 à Ohrid[1], est un saint, un moine et un écrivain de l'Empire bulgare, devenu évêque d'Ohrid, ville de l'actuelle Macédoine du Nord. Il était le plus illustre disciple de Cyrille et Méthode et il est souvent associé à la création, et surtout la propagation, des alphabets glagolitique et cyrillique. Il est considéré comme le premier évêque de l'Église orthodoxe bulgare[2],[3], l'un des sept apôtres de l'Empire bulgare et comme le saint patron de la Macédoine du Nord et de l'Église orthodoxe macédonienne[4].

Biographie[modifier | modifier le code]

Le début de sa vie est mal connue. Selon Théophylacte d'Ohrid, il serait né dans le Sud-Ouest du Premier État bulgare[5].

Clément a été lié très jeune à Cyrille et Méthode : selon Théophylacte, il s'attacha « dès son plus jeune âge » à Méthode, qui devint son modèle (probablement dès 856, quand Méthode entra dans un monastère sur le mont Olympe de Bithynie) ; il accompagna les deux frères en 863 dans leur mission en Grande-Moravie, et en 868 à Rome, où il fut ordonné prêtre. Après la mort de Cyrille à Rome, Clément accompagne Méthode lors de son voyage de Rome à la Pannonie et la Grande-Moravie. Après la mort de Méthode en 885, ses disciples sont persécutés par le prince morave Sphentoluk ainsi que par l'évêque germanique Wiching car ils refusaient le Filioque[6]. Il est emprisonné, laissé à des soldats barbares puis expulsé de Moravie après de nombreuses tribulations, il se rend alors en Bulgarie en 885 ou 886, avec Naum et Angelar, tous anciens disciples de Cyrille et Méthode. Ils sont envoyés à Pliska, la capitale bulgare d'alors, où Boris Ier leur demande d'éduquer le futur clergé bulgare en vieux-slave. Sava, un autre disciple y contribue également.

Après l'adoption du christianisme en 865, les cérémonies religieuses en Bulgarie étaient tenues en grec par des religieux envoyés par l'Empire byzantin. Craignant l'influence byzantine grandissante et l'affaiblissement de son État, Boris Ier voyait l'adoption du vieux-slave en tant que langue liturgique comme un moyen de conserver son indépendance politique. Sous son impulsion, deux écoles de vieux-slave sont ouvertes, la première à Preslav et la deuxième à Ohrid.

Le monastère Saint-Pantaleimon à Plaošnik, dans la ville d'Ohrid.

Alors que Naum reste à Pliska, Clément est envoyé dans sa région natale, à Ohrid. Pendant sept ans, de 886 à 893, il y forme quelque 3 500 disciples en vieux-slave et avec l'alphabet glagolitique. Puis il va poursuivre le travail de traduction en cyrillique. En 893, il est ordonné archevêque. À sa mort, il est enterré au monastère Saint-Pantaleimon d'Ohrid.

Œuvres et postérité[modifier | modifier le code]

Saint Clément d'Ohrid est l'un des auteurs en vieux-slave les plus prolifiques et les plus importants. On lui attribue l'hagiographie de Cyrille et Méthode, la traduction de chants religieux et l'écriture de deux services liturgiques.

L'invention de l'alphabet cyrillique lui est parfois attribuée, bien qu'il aurait plutôt été développé à Preslav au début du Xe siècle avec Constantin de Preslav, Jean l'Exarque et Chrabr le moine de l'École littéraire de Preslav, à l'époque Pliska.

La première université bulgare moderne, l'université de Sofia, fondée en 1888, porte son nom. Son nom a aussi été donné à la Bibliothèque nationale et universitaire de la république de Macédoine et à l'université de Bitola.

La Bulgarie a également donné son nom (la « base antarctique Saint-Clément-d’Ohrid ») à sa base antarctique située sur l’île Livingston, îles Shetland du Sud, au nord de l’Antarctique.

Voir aussi[modifier | modifier le code]

Bibliographie[modifier | modifier le code]

  • Dimitri Obolensky, Six Byzantine Portraits (chap. Ier : « Clement of Ohrid »), Clarendon Press, Oxford, 1988.

Articles connexes[modifier | modifier le code]

Notes et références[modifier | modifier le code]

  1. (de) « Publications de et sur Clément d'Ohrid », dans le catalogue en ligne de la Bibliothèque nationale allemande (DNB).
  2. "...the First Bishop of the Bulgarian language" - Théophylacte d'Ohrid cité dans (en) Pedro Ramet, Religion and Nationalism in Soviet and East European Politics, , 516 p. (ISBN 978-0-8223-0891-1 et 0-8223-0891-6, lire en ligne), p. 373.
  3. (bg) Georgi Bakalov et Milen Kumanov, History of Bulgaria electronic edition, Sofia, Trud, Sirma, (ISBN 954-483-067-7), « KUTMICHEVITSA (Kutmichinitsa) ».
  4. Site officiel de l'Église macédonienne.
  5. The entry of the Slavs into Christendom: an introduction to the medieval history of the Slavs, A. P. Vlasto, CUP Archive, 1970 (ISBN 0-521-07459-2), p. 169.
  6. Paul Gautier, « Clément d'Ohrid, évêque de Dragvista », Revue des études byzantines,‎ , p. 200 (lire en ligne)

Bibliographie[modifier | modifier le code]

  • Paul Gautier, « Clément d'Ohrid, évêque de Dragvista », Revue des études byzantines, vol. 22,‎ , p. 199-214 (lire en ligne)
  • Ilia G. Iliev, « The Long Life of Saint Clement of Ohrid: A Critical Edition », Byzantinobulgarica, vol. 9,‎ , p. 62-120 (lire en ligne)
  • Peter Ivanič, « The Issue of the Origin of Saint Clement of Ohrid and Saint Naum of Ohrid in Slovak and Czech Historiography », European Journal of Science and Theology, vol. 14, no 1,‎ , p. 135-144 (lire en ligne)
  • Скендер Мучай, Суеля Джуери, Ирклид Ристани et Алексей М. Пентковский, « Средневековые церкви в долине Шушицы (Южная Албания) и славянская епископия свт. Климента Охридского » [« Medieval Churches in Shushica Valley (South Albania) and the Slavonic Bishopric of St. Clement of Ohrid »], Slověne: International Journal of Slavic Studies, vol. 3, no 1,‎ , p. 5-42 (lire en ligne)

Liens externes[modifier | modifier le code]