Lino Ventura

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Lino Ventura
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Lino Ventura en 1975 en Italie.
Nom de naissance Angiolino Giuseppe Pasquale Ventura
Naissance
Parme, Émilie-Romagne
Italie
Nationalité Drapeau de l'Italie Italien
Décès (à 68 ans)
Saint-Cloud, Hauts-de-Seine
France
Profession Acteur, catcheur, lutteur
Films notables voir filmographie

Lino Ventura est un acteur italien, né le à Parme (Italie) et mort le à Saint-Cloud (France). Bien qu'ayant réalisé la majeure partie de sa carrière cinématographique en France, l'acteur est resté de nationalité italienne toute sa vie.

Fils d'immigrés italiens et immigré italien lui-même, Lino Ventura est d'abord lutteur professionnel (champion d'Europe poids moyens en 1950), puis catcheur avant de devenir par hasard acteur aux côtés de Jean Gabin dans Touchez pas au grisbi qui rencontre le succès à sa sortie en salle en 1954.

D'abord habitué à des seconds rôles d'hommes de main ou de brutes, il devient une vedette dès la fin des années 1950 grâce à des films comme Le Gorille vous salue bien (1958) et Le fauve est lâché (1959). Alternant les comédies à succès, parfois dialoguées par Michel Audiard, telles que Les Tontons flingueurs (1963), Les Barbouzes (1964), Ne nous fâchons pas (1966), L'aventure c'est l'aventure (1972), L'Emmerdeur (1973) ou La Gifle (1974), et des drames et films policiers comme Les Grandes Gueules (1966), Le Deuxième Souffle (1966), Le Clan des Siciliens (1969), L'Armée des ombres (1969) ou Garde à vue (1981), à partir de la fin des années 1950 jusqu'à sa disparition, il devient l'un des acteurs les plus populaires du cinéma français, et aussi l'un des plus rentables avec 130 millions d’entrées au box-office. Il compte à son palmarès de grands succès populaires avec d'autres dialoguistes, parmi lesquels Marie-Octobre (1959), Classe tous risques (1960), Adieu poulet (1975), Les Misérables (1982) ou encore Le Ruffian (1983).

Père de quatre enfants dont une fille handicapée, il fonde en 1966 avec sa femme Odette l'association Perce-Neige, destinée à venir en aide aux personnes handicapées mentales.

Biographie[modifier | modifier le code]

Origines et jeunesse[modifier | modifier le code]

Lino Ventura naît le à Parme, en Italie, sous le nom d'état civil d'Angiolino Giuseppe Pasquale Ventura[1],[2],[3], des époux Giovanni Ventura et Luisa Borrini[4],[3],[5], dont il est le fils unique.

En 1927, il est âgé de 7 ans et 10 mois lorsqu'il quitte l'Italie avec sa mère pour rejoindre son père parti travailler à Paris quelques années auparavant, où il est représentant de commerce. Mais arrivés dans la proche banlieue parisienne, à Montreuil le , la mère et le fils ne trouvent pas Giovanni : le père a disparu. Par la suite, Lino Ventura n'évoquera que rarement et à contrecœur ce père absent. Lino et sa mère s'installent chez des amis dans la ville au 57, rue de Romainville[6], au cœur de la communauté italienne, dont l'intégration ne s’effectue pas sans problèmes. Puis ils déménagent rue Papillon, dans le 9e arrondissement de Paris où Luisa décroche un emploi de femme de chambre à l’hôtel Baudin.

Pour compléter les revenus de sa mère, il quitte l'école et travaille dès l'âge de 9 ans. Il exerce successivement différents métiers : portier, livreur, mécanicien, représentant de commerce, et employé de bureau[7].

Lino Ventura parle le français sans aucun accent, ayant passé l'essentiel de sa vie en France, et s'exprime en italien avec une pointe d'accent de Parme.

Lutteur et catcheur[modifier | modifier le code]

Ses copains du square Montholon à Paris lui font découvrir le sport[8]. À l'âge de 16 ans, il rencontre Fred Oberlander (en), un champion autrichien de lutte gréco-romaine résidant dans l’hôtel Baudin, où sa mère Luisa a été employée. Oberlander le convainc de s'entraîner régulièrement à la lutte dans la salle du club athlétique des Gobelins[8], puis dans celle de la porte d’Italie. Apprenant l'humilité et la fraternité en pratiquant ce sport, il se forge selon ses termes « une mentalité de gagnant »[9].

En 1935, alors qu'il est coursier dans une agence de voyages, la Compagnie italienne de tourisme (CIT)[8], il y rencontre Odette Le Comte[5], également âgée de 16 ans[10],[11]. Vers cette époque, il vit avec sa mère et, jusqu'en 1942, déclare comme domicile le 20, rue Baudin[5] dans le 9e arrondissement de Paris.

Lino Ventura en 1961, lors du tournage du film italien Le Roi des truands.

Comme il a gardé sa nationalité de naissance, il est enrôlé dans l'armée italienne au début de la Seconde Guerre mondiale. Il déserte au moment de l'effondrement du régime fasciste () et rejoint à Paris Odette, qu'il avait épousée le [4] dans la mairie du 16e arrondissement de Paris[5]. Menacé d'être dénoncé, afin de ne pas être arrêté par les Allemands[12], il se cache à Baracé (en Maine-et-Loire) dans une maison servant de grange, qu'il revient acheter une fois la guerre terminée[13].

Après la guerre, il entame une carrière de catcheur, plus rémunératrice que la lutte[12], et participe à des combats à la salle Wagram et au Cirque d'Hiver où il lutte sous le nom de Lino[a] Borrini, alias « la Fusée italienne ». Sa carrière de catcheur atteint son apogée en , lorsqu'il devient champion d'Europe des poids moyens pour l'Italie. Elle prend fin la même année le , lorsqu'il est victime d'une double fracture ouverte à la jambe droite à la suite d'une chute mal préparée dans son combat avec Henri Cogan. Il devient alors organisateur de combats pour une vingtaine de catcheurs de son écurie[9].

Carrière cinématographique[modifier | modifier le code]

Le metteur en scène Vittorio De Sica et l'acteur à Rome en 1961, pour la préparation du film Le Jugement dernier.

Les débuts[modifier | modifier le code]

En 1953, le réalisateur Jacques Becker cherche une force de la nature de type italien pour jouer face à Jean Gabin dans son film Touchez pas au grisbi. Il rencontre Lino Ventura et souhaite que ce soit lui qui joue le rôle d'Angelo, un chef de gang opposé aux personnages incarnés par Jean Gabin et René Dary. Lino Ventura, peu attiré par le cinéma, décline le rôle dans un premier temps puis, sûr d'essuyer un refus, demande un cachet presque équivalent à celui de Jean Gabin. Le producteur Robert Dorfmann dit non, mais Becker menace d'arrêter le film. À la surprise de Ventura, sa demande est acceptée[14]. À la sortie de Touchez pas au grisbi, grand succès public en 1954, la présence à l'écran de Lino Ventura est telle que toute la profession le remarque. Incertain, pendant les cinq premières années de sa carrière de comédien, Lino Ventura conserve jusqu'en 1958 ses « vrais » métiers d'organisateur de combats de catch et de gérant d'une entreprise de layette[12].

Lino Ventura, Jean Gabin et Alain Delon à Rome en 1969, lors du tournage du film d'Henri Verneuil Le Clan des Siciliens.

Immédiatement adopté par le milieu du cinéma, par Jean Gabin — avec qui il tourne cinq films en quatre ans et qui devient son grand ami — et par le public, sa carrure, sa « gueule » et son naturel exceptionnel font de lui l'interprète idéal du film noir, de truand et de policier dur à cuire au grand cœur. Il tourne avec Henri Decoin (Razzia sur la chnouf, Le feu aux poudres), Ralph Habib (La Loi des rues), Gilles Grangier (Le rouge est mis, Trois Jours à vivre), Jean Delannoy (Maigret tend un piège), Louis Malle (Ascenseur pour l'échafaud), Julien Duvivier (Marie-Octobre), Jacques Becker (Montparnasse 19).

Consécration[modifier | modifier le code]

Lino Ventura en 1973 lors du tournage du film d'Édouard Molinaro L'Emmerdeur.

Sans avoir pris de cours de comédie, il passe rapidement du statut d'acteur de second rôle à celui de tête d'affiche, son jeu d'acteur s'affinant. C'est le rôle du Gorille (dans Le Gorille vous salue bien, de Bernard Borderie), en 1958, qui le lance comme vedette à part entière, suivi de Le fauve est lâché de Maurice Labro. Les deux films dont il est la tête d'affiche sont des succès.

Classe tous risques, de Claude Sautet, en 1960, lui fait partager la vedette avec Jean-Paul Belmondo et marque sa rencontre avec un auteur de la Série noire, José Giovanni[15], avec qui il tournera trois films.

L'année suivante il tient le premier rôle dans un film de guerre « antimilitariste » dialogué par Michel Audiard et réalisé par Denys de La Patellière : Un taxi pour Tobrouk, aux côtés de Charles Aznavour, Hardy Krüger, Maurice Biraud et German Cobos. Avec près de 5 millions de spectateurs, c'est un énorme succès public. Lino Ventura devient l'un des poids lourds du cinéma hexagonal. Au cours des années 60, il tourne parfois à l'étranger : en Italie sous la direction de Vittorio De Sica (Le Jugement dernier), Luciano Emmer (La fille dans la vitrine), Duilio Coletti (Le Roi des truands dont la vedette est Ernest Borgnine) et Carmine Gallone (Carmen 63), en Espagne avec Carlos Saura (La charge des rebelles) et en Allemagne avec Wolfgang Staudte (L'Opéra de quat'sous).

Sous la direction de Georges Lautner, il est Fernand Naudin, malfaiteur rangé des voitures dans les Tontons flingueurs (1963) qui attire 3,3 millions de spectateurs et acquiert progressivement le statut de « film culte[16] ». Avec la même équipe, il interprète l'espion Francis Lagneau des Barbouzes (1964) et l'ancien gangster Antoine Beretto dans Ne nous fâchons pas (1966). Ces trois films policiers parodiques sont fréquemment diffusés à la télévision. Au total, Lino Ventura tourne dans quinze films dialogués par Michel Audiard.

Souvent cantonné dans des rôles musclés, il tente de s'en départir à la fin des années 1960.

Dans des rôles d'homme d'action, de policier ou de malfaiteur, il enchaîne les films à succès populaires pendant les années 60, sous la direction d'Henri Verneuil (Cent Mille dollars au soleil avec Belmondo et Bernard Blier, Le Clan des Siciliens avec Jean Gabin et Alain Delon), Robert Enrico (Les Grandes Gueules, où il donne la réplique à Bourvil, Les Aventuriers où il retrouve Alain Delon). Avec Jean-Pierre Melville, il incarne un truand luttant pour sa survie dans Le Deuxième souffle et un résistant dans L'Armée des ombres, d'après Joseph Kessel.

Il est reconnu comme l'un des meilleurs acteurs du cinéma français. Il excelle dans les rôles traditionnels de truand ou de policier vieilli, fatigué, ou de l'homme d'expérience sensible à l'amitié virile. Son jeu, assez proche de sa personnalité, s'exprime pleinement sous la direction de Jacques Deray (Avec la peau des autres, Un papillon sur l'épaule), de Jean-Pierre Melville (Le Deuxième Souffle, L'Armée des ombres), de Robert Enrico (Les Grandes Gueules, Les Aventuriers, Boulevard du rhum) et de Claude Pinoteau (Le Silencieux, La Gifle, L'Homme en colère, La Septième Cible). Il fait également des apparitions dans les films de ses amis Jacques Brel (Le Far West) et Raymond Devos (La Raison du plus fou).

Lino Ventura lors de la cérémonie des David di Donatello de 1974. Il tient le David Spécial reçu pour son interprétation dans le film La Bonne Année, ainsi que celui reçu par Françoise Fabian dans le même film.
En 1972, il tourne à Rome Cosa nostra, avec Charles Bronson.

En 1972, son rôle du mafieux (Vito Genovese) dans Cosa Nostra, de Terence Young, avec Charles Bronson dans le rôle du repenti Joe Valachi, lui vaut une reconnaissance internationale. Cependant, il refuse plusieurs rôles importants dans des films américains et sa filmographie ne compte que deux productions anglo-saxonnes : La Grande Menace (The Medusa Touch) et Vengeance (Sword of Gideon).

En 1975, le film Adieu poulet de Pierre Granier-Deferre où il joue un policier en rébellion contre le système et les manigances politiques, remporte un succès populaire avec près de 2 millions d'entrées[17].

Lors du tournage et durant la préparation, sa relation avec son jeune partenaire à l'écran est très positive : Lino Ventura insiste même auprès de la production sur le fait qu'il ne soit pas cité seul en haut de l'affiche mais que la mention soit : « Lino Ventura et Patrick Dewaere dans Adieu poulet »[18].

La critique d’Adieu poulet (1975) dans Le Point, qualifiant de « monstres sacrés » Dewaere autant que Lino Ventura, est flatteuse : « La rencontre Ventura-Dewaere restera dans les annales. Contre le vieux briscard, le poids coq tient crânement le coup : petit poulet deviendra grand »[19].

En Italie, lors du tournage du film Les Durs aux côtés d'Isaac Hayes, en 1973.

À partir des années 1980, Lino Ventura tourne moins, comme si son personnage du film de Jacques Deray, Un papillon sur l'épaule, tourné en 1978, où il joue Roland Fériaud, un homme de tous les jours manipulé par des forces obscures, avait changé sa carrière. Il a évoqué ce type de personnage, une victime manipulée, lors d'un entretien, pour décrire son rôle d'espion en sommeil dans Espion, lève-toi, tourné en 1981 : « C'est un type qui, à un moment donné, se retrouve seul, abandonné par ses amis, et par ses ennemis si je puis dire, parce que dans un sens, tout le monde s'arrange sur son dos […], ce sont des situations que j'affectionne particulièrement ». Comme aussi le personnage du général Carlo Alberto dalla Chiesa dans Cent Jours à Palerme (1984) qui tombe sous les balles de la mafia à laquelle il avait osé s'attaquer.

Lino Ventura (à gauche) et Max von Sydow en 1976 dans le film de Francesco Rosi Cadavres exquis.

Comme l'explique Claude Pinoteau, Lino Ventura est toujours très exigeant sur le choix de ses rôles. « Il n'aurait jamais accepté de jouer un personnage fourbe ou pervers. Il ne s'identifiait pas aux rôles qu'il interprétait ; ce sont eux qui devaient s'identifier à lui[20] ». Il explique devenir, avec le temps, de plus en plus perfectionniste et reconnaît que c'est « quelque chose d'assez intolérable pour les autres[21] ». Il discute le rôle, les dialogues, exige des changements. « On ne vient pas me voir avec un script terminé en disant : “Lisez ça, on tourne demain” ! Non, ça c'est pas possible, je ne l'ai jamais fait. ».

Ses derniers beaux rôles sont pour Garde à vue, de Claude Miller, en 1981, où il interprète l'inspecteur Gallien interrogeant un notable (Michel Serrault) suspecté d'assassinat[22], et pour Les Misérables, de Robert Hossein, sorti en 1982, où il incarne un Jean Valjean à la hauteur de ses prédécesseurs, Harry Baur et Jean Gabin. En 1987, il effectue une brève apparition dans La Rumba, par amitié pour Roger Hanin, sans vouloir être crédité au générique. C'est son dernier rôle.

Lino Ventura ne fait que deux incursions à la télévision : une apparition en Écossais dans Deux Romains en Gaule, de Pierre Tchernia, René Goscinny et Albert Uderzo, en 1967, et le rôle de Papa dans Vengeance (Sword of Gideon), coproduction nord-américaine réalisée par Michael Anderson, en 1986.

Lino Ventura, qui adore le théâtre, ne monte pourtant jamais sur une scène. Selon Bernard Blier, « il s'était convaincu qu'il était incapable d'en faire. Le Conservatoire, c'était pour lui un mot magique, la destinée ratée. À la place, il avait fait la guerre dans l'armée italienne[23] ». Lino Ventura expliquait : « Sur un plateau, je suis chez moi. Sur une scène… Je n'ai pas assez de courage pour me torturer. (…) D'ailleurs, soyons honnête, je ne suis pas un acteur, je ne suis ni Laurence Olivier, ni Robert Hirsch. Je ne suis qu'un comédien instinctif[24] ».

Rôles refusés[modifier | modifier le code]

Au sujet du choix de ses rôles, il déclare : « Quand on me parle d'un personnage à interpréter, je sais d'une façon immédiate si je peux le faire, si ça me convient ou si ça ne va pas ». Ainsi il refuse un rôle dans[12] :

Projets non aboutis[modifier | modifier le code]

Fin 1976, Gérard Oury et Danièle Thompson écrivent un scénario à son intention : L'Entourloupe. Lino Ventura y incarne un chef d'orchestre français qui arrive à New York et se trouve entraîné dans des aventures tragi-comiques au cours desquelles il est confronté à un policier américain. Pour incarner celui-ci, Oury sollicite Woody Allen, Al Pacino et Sylvester Stallone qui refusent, jugeant l'histoire trop déséquilibrée. Un déjeuner est organisé à Los Angeles avec Jack Nicholson, qui scandalise Lino Ventura en prisant de la cocaïne[31],[29]. Découragé par ces refus successifs et conscient du vice de forme dans la construction du scénario, Gérard Oury abandonne le projet.

En , le chanteur et compositeur François Deguelt souhaite se lancer dans la production cinématographique ; il achève un scénario intitulé Mourir à Brest, en confie la réalisation à Bernard Farrel et propose les rôles-titres à Lino Ventura et Patrick Dewaere, qui en ont accepté le principe, mais le film ne se fera pas[32].

En 1984, Lino Ventura part à Macao tourner La Jonque chinoise, un film de Claude Bernard-Aubert. Faute de financement, le tournage est interrompu après quatre semaines.

Le producteur Norbert Saada envisage en 1987 de faire un film sur le général Jeannou Lacaze, ancien directeur du renseignement au Service de documentation extérieure et de contre-espionnage (SDECE). Celui-ci serait incarné par Lino Ventura. Le journaliste Charles Villeneuve doit en écrire le scénario évoquant « la France et ses services secrets face à la vague terroriste ». Un déjeuner réunit Lino Ventura, Charles Villeneuve et les généraux Lacaze et Imbot au siège du SDECE. L'acteur se passionne pour le projet qui doit s'intituler Le Sphinx. Sa mort y mettra fin[24].

La tombe de Lino Ventura dans le cimetière du Val-Saint-Germain (2007).

En 1987, Lino Ventura était sur le point de commencer à travailler sur un film de Francesco Massaro adapté d'un roman de l'auteur italien Renato Olivieri : Maledetto Ferragosto, et dont il devait interpréter le personnage principal, le commissaire Ambrosio[33]. Le film sera finalement réalisé par Sergio Corbucci et sortira en 1988 sous le titre I giorni del commissario Ambrosio, Ugo Tognazzi reprenant le rôle du commissaire.

Mort[modifier | modifier le code]

Lino Ventura meurt le dans sa maison de Montretout à Saint-Cloud, d'une crise cardiaque[34],[3]. Il repose au cimetière du Val-Saint-Germain dans le département de l'Essonne.

Vie privée[modifier | modifier le code]

Particulièrement pudique, Lino Ventura est toujours parvenu à préserver sa vie privée. Son nom n'est jamais prononcé dans la presse « à scandale ». Il l'explique de façon simple : « De passer pour un ours, à un moment, ça arrange très bien les choses, comme ça on vous fout la paix et c'est fini »[21]. Il cultive l'amitié, notamment avec Georges Brassens, Jacques Brel, Jean Gabin, César, Claude Sautet ou José Giovanni. Les plaisirs de la table sont très importants pour lui : « La perspective de manger avec mes copains, c'est pour moi une fête. Être à table avec eux, c'est une véritable communion. »

Le , il épouse Odette Lucienne Le Comte[5] (morte le à Trélazé[35],[10]), son amour de jeunesse, rencontrée en 1935 dans l'agence de voyages où il travaillait. Ils auront quatre enfants[3] : Mylène (1946-1998, morte dans un accident d'avion[36]), épouse de Claude Lasserre, fils de René Lasserre (1912-2006), Laurent (1950-2022)[37], Linda en 1958 et Clélia en 1961 (auteure et scénariste)[4]. Peu présent auprès de sa famille à cause des tournages qui s'enchaînent, il lui consacre néanmoins son mois de juillet chaque année au cap Ferret (Gironde)[38].

Leur fille Linda, victime d'un problème à sa naissance, est restée handicapée mentale[39]. Découvrant le manque de structures d'aide et d’accueil pour les enfants handicapés, Lino et Odette Ventura créent en 1966, à la suite de l'appel du [40], l'association caritative Perce-Neige, devenue une fondation en [41] à Saint-Cloud (Hauts-de-Seine), où ils vivaient, consacrée à « l'aide à l'enfance inadaptée » en apportant son soutien aux associations existantes travaillant dans le domaine du handicap, et en sensibilisant les pouvoirs publics aux besoins des enfants handicapés et de leurs familles. Leur maison d'époque napoléonienne de Saint-Cloud est rachetée par Jean Dujardin et Nathalie Péchalat en 2016[12].

L’année 1975 marque la première victoire de l’association avec la publication de la loi d'orientation en faveur des personnes handicapées[42] et de la loi no 75-535 du relative aux institutions sociales et médico-sociales[43]. En 1976, l'association Perce-Neige est reconnue d'utilité publique, et six ans plus tard, la première maison Perce-Neige ouvre ses portes à Sèvres. Malgré la disparition de Lino Ventura, Perce-Neige poursuit sa mission et participe à la création d'établissements en France, au nombre de trente-neuf en 2023[44].

Sa fille Clélia a écrit plusieurs ouvrages sur son père. Lino Ventura n'a jamais retrouvé son père, disparu en 1927. Néanmoins, l'acte de mariage de Lino et Odette Ventura, daté du , mentionne que le père réside en Italie à Sorrente[5].

En 2019, Yanou Collart, qui fut attachée de presse dans les années 1960-1990, publie ses souvenirs[29]. Elle y évoque longuement sa liaison amoureuse avec Lino Ventura de 1972 à 1982.

Lino Ventura n'a jamais manifesté publiquement d'engagement politique, expliquant la nécessité de cette neutralité par sa qualité d'étranger en France[45]. Il avait en effet conservé la nationalité italienne, ne souhaitant pas « renier sur un bout de papier avec une signature la terre où [il était] né »[21].

Filmographie[modifier | modifier le code]

Icône signalant une information Sauf indication contraire ou complémentaire, les informations mentionnées dans cette section peuvent être confirmées par la base de données IMDb.

Cinéma[modifier | modifier le code]

Années 1950[modifier | modifier le code]

Années 1960[modifier | modifier le code]

Années 1970[modifier | modifier le code]

Années 1980[modifier | modifier le code]

Télévision[modifier | modifier le code]

Box-office[modifier | modifier le code]

Lino Ventura est un des acteurs les plus populaires de son époque[47].

Durant sa carrière, de 1954 à 1987, il tourne soixante-quinze longs métrages[48], réunissant un total de 130,2 millions d'entrées en France[49],[50], dont plus de 89 millions pour les films dans lesquels il tient un rôle principal[49]. Cinquante-deux des soixante-quinze films auxquels il a participé cumulent entre un million et plus de quatre millions d'entrées[49], son meilleur résultat au box-office français étant atteint avec Un taxi pour Tobrouk (4,9 millions d'entrées en 1961)[49].

Hommages[modifier | modifier le code]

La place Lino-Ventura, dans le 9e arrondissement de Paris (2010).
  • En 1970, Lino Ventura est caricaturé en centurion Aérobus dans l'album de bande dessinée Astérix - La Zizanie, de Goscinny et Uderzo.
  • Le , Lino Ventura préside la 2e cérémonie des César, succédant à son ami Jean Gabin, mort trois mois auparavant.
  • En 1980, le sculpteur Daniel Druet réalise un buste de plâtre de Lino Ventura lors d'une séance de pose dans les locaux du musée Grévin[51],[52].
  • Le , quatre mois après sa mort, Lino Ventura reçoit un hommage à la 13e cérémonie des César.
  • Dans la ville d'Ozoir-la-Ferrière, en Seine-et-Marne, un lycée professionnel porte son nom depuis 1989 ; un choix des élèves de la première promotion qui ont souhaité mettre en valeur la fondation Perce-Neige, créée à l'initiative de l'acteur et de son épouse[53].
  • En 1992, le théâtre Lino Ventura à Nice a été inauguré. Depuis, il a une programmation variée dont beaucoup de spectacles musicaux et de danses, dans le registre actuel.
  • En 1999, lors d'une cérémonie en présence de son épouse, son nom est donné à une place créée au croisement de la rue des Martyrs et de l'avenue Trudaine, dans le 9e arrondissement de Paris.
  • En 2003, Parme, sa ville natale, lui rend hommage en donnant son nom au centre du cinéma de la commune : Centro cinema Lino Ventura.
  • La nouvelle salle du cinéma Louis Delluc, au Buisson-de-Cadouin, inaugurée en 2018 en présence de son petit-fils Christophe Lasserre-Ventura, président de la fondation Perce-Neige, porte le nom de salle Lino Ventura.

Distinctions[modifier | modifier le code]

Récompenses[modifier | modifier le code]

Nomination[modifier | modifier le code]

Décoration[modifier | modifier le code]

Œuvre humanitaire[modifier | modifier le code]

Notes et références[modifier | modifier le code]

Notes[modifier | modifier le code]

  1. Raccourcissement de son prénom Angiolino.

Références[modifier | modifier le code]

  1. Pascal Ory, Dictionnaire des étrangers qui ont fait la France, Robert Laffont, , p. 1107.
  2. « Lino Ventura - la vie du fondateur de Perce-Neige », sur Perce-Neige│Fondation d'aide aux personnes handicapées (consulté le )
  3. a b c et d Les Gens du cinéma, « Fiche de Angiolino Joseph Pascal Ventura, alias Lino Ventura », ses prénoms de naissance ont été traduits en français sur ce site : Giuseppe est devenu Joseph, Pasquale est devenu Pascal ; le nom de jeune fille de son épouse est orthographié à tort en un seul mot Lecomte, sur www.lesgensducinema.com (consulté le ) : « 
    père de Milène, Laurent, Linda et Clélia Ventura
    fils de Giovanni Ventura et Luisa Borrini
    Décès : 22 octobre 1987
    Lieu : Saint-Cloud (92-France)
    Cause : d'une crise cardiaque
    Acte de décès no 545/1987, inhumé au cimetière du Val-Saint-Germain (91) »
  4. a b et c Jacques Lafitte et Stephen Taylor, Qui est qui en France, J. Lafitte, , p. 1535.
  5. a b c d e et f « Archives de Paris, actes de mariage enregistrés par la mairie du 16e arrondissement, vue 6/32, acte no 18 Ventura Le Comte », sur archives.paris.fr (consulté le ) : « 
    Le huit janvier mil neuf cent quarante deux […] devant nous ont comparu publiquement […] Angiolino Joseph Pascal Ventura, employé de bureau […] domicilié à Paris, 20 rue Baudin, fils de Giovanni (Jean) Ventura, sans profession, domicilié à Sorrento (Italie) et de Louise Borrini, son épouse, sans profession, domiciliée à Paris, 20, rue Baudin […] Et Odette Lucienne Le Comte, vendeuse, née à Paris (16e) le […] domiciliée à Paris, 36 rue Hamelin […] »
  6. « Ventua Lino (acteur italien) », le site indique comme date d'arrivée en France le alors qu'il mentionne 1927 comme année de départ d'Italie, ce qui est une erreur manifeste, sur bd-cine.com (consulté le )
  7. Philippe Durant, Lino Ventura, éditions First, , p. 8.
  8. a b et c Cassati 2012, 1 - Une enfance parmesane.
  9. a et b Studio Ciné Live, « Lino Ventura, 25 ans déjà », sur L'Express, (consulté le ).
  10. a et b « Mort d'Odette Ventura, veuve de Lino Ventura et co-fondatrice de Perce-Neige », sur Le Parisien, (consulté le ).
  11. Cassati 2012, p. 12.
  12. a b c d et e Olivier Rajchman, « Lino Ventura : 10 choses à savoir sur l'un des acteurs préférés des Français », sur telestar.fr, (consulté le ).
  13. Cassati 2012, p. 11.
  14. Signé : Lino Ventura, op. cité, p.23.
  15. a et b blog.
  16. Franck Nouchi, « Georges Lautner, le père des "Tontons flingueurs", est mort », Le Monde,‎ (lire en ligne)
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  18. Marc Esposito, Mémoires d'un enfant du cinéma, Paris, Robert Laffont, , 552 p. (ISBN 978-2-221-23931-5), p. 225
  19. « Adieu Poulet », Fiche de film, sur dewaere.online.fr (consulté le ).
  20. Claude Pinoteau, Merci la vie ! : aventures cinématographiques, Paris, Le cherche midi, , 388 p. (ISBN 2-7491-0455-6), p. 254
  21. a b et c « Spécial cinéma - Gros plan sur Lino Ventura », sur Archives de la Radio Télévision Suisse, (consulté le )
  22. Thomas Clay, « Du « présumé innocent » au « présumé coupable » », sur Mediapart (consulté le )
  23. Daniele Georget, « Bernard Blier : "Quel plaisir quand il me tapait dessus. Il faisait ça si bien !" », Paris Match,‎
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Voir aussi[modifier | modifier le code]

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Articles connexes[modifier | modifier le code]

Bibliographie[modifier | modifier le code]

Ouvrages bibliographiques complémentaires[modifier | modifier le code]

Documentaires[modifier | modifier le code]

  • Lino Ventura, la part intime [Production de télévision - Documentaire], Philippe Kohly (réalisateur), INA (producteur) (Arte. Consulté le .

Liens externes[modifier | modifier le code]