Citrus ×paradisi

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Le Pomélo[1] ou Pomelo[2] (Citrus ×paradisi Macfad., synonyme Citrus paradisi), ou fruit défendu (Guadeloupe et Martinique)[3] ou encore chadègue (cajun)[4], souvent appelé à tort « pamplemousse »[2],[5], est un arbre fruitier de la famille des Rutaceae. Il s'agit d'un hybride naturel de Citrus maxima et de l'oranger, Citrus sinensis, mais il existe plusieurs cultivars dont l'usage diffère selon les caractéristiques. Son fruit est un agrume largement commercialisé, entier ou en jus. Il est souvent confondu avec celui du pamplemoussier dont il a hérité la taille importante et un peu de l'amertume, mais sans la peau épaisse ni les nombreux pépins. Ce Citrus nécessite un bon ensoleillement afin de limiter l'acidité des fruits. C'est la Floride qui en est le premier producteur mondial.

Appellation

Le fruit de Citrus ×paradisi est un agrume nommé « pomélo », notamment par les botanistes, tant en Europe qu'en Amérique du Nord[1],[6].

Les termes « pamplemousse » et « grape-fruit », largement utilisés comme noms vernaculaires ou commerciaux au sein de la francophonie, en particulier dans l'expression « jus de pamplemousse », apparaissent comme étant des synonymes de « pomélo » selon certaines sources[6]. D'autres sources indiquent néanmoins que l'utilisation du terme « pamplemousse » pour désigner cet hybride est un abus de langage, par confusion avec le nom de l'une des deux espèces souches[1],[7],[8] et que le terme « grape-fruit » est un anglicisme[9].

Noms scientifiques synonymes [10]:

  • Citrus paradisi
  • Citrus sinensis x Citrus maxima
  • Citrus sinensis x Citrus grandis

Origine

C'est en 1693 que des semences de l'énorme citrus vert Citrus maxima furent introduites à la Barbade par le capitaine anglais Shaddock, mieux dit Shattuck[11], qui y fit escale sur son retour en Angleterre du port de Batavia (capitale de l'Indonésie durant l'occupation néerlandaise, aujourd'hui Jakarta). Le nom que connaissaient les marins en Asie était Batavi Nibu[12] (Batavia lime). C'est ainsi que le fruit fut connu dans le nouveau monde sous le nom de Shaddock. Certains marins néerlandais ont utilisé le terme pompelmoes mais ce mot est presque inexistant de la littérature des XVIIIe, XIXe et XXe siècles puisqu'il est utilisé presque exclusivement par ces marins néerlandais. Le terme pommelo (notez deux m) était aussi d'usage rare et seulement par les visiteurs.

Dès 1750, la version moderne Citrus ×paradisi s'était répandue au-delà de la Barbade et se retrouvait, en format plus petit que le Shaddock, dans une grande part des Caraïbes et des Bahamas, où on l'appelait « Smaller Shaddock » ou «Forbidden Fruit» [13]. À cette époque, en Jamaïque, un autre hybride du fruit, le «Ugli», était plus populaire parce qu'il était plus sucré.

Grappe de fruits de Citrus ×paradisi sur un arbre, au Jardin botanique de Varsovie.

En 1823 ou 1824, le comte Odet Philippi, qui le découvrit aux Bahamas où il était emprisonné par les Anglais après la bataille de Trafalgar, l'introduit à Safety Harbor près de Tampa en Floride. En Floride, le fruit se répandit naturellement. C'est à cette époque qu'il prit le nom de « grapefruit » dû à l'apparence de ces grosses grappes dorées.

En 1837, le botaniste James Macfadyen, écrivit dans «Flora of Jamaica» que Citrus paradisi Macf. provenait d'une mutation de Citrus maxima. Ce n'est qu'en 1948 que les spécialistes en agrumes ont conclu qu'il s'agissait en fait d'un hybride spontané Citrus ×paradisi (Citrus maxima × Citrus sinensis).

En 1870, John A. MacDonald, de Orange County, FL, vit chez des voisins cet arbre éblouissant aux fruits dorés se présentant en grappes et en fit l'achat. Il fut le premier à en faire la culture. La première cargaison fut envoyée à New York en 1885 : ce fut un succès et marqua le début de son commerce. Durant la première moitié du XIXe siècle, on trouvait surtout le cultivar 'Duncan' (beaucoup de pépins). C'est en 1860 que Marsh développa son propre cultivar aux pépins plus petits. À la fin du XIXe siècle, le fruit s'était répandu vers l'ouest américain où d'autres mutations lui ont permis d'endurer le froid. C'est ainsi qu'au Texas est apparu le 'Red Ruby', et d'autres variétés de rosés.

Au XXe siècle, certains horticulteurs ont clamé à plusieurs reprises qu'une amélioration du nom était de mise et ont suggéré le nom « Pomelo » (notez le m seul), mais le consensus était que cela créerait confusion avec le Pommelo (notez deux m) alors le nom est demeuré inchangé « grapefruit » ou « fruit en grappe ».[précision nécessaire]

En 1940, Citrus ×paradisi était un des fruits les plus populaires et communs aux États-Unis et l'export a commencé.

À partir de 1960, sa culture intensive est entreprise en Israël, à destination du marché européen[14].

Description

Le fruit atteint de 8 à 15 cm de diamètre et pèse entre 300 et 600 grammes. Son écorce, plutôt mince, est jaune ou rose. Sa chair, très juteuse, est jaune et amère pour la variété Duncan, ou rose, plus sucrée et sans amertume pour les variétés Ruby ou Sunrise. Comme le pamplemousse, le pomélo doit son amertume au naringoside (hétéroside flavonique).

Valeur nutritive cru
(pour 100g)

eau: 90,89 g cendres totales: 0,31 g fibres: 1,1 g valeur énergétique: 32 kcal
protéines: 0,63 g lipides: 0,10 g glucides: 9,50 g sucres simples: 6,98 g
oligo-éléments
calcium: 12 mg fer: 0,09 mg magnésium: 8 mg phosphore: 8 mg
potassium: 139 mg cuivre: 0,047 mg sodium: 0 mg zinc: 0,07 mg
vitamines
vitamine C: 34,4 mg vitamine B1: 0,036 mg vitamine B2: 0,020 mg vitamine B3: 0,250 mg
vitamine B5: 0,283 mg vitamine B6: 0,042 mg vitamine B9: 0 µg vitamine B12: 0,00 µg
vitamine A: 927 UI rétinol: 0 µg vitamine E: 0,13 µg vitamine K: 0,0 µg
acides gras
saturés: 0,014 g mono-insaturés: 0,013 g poly-insaturés: 0,024 g cholestérol: 0 mg

Cultivars

Il existe à présent de nombreuses variétés et hybrides[15].

Les cultivars à chair acide sont utilisés pour faire des jus, tandis que les cultivars à chair douce sont principalement consommés nature, à la cuillère, après avoir été coupés en deux. Ils peuvent également être utilisés en cuisine, ou comme condiment en remplacement du citron.

Production

Aujourd'hui, il est principalement cultivé aux États-Unis, en Israël, en Afrique du Sud et en Argentine. La production annuelle se situe dans les quelque cinq millions de tonnes, le premier producteur mondial étant la Floride.

L'arbre peut supporter les températures faiblement négatives (-7 °C) mais la saveur du fruit est plus acide lorsque l'ensoleillement est faible. En France, on peut le cultiver dans les régions littorales ; le fruit se récolte alors entre novembre et mars.

Usage médical et risques

Citrus ×paradisi peut provoquer des interactions médicamenteuses[16],[17]. En effet, le fruit et son jus peuvent diminuer ou, à l'inverse, augmenter la libération de certains médicaments dans le sang, ce qui peut causer des réactions indésirables et parfois graves[18].

Selon les recommandations du Fonds mondial de recherche contre le cancer[19] pour réduire le risque de cancer, le lycopène contenu dans Citrus ×paradisi (mais aussi dans d'autres fruits, dont la tomate) aurait un effet protecteur contre le cancer de la prostate.

Mais les furanocoumarines qu'il contient perturbent l'assimilation de nombreuses molécules de médicaments avec risque de surdosage[16],[17]. Citrus ×paradisi est un inhibiteur des cytochromes 3A4 (enzyme). Ainsi, toute molécule (médicament) substrat de l'isoenzyme 3A4 verra sa concentration dans le sang augmenter à divers degrés, pouvant provoquer un surdosage potentiellement dangereux, selon le médicament impliqué[20]. De très nombreux médicaments sont concernés[21],[22]. Parmi ceux-ci : les statines contre le cholestérol, les benzodiazépines (anxiolytiques et somnifères), les immunodépresseurs (contre le rejet de greffe et le traitement de certaines maladies immunitaires), les inhibiteurs calciques (substances utilisées pour traiter l'hypertension et des troubles cardiaques), l'indinavir (Crixivan, traitement du VIH) ou encore la carbamazépine (Tegretol, traitement de l'épilepsie et du trouble bipolaire)[16],[17],[23]. Les effets indésirables observés peuvent être graves : destruction musculaire (rhabdomyolyse), insuffisance rénale aiguë, tremblements invalidants, chocs hémorragiques, avec « parfois une évolution mortelle »[16],[17]. Les effets de l'interaction sont particulièrement importants pour les médicaments dont la marge entre la dose efficace et la dose toxique est étroite ou quand le médicament expose à des effets secondaires graves qui dépendent de la dose[23].

L'extrait de pépin de pamplemousse est commercialisé, principalement aux USA, comme un puissant antibiotique naturel. Toutefois, aucune étude ne confirme ses propriétés.

Culture

Les pamplemousses et les pomélos sont susceptibles de produire une fleur dès leur première ou deuxième année après semis. Il s'agit d'un bourgeon terminal simple, et il peut produire un fruit (il faut alors placer un tuteur pour éviter que le plant ne s'effondre sous le poids du fruit). Après cette première fleur simple, les plants reviennent à leur état juvénile et prendront les années habituelles avant de refleurir.[réf. nécessaire]

Notes et références

  1. a b et c Voir les entrées du TLFi : pomélo et pamplemousse, et les entrées du Grand dictionnaire terminologique : pomélo et pamplemousse
  2. a et b Page 20 Cahier des charges de l’indication géographique protégée «Pomelo de Corse» homologué par arrêté du 14 septembre 2012
  3. Fiche Citrus x paradisi, Guadeloupe-Martinique. Sur le site Tela botanica. Consulté en novembre 2012.
  4. Amanda Lafleur, Benjamin Forkner, « A Cajun French-English Glossary », sur Louisiana State University (consulté le )
  5. Christine Virbel-Alonso, Citron et autres agrumes: Un concentré d'astuces pour votre maison, votre santé, votre beauté. Concentré de bienfaits ! Eyrolles, 2011. (ISBN 2212028687), 9782212028683. Page 14.
  6. a et b Larousse, « pomelo » (consulté le )
  7. Encyclopedia Universalis (édition de 1995 (ISBN 2852292904) ).
  8. Le Robert quotidien – Dictionnaire pratique de la langue française, 1996.
  9. Le Petit Robert, 2008
  10. (en) Référence NCBI : Citrus x paradisi (taxons inclus)
  11. Memorials Of The Descendants Of William Shattuck, Lemuel Shattuck Dutton & Wentworth, Boston, 1855. pp 8 - 14
  12. A Glossary of Colloquial Anglo-Indian Words and Phrases: Hobson-Jobson By C. Burnell a., Henry Yule
  13. botaniste français, Chevalier de Tussac, 1820
  14. Fiche descriptive Cédrat - Pomelo - Pamplemousse par l'INRA, document pdf en accès libre sur le site INRA Corse.
  15. (en) « Grapefruit Citrus × paradisi », Citrus Pages (consulté le )
  16. a b c et d « Pamplemousses : des interactions avec les médicaments », Prescrire, no 347,‎ , p. 674-679
  17. a b c et d AFP, « Le pamplemousse déconseillé avec de "nombreux médicaments", selon une revue », sur AFP,
  18. Fiche sur hc-sc.gc.ca
  19. recommandations du Fonds mondial de recherche contre le cancer émises en 2007 à partir du second rapport « Food, Nutrition, Physical Activity, and the Prevention of Cancer: a Global Perspective » (2007) réalisé durant 5 ans par un panel de 21 experts scientifiques qui ont évalué les résultats d’environ 7 000 études mondiales publiées depuis 50 ans, choisies comme plus pertinentes, parmi 22 000 préalablement retenues sur 500 000
  20. Bailey DG, Malcolm J, Arnold O, Spence JD, Grapefruit juice-drug interactions, Br J Clin Pharmacol, 1998;46:101–110
  21. Tableau P-450, voir section CYP3A4 du tableau (archive Wikiwix).
  22. Jus de pamplemousse et médicaments
  23. a et b « Le pamplemousse à éviter avec des dizaines de médicaments », sur Psychomédia,

Liens externes

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