Circus Maximus

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Circus Maximus
Image illustrative de l’article Circus Maximus
Le Circo Massimo aujourd'hui

Lieu de construction Vallée de la Murcia
Date de construction Début vers le
VIe siècle av. J.-C.
Ordonné par Tarquin l'Ancien
Type de bâtiment Cirque romain
Le plan de Rome ci-dessous est intemporel.
Carte de la Rome antique montrant la localisation de Circus Maximus.
Circus Maximus
Localisation du Circus Maximus dans la Rome antique (en rouge)

Coordonnées 41° 53′ 10″ nord, 12° 29′ 09″ est
Liste des monuments de la Rome antique
Obélisque d'Auguste
Obélisque de Constance II
Tour, à l'extrémité est du Circus Maximus
Aujourd'hui, avec le Capitole en fond
Plan du cirque
Les derniers restes, au sud-est de l'édifice
Course de chars, par Albert Kuhn (1913)
Jean-Léon Gérôme - Le Martyr des premiers chrétiens (1883)

Le Circus Maximus, Grand Cirque ou parfois cirque Maxime (en italien, Circo Massimo) est un immense édifice public de Rome, situé dans la vallée de la Murcia entre le Palatin et l'Aventin, où étaient organisées des courses de chars. C'est le plus vaste et le plus ancien hippodrome de Rome. De nos jours, il se trouve dans le rione de Ripa et reste le théâtre de grands rassemblements (concerts, etc.).

Circus Maximus signifie en latin : «  le plus grand cirque ». Selon Pline, il pouvait accueillir environ 250 000 spectateurs[1], et plus encore dans ses dimensions maximales, atteintes au IVe siècle, où les catalogues des Romains citent le chiffre de 385 000 spectateurs[1], ce qui en fait de loin le plus grand édifice de spectacles sportifs de l'Histoire.

Le Circus Maximus, plan de Rome de Paul Bigot, université de Caen

Il a été plusieurs fois rebâti et élargi après avoir été ravagé par des incendies, notamment celui de 64 sous l'empereur Néron.

Histoire

Sous le règne de Tarquin l'Ancien, vers le VIe siècle av. JC, ont lieu les premiers aménagements supposés du Circus Maximus à l’emplacement où, depuis Romulus, se seraient déroulés les rites et les jeux sacrés en l’honneur du dieu Consus et appelés Consualia. C’est précisément au cours de l’un d’eux que serait survenu l'enlèvement des Sabines auquel les Romains, selon la légende, se seraient livrés pour entreprendre l’accroissement démographique de la ville. Les Étrusques y pratiquaient les courses attelées et montées, et les premiers jeux romains (Ludi Romani). L'endroit fut utilisé pour les divertissements publics par les rois étrusques de Rome. Rome ne compta pas moins de douze cirques, dont le Circus Maximus est le plus ancien.

En 329 av. J.-C., sous la République, il est équipé de douze carceres (stalles de départ), ainsi que de tribunes en bois. Au IIe siècle av. J.-C., le cirque fut l'emplacement de jeux publics et de festivals influencés par les Grecs. En 174 av. J.-C., les censeurs Aulus Postumius Albinus et Quintus Fulvius Flaccus reconstituèrent les stalles de départ, mirent en place les sept omphales (œufs, compte-tours, qui devinrent permanents), et réaménagèrent le site. En 55 av.J.-C., Pompée fit combattre 20 éléphants dans le cirque et mit en place une balustrade de fer pour protéger les spectateurs.

En 46 av. J.-C., Jules César, pour satisfaire les demandes de la population romaine, ordonna un réaménagement important du cirque : les gradins (cavea) sont désormais dotés de fauteuils pour tous les spectateurs, même si les dernières rangées sont encore en bois, et le cirque est agrandi : ses dimensions « canoniques » atteignaient finalement 600 mètres de long sur 200 de large pour 250 000 spectateurs. À l'image de l'aménagement de Pompée, Jules César mit en place une protection plus efficace des spectateurs en creusant un fossé entre l'arène et les sièges. En 33 av. J.-C., Marcus Vipsanius Agrippa mit en place, sur la spina, sept dauphins (compte-tours). Deux ans plus tard, le cirque fut ravagé par un incendie.

Tout au long du Ier siècle, le Circus Maximus est en travaux pour modernisation, mais aussi pour réparer les dégâts occasionnés par plusieurs incendies. Vers 10, l'empereur Auguste fait ériger le premier obélisque de l'hippodrome. Cet obélisque de Ramsès II d'Héliopolis en Égypte est aujourd'hui à nouveau érigé sur la piazza del Popolo. Le Circus Maximus contenait vers le Ier siècle ap. J.-C. jusqu’à 150 000 spectateurs. Un grand portique à 3 étages supportait les gradins où deux loges spéciales furent aménagées : une pour l’empereur et une autre réservée au mécène qui finançait les jeux. Au milieu du Ier siècle, l'empereur Claude fut le premier à bâtir partiellement les tribunes en pierre. Néron protégea les spectateurs des bêtes sauvages par une barre ronde continue de bois, couverte d'ivoire, ne laissant aucune prise aux animaux. En 64, le grand incendie de Rome se déclenche dans les boutiques du Palatin attenantes au cirque. Il ravagea entièrement le cirque, et les gradins et tribunes furent reconstruits entièrement en pierre et en marbre. En 81, le Sénat fit construire une voûte triple honorant l'empereur Titus : Arc de Titus. À la fin du Ier siècle, l'empereur Domitien relia son nouveau palais sur le mont Palatin au cirque pour que la famille impériale puisse regarder les courses depuis le palais.

Au IIe siècle, après un nouvel incendie, l'empereur Trajan fit reconstruire l'édifice, ajouta encore 5 000 sièges, et agrandit la loge impériale. Ainsi, il porta le nombre de spectateurs, grâce à des travaux d’agrandissement, à 155 000. C’est dans ce cirque que se déroulaient les courses de chars qui constituaient l’un des spectacles favoris des foules romaines. En 354, après la multiplication des Jeux, ludi (jours réservés aux compétitions sportives) à Rome, 109 jours leur sont désormais consacrés chaque année, dont 62 pour les seules courses de chars ; 20 à 24 courses avaient lieu chaque jour. En mai 357, l'empereur Constance II fit transporter un second obélisque monolithe de 33 mètres (le plus grand de tous, haut comme un immeuble de dix étages) : l'obélisque, venu de Karnak, taillé dans du granite rose de Syène (Assouan) sous le règne de Thoutmôsis IV (-1401 / -1390) a été déplacé à Rome en 323 : obélisque du Latran. En 549 eut lieu la dernière course, après laquelle le Circus Maximus fut abandonné et tomba en ruine.

Au cours du Moyen Âge, les pierres et les marbres des gradins et tribunes furent progressivement réemployés dans la construction des divers églises et palais. Après la Renaissance, il ne restait presque plus rien de la grande construction.

En 1587, l'obélisque de Constance II est dégagé. Brisé en trois morceaux, il est transporté et réassemblé en 1588 sur la Place de Saint-Jean-de-Latran ; l'obélisque d'Auguste est à son tour érigé sur la piazza del Popolo en 1589.

Aujourd'hui

Il ne subsiste aujourd'hui de l'édifice que des éléments de maçonnerie (une petite partie des tribunes dans le coin sud-est du cirque) et une large étendue qui marque tout l'emplacement du monument. Des fouilles sont en cours dans la partie sud, dans le but de dégager les vestiges de gradins découverts récemment.

Le Circus maximus reste à ce jour la plus vaste enceinte sportive que le monde ait connue.

Les deux obélisques existent toujours aujourd'hui : sur la Piazza del Popolo (obélisque d'Auguste), et sur la place Saint-Jean de Latran (obélisque de Constance II).

La vallée herbeuse que forme aujourd'hui le Circo Massimo est utilisée pour de grands événements : concerts (jusqu'à 500 000 spectateurs pour le concert de Genesis le 14 juillet 2007), rassemblement après la victoire de l'Italie à la Coupe du monde de football de 2006 (1 million de personnes), séances de cinéma géant en plein air, etc.

Architecture

Situé au pied du Palatin, le Grand Cirque s’étend selon un plan très allongé, qui occupe pratiquement toute la vallée située entre le Palatin et l’Aventin. Le Circus Maximus suit un plan oblong d'environ 600 mètres de long et 80 à 200 mètres de large, selon l'endroit, et couvre 120 000 m2 (soit la superficie de 18 terrains de football). L'arène mesurait quant à elle 568 mètres de long, et sa largeur variait selon l'endroit : 75 mètres aux carceres, 84 mètres au début de la spina, et 87 à son extrémité est. La spina était longue de 344 mètres.

À l’intérieur de l’enceinte, un mur peu élevé, la spina, orné d’obélisques, de statues et d’un portique, la coupait en deux dans sa longueur, déterminant ainsi une piste allongée où s’élançaient les chars. À son extrémité arrondie, l’enceinte du cirque abritait les écuries et les remises, tandis que l’autre côté s’ornait de la porte triomphale, réservée à la sortie des vainqueurs. Il se présente comme un immense bassin presque entièrement enterré. Son sol recèle d’authentiques trésors archéologiques.

La cavea (gradins) avait une largeur de 27 mètres, mais elle augmenta beaucoup par des constructions établies au-dessus des rues côtés sud et nord. Les gradins du bas sont en marbre, les autres en bois.

Le Circus Maximus pouvait accueillir (selon les époques) de 140 000 à 250 000 personnes. Ses limites maximales furent atteintes au IIIe siècle.

À l'extrémité ouest étaient les douze carceres (stalles de départ). Ces installations furent mises en place afin d'éviter que les attelages ne volent le départ.

L'extérieur de l'édifice présentait, comme le Colisée, trois étages, mais entièrement couverts de marbre. La cavea fut divisée en trois zones de sièges, séparées par des couloirs.

Obélisques

L'obélisque d'Auguste fut érigé vers l'an 10 av. J.-C. sur la spina du Circus Maximus où un autre obélisque, celui de Constance II, sera implanté en 357. Puis on perd leur trace : on constate qu'ils tombèrent ou furent renversés tous deux à une date inconnue.

Autel de Consus

L'autel de Consus était situé près de l'extrémité est de la spina, où d'autres tombeaux semblent avoir existé.

Arc de Titus du Circus Maximus

Il formait une voûte triple et servait d'entrée monumentale du côté est de l'édifice.

Jeux du cirque

Le départ des courses était donné d'une tribune, le pulvinar (loge impériale), où se tenait l'organisateur des courses. Ce magistrat donnait le signal du départ, en lançant une étoffe blanche : la mappa. La course devait faire sept tours de piste soit environ 7,5 km.

Les jeux commencent par la pompa, procession (ou défilé) qui va du Forum Romanum au Circus Maximus. Les participants au défilé sont : le magistrat, les soldats, les auriges (cochers), les danseurs, les musiciens, les prêtres, etc.

Les prêtres déposent les statues des dieux sur le pulvinar (« coussin »), tribune réservée aux dieux et à l’empereur.

Les jeux comprenaient de la voltige, des danses pyrrhiques (guerrières), des courses de chars (pour chaque course, douze attelages étaient au départ dans les stalles ; les chars étaient tirés par deux chevaux pour les « biges », quatre pour les « quadriges » et jusqu'à dix pour les « decemjuges » ; les cochers étaient souvent des esclaves), et des combats de gladiateurs (avant la construction de l'amphithéâtre de Statilius Taurus et surtout du Colisée, mais ils étaient rares, se déroulant plus généralement sur le Forum Romanum).

Symboles

Symbolique des 4 équipes de 3 attelages :

  • Blanc : le peuple : l’air, l’hiver, Jupiter;
  • Vert : l’empereur : la terre, le printemps, Vénus;
  • Rouge : l’opposition : le feu, l’été, Mars;
  • Bleu : l’aristocratie : l’eau, l’automne, Neptune.

La course représente la course du soleil ou la course du char d’Apollon, d’est en ouest (lever/coucher du soleil).

  • 12 carceres = 12 mois de l’année = 12 constellations.
  • 7 tours = 7 jours de la semaine = 7 planètes du système de Ptolémée.

Le compte-tours comporte sept dauphins (en souvenir du dauphin qui a ramené Apollon de l’île de Plépos à Delphes) ou sept omphales (œufs, probablement de bronze). L’œuf tombé du ciel à Delphes était désigné comme le centre de l’univers.

Autres « jeux »

Avant la construction du Colisée, les spectacles, comme les chasses, avaient lieu au Circus Maximus, à l'exception des combats de gladiateurs qui se déroulaient généralement sur le forum. Aussi le Circus Maximus fut-il longtemps le seul cirque de tout l'empire doté d'un fossé entre la piste et les gradins, afin de protéger le public des bêtes fauves souvent à l'honneur dans les spectacles romains.

Notes et références

  1. a et b Filippo Coarelli, Guide archéologique de Rome, p. 224

Voir aussi

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Bibliographie

  • Document utilisé pour la rédaction de l’article Filippo Coarelli, Guide archéologique de Rome, 1991, p. 225-228 (ISBN 2-01-235428-9)
  • Jean-Paul Thuillier, Le Sport dans la Rome Antique, Paris, Errance, 1997
  • J.H. Humphrey, Roman circuses. Arenas for chariots-racing, Berkeley, 1996

Liens externes