Château de Franconville

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Château de Franconville
Image illustrative de l’article Château de Franconville
Période ou style Classicisme
Architecte Gabriel-Hippolyte Destailleur
Début construction 1876
Fin construction 1890
Propriétaire initial Duc de Massa
Destination initiale Résidence principale
Propriétaire actuel conseil d'administration du centre hospitalier de Carnelle
Destination actuelle abandon
Protection Logo monument historique Inscrit MH (1987)
Coordonnées 49° 06′ 23″ nord, 2° 20′ 04″ est[1]
Pays Drapeau de la France France
Région Île-de-France
Département Val-d'Oise
Saint-Martin-du-Tertre (Val-d'Oise) Saint-Martin-du-Tertre
Géolocalisation sur la carte : France
(Voir situation sur carte : France)
Château de Franconville
Géolocalisation sur la carte : Île-de-France
(Voir situation sur carte : Île-de-France)
Château de Franconville
Site web http://www.chateausmt.com/

Le château de Franconville-aux-Bois, situé à Saint-Martin-du-Tertre dans le Val-d’Oise (France), est une copie du château de Maisons-Laffitte dont François Mansart fut l'architecte.

Construit au XIXe siècle, il a été inscrit monument historique par arrêté du 4 décembre 1987[2].

Histoire

Château précédent

Franconville-aux-Bois vient de Francorumvillam, composé de l'anthroponyme Franco ou Francon et le suffixe -villa. Le nom s'applique initialement à un petit village créé sans doute par les Francs, lors de leurs invasions, pendant la seconde moitié du Ve siècle. Sa trace écrite la plus ancienne se trouve dans une charte d'Hilduin datée du 22 janvier 832, portant sur le partage de la mense conventuelle de l'abbaye Saint-Denis[3]. Le nom du village évolue vers Franconville-aux-Bois ou sous-Bois selon les documents, pour le différencier de Franconville-la-Garenne. Un château est établi dans la seigneurie de Franconville à une date indéterminée. En 1331, cette dernière compte 38 feux. Au cours de ce même XIVe siècle, la seigneurie passe dans le giron des seigneurs de Baillet.

Jeanne Le Baveux, fille de Hutin Le Baveux et dame de Fresnes, Maillebois, Baillet-en-France (en partie) et Franconville-aux-Bois[4] apporte par son mariage avec Robert VI d'O, diverses seigneuries dans l'escarcelle de son mari, avec entre autres Franconville-aux-Bois. En 1699, Gabriel-Claude d'O parvient à faire ériger sa seigneurie en marquisat. Après sa mort en 1734, sa fille Adelaïde Félicité Geneviève d'O, lui succède ; elle est l'épouse du 2e duc de Lauraguais. Mais la marquise meurt le en mettant au monde son second fils Antoine Buphile. Son fils aîné, le comte de Lauraguais, ne peut se prévaloir du titre de marquis de Franconville, ce titre n'étant pas transmissible par les femmes, il est donc tombé en quenouille. Le comte de Lauraguais mène grande vie ; il a pour maîtresses, entre autres, Sophie Arnould, une excellente cantatrice. Il est contraint de vendre ses seigneuries. Franconville-aux-Bois est acquise par le célèbre avocat Pierre Jean Baptiste Gerbier de la Massilaye en décembre 1769. En 1782, il fait détruire le château des seigneurs d'O et reconstruire celui faussement attribué aux seigneurs d'O ultérieurement, que l'on voit sur une carte postale sépia. Le château de M. Gerbier sera à son tour détruit par le duc de Massa en 1876. En attendant, il est racheté par Louis Aspais Amiot, secrétaire du Roi, en 1788. Il fait tracer les grandes lignes du parc, tel qu'il subsiste toujours[5].

Armes du duc de Massa.
Armes du duc de Massa.

Le château actuel est construit entre 1876 et 1882 sous la direction de l'architecte Gabriel-Hippolyte Destailleur sur la demande du duc de Massa, André Philippe Alfred Regnier, arrière-petit-fils de Claude Ambroise Regnier, le Grand Juge, ministre de la Justice de Napoléon Ier. Le duc de Massa avait hérité à la mort de sa mère, Caroline Adélaïde Andréine Leroux, le 17 mai 1874, d'une partie de son patrimoine : ayant un demi-frère Eugène Albert Roger, il ne dispose pas de tous les biens de sa mère. Elle s'était remariée avec le baron André Hélène Roger, dont Eugène Albert Roger, son second fils, reçut en héritage le château de la Triboulette, la ferme et des terres et forêts à Vouzeron (Cher). Pendant toute la belle saison, des fêtes magnifiques sont organisées régulièrement au château. Le duc de Massa loue un train à la gare du Nord, qui mène ses invités à la gare de Belloy - Saint-Martin pour qu'ils puissent assister à ses somptueuses réceptions : grand dîner, feu d'artifice et opéras interprétés dans son théâtre, composés par lui-même ou par son oncle Philippe de Massa (écuyer de Napoléon III). Parmi les invités habituels, figurent César Franck, André Messager, Pierre Maréchal et Alfred Cortot. Le théâtre est une copie de celui de Bordeaux dans des proportions moindres. Le duc de Massa mourut en 1913 sans descendance. C'est son cousin Jean Louis Napoléon Regnier qui devient le quatrième duc de Massa[5].

Un hôpital militaire est improvisé, pendant la Première Guerre mondiale, par la duchesse de Massa. En 1924, le duc vend son château au département de la Seine, qui le transforme en sanatorium pour les tuberculeux. Il ouvre en 1929 accueillant 250 tuberculeux, puis un autre bâtiment est construit dans le parc accueillant également 250 malades, soit au total 500 tuberculeux. L'hôpital continue de fonctionner dans le château jusqu'en 1992[3].

Le site du château est classé au titre des sites par arrêté du 3 octobre 1951. Le château et tout son domaine avec l'ensemble des bâtiments sont inscrits monument historique par arrêté du 4 décembre 1987 (pavillons d'entrée et la grille qui les relie, colonnade, douves, façades et toitures, hall d'entrée, le grand escalier en bois (au premier étage) à l'angle ouest du hall d'entrée, escalier d'honneur et palier d'étage, quatre pièces du rez-de-chaussée de l'aile nord-est, théâtre et galerie souterraine le reliant au château, orangerie, saut-de-loup, petit château (actuellement pavillon de la direction), fontaine-vasque monumentale et son mur d'appui, ancien embarcadère en bois (en ruines aujourd'hui), et une partie du parc avec ses statues, ses bassins, ses murs et murets, ses balustrades et ses bornes[2].

Description

Domaine du château

Plan du domaine.

Le domaine est enclavé dans la forêt de Carnelle et comporte un vaste parc. De nombreux bâtiments, annexes et fabriques y sont dissiminés, en plus de l'aile ajoutée pour l’hôpital : des pavillons d'entrée et une grille qui les relie ; une rotonde ; des communs ; une chapelle dite de Picpus (détruite en 1980) ; un théâtre de style Renaissance de 350 places et son souterrain le reliant au château ; une orangerie ; un saut de loup et un petit château appelé le château des Musiciens, ceux-ci pouvant y passer la nuit après une représentation au théâtre du duc de Massa (actuellement pavillon de la Direction) d'où son nom.

Façades du château

Modèle:Message galerie

De style néorenaissance, le château de Franconville est une copie du château de Maisons-Laffitte, chef-d'œuvre architectural dû à François Mansart. (Une autre copie fidèle du château de Maisons-Laffitte a par ailleurs été réalisée par des artisans français en Chine dans les années 2000.) Construit en pierre de taille de Méry-sur-Oise et Saint-Maximin (Oise), il mesure 59,74 m sur 25,80 m pour une surface habitable au rez-de-chaussée de 1 245 m2. L'élévation s'organise sur deux étages, ainsi que d'un étage d'attique sous les hauts combles à la française. Le rez-de-chaussée repose sur une terrasse, à laquelle l'on accède par de larges escaliers au centre des deux façades principales, et sur toute la largeur des façades latérales. Le château se compose d'un corps principal de logis de sept travées, précédé d'avant-corps légèrement saillant devant les trois travées centrales, côté cour d'honneur et côté jardin, et flanqué de deux pavillons d'angle de deux travées, également en saillie devant la façade principale. Les trois ailes disposent chacun d'une toiture indépendante, et à celle du corps principal, se superpose la toiture plus élevé recouvrant les deux avant-corps, disposé perpendiculairement. Du côté de la cour d'honneur, cette toiture est coiffée d'un lanternon octogonal, dont le toit supporte un lanternon plus petit, présentant sur son dôme une statue. Les toitures sont couvertes d'ardoise. L'éclairage des pièces de l'attique est principalement apportée par des lucarnes percées d'oculi. Ces lucarnes sont richement décorées, tout comme par ailleurs les douze hautes cheminées. Elles portent des ancres au chiffre M du duc de Massa, et comportent en hauteur des glacis, au-dessus desquels elles se retraitent. L'extrémité supérieure est agrémentée de petits frontons en arc de cercle, et couronnée de pots-à-feu[5],[6].

L'ornementation des façades est très abondante. Selon les préceptes de Vitruve, l'ordre ionique règne au rez-de-chaussée, l'ordre dorique à l'étage et l'ordre corinthien en hauteur. N'y est concernée que la travée centrale des deux façades principales, dont les murs à gauche et à droite de la seule fenêtre sont cantonnés de pilastres. Comme toutes les autres baies, la fenêtre est rectangulaire et sommée d'une frise de cannelures fines et d'une corniche, qui est supportée de part et autre par deux consoles sculptées à la façon d'ailerons. Sinon, cette travée centrale se termine par un fronton triangulaire brisé, laisant la place à un bas-relief au milieu. Les élévations latérales ne comportent que des frontons au niveau des combles ; également triangulaires, ils sont ajourés d'un œil-de-bœuf et garnis de bas-reliefs aux motifs empruntés de la mythologie grecque. Ces frontons latéraux surmontent les deux travées centrales sur quatre que comptent les élévations latérales. Les deux travées centrales font légèrement saillie, et au niveau du premier étage, sont agrémentées d'une niche cintrée. Toujours au niveau du premier étage, des niches du même type sont également ménagées dans le trumeau des pavillons d'angle, du côté des façades principales. Toutes les fenêtres du premier étage sont flanquées de pilastres doriques. À chaque angle des murs, ainsi qu'aux angles des avant-corps, l'on trouve un pilastre supplémentaire. Comme au niveau de l'attique, la travée centrale des façades principale fait l'objet d'un traitement particulier : elle est flanquée de deux colonnes cannelées de chaque côté, qui supportent des architraves, décorées de frises d'entablement et portant des pot-à-feu élancés. Un cartouche décorée de la même frise est placé au-dessus de la fenêtre. En ce qui concerne le rez-de-chaussée, la partie inférieure de la travée centrale ne présente que des pilastres. Par contre, les avant-corps sont précédés de péristyles côté cour et côté jardin, reposant sur des colonnes ioniques cannelées. Contrairement au premier étage, une frise d'entablement avec répétition du motif du biglyphe fait le tour du rez-de-chaussée au-dessus des portes-fenêtres[5],[6].

Intérieur du château

Le château a une architecture d'intérieur remarquable, notamment grâce à son très grand hall, son escalier d’honneur et palier d’étage, un grand escalier en bois à l’angle à l’ouest du hall d’entrée, des cheminées ornementales ainsi que leurs frises et des médaillons. Au premier étage se trouvent douze chambres avec leurs cabinets de toilette et une salle-de-bains et deux toilettes. Au second étage, se trouvent seize chambres et un fumoir de près de 93 m2, et sous les combles, des chambres pour les serviteurs.

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Le théâtre

La façade du théâtre mesure 12,95 m. Son décor architectural de style néoclassique est richement dėcorė. Des masques de comédie, des instruments de musique ornent les entablements. Partitions musicales, clarinette, tambourin, etc. Son décor intérieur en bois est directement inspiré par le théâtre de Bordeaux de Victor Louis. La coupole est un trompe-l'œil représentant un ciel. Les écoinçons sont décorés par des lyres et des rinceaux. Les armes du duc de Massa sont représentées sur un lambrequin.

Parc

Le parc du château aurait été dessiné par Louis-Sulpice Varé (créateur du bois de Boulogne) ; de 90 hectares, il possède des variétés d'arborescences importantes. Plusieurs arbres sont classés au patrimoine environnemental. Le parc a abrité jusqu'à cinquante serres et une centaine d'espèces d’arbres différentes que l’on peut encore admirer.

Le jardin de l’Orangerie avec sa fontaine à bassin et ses nombreuses statues dont deux groupes d'enfants « aux coquillages » (copie du château de Versailles) et « le berger jouant de la flûte » (copie du château de Marly). Au-dessus de l'orangerie, le Sphinge en marbre blanc, œuvre de Jacques Sarrazin, est la seule statue originale duparc. Toutes les autres sont des repliques en fonte de fer d'œuvres réputées du passé.

La fontaine murale, à côté du petit château, réalisée par Hippolyte Destailleur (c'est d'ailleurs la seule création complète que l'on peut lui attribuer)[7].

La colonnade est une réplique plus petite de celle de Jules Hardouin-Mansart à Versailles, avec au centre un bassin et une nymphe Flore, d'après Antoine Coysevox.

Une rivière artificielle longeait le château, mais elle a été comblée pour y construire le sanatorium. Elle est encore visible dans le parc par endroits, encadrée par des rhododendrons.

L’embarcadère en bois a subsisté encore longtemps, en mauvais état et sans entretien. Le temps en a eu raison et elle s'est effondré en février 2011. Peu nombreux en France, celui-ci est irrémédiablement perdu.

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La Tour du guet

La tour du guet

La Tour du guet se situe au carrefour place de Verdun / rue du Lieutenant-Baude / rue Serret, en périphérie du village. De style troubadour, cette tour de de 23 m de haut est construite en 1840 par André Jean Leroux, agent de change, pour sa fille Caroline Adélaïde Andréine Leroux, pour qu'elle puisse y admirer un panorama à 218 m d’altitude devenant le point culminant du Val-d’Oise. Lors de sa construction, la tour se situe sur le domaine du château de Franconville, mais elle en a été détachée en 1969 lors de la construction des HLM. La tour est ouverte au public le dimanche matin lors de la permanence de l'office de tourisme et sur demande et offre un point de vue incontournable sur la région. Un musée Chappe y est installé et ouvert le premier et le dernier mardi de 14 à 17 heures.

Situation actuelle

Peu à peu, le château a été laissé à l'abandon et aux mains de vandales, ce qui fait qu'aujourd'hui les fenêtres du château et du théâtre ont été murées pour éviter plus de détériorations.

Les fenêtres que l'on voit sur les photos sont des trompe-l'œil. Les statues en fonte qui entouraient les bassins ont été volées ou détruites. Certains arbres rares ont été arrachés. Les serres d'origine n'existent plus et l'Orangerie est étayée depuis des années et risque de s'effondrer si une restauration rapide n'est pas entreprise rapidement. La hauteur sous plafond fait 7 m, elle était chauffée par un chauffage central au temps du duc. Le système est encore visible à l'intérieur.

En 2007, une politique de sauvetage a été entreprise pour sauver ce patrimoine. 600 000 euros ont été engagés pour mettre hors d'eau le bâtiment, remise en place des vasistas avec des vitres, remise en place sur la toiture d'ardoises manquantes, les arbustes ont été retirés des joints, sauf ceux trop haut, paraît-il, sur des cheminées. Des fenêtres et des portes anti-intrusion ont été posées.

Les bâtiments appartiennent au Centre Hospitalier de Carnelle. Sur le site, à quelques centaines de mètres du château, il existe toujours un hôpital de soins de suite, de long séjour, un établissement pour personnes âgées dépendantes, et des logements de fonction dans les anciens communs.

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Le château de Franconville au cinéma

Pour de nombreux films, dont Lucie Aubrac, plusieurs scènes intérieurs y furent tournées[8].

Notes et références

  1. Coordonnées trouvées sur Géoportail et Google Maps
  2. a et b Notice no PA00080197, sur la plateforme ouverte du patrimoine, base Mérimée, ministère français de la Culture.
  3. a et b Daniel Baduel, Saint-Martin-du-Tertre un village une histoire, 2000, édition syndicat d'intitiative[réf. incomplète].
  4. Archives musée Condé, série C, carton 14
  5. a b c et d Claude Danis, Châteaux et manoirs en Val-d'Oise, Éditions du Valhermeil, , 167 p. (ISBN 9782913328327), p. 90-93.
  6. a et b « Histoire du château », sur ASCF - Association pour la sauvegarde du château de Saint-Martin-du-Tertre dit de Franconville (consulté le ).
  7. Information délivrée par le Syndicat d'initiative de Saint-Martin
  8. [PDF] Comité du tourisme et des loisirs du Val-d'Oise, Val-d'Oise - terre de tournages, 120 p. (lire en ligne), p. 85.

Annexes

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Bibliographie

  • Claude Danis, Châteaux et manoirs en Val-d'Oise, Éditions du Valhermeil, , 167 p. (ISBN 9782913328327), p. 90-93

Articles connexes

Liens externes