Chrodegang de Metz

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Chrodegang
Saint Chrodegang,
vitrail de la chapelle Sainte-Glossinde, Metz.
Fonction
Évêque de Metz
-
Biographie
Naissance
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Lieu inconnuVoir et modifier les données sur Wikidata
Décès
Activités
Père
Sigramm (en)Voir et modifier les données sur Wikidata
Mère
Parentèle
Ingram de Hesbaye (en) (neveu par le frère)Voir et modifier les données sur Wikidata
Autres informations
Étape de canonisation
Fête

Chrodegang de Metz, né dans le diocèse de Liège vers 712 et mort à Metz le , fut évêque de Metz. Il est appelé aussi Godegrand, Gundigran, Ratgang, Rodigang, Sirigang. Il est le fils de Sigramm et de Landrade, cette dernière appartenant à la famille des Robertiens. Il est l’un des acteurs de la renaissance carolingienne.

Biographie[modifier | modifier le code]

Il est d’origine aristocratique[1]: il serait le fils de Landrade de Hesbaye, sœur de Robert Ier de Hesbaye, un ancêtre des Capétiens. Il fait ses études à l’abbaye de Saint-Trond.

Il est élevé à la cour de Charles Martel où il exerce la charge de notaire[2]. Il devient chancelier de Charles Martel en 737[1].

Il poursuit sa carrière à la cour sous Pépin le Bref[3].

Il devient évêque de Metz, alors capitale de l’Austrasie, le .

Il contribue à l’essor des monastères dans son diocèse. Il transforme le monastère de Saint-Hilaire en monastère bénédictin et y fait déposer une relique de saint Nabor ce qui – par évolution du langage – vaudra au monastère puis à la ville qui se construit autour le nom de Saint-Avold.

Il fonde l’abbaye de Gorze, sans doute entre 747 et 757, qu’il confie en 759 à son frère Gundeland. En 766, il ramena de Rome les reliques de saint Gorgon et les déposa à Gorze. Il en rapporta également les reliques de saint Nabor, qu’il confia à l'abbaye bénédictine de Saint-Avold. Il prit également part à la création de l’abbaye de Lauresheim[4], fondée dans le diocèse de Worms par un de ses cousins, Cancor de Hesbaye, et sa mère.

Dans son église cathédrale, il forme une communauté de chanoines qu’il accoutume à vivre dans un cloître, selon une règle en partie inspirée de la règle de saint Benoît, appelée Regula vitae communis, plus connue sous le nom de Regula canonicorum[5].

En 753, il est choisi par Pépin le Bref et l’assemblée générale des États du royaume pour conduire le pape Étienne II durant son voyage en Austrasie[6].

Les Lombards envahissant les états pontificaux, il organise la fuite du pape vers Saint-Denis. Ce dernier, satisfait de ses services, lui accorde le pallium et le titre d’archevêque[7] à la suite de Saint Boniface mort en 754, ce qui fit quasiment de lui le chef de l’Église franque[8].

C’est probablement à l’occasion de son voyage à Rome que Chrodegang découvrit le chant vieux-romain. Il élabore une synthèse de ce chant avec le chant gallican. Il en résulte le chant messin[9], l’ancêtre du chant grégorien. Il crée une Scola cantorum vers 754.

Il convainc Pépin le Bref de faire adopter par le concile de Quierzy-sur-Oise la liturgie romaine dans l'ensemble du royaume. Cette généralisation ne sera parachevée que sous Charlemagne.

En 757, il participe au concile de Compiègne.

En 765, il préside le concile d’Attigny : une assemblée générale du haut clergé franc, où se retrouvent vingt-sept archevêques et évêques et dix-sept abbés.

Il meurt peu après, après avoir gouverné le diocèse de Metz pendant vingt-trois ans.

Ses réformes[modifier | modifier le code]

Chrodegang s'affaire à mettre en place les réformes de l'Église désirées par Pépin et par le pape. Les deux ont pour objectif de renforcer et uniformiser les structures ecclésiastiques du royaume. Pour ce faire, Chrodegang convoque périodiquement des conciles (755-757, 762) qui permettent de rassembler le roi et les clercs des provinces du royaume. C'est durant ces conciles que sera institué le principe de la dîme, initialement destinée à compenser la perte des biens de l'Église qui avaient été sécularisés par Charles Martel[10].

La dîme, officiellement instaurée par Pépin en 756, consiste en le prélèvement d'un dixième des revenus des paysans au bénéfice de l'Église[11].

En plus, il contribue à faire de Metz une capitale de la réforme et de la liturgie. Il cherche à unifier cette dernière dans les églises du royaume franc. Chrodegang écrit dans les années 754-756 une règle des chanoines, qu'il impose d'abord à l'évêché de Metz, puis qui sera généralisée à l'ensemble des églises franques. Il choisit pour ce faire d'imposer partout les modèles du rite de Rome (ce qui ne va pas de soi, les clercs francs n'étant pas tous au fait des pratiques romaines à l'époque). Cette unification de l'Église sous la liturgie romaine sera reprise et accentuée sous Charlemagne[12].

Le saint[modifier | modifier le code]

En 817, le concile d’Aix-la-Chapelle précise la règle de Chrodegang, mais en se montrant moins strict au sujet de la pauvreté.

Saint catholique, sa fête est célébrée le [13].

Ses reliques sont transférées à l’abbaye de Gorze puis à l’abbaye de Saint-Symphorien, pour des raisons de sécurité. Elles y furent conservées jusqu’à la Révolution, où elles furent dispersées. Il en reste aujourd’hui une part à la cathédrale[14].

Notes et références[modifier | modifier le code]

  1. a et b article Chrodegang, saint, Microsoft Encarta.
  2. Michel Parisse, 'Histoire de la Lorraine, 2005 (ISBN 2737336287).
  3. BnF - Livres carolingiens, manuscrits de Charlemagne à Charles le Chauve.
  4. Site internet de l’abbaye de Lauresheim.
  5. PL 89, 1057-1096.
  6. Philippe VALODE, L'histoire de France en 2 000 dates, , 678 p. (ISBN 978-2-7357-0361-6, lire en ligne), p. 65.
  7. Dictionnaire de statistique religieuse p. 419-422, Jacques Paul Migne 1851.
  8. François-Yves Le Moigne (dir), Histoire de Metz, Privat, [détail de l’édition].
  9. Site de la mairie de Metz.
  10. Éditions Larousse, « Archive Larousse : Dictionnaire de l'Histoire de France - chouannerie, - Chrodegang ou Rotgang (saint), », sur www.larousse.fr (consulté le ).
  11. Geneviève Bührer-Thierry, L'Europe carolingienne : 714-888, Armand Colin, , 3e éd., 216 p. (ISBN 978-2-200-60195-9, lire en ligne).
  12. « BnF - Livres carolingiens, manuscrits de Charlemagne à Charles le Chauve », sur expositions.bnf.fr (consulté le ).
  13. Tous les prénoms français et régionaux, Jean-Maurice Barbé, éditions Guides Gisserot, 2004, pages 93 et 94.
  14. Histoire de saint Chrodegang.

Annexes[modifier | modifier le code]

Bibliographie et sources[modifier | modifier le code]

  • Louis Genneson, « Un organisateur de la Chrétienté médiévale: saint Chrodegang, 37e évêque de Metz (742-766) », dans Le Pays lorrain, 38e année, 1957, p. 7-18 (lire en ligne).
  • Ivan Gobry, Pépin le Bref, éd. Pygmalion.
  • Paul Diacre, Gesta episcorum Metensium.
  • Monique Goullet, Michel Parisse, Anne Wagner, Sources hagiographiques de l'histoire de Gorze (Xe siècle) : Vie de saint Chrodegang, Panégyrique et Miracles de saint Gorgon, Picard, Paris, 2010 (ISBN 978-2-7084-0882-1).
  • Régine Le Jan, Famille et pouvoir dans le monde franc (VIIe – Xe siècle).
  • (en) Catholic Encyclopedia, 1913, Catholic Encyclopedia (1913)/St. Chrodegang.
  • (en) Claussen, M. A. The Reform of the Frankish Church: Chrodegang of Metz and the Regula Canonicorum in the Eighth Century, Cambridge University Press, Cambridge, 2004 (ISBN 0521839319).

Liens externes[modifier | modifier le code]