Christian Gabrielle Guez Ricord

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Christian Gabrielle Guez Ricord
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Biographie
Naissance
Décès
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Nationalité
Activité

Christian Gabriel (puis Gabrielle et finalement Gabriel/le selon la forme définitivement choisie par l'auteur à partir de 1986-1987 et reprise par l'éditeur à partir de 1992 pour les publications posthumes) Guez Ricord[1], né le à Marseille et mort le , est un poète français.

Publiés d'abord notamment par les revues La Délirante (Fouad El-Etr), Sud, Les Cahiers du chemin (Georges Lambrichs) puis par les éditions Fata Morgana, Granit (son ami François-Xavier Jaujard) et l'Atelier des Grames, ses écrits ont continué lentement, depuis sa mort prématurée, de paraître, sous la direction de son exécuteur testamentaire le poète Bernar Mialet.

Biographie[modifier | modifier le code]

Christian Gabrielle Guez Ricord naît en 1948 à Marseille. Un premier recueil de poèmes écrit à dix-sept ans (demeuré inédit) reçoit en 1965 le prix Paul Valéry. Michel Deguy note d'emblée « son génie poétique effervescent ». Guez Ricord renonce alors à une carrière scientifique (astrophysique) pour se consacrer, malgré une santé avérée fragile, à l'écriture poétique.

En 1972 la « Caisse nationale des Lettres » lui attribue une première bourse pour plusieurs de ses recueils puis il est nommé pensionnaire à la villa Médicis où il réside à partir d', y rencontrant le peintre Yves Reynier et le compositeur Gérard Grisey, jusqu'à son rapatriement d'urgence, au printemps 1974, pour un internement psychiatrique. Balthus, directeur de la villa, prononce alors son « exclusion »[2]. Guez Ricord séjournera de nouveau à la villa de l'été 1974 au printemps 1975, hôte de sa compagne, elle-même pensionnaire.

À partir de 1967 ses textes sont publiés, à Paris et dans le Sud, dans de nombreuses revues. Guez Ricord se lie avec écrivains et poètes, notamment Edmond Jabès, Pierre Emmanuel, Michel Deguy, Bernard Noël, Pierre Oster, et particulièrement Yves Bonnefoy qui lui assurera son constant appui et demeurera l'un de ses interlocuteurs privilégiés. Parallèlement il se fait l'initiateur de poètes plus jeunes que lui, tels que Michel Orcel (qui, plus tard, le publiera dans les éditions de l'Alphée), Dominique Sorrente, Bernar Mialet... Sous le titre Du Fou au Bateleur, publié en 1984, Guez Ricord rédige avec son psychiatre, Jean-Pierre Coudray, le récit de son parcours pathologique, livre constituant en définitive, selon l'expression de Bernar Mialet « un exemple unique d'autobiographie certifiée ».

Soutenu par le « Centre national des Lettres », Guez Ricord intervient un temps dans les collèges par l'intermédiaire de la « Maison du livre et des mots » et du CIRCA de Villeneuve-les-Avignon.

France Culture lui consacre plusieurs émissions, en 1977 (Poésie ininterrompue, Pierre Oster), 1979 (Les vivants et les dieux, Claude Mettra), 1983 et 1984 (Atelier de création radiophonique, René Farabet) puis en 2001, Redécouverte de Christian Guez-Ricord (Surpris par la nuit, Catherine Soullard) et en 2006 « Reconnaissance à Christian Gabriel/le Guez Ricord » (Mathieu Bénézet).

Guez Ricord est encore hospitalisé en , durant l'été 1986 et en . Le , écrit Bernar Mialet, « huit boîtes de « Sotalex » (un régulateur cardiaque) sont trouvées vides auprès [de son] corps inanimé »[3].

Commentaire sur l'œuvre[modifier | modifier le code]

« Né à Marseille, où il a vécu jusqu'à sa mort, Guez-Ricord incarne certainement le poète maudit de cette fin de siècle, à la croisée de Gérard de Nerval et Antonin Artaud. Comme eux, il connaîtra des séjours en asile psychiatrique, des périodes de délire, mais aussi, archange, la capacité par l'écriture de se sauver provisoirement (...). La difficulté de l'œuvre réside autant dans son propos que dans sa dispersion. (...) Cela témoigne d'une idée de la poésie qui se doit de 'disperser à tous les vents' ses proférations, et d'une représentation de soi sous la forme démembrée de quelque Orphée mystique, pétri de visions religieuses.. »

Benoît Conort, « Guez-Ricord », dans Dictionnaire de poésie de Baudelaire à nos jours, sous la direction de Michel Jarrety, Presses universitaires de France, Paris, 2001 (p. 320-321).

Le compositeur Gérard Grisey, qu'il croisa à la Villa Medicis, mettra en musique un passage sur la mort tiré de les heures à la nuit dans le premier mouvement des quatre chants pour franchir le seuil (1998), œuvre elle-même posthume : "de qui se doit / de mourir / comme un ange.. / comme il se doit de mourir / comme un ange / je me dois / de mourir / moi-même / il se doit son mourir, / son ange est de mourir / comme il s'est mort / comme un ange"

Bibliographie sélective[modifier | modifier le code]

Le Cantique qui est à Gabriel/le (1968-1988)[modifier | modifier le code]

  • I. Maison Dieu (I, L'Ave), Éditions Granit, Paris, 1982.
  • II. La Tombée des nues, Éditions du Lamparo, L'Isle-sur-la-Sorgue, 1989.
  • III. Les Heures à la nuit, suivi de Le sujet de ma poésie, c'est ma poésie [1987], Texte établi par Bernar Mialet, Éditions La Sétérée, Crest, 1992.
  • Le Cantique qui est à Gabriel/le [Édition complète : Maison Dieu, I, II, III et IV], La Tombée des nues, Les Heures à la nuit], texte établi par Bernar Mialet, Le Bois d'Orion, L'Isle-sur-la-Sorgue, 2005.

La Couronne de la Vierge[modifier | modifier le code]

  • Cènes [La Couronne de la Vierge, I), Cahier de Poésie, n°2, Gallimard, Paris, 1976.
  • Scytale (Barques, Iles), [La Couronne de la Vierge, I et III], Atelier des Grames, Gigondas, 1981.
  • Neumes, [La Couronne de la Vierge, VII], Ryôan-ji, Marseille, 1983.
  • Chambres, [La Couronne de la Vierge, V], L'Alphée, Paris, 1982.

L'Annoncée[modifier | modifier le code]

  • Rosace, [extrait de L'Annoncée V], Sud, Marseille, 1975.
  • L'Annoncée [I], Spectres familiers, Le Revest-les-Eaux, 1983.
  • La Traversée [extrait de L'Annoncée V], avant-propos de Bernar Mialet, dans L'instant d'après, n°2, Cluny, 1999.

Aux éditions Fata Morgana[modifier | modifier le code]

  • La Monnaie des morts (dialogues), Fata Morgana, Montpellier, 1979.
  • Le Dernier Anneau, Fata Morgana, Montpellier, 1981.
  • La Secrète, Fata Morgana, Montpellier, 1988.

À l'Atelier des Grames[modifier | modifier le code]

  • La Rosalia 1977
  • Ephèse, Paroisse une Saison en Enfer 1980
  • Falsification du Jour 1981
  • Anakuklosis; La Couronne de La Vierge 1983
  • La Nuit des preuves; Les Clés de la Tombe; D'ici là 1986
  • La Porte de l'Orient (1987)
  • Ephèse, Paroisse une Saison en Enfer 1988
  • Prière d'insérer ou La Quête de l'identité, préface et établissement des textes par Bernar Mialet, 2007 (104 p.) (ISBN 978-2-902129-20-3) édité erroné (BNF 41014302)

Chez d'autres éditeurs[modifier | modifier le code]

  • Wifredo Lam, dans Wifredo Lam, Portfolio de gravures, Galerie Agori, Paris, 1973. Repris : Wifredo Lam, La Kallista, Beaucaire, 1999.
  • La Lettre sous le manteau, Solaire, Issirac, 1982.
  • La Nuit ordonne, Cahiers des Brisants, Mont-de-Marsan, 1982.
  • Chambres, L'Alphée, Paris, 1982.
  • Carte d'identité, Unes, Campagne des Puits, 1983.
  • Du fou au bateleur, avec le docteur J.P. Coudray, Presses de la Renaissance, Paris, 1984.
  • La Mort a ses images, dessin de Jean-Jacques Ceccarelli, Thierry Bouchard, Losne, 1985.
  • La Quadrature du Feu, La Porte Dorée, 1986.
  • Elle est la pierre avec ses tables, lettre à Pascal Simonet, Édition Galerie Athanor. Marseille 1988.
  • La Reconnaissance du serment, La Sphère des Rats, Saint Drezery, 1992.
  • L'Adieu (1986, texte établi par Bernar Mialet), Les Cahiers de la Vierge noire, Atelier des Grames, Gigondas, 1994.
  • L'Aventurée, édition préparée par Bernar Mialet et Christian Estèbe, [Textes inédits ou publiés en revues, 1960-1984], Librairie du Sud, Marseille, 1994.
  • Neuf Méditerranées, [extrait de Rosace], La Kallista, Uzès, 1997.
  • Le Tombeau immergé, [extrait de La Mort a ses images], La Kallista, Beaucaire, 1999.
  • Cinq lettres à Yves Reynier (plus une sixième), postface de Bernar Mialet, éditions Venus d'ailleurs, Montpellier, 2011.

En Revues[modifier | modifier le code]

  • Mon nom est Hyménée, arapesh 1/10, 2016.
  • Neuf sonnets de Dante, arapesh 2/10, 2018.

Sur Guez Ricord[modifier | modifier le code]

Document utilisé pour la rédaction de l’article : Source utilisée pour la rédaction de l’article

  • Pierre Oster, Présentation de « Cènes », dans Cahier de poésie, n° 2, Gallimard, Paris,1976.
  • Gérard Macé, « Le dernier Anneau », dans NRF, n° 349, Paris, 1982.
  • Michel Nuridsany : Diamant aux feux obscurs : "Maison Dieu", dans Le Figaro, Paris, 1983.
  • Alban Meurent : L'équation méconnue du miroir, Cahier Collectifs n° 9, juillet 1984.
  • Yves Buin, L'Archange et le psychiatre, "Du Fou au Bateleur", dans Le Matin des Livres, Paris, .
  • M. Lévy, "Du Fou au bateleur", dans Télérama, n° 1829, Paris, 2-, 1985.
  • Jean-Pierre Depétris, "La couronne de la Vierge", dans Impression du Sud, n° 9, .
  • André Ughetto, C.G. Guez Ricord, dans Poésie 87, n° 20, Paris, 1987.
  • Bernard Noël, C.G. Guez Ricord, dans Impression du Sud, 1988.
  • André Ughetto et Dominique Sorrente, Images à Christian Guez, dans Poésie 88, Paris, 1988.
  • André Ughetto, C.G. Guez Ricord, dans Sud, n°78-79, Marseille, 1988.
  • Bernar Mialet, La Dernière adresse, dans Sud, n°78-79, Marseille, 1988.
  • Christian Tarting, L'Incertitude qui vient des lignes, dans Action Poétique, 1988.
  • Bernar Mialet, Introduction pour "Les Heures à la Nuit", dans Poésie,n° 30, Seghers, Paris, 1989. Document utilisé pour la rédaction de l’article
  • Alban Meurent, L'Appelé de son nom, dans « Cahier du Centre international de poésie Marseille », n°5, Marseille, 1990.
  • Dominique Sorrente, Images à Christian Guez, Petite Suite des Heures, Cheyne, 1991.
  • Bernar Mialet, Marseille inconscient transit, dans « Doc(k)s », Marseille, 1996.
  • Dominique Sorrente, Le temps sans rideaux, La Terre accoisée, Cheyne, 1998.
  • Christian Gabrielle Guez Ricord [avec notamment, de C. G. Guez Ricord, un extrait de Maison Dieu II], Sorgue, n° 2, L'Isle-sur-la-Sorgue, 2000. Document utilisé pour la rédaction de l’article
  • Benoît Conort, Guez-Ricord, dans Dictionnaire de poésie de Baudelaire à nos jours, sous la direction de Michel Jarrety, Presses universitaires de France, Paris, 2001 (ISBN 2130509401). Document utilisé pour la rédaction de l’article
  • Bernar Mialet, La voix mariée où passe l'ange, introduction pour Christian Gabrielle Guez Ricord, Le Cantique qui est à Gabriel/le, Le Bois d'Orion, L'Isle-sur-la-Sorgue, 2005, (ISBN 2-909201-44-9).
  • Bernar Mialet, introduction à Christian Gabriel/le Guez Ricord, Prière d'insérer ou La quête de l'identité, Atelier des Grames, Gigondas (Vaucluse), 2007 (ISBN 978-2-902129-20-3) édité erroné (BNF 41014302)
  • Bernar Mialet, Le pas de l'an franchi, je ne reviendrai pas, dans Christian Gabriel/le Guez Ricord, Fleuve tari des circonstances / Sept tables dessinées-écrites, Atelier des Grames, Gigondas, 2008
  • Bernar Mialet, prière d'insérer pour Christian Gabriel/le Guez Ricord, Le Premier cercle de l'enfer, l'orgue œil, éditions Venus d'ailleurs, Nîmes, 2008.
  • Ana-Maria Girleanu, Négation et transcendance dans l'œuvre de Christian Gabrielle Guez Ricord, Thèse de Doctorat, La Sorbonne (Université Paris IV), .
  • Bernar Mialet, La pierre d'angle du non-lieu fait signe, dans Christian Gabriel/le Guez Ricord, Cinq lettres à Yves Reynier (plus une sixième) suivi de Y. R. ou la vraisemblance de la loi, éditions Venus d'ailleurs, Nîmes, 2011.
  • Bernar Mialet - Alban Meurent, Le lieu, c'est l'horizon sans la mort (C. G Guez Ricord de l'image au signe), éditions Venus d'ailleurs, Gajan, 2013.
  • Olivier Boura, Dictionnaire des écrivains marseillais, Marseille, Gaussen, 2017.

Notes et références[modifier | modifier le code]

  1. Pour la forme du nom et l'hésitation entre Gabrielle et Gabriel, cf. la notice d'autorité de la Bibliothèque Nationale de France.
  2. Cinq lettres à Yves Reynier (plus une sixième), postface de Bernar Mialet, éditions Venus d'ailleurs, Montpellier, 2011, p. 29.
  3. Cinq lettres à Yves Reynier (plus une sixième), postface de Bernar Mialet, éditions Venus d'ailleurs, Montpellier, 2011, p. 66.

Liens internes[modifier | modifier le code]

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