Chow Ching Lie

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Chow Ching Lie
Naissance (87 ans)
Drapeau de Taïwan Shanghai, Chine
Activité principale Écrivaine, femme d'affaires, pianiste
Instruments Piano
Années actives 40

Chow Ching Lie (周勤丽) : écrivain, pianiste et femme d'affaires chinoise née en 1936 à Shanghai, en Chine. Ses amis l'appellent Julie, transformation de son prénom Ching Lie que lui a donné son professeur d'anglais à l'école sino-occidentale Mac Intyre[1].

Biographie[modifier | modifier le code]

Née dans une famille chinoise très pauvre, elle est la fille de Chow Wei Hi, un enseignant qui fera carrière (et fortune) dans les affaires, et de Tsong Haï (paysanne sans instruction, fiancée à l'âge de quatre ans et mariée à seize) qui vivra toute sa vie dans la hantise de la misère[1]. Chow Ching Lie occupe le deuxième rang de sa fratrie, entre un frère Ching Son de six ans son aîné, et une sœur Ching Lin, sa cadette d'un an. Suivent dans l'ordre le garçon Ching Tsen et enfin la benjamine, Ching Chin, sa puinée de dix ans[1].

Son père se prive pour elle et la scolarise à l'école sino-occidentale Mac Intyre où, à la suite d'un prêche du pasteur, sa sœur et elle se convertissent à la religion protestante en cachette de leurs parents. Elle sera ainsi au carrefour de deux religions : le bouddhisme et la religion protestante.

Chow Ching Lie vit le drame de la femme chinoise ainsi que son asservissement séculaire jusqu'au milieu du XXe siècle passant du joug de ses parents auxquels elle doit une obéissance stricte à celui de son mari et surtout de sa belle-mère dont, après son mariage, elle devient la servante : « Dans le lit, femme et mari. Hors du lit, maître et servante. (Proverbe Chinois)[1]. ».

C'est dans cette ambiance que Chow Ching Lie, d'une exceptionnelle beauté, est choisie par le puissant Liu Pin San, alors la plus importante fortune de Shanghai, pour son fils, le maladif Liu Yu Wang atteint d'une cardiopathie congénitale aggravée par un rhumatisme articulaire aigu contracté à l'âge de dix-sept ans[2]. Trop jeune pour se marier, Chow Ching Lie est fiancée de force, le , à l'âge de treize ans[1],[3], au fils Liu qu'elle épousera l'année suivante.

Enfant dans une Chine féodale, Chow Ching Lie se marie le , par obéissance à ses parents, sous la contrainte et sans amour[1],[4]. L'année même où la Chine s'apprête à franchir d'un seul coup plusieurs siècles. Peu à peu, les attentions persévérantes d’un homme profondément amoureux la désarment. Elle l’accepte comme mari. Les deux enfants qu’elle lui donnera deviendront sa raison de vivre. Elle accouche du premier le , l'année du Tigre, à l'âge de quatorze ans. C’est un fils qu'on appela Liu Sun Po, de son prénom occidental Paul. Au mois de , elle donne le jour à sa fille Liu Sun Lin, plus tard prénommée Juliette. Chow Ching Lie a 19 ans[1].

Sa vie est rythmée par les convulsions de la Chine. Elle n'est âgée que d'un an lorsqu'éclate, en 1937, la guerre sino-japonaise. Elle vit la guerre civile (Mao Zedong / Tchang Kaï-chek), la Libération, les « Cent Fleurs (百花运动/百花運動) »[5], le Grand Bond en avant (大躍進)[6].

À la fin de l'année 1959, le mal qui terrasse son mari devient irréparable. Il part avec son fils Paul pour être soigné à Hong Kong où ses parents résident désormais. Le , Chow Ching Lie décide de le rejoindre avec sa fille Juliette. Malgré tous les soins qui lui sont prodigués, Liu Yu Wang décède le , treize ans après son mariage. Il laisse sa femme de 26 ans seule, avec la charge de ses deux enfants[1]. Elle tombe dans la pauvreté, donnant des leçons de piano à des enfants pour survivre et nourrir ses deux enfants, sa seule raison de vivre.

Elle se consacrera désormais à la musique.

Carrière[modifier | modifier le code]

Chow Ching Lie découvre l’enchantement de la musique à l’âge de six ans, lorsqu’à la fête de l’école, une élève de la section secondaire s’assoit devant un piano pour donner un petit récital[7]. Bien que peu argenté, son père lui loue un piano et lui fait donner des leçons, à charge pour elle d’enseigner ensuite sa sœur Ching Lin[8].

À l'école secondaire sino-occidentale Mac Intyre où elle rentre à l'âge de dix ans, elle accorde une place privilégiée à la musique et au piano. Elle fait des progrès rapides sous l'égide de son professeur, et joue, sous les applaudissements et pour la première fois devant un public, « l'Alouette » de Glinka au concert annuel de l'école. En 1947, Chow Ching Lie participe au concours de piano du cours Mac Intyre. S'y affrontent toutes les écoles de Shanghai devant un jury composé de professeurs du Conservatoire. Elle remporte le Deuxième Prix avec un Impromptu de Chopin et la sonate au clair de lune de Beethoven. Son professeur d'école, Mlle Ling, conseille alors Chow Wei Hi d'inscrire sa fille au Conservatoire de Shanghai. Peine perdue. Sa mère s'y oppose[1].

Mari amoureux et attentionné, Liu Yu Wang lui permet de poursuivre dans la voie pianistique. Elle travaille sous la direction de Siang et donne son premier concert en public dans l'appartement de son Maître et en présence de Fang, directeur du Conservatoire de Shanghai. Elle interprète un des concertos de Rachmaninoff qui lui ouvre les portes du Conservatoire. Elle y entre à l'âge de 18 ans, d'abord en tant que remplaçante puis comme titulaire avec le titre d'assistante, « artiste d'État », « Ingénieur des âmes »[1]. Fang souhaite que cette nouvelle recrue devienne concertiste. Il confie à Louise Wou[9] le soin d'assurer sa formation. Malheureusement Wou est plus préoccupée par sa carrière que par celle de son élève. Le Professeur Chen pressentant en elle une artiste de talent, la prend sous son aile protectrice et donne à Chow l'assurance qui lui manque. Il lui fait interpréter, en public, le concerto de Mendelsson. C'est le début du succès et d'une carrière de soliste. Deux ans après le décès de son mari, Chow Ching Lie décide de parfaire sa formation auprès de Marguerite Long dont elle rejoint le cours en 1965. Le décès de cette dernière, en 1966, met un terme à leur collaboration[1].

Sur les conseils de son amie Morya Ray, première violoniste de l’orchestre symphonique de Hong Kong, elle tente sa chance en France. Artiste et virtuose, elle voit alors s'ouvrir à elle une carrière internationale.

En 1968, elle retourne chercher ses enfants chez ses beaux-parents à Hong Kong pour les amener à Paris.

Elle décide de se mettre au piano à titre professionnel à l'âge de 40 ans. En 1973 elle interprète au Théâtre des Champs-Élysées le Concerto pour Piano et Orchestre dit du Fleuve Jaune 黄河钢琴协奏曲, œuvre adaptée de la Cantate du Fleuve Jaune 黄河大合唱 du compositeur chinois Xian Xinghai 冼星海. On ne pouvait manquer de remarquer la présence de Son Excellence Tseng Tao, ambassadeur de Chine Populaire en France, entouré de compatriotes pour écouter l'enfant du pays[10]. À côté de cette activité de concertiste, elle enseigne et forme de futurs pianistes.

Elle réside en France depuis 40 ans.

Œuvres littéraires[modifier | modifier le code]

Films adaptés de l'œuvre de Chow Ching Lie[modifier | modifier le code]

Année Titre français Titre original Réalisateur Commentaire
1988 Le Palanquin des larmes Le Palanquin des larmes Jacques Dorfmann Adaptation du roman Le Palanquin des larmes

Bibliographie[modifier | modifier le code]

  • Le palanquin des larmes, Coéditeurs Robert Laffont-Opéra Mundi, 1975, Collection Vécu, (ISBN 2245010310).
  • Le concerto du fleuve jaune, Coéditeurs Robert Laffont-Opera Mundi, 1979, Collection J'ai lu, (ISBN 2-277-21202-4).

Articles connexes[modifier | modifier le code]

Notes et références[modifier | modifier le code]

  1. a b c d e f g h i j et k Le palanquin des larmes (récit autobiographique).
  2. « Ne sait-on pas que je m'étais mariée non par amour mais sous la contrainte? Et l'on ne m'avait même pas donné un époux valide, mais un malade qui m'obligeait à vivre avec le spectre de la mort! »
    le palanquin des larmes, p. 216.
  3. À l'époque, les fiançailles étaient quasiment impossible à rompre. Il y allait de l'honneur du père de la « fiancée »
  4. C'est Mao Tsé-toung qui, en 1950, édicte la première loi interdisant, entre autres, le meurtre des nouveau-nés, les mariages forcés et l'abus de pouvoir de la belle-mère.
  5. « Que Cent Fleurs s’épanouissent, que cent écoles rivalisent. Mao Zedong ». Les « Cent Fleurs (百花运动/百花運動) », image venue de la période des Royaumes combattants Ve au VIIIe siècles av. J.-C.), est une politique qui vise d’abord à attirer le concours des intellectuels non communistes. Lu Ting-yi, responsable de la propagande de Parti, déclare le devant une assemblée de savants, écrivains et artistes : « Nous ne pouvons manquer de constater que si l’art, la littérature et la science ont un rapport étroit avec la lutte des classes, ils ne sont pas, après tout, la même chose que la politique. »
  6. Le Grand Bond en Avant (大躍進) se proposait d'atteindre en deux ans les objectifs du Plan de cinq ans. Cependant, ce mot d'ordre était surtout un état d'esprit.
  7. « C’était la mélodie d’un autre monde… tantôt un ruissellement de perles, tantôt des chevaux galopants ; c’étaient comme les vagues de la mer ou comme la pluie du ciel. Mon cœur battait à tout rompre, mon front se couvrit de sueur, réactions qui peuvent sembler excessives : ce furent les miennes pourtant... » le palanquin des larmes
  8. Ching lin fera une carrière de pianiste à Radio-Pékin – Le palanquin des larmes.
  9. Louise Wou est, à l'époque considérée comme la première pianiste de Chine. Élève de Marguerite Long, elle est rentrée de Paris en 1954
  10. Le final de ce concerto contient des réminiscences de L'Internationale.

Liens externes[modifier | modifier le code]