Chevauchée vers Reims
Date | Du au |
---|---|
Lieu | de Gien à Reims |
Casus belli | Le roi Henri VI d'Angleterre revendique le traité de Troyes lui octroyant la Couronne de France au détriment du dauphin Charles VII de France |
Issue | couronnement de Charles VII à Reims |
Royaume de France | Royaume d'Angleterre Duché de Bourgogne |
12 000 à 77 000 |
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Une fois le siège d'Orléans levé et après la bataille de Patay, l'étau anglo-bourguignon est desserré. Jeanne d'Arc convainc le dauphin Charles d’aller se faire sacrer à Reims. Cette chevauchée au cœur du territoire contrôlé par les Bourguignons est couronnée de succès et donne à Charles VII le trône dont il avait été évincé par le traité de Troyes.
Contexte
Depuis le traité de Troyes de 1420, le dauphin est déshérité en faveur d'Henri V d'Angleterre. Ce dernier a épousé la fille du roi Charles VI de France et son fils Henri VI sera son successeur sur les trônes de France et d'Angleterre. Mais Henri V meurt en 1422 et son fils n'a pas encore un an ; la régence est confiée à Jean de Lancastre, duc de Bedford.
Le souhait le plus ardent du dauphin Charles est de ceindre la couronne de France mais, il est passablement discrédité aux yeux d'une majorité de la population qui le suspecte d'être le fils adultérin de Louis d'Orléans et aussi d'être l'assassin de Jean sans Peur. Seul un signe divin peut le légitimer à nouveau auprès du peuple. C'est ce rôle que va jouer Jeanne d'Arc qui va faire percevoir comme miraculeux la levée du Siège d'Orléans (1428) puis la bataille de Patay et comme une volonté de Dieu, le sacre du dauphin à Reims en plein territoire bourguignon.
La chevauchée sur Reims
Pour la première fois dans l'histoire de France, un roi refuse que la succession de la couronne aille à son fils ainé : Charles VI de France déchoit son fils en léguant le royaume de France à Henri VI d'Angleterre par sa fille Catherine. Charles VI mort, son fils conteste sa destitution et réclame le trône. Malgré la victoire française du 18 juin à la bataille de Patay, entraînant le repli des anglais à Paris[2],[3], le dauphin Charles VII refuse de poursuivre jusqu'à Reims aux mains des Bourguignons, le seigneur de Châtillon-sur-Marne et du sir de Saveuses, reste à Sully-sur-Loire et replie son armée à Orléans pour s'y faire couronner comme le fut Louis VI [4] ; néanmoins un sacre à Reims aurait une répercussion beaucoup plus grande, car il serait vu comme un nouveau miracle, attestant de sa légitimité divine. Après avoir initialement rencontré le Dauphin le 23 mai 1429 à la Cité Royale de Loches[5], Jeanne d'Arc le rencontre de nouveau le 21 juin suivant à seize heures en l'Abbaye de Saint-Benoît-sur-Loire[6]pour le convaincre de se rendre à Reims. Par la « triple donation »[7], Dieu restitue le royaume à Charles VII par Jeanne d'Arc : Charles VI donne le royaume de France à Jeanne d'Arc, Jeanne le donne à Jésus-Christ, Jésus-Christ le rend à Charles[6].
Gilles de Rais est promu maréchal de France, fonction que portait Jean de Brosse. Le lendemain, le grand conseil du dauphin se réunit à Chateauneuf-sur-Loire et ordonne le rassemblement de l'armée à Gien.
Le 24 juin, précédée de son écuyer Jean d'Aulon qui tient en main l'étendard « Jhésus, Maria », Jeanne d'Arc entre à Gien avec son armure forgée à Tours, son blanc harnois, son épée de Fierbois, et retrouve Charles VII[8]. Le jour suivant les 12.000 hommes de l'armée du roi sont rassemblés à Gien, pour augmenter jusqu'à 33.000 hommes combattant à cheval et 40.000 à pied[9]. L'armée française prend Bonny-sur-Loire[10], puis Saint-Fargeau. Jeanne d'Arc casse son épée sur le dos d'une prostituée qui suivait l'armée, et deux jours plus tard le dauphin ordonne enfin la marche vers la ville du sacre : la marche commença à Gien le . Mais La Trimouille refuse de croire à la réussite de cette marche sans argent, ni artillerie de siège, ni subsistances, et renvoie l’épouse du dauphin Marie d'Anjou à Bourges. La facilité de la chevauchée montra à la fois la fragilité de la domination anglo-bourguignonne et la restauration de la confiance en la cause de Charles VII de France. Selon Jean de Dunois[11] le coup de bluff est la seule tactique pour se faire ouvrir les portes de la ville. Le maréchal de France, Gilles de rais, en route pour Reims, espère profiter de cette marche victorieuse pour récupérer des rançons, des terres prises aux « collaborateurs »[12]. Jeanne d'Arc part de Gien escorté de ses capitaines dont Tugdual de Kermoysan, La Hire[13], André de Lohéac, Pierre de Rieux[14], Jean V de Bueil, Jacques de Chabannes[15], Pierre Bessonneau[16], Jacques de Dinan[17] et Jean Poton de Xaintrailles[18]. Sur la route de Reims, le Connétable de Richemont envoie Pierre de Rostrenen au dauphin pour lui demander congé de le servir à son sacre. Rostrenen accompagne le connétable à Parthenay. Au cours de la chevauchée, la garnison bourguignonne se trouvant dans Auxerre[19] refusa d’ouvrir ses portes. La Trimouille donne deux mille écus d’or au ministre de la ville qui resta neutre et accepta le bivouac et de ravitailler l'armée française mais qu'à l'extérieur de ses murs (le 1er et le 2 juillet) [20]. L'armée du dauphin repart et prend Saint-Florentin, qui se soumet immédiatement, ainsi que Brienon l’Archevêque et arrive le 4 juillet devant Troyes, occupée par cinq à six cent Bourguignons qui refusent d'ouvrir les portes.
Après 4 jours de siège, la majorité du conseil du dauphin veut lever le siège et poursuivre la route sans rentrer dans la ville[21]. Le 5ème jour du siège, craignant d’être pris d'assaut, Troyes capitula (9 juillet) mais seuls Charles VII et les principaux capitaines purent y entrer, les soldats passèrent la nuit à Saint-Phal, sous le commandement de Ambroise de Loré[22]. Gilles de Rais est l'un des chefs de l'armée qui réduit Troyes à l'obéissance[23].
Moins de 2000[24] soldats anglais du capitaine de Paris, Jean de Lancastre occupent Paris qui a pour prévôt Simon Morhier et gouverneur Jean de La Baume. Philippe III de Bourgogne quitte Laon pour Paris, où il arrive le 10 juillet, et nomme le capitaine du Louvre Jean de Villiers de L'Isle-Adam gouverneur et commis pour la sureté de Paris en l’absence de Lancastre[25]. Philippe envoie des ambassadeurs au dauphin Charles VII pour demander la paix.
Le 11 juillet, l'armée du dauphin quitte Troyes à la première heure pour Châlons-en-Champagne qui lui ouvre ses portes le 14 pour lui laisser y passer la nuit[26].
John Radclyffe, ayant débarqué à Calais dix jours plus tôt, arrive le 15 juillet à Amiens, et va à Rouen ou l’attend Jean de Lancastre. Samedi 16 juillet, au matin, Philippe III quitte Paris pour retourner à Laon, pendant que l’archevêque de Reims, Renault de Chartres entre dans Reims aux mains du seigneur de Châtillon-sur-Marne et du sir de Saveuses et que le roi dauphin arrive au château de l’archevêque de Reims[27] à Sept-Saulx (situé à 21 km de Reims). Le dauphin somme les Rémois de lui ouvrir leurs portes malgré la promesse de lui résister six semaines jusqu’à l’arrivé des secours de Lancastre et de Philippe III. Après les négociations et le dîner du soir, Charles VII entre et dort à Reims[28]. Ce même jour, le roi René d'Anjou apporte l'hommage de la Lorraine et de Bar au dauphin.
Conséquences
Le dimanche , Charles VII est sacré à Reims roi de France[29] : il reçoit l'onction sainte des mains de l'archevêque Renault de Chartres. «Gentil Roy, ores est exécuté le plaisir de Dieu qui vouloit que je levasse le siège d'Orléans, et que je vous amenasse en ceste cité de Rheims pour recevoir vostre saint sacre, en monstrant que vous estes vray roy, et celluy auquel le royaulme de France doibt appartenir », déclara Jeanne d’Arc en rendant hommage à son roi. La cérémonie du sacre, vu les circonstances, s'était déroulée dans la simplicité ; la couronne, le sceptre, le globe, étaient à Saint-Denis, entre les mains des Anglais ; seuls parmi les pairs, étaient présents les trois pairs spirituels : l'archevêque de Reims, Renault de Chartres, l'évêque de Laon, Guillaume de Champeaux, l'évêque de Châlons, Jean de Sarrebruck. Mais le rite essentiel était accompli : le huitième sacrement, qui faisait les rois et les marquait du signe sacré du pouvoir légitime, avait été conféré à Charles VII. Aucune hésitation n'était plus possible entre le Valois authentiquement désigné par Dieu, et le Lancastre, imposé par les armes ennemies et la signature irresponsable d'un roi malade. Les jeux sont faits, car les Français ont trouvé ce qui leur manquait pour vaincre.
Articles connexes
Notes et références
- d’après d’autre source il semble ne pas avoir participé http://jean-claude.colrat.pagesperso-orange.fr/1lafayette.htm
- Wavrin, ibid. Monstrelet, ch. LXI. P. Cochon, p. 455.
- Biographie Didot : Falstalf. Registre du conseil dans Procès, t. IV, p. 452
- François Eudes de Mézeray, Histoire de France, Éditions H&D. , p.140, 1839
- Jeanne d'Arc, Histoire et Dictionnaire, Philippe Contamine (sous la dir.), Robert Laffont, 2012, p.610
- http://www.bvoltaire.fr/pierrehillard/jeanne-darc-contre-le-nouvel-ordre-mondial,21241
- Louis-Hubert Remy et Marie-Christine Remy, La vraie mission de Sainte Jeanne d'Arc, éd. Les Amis du Christ Roi de France, p. 16, 2012. (ISBN 978-2-954188-00-3)
- http://p1.storage.canalblog.com/15/07/826211/71720114.jpg
- http://www.stejeannedarc.net/lettres/lettre_desch.php
- http://musee.jeannedarc.pagesperso-orange.fr/gien.htm
- http://jean-claude.colrat.pagesperso-orange.fr/1dunois.htm
- François Macé, Gilles de Rais, Centre régional de documentation pédagogique de Nantes, 1988, p. 99.
- http://jean-claude.colrat.pagesperso-orange.fr/1lahire.htm
- d’après http://www.guerre-de-cent-ans.com/personnages-divers.php
- http://jean-claude.colrat.pagesperso-orange.fr/1chabannes.htm
- http://jean-claude.colrat.pagesperso-orange.fr/1bessonneau.htm
- http://jean-claude.colrat.pagesperso-orange.fr/1beaumanoir.htm
- http://jean-claude.colrat.pagesperso-orange.fr/1xaintrailles.htm
- http://www.histoire-fr.com/valois_charles7_2.htm
- http://www.lyonne.fr/yonne/actualite/2013/07/28/le-sacre-de-charles-vii-stoppe-a-auxerre-1637308.html
- Guillaume Cousinot de Montreuil, Chronique de la Pucelle ou Chronique de Cousinot, Paris, Vallet de Viréville, 1859, p.315
- L'armée royale, arrivée devant Troyes, les habitants refusent pendant 5 jours d'ouvrir leurs portes. La sixième, craignant que leur ville soit prise d'assaut, ils se décident à la rendre au dauphin, mais à condition que les soldats n'y séjourneront pas et qu'ils passeront la nuit en dehors des remparts ; Charles VII et les principaux capitaines pourront seuls y demeurer. Cette clause de la capitulation s'explique sans peine quand on sait les violences, les déprédations de toutes sortes, auxquelles se livraient les soldats à cette époque, même dans les villes, amies ou alliées. Charles VII confia à Ambroise de Loré le commandement en chef des troupes qui vont rester au camp. Aucune réclamation et aucun désordre ne se produisit.
« Et le lendemain tous passèrent par la dite cité en belle ordonnance, dont ceux de la ville étaient bien joyeux. »
- Enguerrand de Monstrelet, La chronique d'Enguerran de Monstrelet, en deux livres, avec pièces justificatives, 1400-1444, édition établie par Louis Douët d'Arcq, tome 4, 1860, p. 337.
- Pierre Larousse, Grand dictionnaire universel du XIXe siècle volume 12
- Michel Félibien, Histoire de la ville de Paris, éd. Guillaume Desprez et Jean Desessartz, p.1599, 1725
- http://www.stejeannedarc.net/chroniques/morosini10.php#2
- Gabriel Daniel, Histoire de France depuis l'établissement de la monarchie française dans les Gaules, ed. ?, p.74, 1775
- http://www.stejeannedarc.net/chroniques/cord486.php
- Jeanne d’Arc, Henri Wallon, 5e édition 1876, Livre III Reims, 3e partie: Le sacre stejeannedarc.net