Chartreuse de Liège

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Ancienne chartreuse de Liège
Vue de la chartreuse de Liège du côté de la ville au XVIIIe siècle
Vue de la chartreuse de Liège du côté de la ville au XVIIIe siècle
Existence et aspect du monastère
État de conservation La chartreuse a disparu, le Fort de la Chartreuse est en ruines.
Affectation ultérieure En 1817, les Hollandais réinvestissent le mont Cornillon pour y construire le fort de la Chartreuse. En 1891, le fort est déclassé et devient une simple caserne. Il sert de prison pour les patriotes belges durant la Première Guerre mondiale. À partir de 1944, l'armée américaine l'utilise comme hôpital militaire. Il est démilitarisé en 1981. La ville de Liège acquiert les zones vertes du complexe militaire en 1998.
Identité ecclésiale
Culte Culte catholique
Type Monastère d'hommes
Présentation monastique
Fondateur Engelbert III de La Marck
Origine de la communauté En réponse à une vision qu’aurait eue un saint homme de la ville, le prince évêque de Liège Engelbert III de La Marck offre aux chartreux en 1357 de s'établir sur le mont Cornillon, un lieu devenu quasi désert.
Ordre Ordre des chartreux
Province cartusienne Teutonie
Armes ou sceau du fondateur
Image illustrative de l’article Chartreuse de Liège
Historique
Date(s) de la fondation 1106 : érection d'une chapelle
1126-1288 : établissement de chanoines prémontrés
1288-1336 : transformation en forteresse puis château de Cornillon, finalement détruit
1360 : établissement de quatre ermites de Saint-Bruno et fondation.
Personnes évoquées Évrard III de La Marck
Maréchal de Boufflers
Menno van Coehoorn
Duc de Marlborough
Charles François Dumouriez
Fermeture 1797
Architecture
Dates de la construction XIVe siècle
Éléments reconstruits À partir de 1703, les Chartreux démolissent les fortifications et reconstruisent leur monastère.
Localisation
Pays Drapeau de la Belgique Belgique
Région Drapeau de la Région wallonne Région wallonne
Province Drapeau de la province de Liège Province de Liège
Commune Liège
Coordonnées 50° 38′ 04″ nord, 5° 35′ 38″ est
Géolocalisation sur la carte : Belgique
(Voir situation sur carte : Belgique)
Ancienne chartreuse de Liège
Géolocalisation sur la carte : Liège
(Voir situation sur carte : Liège)
Ancienne chartreuse de Liège

La chartreuse de Liège (ou Notre-Dame, ou Tous-Les-Apôtres du Mont-Cornillon, Domus Duodecim Apostolarum en latin) était un monastère de moines chartreux construit sur le mont Cornillon, une colline élevée qui surplombe le confluent de l'Ourthe et de la Meuse, à Liège (Belgique).

Les moines-ermites de Saint-Bruno (fondateur de l'ordre des Chartreux) occupèrent le monastère de 1360 à 1794. Ce dernier a donné son nom au quartier « La Chartreuse » qui fait aujourd'hui partie de la ville de Liège. Le bâtiment est maintenant abandonné et laisse place aux graffitis.

Histoire du monastère[modifier | modifier le code]

Origines[modifier | modifier le code]

En 1106 une chapelle est érigée sur les hauteurs du Mont Cornillon. Vingt ans plus tard (1126), les chanoines prémontrés présents à Floreffe depuis 1121 s’établissent près de la chapelle. Leur abbaye est dédiée aux douze apôtres. Les actes de violence armée et de pillages y sont fréquents car le Mont-Cornillon a une position stratégique dominant la ville de Liège. Aussi les prémontrés quittent les lieux en 1288.

Maquette

Le monastère des prémontrés est transformé en forteresse qui devient le Château de Cornillon. L’occupation militaire, avec fréquentes batailles pour le contrôle des lieux, dure jusqu’en 1336, date de la prise de la forteresse par les liégeois eux-mêmes, en lutte contre leur prince-évêque Adolphe de La Marck. Elle est alors détruite.

Arrivée des chartreux[modifier | modifier le code]

La Vierge au Chartreux de Jan Van Eyck, à gauche en retrait Cornillon et la Chartreuse

En 1357, agissant en réponse à la vision d’une procession de personnages vêtus de blanc se dirigeant vers l’église de Cornillon qu’aurait eu un saint homme de la ville, le prince évêque de Liège, Engelbert III de La Marck offre aux chartreux de s’établir sur le Mont Cornillon[1], un lieu devenu quasi désert. Choisis par le chapitre général cartusien, quatre ermites de Saint Bruno s’installent dans ce qui reste des bâtiments abandonnés de la forteresse, au sommet du Mont-Cornillon en 1360. De ce jour-là le nom de ‘Chartreuse’ est définitivement lié à la colline dominant le confluent de l’Ourthe avec la Meuse.

Les chartreux connaissent des longues périodes de tranquillité qui permettent le développement du monastère. La règle de l’Ordre (les Consuetudines Cartusiae) ne permettant pas l’acquisition excessive de terres, la chartreuse de Liège n’est jamais très prospère. Lors de conflits armés le monastère est cependant souvent occupé militairement.

Entrée d'une cellule dans le grand cloître

Le , un incendie, allumé par les troupes d'Évrard III de La Marck, consume l'entièreté de l'église « avec les œuvres d'art qu'elle contenait, les autels et aussi les livres liturgiques et qui devaient, en raison de leur destination, constituer le joyau de la bibliothèque. Celle-ci, heureusement, était abritée dans un local complètement isolé par une muraille de pierre ; elle dut à cette situation privilégiée d'échapper à la destruction de tout le monastère. » (Stiennon, in litt.)

Le plus grave arrive en 1691. Après avoir été assiégé pendant quatre jours, le monastère est investi par les troupes du maréchal de Boufflers qui, des hauteurs du mont Cornillon, bombardent la ville de Liège avant de devoir se retirer devant les troupes hollandaises. Sous la direction de Menno van Coehoorn, les Hollandais fortifient le monastère. Dix ans plus tard (1701), les troupes françaises qui s’y réinstallent après l'évacuation des moines. Ces dernières en sont chassées en 1702, durant la guerre de Succession d'Espagne, par les troupes confédérées du duc de Marlborough.

La mort de saint Bruno

Les chartreux reprennent possession des lieux en 1703. La paix revenue, ils démolissent les fortifications et reconstruisent leur monastère. Le XVIIIe siècle, période relativement tranquille, permet un nouvel essor de la chartreuse. Les lieux sont embellis.

Fin du monastère de la Chartreuse[modifier | modifier le code]

En 1792, le général Dumouriez et les troupes révolutionnaires françaises entrent dans la ville de Liège. La chartreuse subit le même sort que les autres abbayes des Pays-Bas méridionaux et est saccagée et pillée. Les biens sont confisqués. Les moines sont expulsés (1794). En 1797, tout est mis en vente publique. C’est la fin de la Chartreuse de Liège comme monastère.

En 1817, les Hollandais réinvestissent le Mont Cornillon pour y construire un nouveau fort à quelques centaines mètres au Sud-Est : le Fort de la Chartreuse[2], plus imposant encore que les précédents.

Projet immobilier[modifier | modifier le code]

Un promoteur immobilier dépose en 2008, 2017 et 2019 des demandes de permis d'urbanisme afin de développer un projet immobilier de logements de luxe. Les riverains s'opposèrent au projet à plusieurs reprises et la zone à bâtir fut occupée et transformée en Zone à défendre à partir de mars 2022, et jusqu'au mois de septembre 2022.

Lors d'une table ronde organisée par le bourgmestre de la Ville de Liège, un accord a été trouvé entre les représentants de l'occupation, les associations et les représentants du promoteur immobilier. Après six mois d’occupation sur une parcelle de la Chartreuse, et en echange d'autre parcelles communales, le promoteur s'engage donc à ne poursuivre aucun projet immobilier sur l'ensemble du site lui appartenant.

Notes et références[modifier | modifier le code]

  1. « Histoire », sur Un air de Chartreuse - [ré] action…, (consulté le ).
  2. Aménagement du territoire, urbanisme, architecture...plus durables ?, Michel Dachelet, 2007 p. 80-81

Pour compléter[modifier | modifier le code]

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Bibliographie[modifier | modifier le code]

  • Brasseur, Th. (1993) : La Chartreuse : forteresse hollandaise en sursis.
  • Brasseur, Th. (1994) : La Chartreuse de Liège
  • Dethier, M. (2001). L'entomofaune de l'ancienne Position Fortifiée de Liège. Notes fauniques de Gembloux, 42 : 3-58.
  • Gaëtan, R. et Dethier, M. (2005). La galerie minière de la Chartreuse à Liège (Belgique) : un "cas d'école". Notes fauniques de Gembloux, 57 : 81-86.
  • Liénard, J. (1992). Le premier fort de la Chartreuse à Liège (1689-1702). Essai de localisation. Bulletin de la Société royale Le Vieux-Liège, 258 : 317-336.
  • Liénard, J. (2000). Le fort de la Chartreuse, création hollandaise (1818-1823) à Liège. Bulletin d'information du C.L.H.A.M., 9 : 5-28.
  • Loxhay, J. (1995). Le fort de la Chartreuse. Historique de la genèse à nos jours. PIMM'S Édition, Liège.
  • Metzmacher, M. (1990). Les milieux semi-naturels: des outils pour concilier loisirs et éducation à la nature. Le cas des milieux semi-naturels urbains et péri-urbains. In : Actes du colloque "Gérer la nature?", Travaux Conservation de la nature, 15/2 :593-606.
  • Stiennon, J. La Bibliothèque et le Scriptorium de la Chartreuse de Liège des origines au XVIe siècle. Extrait de La Chronique Archéologique du Pays de Liège, t. XXXVII : 58-64.
  • Stiennon, J. (1979). La Chartreuse de Liège dans la vie de la Cité. p. 53-60. In : Neuf cents ans de vie autour de Saint-Remacle-au-Pont.

Archives du site de la Chartreuse[modifier | modifier le code]

De nombreux documents relatifs à l'histoire de la Chartreuse (forts et monastère), ainsi qu'au combat mené pour sa préservation, ont été déposés par l'asbl Études & Environnement aux Archives de l'État à Liège, ainsi qu'au Centre de documentation de la Vie Wallonne.

Articles connexes[modifier | modifier le code]

Liens externes[modifier | modifier le code]