Charlotte de Monaco

Un article de Wikipédia, l'encyclopédie libre.
Ceci est une version archivée de cette page, en date du 22 décembre 2014 à 14:44 et modifiée en dernier par Lacurne (discuter | contributions). Elle peut contenir des erreurs, des inexactitudes ou des contenus vandalisés non présents dans la version actuelle.
Charlotte de Monaco

Titre

Princesse héréditaire de Monaco


(21 ans, 9 mois et 29 jours)

Prédécesseur Louis, duc de Valentinois
Successeur Rainier
Biographie
Titulature Duchesse de Valentinois
(1919-1977)
Dynastie Maison Grimaldi
Nom de naissance Charlotte Louise Juliette de Monaco
Naissance
Constantine (Algérie)
Décès (à 79 ans)
Paris (France)
Père Louis II
Mère Marie-Juliette Louvet
Conjoint Pierre de Polignac (1920-1933)
Enfants Princesse Antoinette de Monaco, baronne de Massy
Rainier III

Description de cette image, également commentée ci-après

La princesse Charlotte Grimaldi de Monaco, née Charlotte Louise Juliette de Monaco[1] à Constantine (Algérie) le et décédée dans le 16e arrondissement de Paris le , est la fille naturelle de Louis II de Monaco et de Marie-Juliette Louvet, et la mère du prince Rainier III.

Une enfant illégitime

Naissance

Charlotte est la fille naturelle de Louis II de Monaco et de Marie-Juliette Louvet. Elle est née le à Constantine, en Algérie française, ville où le prince Louis était en garnison, lieutenant au 3e Régiment de chasseurs d’Afrique.

Il y eut confirmation et approbation de reconnaissance paternelle par ordonnance du du prince souverain Albert Ier, son grand-père : de façon officielle à Monaco, elle porta dès ce jour, le titre de Mademoiselle de Valentinois.

Monaco se cherche des héritiers

Si le prince souverain Albert Ier disposait d’un héritier (à Monaco, il porte le titre de prince héréditaire), le futur Louis II de Monaco, le 2e rang successoral revenait à Guillaume, duc d'Urach (1864-1928) — connu pour avoir occupé brièvement le trône de Lituanie en 1918 sous le nom de Mindaugas II — fils de la princesse Florestine de Monaco elle-même fille du prince Florestan Ier de Monaco. Ce prince appartenait à une branche morganatique (les Urach) de la maison royale de Wurtemberg. Le royaume de Wurtemberg avait rejoint l’Empire allemand en 1871, la Grande Guerre entre la France et l’Allemagne se prolongeait depuis 1914 et l’état-major français ne pouvait prendre le risque de voir le port de Monaco transformé en base de sous-marins allemands...

Il en résulta le traité franco-monégasque secret du (traité de Paris) qui spécifiait dans son article 3 :

« En cas de vacance de la couronne, notamment faute d’héritiers directs ou adoptifs, le territoire monégasque formera, sous le protectorat de la France, un État autonome, sous le nom d’État de Monaco. »

Le traité coupait court à toute ambition potentielle des Urach et il avait paru plus convenable de parler d’héritiers adoptifs plutôt que de descendants naturels.

La légitimation de Charlotte, par adoption par son père, fut finalement célébrée à Paris le [2] en présence de son père, de Raymond Poincaré, président de la République française (de 1913 à 1920) et de Stéphen Pichon, ministre des Affaires étrangères du cabinet Clemenceau.

Querelle dynastique engendrée par cette adoption

Aynard Guigues de Moreton de Chabrillan (1869-1950) a revendiqué le trône princier de Monaco en 1925 à la suite de l’adoption officielle de Charlotte Grimaldi (devenue princesse Charlotte de Monaco) puis en 1949 au décès du prince souverain Louis II de Monaco.

C’est la renonciation de « Mindaugas II de Lituanie » qui aurait fait de lui l’héritier de la principauté par son arrière-grand-mère la princesse Honorine de Monaco (1784-1879), elle-même petite-fille du prince souverain Honoré III de Monaco (1720-1795).

Il faisait valoir qu’une adoption (même doublée d’une filiation naturelle) ne pouvait produire aucun effet en droit successoral dynastique. Cependant, le prince Albert Ier de Monaco, sur le conseil du parlement monégasque, avec l’accord des autorités françaises et suivant les dispositions du traité franco-monégasque de 1918, était libre de modifier officiellement, et valablement, les règles de succession au trône monégasque (y inscrivant le droit de succession par adoption), comme son arrière-petit-fils Rainier III le fera par la suite lui aussi, et de ce fait, toute revendication, même officielle, d’un membre éloigné de la famille Grimaldi, ne pouvait être valable.

Princesse héréditaire

Charlotte est créée princesse de Monaco, altesse sérénissime, et duchesse de Valentinois par collation du prince Albert Ier, son grand-père, à Paris ce même 16 mai 1919, titres confirmés par ordonnance souveraine en date du .

Charlotte accède aussi au 2e rang successoral (derrière son père) ce 16 mai 1919 : l'ordonnance organique du (publiée le ) modifiant les statuts de la maison souveraine de Monaco (publiés le ) permettant l'adoption de l'héritier au trône.

Charlotte est reconnue « princesse héréditaire de Monaco » par ordonnance princière datée du 1er août 1922 du prince souverain Louis II de Monaco son père, qui venait de succéder à Albert Ier, décédé le .

Du fait de la filiation naturelle, et de la succession adoptive et féminine, des généalogistes français contestent que Charlotte de Monaco transmette à sa descendance les nombreux titres des Grimaldi relevant du droit nobiliaire français.

Mariage

À 22 ans, elle épouse à Monaco civilement le et religieusement le le comte Pierre de Polignac, âgé de 25 ans, qui est naturalisé sujet monégasque sous le nom et les armes des Grimaldi par ordonnance princière datée du et créé « prince de Monaco » et « duc de Valentinois » par ordonnance princière du .

De ce mariage arrangé par son père, viennent au monde deux enfants :

  1. S.A.S. la princesse Antoinette de Monaco (1920-2011) ;
  2. S.A.S. le prince Rainier III de Monaco (1923-2005).

Le mariage n'est pas heureux : il y a séparation judiciaire le , puis divorce prononcé par ordonnance princière le , mais ce mariage n'est pas annulé religieusement par la Cour de Rome[3].

Vie de princesse

Le futur prince souverain Louis II s'occupe de sa fille et la place dans des pensionnats élégants.

Combattant dans l'armée française à titre d'officier, le prince héréditaire Louis met sa fille en sécurité à Monaco durant la Grande Guerre : elle sait s'y faire apprécier en soignant les nombreux blessés de guerre présents dans la Principauté un peu en violation de sa neutralité.

En juillet 1930, elle sait ramener à la loyauté des opposants monégasques qu'elle reçoit dans le château de Marchais (Aisne) où elle réside depuis sa séparation d'avec son mari.

Selon des dispositions sans doute arrêtées bien avant, la princesse Charlotte de Monaco, duchesse de Valentinois, renonce à ses droits au trône de Monaco et à son titre de princesse héréditaire le , soit la veille du jour où son fils le futur Rainier III devient majeur (majorité fixée alors à 21 ans).

Fantasque et peu encline à faire de la politique et à vivre à Monaco, elle passe la majeure partie de sa vie entre Paris et le château de Marchais dans l'Aisne, entourée de ses nombreux chiens.

Devenue « visiteuse de prisons », elle s'attache à des repris de justice au point de provoquer en son temps quelques scandales, notamment en les engageant à son service. Elle vit même avec un célèbre voleur de bijoux, René Girier, dit René la Canne qui, quoique dépourvu de permis de conduire, devint son chauffeur...

La France la récompense de ses efforts pour réintégrer les anciens détenus à la vie active.

Rainier III dira au cours d'un reportage que la princesse était plus une « copine » qu'une véritable mère.

Charlotte se rend au mariage de son fils le prince souverain Rainier III avec Grace Kelly en 1956 accompagnée de Girier et ne revient plus jamais dans la Principauté.

Elle meurt le à Paris. Elle est enterrée dans le domaine du château de Marchais[4].

Titulature

  • 1919-1922 : Son Altesse Sérénissime la princesse Charlotte de Monaco, duchesse de Valentinois. Son mari, le comte Pierre de Polignac ayant renoncé à son nom et à ses armes pour les armes de Monaco et les titres de prince Pierre de Monaco, duc de Valentinois, son épouse Charlotte ne fut pas connue comme comtesse de Polignac.
  • 1922-1944 : Son Altesse sérénissime la princesse héréditaire de Monaco, duchesse de Valentinois.
  • 1944-1977 : Son Altesse sérénissime la princesse Charlotte de Monaco, duchesse de Valentinois.

Décorations

Généalogie

Note

  1. L'acte de naissance stipule (http://anom.archivesnationales.culture.gouv.fr/caomec2/pix2web.php?territoire=ALGERIE&acte=1322582) : « L'an mil huit cent quatre-vingt-dix-huit, le 1er octobre à huit heures. Acte de naissance de Charlotte Louise Juliette, enfant du sexe féminin, née hier matin à sept heures, rue Flatters, 3, domicile de ses père et mère, fille de Louis Charles Antoine de Monaco, âgé de vingt-huit ans, lieutenant du Troisième Régiment de chasseurs d'Afrique, Chevalier de la Légion d'honneur, et de Marie Juliette Louvet, âgée de vingt-huit ans, sans profession, non mariés. Sur les réquisition et présentation faites par ledit Louis Charles Antoine de Monaco qui déclare se reconnaître père de l'enfant sus prénommée en présence de Jean Lahache, âgé de trente-neuf ans, pharmacien-major, et de Toussaint Borne, âgé de trente-neuf ans, propriétaire, non parents de l'enfant, domiciliés à Constantine. Nous, Ernest Mercier, Chevalier de la Légion d'honneur, officier d'Académie, maire de la commune de Constantine, officier de l'état civil, avons dressé le présent acte que nous avons lu et comparants et signé avec eux. »
    Une mention marginale précise : « Suivant jugement rendu par le Tribunal de Première instance de Constantine le dix-huit juillet 1911, transcrit sur les registres de l'état civil de cette ville le 9 août suivant, l'acte ci-contre sera rectifié en ce sens que la nommée Charlotte Louise Juliette de Monaco sera à l'avenir désignée sous les nom et prénoms de Charlotte Louise Juliette Grimaldi de Monaco, fille de Louis Honoré Charles Antoine Grimaldi, prince héréditaire de Monaco. »
  2. Mention surchargeant transversalement l'acte de naissance: « Adoption par Louis Charles Antoine Grimaldi prince héréditaire de Monaco en vertu d'un acte dressé le seize mai 1919 par le Conseil d’État de la principauté de Monaco siégeant (sic!) à Paris Légation de Monaco. Mention faite à titre de simple renseignement pour valoir ce que de droit. Le neuf avril 1920. »
  3. Stéphane Bern, « Monaco et les princes de Grimaldi », émission Secrets d'histoire sur France 2, 11 septembre 2012
  4. Bertrand Beyern, Guide des tombes d'hommes célèbres, Le Cherche midi, , 385 p. (ISBN 9782749121697, lire en ligne), p. 14.

Articles connexes

Liens externes

Bibliographie

  • Jean-Fred Tourtchine, Le Royaume de Bavière volume III — La Principauté de Monaco, CEDRE, 289 pages, avril 2002, ISSN 0993-3964
  • Joseph Valynseele, Rainier III est-il le souverain légitime de Monaco ? : étude de droit dynastique, 1964, 43 pages, in-8 (24 cm)