Charles André van Loo

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Carle van Loo
Portrait de Carle van Loo en 1764, par Louis Michel van Loo, château de Versailles
Naissance
Décès
(à 60 ans)
Paris
Nationalité
Activité
Maître
Élève
Lieux de travail
Mouvement
A influencé
Famille
Père
Fratrie
Conjoint
Anne Antonia Christina Somis (d)Voir et modifier les données sur Wikidata
Enfants
Marie-Rosalie Van Loo (d)
Jules-César-Denis van LooVoir et modifier les données sur Wikidata
Distinction
1er prix de Rome 1724, Peintre du Roi 1762

Charles André van Loo, dit Carle van Loo né à Nice le et mort à Paris le , est un peintre français.

Il était le fils de Louis Abraham van Loo et le frère, de beaucoup le cadet, du peintre Jean-Baptiste van Loo (1684-1745). Il connut une carrière brillante et devint immensément célèbre, et il est le plus connu des membres de la dynastie des Van Loo, établie en France au XVIIe siècle.

Biographie

Halte de chasse, 1737.

Charles André van Loo perdit son père à l'âge de sept ans et fut élevé par son frère, Jean-Baptiste. Il le suivit à Turin, puis à Rome au cours de deux voyages en Italie (1712-1715 et 1716-1718) Lors du second de ces séjours, il prit des leçons de dessin avec le peintre Benedetto Luti et étudia sous la direction du sculpteur Pierre Legros. Durant ce séjour, on lui prêta diverses aventures romanesques et galantes qui ne l’empêchèrent pas d’acquérir une grande maîtrise de son art, tout en restant complètement illettré.

Il vint à Paris en 1720 et produisit sa première toile, Le Bon Samaritain (1723). Il assista son frère sur plusieurs commandes, notamment la restauration de la galerie François Ier du château de Fontainebleau (1724), et reçut sa première commande en 1725 pour La Présentation du Christ au Temple pour la salle du chapitre de Saint-Martin-des-Champs. Il remporta le Prix de Rome en 1724 avec Jacob purifiant sa demeure avant son départ pour Béthel.

Un manque de fonds publics ne lui permit pas de devenir pensionnaire de l'Académie de France à Rome. Il dut financer lui-même son séjour en Italie, et n'arriva à Rome qu'en mai 1728, en même temps que son futur rival François Boucher et ses neveux Louis Michel van Loo et François van Loo. En Italie, il se fit connaître par son habileté à peindre en trompe l'œil des plafonds ornés de scènes mythologiques ou religieuses (par exemple La Glorification de saint Isidore, 1729) et fut remarqué par le pape Benoît XIII. Son œuvre la plus importante de cette période reste son Énée portant Anchise (1729).

Il retourna à Turin via Florence en 1732. Il s'y marie.Il y travailla pour le roi Charles-Emmanuel III de Sardaigne. Il peignit pour lui Diane et ses nymphes se reposant au plafond de la chambre de la reine à Stupinigi et une série de toiles pour le Palazzo Reale de Turin, la Jérusalem délivrée, suite de 11 tableaux pour le Palazzo Réale de Turin.

En 1733, lorsque la guerre de Succession de Pologne éclata, il retourna à Paris où il arriva en 1734. Il fut agréé en août 1734 et membre en juillet 1735 de l'Académie royale de peinture et de sculpture, en tant que peintre d'histoire, avec Apollon écorchant Marsyas(le tableau est à l’École des Beaux Arts de Paris).

Carle Van Loo fait partie de la "génération 1700" qui regroupe les peintres Natoire, Boucher et Trémolières. Cette génération va dominer l'art français après la mort de François Lemoyne en 1737, dont ils adoptent sa palette claire et ses nudités voluptueuses.

Sa carrière se développa rapidement.

En 1737, il fut nommé professeur à l'Académie et travailla à une série de dessus-de-porte à sujets mythologiques pour l'hôtel de Soubise. Vers 1747, il exécuta une composition allégorique représentant L'Asie pour le salon de l'hôtel de Samuel-Jacques Bernard, rue du Bac.

Parallèlement, il réalisait d'élégantes peintures religieuses comme Saint Charles Borromée donnant la communion aux lépreux exécuté en 1743 pour la chapelle Saint-Marcel de la cathédrale Notre-Dame de Paris, L'Adoration des Anges (1751) pour la chapelle de l'Assomption de l'église Saint-Sulpice. Grimm dira : « C’était le véritable génie de Carle que ces tableaux d’église ; il y est presque toujours simple, grand, admirable. »

Il sut aussi se faire apprécier d'une clientèle élégante et mondaine avec des portraits ou des « turqueries », adaptant ses sujets et son style au goût de ses commanditaires. Quelques exemples : Le concert du Sultan en 1737 (Londres, Wallace Collection), ou Le Pacha faisant peindre sa maitresse la même année (Richemond, Virginia Museum of Fine Art).

Vers 1750, Carle Van Loo rompt avec le style rococo. Tandis que Boucher exacerbe son style dans le sens de la rocaille, Van Loo renforce le caractère classique déjà sensible dans ses compositions antérieures et se fait le premier interprète - avant Vien, Doyen et Deshays - de la lutte menée pour ranimer en France la peinture d'histoire. Cette peinture en réaction aux afféteries du rococo tente de renouer avec les maîtres du siècle passé. Elle est caractérisée par une attention particulière à la convenance des costumes, à la concentration de l'action, à un coloris plus terne, bref à une plus grande sévérité. Le cycle de la vie de Saint Augustin en sept tableaux pour le chœur de l'église Notre-Dame de la Victoire où ils se trouvent toujours, réalisé entre 1748 et 1755, est typique de ce courant et accroit la renommée de Van Loo.

Van Loo fut également soutenu par la Cour et par Mme de Pompadour. Dès 1736, il peignit des scènes de chasse exotiques pour la galerie des Petits Appartements du Roi au château de Versailles : La Chasse à l'Ours et La Chasse à l'Autruche. En 1744, il peignait des dessus-de-porte pour le grand cabinet de la Dauphine à Versailles. En 1747-1748, il exécutait deux grands portraits du Roi et de la Reine. Il travailla également de manière régulière pour Mme de Pompadour, fournissant à la maitresse du roi Louis XV, entre 1752 et 1754, pour la décoration de son château de Bellevue, une dizaine de toiles dont les Allégories des Arts figurées par des enfants et popularisées par les innombrables copies, et deux turqueries dont l'une représente la marquise sous les traits d'une Sultane prenant le café. (Saint-Pétersbourg, Musée de l'Ermitage). Peu avant la mort de celle-ci, il peignit en 1764 une allégorie intitulée : Les Arts implorant la Destinée d'épargner la vie de Mme de Pompadour. Son chef-d'œuvre comme peintre d'histoire est Le Sacrifice d'Iphigénie[1], peint pour Frédéric II de Prusse en 1757, regardé par ses contemporains comme un des plus grands triomphes de la peinture française.

En avril 1749, il devint le premier gouverneur de l'École royale des élèves protégés, véritable creuset des gloires futures : Louis Lagrenée, Doyen, Brenet, Deshays, Fragonard… Il fut élu recteur (1754) puis directeur de l’Académie (juin 1763). Anobli et fait chevalier de l'ordre de Saint-Michel en 1751, il devint premier peintre du Roi en juin 1762. Ce titre honorifique n'avait plus été donné depuis la mort de Charles Coypel en 1752. Il fit un bref séjour à Londres en 1764 et mourut en 1765 au faîte de sa gloire.

L'épouse de Charles André van Loo, Mlle Anne Antonia Christina Somis (1704–1785), chanteuse[2]

Principales œuvres

Énée portant Anchise, 1729.
Les Trois Grâces, v. 1763.

Carle van Loo travailla pour la cour, la manufacture des Gobelins, l'Église, et aussi pour de riches particuliers, abordant tous les genres : peinture religieuse, peinture d'histoire, sujets mythologiques ou allégoriques, portraits et scènes de genre (notamment des turqueries). Melchior Grimm le considérait, en 1755, comme le « premier peintre de l'Europe », et Voltaire le mettait à l'égal de Raphaël. Mais dès la fin du XVIIIe siècle, son étoile avait pâli, et les disciples de David inventèrent l'injure « vanlotter » pour injurier ceux qui cherchaient la grâce aux dépens du contour. La maîtrise technique de Carle van Loo est assurément exceptionnelle. Dans le genre léger, il ne vaut pas Boucher, son grand rival. Ses grandes compositions mythologiques ou religieuses, quoique d'une qualité d'exécution sans faille, manquent de mystère et d'émotion. Restent des scènes de genre – à l'image de la magnifique Halte de chasse (1737) du musée du Louvre – qui offrent la parfaite image rêvée du « siècle de Louis XV ».

Consciencieux, peu sûr de lui et peu instruit, il suivait les conseils de ses amis, se laissant influencer par la critique, modifiant ses compositions et n'hésitant pas à détruire ses œuvres. Ce fut le cas, par exemple, pour la première version des Grâces. Ceci explique la froideur de ses toiles les plus ambitieuses, en comparaison avec les esquisses préparatoires.

Diderot dira dans sa Notice sur Carle Vanloo en 1765: « Le premier malotru assez confiant pour dire des bêtises était capable de lui barbouiller le plus beau tableau avec une sotte critique ; il en a gâté plus d’un sur des observations qui n'avaient souvent pas le sens commun ; et à force de changer, il se fatiguait sur son sujet, et finissait par une mauvaise composition, après en avoir effacé une excellente. »

Le succès public des tableaux fut considérable. On ne connait pas d'équivalent à ce phénomène avant l'engouement suscité par la peinture morale de Greuze et la peinture héroïque de David.

Scènes mythologiques et allégories

Scènes de genre

  • La Chasse à l'Ours, 1736, Amiens, Musée de Picardie.
  • Halte de chasse, 1737, huile sur toile, 220 × 250 cm, Paris, Musée du Louvre.
  • Le déjeuner sur l'herbe après la chasse, 1737, New York, Metropolitan Museum of Art.
  • Pacha faisant peindre sa maîtresse, 1737, Richmond, Virginia Museum of Fine Arts.
  • Le Grand Turc donnant un concert à sa maîtresse, 1737, Londres, Wallace Collection.
  • La Chasse à l'Autruche, 1738, Amiens, Musée de Picardie.
  • Sultane buvant du café, vers 1752, Saint-Pétersbourg, Musée de l'Ermitage.
  • La lecture espagnole, 1754, 164 × 129 cm, Saint-Pétersbourg, Musée de l'Ermitage.
  • Les Baigneuses, 1759, localisation inconnue. Représentée par une gravure de Lempereur.

Peinture religieuse

L'Adoration des Mages, vers 1760.

Portraits

  • Louis XV, Roi de France et de Navarre, 1748, Versailles, Château de Versailles.
  • Louis XV, Roi de France et de Navarre, 1751, Versailles, Château de Versailles.
  • Portrait de Jacques-Germain Soufflot (1714-1781), Versailles, Château de Versailles.
  • Portrait d'Etiennette Fizeaux, comtesse de Brienne, Paris, coll. privée.

Salons

Expositions

Prix, récompenses

Élèves

(liste non exhaustive)

Voir aussi

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Notes et références

  1. Stiftung Preußische Schlösser und Gärten Berlin-Brandenburg, Potsdam, Neues Palais
  2. Biographie, en ligne

Articles connexes

Liens externes

Iconographie

  • 1764 - Portrait de Carle van Loo en 1764, par Louis Michel van Loo,
  • s.d. - Autoportrait , sd., hst, 75 x 92, 5cm ( vente France lundi 13 décembre 2004, Paris Drouot, salle 14)

Bibliographie

  • Colin B. Bailey (dir.), Les Amours des dieux. La peinture mythologique de Watteau à David, Fort Worth et Paris, Kimbell Art Museum et Réunion des musées nationaux, 1991.
  • Jean de Viguerie, Histoire et dictionnaire du temps des Lumières, Paris, Robert Laffont, coll. Bouquins, 2003 (ISBN 978-2-22104-810-8)
  • Kate E. Tunstall, « Le récit est un voile : esthétique et Lumières », SVEC 2006: 12, p. 155-164 (à propos du tableau du Sacrifice d’Iphigénie)
  • Lettre & notes historiques sur la vie de feu M. Carle-Vanloo, Peintre célèbre de l’École Françoise, adressées à M. Rousseau, dans le Journal encyclopédique, Bouillon, 1er décembre 1765, t. 8, part. 2, p. 124 [1]