Charles-Émile Bertin

Un article de Wikipédia, l'encyclopédie libre.
Charles-Émile Bertin
Biographie
Naissance
Décès
Voir et modifier les données sur Wikidata (à 88 ans)
VersaillesVoir et modifier les données sur Wikidata
Sépulture
Nationalité
Formation
Activité
Père

Charles Émile Bertin (1871-1959), officier français, est un spécialiste éminent du Japon de l'ère Meiji, observateur envoyé par le gouvernement français auprès de l'Armée japonaise pendant toute la guerre russo-japonaise de Mandchourie, puis attaché militaire à l'ambassade de France au Japon[1].

Biographie[modifier | modifier le code]

Le colonel Charles Bertin est né à Cherbourg[2] le . Il est le fils aîné de l'ingénieur général du génie maritime, Émile Bertin (1840-1924) et d'Anne-Françoise Legrand (1842-1914) née Paqué. La famille maternelle d'Anne-Françoise Legrand est apparentée à la famille de Jacques Cassard, capitaine de vaisseau corsaire (Nantes, 1679fort de Ham, 1740). C'est du sein même de cette classe laborieuse et honorable des « marchands à la fosse », c'est-à-dire des armateurs, que sort ce vaillant et intrépide marin.

Il épouse en 1920, à Versailles, Madeleine Rieunier la fille benjamine de l'amiral Henri Rieunier, ancien ministre de la Marine et membre de l'Assemblée nationale.

Charles Bertin meurt à Versailles le , son corps repose avec son épouse, née Madeleine Rieunier, au cimetière de La Glacerie (Manche) à côté du caveau de son père, Louis-Émile Bertin.

Carrière militaire[modifier | modifier le code]

Après des séjours avec ses parents de 1886 à 1899, au Japon auprès de l'empereur Meiji, Charles Bertin sort de Saint-Cyr en 1892, de la promotion de Cronstadt. Il sert dans les 1er et 29e bataillon de chasseurs.

Reçu à l'École supérieure de guerre en 1903, il est envoyé par le gouvernement français sur le théâtre des opérations de Mandchourie et il suit les armées japonaises jusqu'à la conclusion de la paix (du au ). Il est fait chevalier de la Légion d'honneur par décret du .

Rentré en France, il termine ses cours à l'École de guerre et fait un stage à l'état-major de l'armée (deuxième Bureau). Nommé attaché militaire à l'ambassade de France au Japon, à Tōkyō, à la date du , il remplit brillamment sa mission et fournit des rapports au gouvernement français très intéressants sur la transformation de l'armée japonaise. Ce spécialiste du Japon, parlant couramment le japonais et l'anglais, est relevé de ses fonctions d'attaché militaire à l'ambassade de France à Tokyo le .

Relations avec de hauts dignitaires du Japon[modifier | modifier le code]

Le colonel Charles Bertin a des relations étroites avec Iwao Ōyama (1843-1916) maréchal et homme d'État japonais, le prince et la princesse de Komatsu et il est témoin au mariage du commandant Yoshirō Itō, fils de Hirobumi Itō, homme d'État japonais (1841-1909) qui fut quatre fois Premier ministre, à Paris en 1896.

Il est l'ami de Tsugouharu Foujita, peintre (1886-1968) qui lui offrira l'un de ses autoportraits.

Officiers attachés au Japon en 1905, Bertin est peut-être l'un des deux Français au premier plan bien que cela soit en fait peu probable.

Guerre russo-japonaise de Mandchourie[modifier | modifier le code]

Charles Bertin, dès son retour des opérations de Mandchourie, est le donateur anonyme de vingt-six gravures de grands formats sur la guerre de Mandchourie, annotées au crayon de sa main, à la société de géographie de Rochefort-sur-Mer. Ces gravures japonaises éditées au fur et à mesure du déroulement de la guerre russo-japonaise de Mandchourie (février 1904 – octobre 1905), ont fait l'objet d'une exposition à l'occasion d'une journée portes ouvertes, le , au sein du musée de la Vieille Paroisse, avenue Rochambeau à Rochefort.

Guerre de 1914-1918[modifier | modifier le code]

Commandant de compagnie au 104e régiment d'infanterie, le capitaine Charles Bertin se conduit magnifiquement au feu, aux combats d'Èthe (Belgique). Après une superbe résistance de plus de quarante-huit heures face à l'ennemi, et bien qu'il soit atteint de deux graves blessures, il mène l'après-midi, la nuit et la journée du lendemain une action offensive avec une centaine d'hommes, à revers des forces ennemies, jusqu'à ce qu'il tombe sans connaissance et soit fait prisonnier, au moment où les survivants de sa compagnie ralliaient les troupes françaises.

Le combat d'Èthe (Belgique)[modifier | modifier le code]

Extrait de l'Historique du 104e régiment d'infanterie paru en 1920, de 112 pages. À la page 7, mentions : « Le 22 août 1914. Il est 7h.30. Sur le front du 2e bataillon, la fusillade fait rage. Le canon allemand, posté aux lisières ouest du bois Lefort, tonne violemment ; il prend à revers les 5e (capitaine Bertin) et 6e compagnies sur la croupe au nord de Gevimont et déverse sur elle une pluie de projectiles. Ce terrain devient bientôt intenable ; les pertes sont très nombreuses et les sections des 5e (capitaine Bertin) et 6e compagnies, les unes après les autres, sont rejetées dans le lit de la Tonne (sur certaines cartes cette rivière est dénommée le Ton). Par deux fois, les braves des 5e (capitaine Bertin) et 6e compagnies, hachés par les obus qui creusent dans leurs rangs des traînées sanglantes, refluent, la rage au cœur, dans le lit de la rivière... ».

On peut lire dans le même petit livre daté de 1920 la citation individuelle suivante : Ordre de l'Armée No 275 du 5 juin 1915 : Bertin Charles, capitaine au 104e RI. « A donné, dans son commandement, un bel exemple d'énergie, de courage et d'héroïsme. Se trouvant à la suite de fluctuations de combat, le 22 août 1914, vers 11 heures, coupé avec une centaine d'hommes, du reste des troupes françaises, et, bien qu'il fût atteint de deux graves blessures (il reçut à l'aisselle gauche une balle qui sortit dans le dos - atteint, plus tard, par un autre projectile derrière la tête, il resta sans connaissance, sur place), a mené l'après-midi, la nuit et la journée du lendemain, une action offensive, à revers des forces ennemies, jusqu'à ce qu'il tombât sans connaissance au moment où les survivants de sa compagnie ralliaient les troupes françaises ».

Après la guerre de 1914-1918[modifier | modifier le code]

Après les hostilités, il est affecté à l'état-major de l'armée, est chargé des études concernant l'Amérique, la Chine et le Japon, et il les traite à merveille grâce à son expérience et son acquis. Il est promu officier de la Légion d'honneur par arrêté du 9 juillet 1919[3]. Le colonel Charles, Émile Bertin prend sa retraite en 1927, croix de guerre 14/18, nombreuses décorations françaises et étrangères notamment du Japon.

En retraite, il exerce la fonction de conseiller municipal, puis de 6e adjoint au maire de Versailles à compter du 17 février 1942. Il est président de l'Union nationale des combattants (UNC), section de Versailles, pendant de nombreuses années jusqu'à sa disparition en 1959. Il se marie en 1920, à Versailles, avec Madeleine Rieunier (1879-1956), la fille benjamine de l'amiral Henri Rieunier, ministre de la Marine et député de Rochefort.

Références[modifier | modifier le code]

  1. Bertin, Charle-Émile. (1914). Guerre russo-japonaise : Liao-Yang : six mois de manœuvre et la bataille.
  2. Cherbourg-Octeville en 2000, puis commune déléguée dans Cherbourg-en-Cotentin depuis 2016.
  3. sa nomination sur LEONORE

Bibliographie[modifier | modifier le code]

  • Bertin, Charles-Émile. (1914). Guerre russo-japonaise : Liao-Yang : six mois de manœuvre et la bataille. Paris : Chapelot. OCLC 636603688
  • Bernard, Hervé.(2007). Ambassadeurs au Pays du Soleil Levant dans l'Ancien Empire du Japon. Biarritz : Atlantica.
  • Grasset, A. Lieutenant-colonel. (1927) ETHE. la guerre en action, le 22 août 1914 au 4e corps d'armée, Berger-Levraut, éditeurs, Nancy-Paris-Strasbourg.

Liens externes[modifier | modifier le code]