Charente (département)

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Charente
Charente (16) logo 2012.png
Charente (département)
Administration
Pays Drapeau de la France France
Région Poitou-Charentes
Création du département
Chef-lieu
(Préfecture)
Angoulême
Sous-préfectures Cognac
Confolens
Président du
conseil départemental
Michel Boutant (PS)
Préfet Salvador Pérez
Code Insee 16
Code ISO 3166-2 FR-16
Code Eurostat NUTS-3 FR531
Démographie
Gentilé Charentais
Population 352 705 hab. (2011)
Densité 59 hab./km2
Géographie
Coordonnées 45° 50′ nord, 0° 20′ est
Superficie 5 956 km2
Subdivisions
Arrondissements 3
Circonscriptions législatives 4
Cantons 35
Intercommunalités 26
Communes 404

Le département de la Charente est situé dans le Sud-Ouest de la France et appartient à la région Poitou-Charentes, dont il occupe la partie sud-est.

Traversé dans toute sa longueur d'est en ouest par le cours supérieur et moyen de la Charente, il doit son nom au fleuve lui-même comme la majorité des départements français.

Le département de la Charente fait partie de l'académie de Poitiers et de la cour d'appel de Bordeaux.

L'Insee et La Poste lui attribuent le code 16.

Géographie

Le département de la Charente fait naturellement partie du Bassin aquitain et administrativement de la région Poitou-Charentes dont il occupe le quart sud-est. Il en est à la fois le moins peuplé et le moins étendu[N 1].

Les données de la géographie administrative

Le département est limitrophe, au nord, des départements des Deux-Sèvres et de la Vienne, à l'est, de celui de la Haute-Vienne, au sud-est et au sud de celui de la Dordogne et, enfin, à l'ouest de celui de la Charente-Maritime, département avec lequel il partage la plus grande longueur de ses limites administratives.

La Charente est limitrophe de deux régions administratives. À l'est, elle est au contact avec la région Limousin et au sud et sud-est avec la région Aquitaine.

Quelques éléments de géographie physique

La Charente appartient physiquement, géologiquement et climatiquement au Bassin aquitain dont elle constitue avec les départements voisins de la Charente-Maritime et de la Dordogne l'extrémité septentrionale.

C'est également un département de contact puisqu'il confine d'une part, au nord, avec le seuil du Poitou qui sépare le Bassin aquitain du Bassin parisien, et, à l'est, avec le Massif central que délimitent les premières marches du plateau du Limousin.

C'est d'ailleurs à l'extrémité orientale, en Charente limousine, que se trouve le point culminant du département et de la région avec le site de Montrollet qui atteint 368 mètres d'altitude. L'autre point culminant, situé sur une avancée du Limousin à l'est de La Rochefoucauld est le massif de l'Arbre, qui s'élève à 351 m.

Hydrographie sommaire

Les limites du département de la Charente coïncident avec celles du bassin supérieur et moyen du fleuve Charente, qui prend sa source à quelques kilomètres dans le département voisin de la Haute-Vienne.

De son lieu de source jusqu'à Mansle, la pente de la Charente est forte et les méandres sont de faible développement[1].

Au nord d'Angoulême, où la vallée prend le nom du Val d'Angoumois, puis en Saintonge, la pente de la Charente est faible et régulière et le fleuve paresse dans de très larges et nombreux méandres.

Les affluents de la Charente sont de plusieurs types :

  • La Tardoire, le Bandiat, la Bonnieure qui sont des affluents de rive gauche ont la caractéristique particulière de disparaître en partie dans des crevasses et d'alimenter le karst de La Rochefoucauld lequel est garant d'un débit d'étiage minimum.
  • La Touvre est une résurgence, née de deux sources, le Dormant et le Bouillant. Elle est, après celle du Vaucluse, la deuxième résurgence de France.
  • L'Aume, la Soloire, l'Antenne, petits affluents de rive droite, et le , affluent de rive gauche, qui sont des rivières écoulant leurs eaux sur des terrains imperméables, grossissent aux moindres pluies.

À chaque période hivernale, les crues sont habituelles où l'eau recouvre les vallées de la Charente et de ses affluents caractérisées par des marais et des prairies inondables, appelées localement les "prées". Lors des crues exceptionnelles qui ont lieu environ tous les vingt ans, il n'est pas rare de voir les routes coupées et les bas quartiers des villes comme Angoulême, Jarnac et Cognac complètement inondés. Ces crues peuvent parfois revêtir des aspects spectaculaires comme en 1960, ou encore en 1982, année considérée comme la "crue du siècle". Lors de ces crues centennales, et même décennales, la vallée de la Charente avec ses prairies inondables ne forment plus que ce qui ressemble à un immense lac de Châteauneuf-sur-Charente jusqu'à son estuaire.

D'Angoulême à Saintes une vingtaine d'ouvrages, formés par les écluses, canaux de dérivation et barrages, rendent le fleuve navigable qui est aujourd'hui uniquement réservé à la navigation fluviale de plaisance.

Les régions naturelles

D'est en ouest, le département fait apparaître une succession de paysages naturels conditionnés par la nature des sols, le relief et le climat et qui délimitent des terroirs agricoles et ruraux nettement différenciés.

Tout à l'est du département et en bordure du plateau du Limousin, la région du Confolentais ou Charente limousine se caractérise par des sols constitués de roches cristallines imperméables, parfois couverts d'argiles rouges, qui sont géographiquement et géologiquement situés en Limousin. Cette région a été le théâtre d'un évènement majeur où, dans un passé fort lointain, une météorite de plus d'un kilomètre de diamètre a heurté la région à Pressignac, à mi-chemin entre Chassenon et Rochechouart.

Les terres qui constituent la Charente limousine sont argileuses et imperméables, appelées aussi terres froides. Celles-ci sont particulièrement propices à l'élevage (vache limousine). L'occupation du sol se partage entre bocage et bois de châtaigniers et épicéas. Ici, le relief est plus vigoureux par les vallées profondes qui entaillent le plateau du Limousin et se distingue par les plus hautes altitudes du département et de toute la région Poitou-Charentes, notamment au site de Montrollet qui culmine à 368 mètres.

Le nord du département, le Ruffécois, est occupé par de grandes plaines céréalières qui ne sont pas sans rappeler celles du Poitou.

Au centre du département, le fleuve joue un rôle considérable dans l'occupation de l'espace géographique. La Charente et ses affluents de rive gauche traversent en Angoumois des plateaux calcaires fissurés, générateurs de gouffres et de résurgences, et sur le reste de son bassin versant des terrains imperméables mais aussi des sols calcaires qui, une fois gorgés d'eau, se comportent comme des terrains imperméables. L'Angoumois porte de grandes et belles forêts comme celles de la Braconne.

Les terres à l'ouest, de part et d'autre de la vallée de la Charente, sont de nature calcaire et sont appelées terres chaudes étant propices à la culture de la vigne, des céréales ou à la polyculture. Ce sont également les terres de "champagne" qui portent le célèbre vignoble du cognac. Ces sols et ces paysages annoncent ceux du département voisin de la Charente-Maritime où les affinités y sont particulièrement nombreuses.

Enfin, tout au sud du département, de grandes chênaies, mêlées de châtaigniers et de pins maritimes, recouvrent les sommets décalcifiés de la Double saintongeaise, ce dernier constitue un grand massif forestier qui se prolonge en Charente-Maritime et en Dordogne. C'est le domaine des landes qui évoquent les grandes pinèdes des Landes de Gascogne.

Le département de la Charente comporte 24 zones Natura 2000 situées, certaines en totalité, d'autres en partie sur son territoire, vallée du fleuve Charente et de ses affluents, chaumes et autres types d'habitats pour oiseaux, chauves-souris, loutre et vison d'Europe ou orchidées.

Climat

Le département de la Charente a un climat océanique de type aquitain[2] de Cognac jusqu'à Angoulême qui se modifie en allant vers l'est en climat océanique dégradé.

Dans le Confolentais le climat océanique dégradé se traduit par des températures plus fraîches que dans les plaines, des précipitations plus importantes et des hivers plus marqués avec des jours de gel et de neige plus nombreux.

Les orages sont habituels, sous forme de phénomènes localisés ou plus étendus.

Le vent est le plus souvent d'ouest-nord-ouest en particulier lors des tempêtes dont la plus violente a été la tempête Martin avec des vents de plus de 140 km/h sur l'ensemble du département. Moins fréquemment le département est soumis à des vents nord-est.

Démographie

Un département moyennement peuplé

Le département de la Charente recense 349 535 habitants en 2007[N 2], ce qui le classe au 4e rang en Poitou-Charentes autant pour sa densité de population qui est de 59 hab./km2 contre 67 hab./km2 pour la région et 114 hab./km2' pour la France métropolitaine[N 3].

Il s'agit d'un département moyennement peuplé mais il existe de véritables contrastes de peuplement à l'intérieur de ses limites départementales où la vallée de la Charente, prolongée vers l'est par l'axe routier de la RN141 en direction de Limoges, concentre l'essentiel des activités et des villes. Autour d'Angoulême, la densité de population franchit aisément les 200 hab./km2, soit pratiquement le quadruple de la moyenne départementale, et autour de Cognac la densité est supérieure à 150 hab./km2, soit le triple de celle du département.

Un département de nouveau attractif

La population du département est demeurée relativement stable autour de 340 000 habitants dans le dernier quart du XXe siècle - entre 1975 et 1999 -, chiffre semblable à ceux observés jusqu'au milieu du XIXe siècle, mais les cantons ruraux de la partie orientale de la Charente ont subi un très fort exode rural alors que l'agglomération d'Angoulême a fortement augmenté jusqu'à représenter actuellement environ le tiers de la population départementale.

Il faut aussi noter que la Charente héberge de nombreux résidents britanniques, 5 083 en 2006[3], ce qui la place au 4e rang des départements français, juste derrière Paris, la Dordogne et les Alpes-Maritimes[4],[3].

Près de la moitié de la population est urbaine

Depuis le début du XXIe siècle, la population du département recommence à croître et approche les 350 000 habitants, mais l'essentiel de cette croissance démographique repose sur Angoulême et son aire urbaine qui rassemble presque la moitié de la population départementale.

L'urbanisation du département progresse légèrement et près de la moitié de la population réside dans les villes (47,1 % de la population est urbaine en Charente en 2007). En 2007, la Charente recense 31 communes de plus de 2 000 habitants dont neuf ont de plus de 5 000 habitants.

Les deux principales agglomérations de la Charente sont Angoulême qui regroupe 109 009 habitants et Cognac 27 203 habitants au recensement de 2007[N 4]. En Poitou-Charentes, elles occupent respectivement le 3e et le 9e rang régional[N 5].

Liste des communes de la Charente de plus de 3 500 habitants

Commune Population municipale en 2011[5]
Angoulême 41 776 hab.
Cognac 18 611 hab.
Soyaux 9 538 hab.
Ruelle-sur-Touvre 7 391 hab.
La Couronne 7 267 hab.
Saint-Yrieix-sur-Charente 7 064 hab.
Gond-Pontouvre 5 905 hab.
L'Isle-d'Espagnac 5 257 hab.
Champniers 5 170 hab.
Barbezieux-Saint-Hilaire 4 774 hab.
Jarnac 4 427 hab.
Brie 4 126 hab.
Roullet-Saint-Estèphe 4 024 hab.
Châteaubernard 3 727 hab.
Fléac 3 632 hab.

Économie

Le premier département industriel entre Loire et Garonne

La Charente est un département agricole mais aussi industriel et il se positionne au tout premier rang régional en Poitou-Charentes dans ce second domaine que ce soit sur le plan des effectifs que sur celui du nombre des activités. Il se singularise nettement des trois autres départements de cette région aussi bien par l'importance de son héritage industriel que par celle de ses entreprises[6].

En raison de cet héritage industriel conséquent, le département se caractérise par la présence de deux chambres consulaires que sont les chambres de commerce et d'industrie d'Angoulême et de Cognac. La différence des activités économiques qui distinguent ces deux organismes ne les incite pas à une coopération interconsulaire. Ainsi la Chambre de commerce et d'industrie de Cognac a envisagé de s'associer à celle de Rochefort plutôt qu'à celle d'Angoulême[7].

Un secteur industriel aux activités diversifiées

Le secteur industriel de la Charente se distingue notamment par la présence d'activités traditionnelles, qui sont présentes aussi bien dans l'industrie agro-alimentaire puissamment représentée par le cognac, que dans les industries de transformation des matières premières comme la papeterie, les tuileries et briqueteries, les fonderies comme celle de Ruelle devenue une des implantations de la DCNS.

Les industries agro-alimentaires

Le secteur des industries agro-alimentaires (IAA) est l'un des secteurs phares de l'industrie charentaise et il est largement dominé par la production des eaux-de-vie de cognac.

La zone d'appellation Cognac représente 47 131 ha de vignes plutôt localisées à l'ouest du département, assurant 45 % des revenus agricoles de la Charente. Cette production viticole, appartenant à des viticulteurs ou à de grandes maisons de négoce, assure 40 % des exportations de Poitou-Charentes[1].

Par contre, les laiteries pour la fabrication du beurre Charentes-Poitou et du fromage sont en net déclin, comme l'industrie de la viande bien que l'élevage reste une activité importante.

L'industrie lourde

L'industrie lourde est représentée par un puissant secteur des activités extractives qui alimente les usines de la région de Roumazières-Loubert où l'argile est employée pour la fabrication des briques et des tuiles. Cette industrie fournit le 1/6e de la fabrication des tuiles françaises, ces dernières étant produites principalement par Terreal, anciennement Tuileries et Briqueteries Françaises (TBF).

Près de Cognac, à Cherves-Richemont, le gypse est encore activement extrait en vue de la fabrication de plâtre dont la production est assurée par l'usine Placoplatre.

La pierre calcaire qui était exploitée pour la pierre de taille est toujours extraite et sa production est orientée vers celle des granulats.

La marne grise alimente la grosse cimenterie Lafarge SA de La Couronne, au sud d'Angoulême.

Dans la Double saintongeaise, l'argile blanche est extraite à Oriolles et à Chantillac pour la fabrication de céramique sanitaire.

Les industries de transformation

Ce secteur économique fait cohabiter des industries traditionnelles qui ont dû se moderniser pour s'adapter à la nouvelle donne économique et des industries modernes et performantes qui tirent le département vers l'innovation technologique.

Tout d'abord, le secteur des industries traditionnelles est représenté par la papeterie. Fort anciennement implantée dans la région d'Angoulême, elle est passée par une crise sévère qui a entamé durement et profondément ses activités. Bien qu'accusant un déclin presque irrémédiable, après la fermeture du Nil, elle demeure toujours en activité avec ICP (Industrie Papetière Charentaise).

La fonderie de Ruelle, créée par le marquis de Montalembert en 1750, est devenue fonderie royale en 1755. Ses activités ont elles aussi beaucoup décliné, elles sont orientées vers la production militaire.

La verrerie avec Saint-Gobain a repris l'usine de Claude Boucher.

Les autres industries sont liées au cognac (cartons, étiquettes, transport, matériel agricole, tonnelleries, matériel de distillation).

Les industries innovantes et modernes ou qui se sont modernisées en fonction de la demande actuelle sont représentées par deux secteurs industriels performants.

La Poudrerie nationale d'Angoulême, devenue SNPE, est un secteur dynamique.

Les industries électriques sont surtout représentées par Leroy-Somer, grand fabricant de moteurs électriques, et par SAFT dans son usine de Nersac pour la fabrication de batteries au lithium pour l'industrie électromobile appelée à un grand essor.

Tourisme

L'emblème « La Charente a des ailes » accompagne la communication des événements estampillés Conseil Général.

Toponymie du département

Dénominations dialectales

La Charente est appelée Chérente en saintongeais, et Charanta dans le dialecte limousin de la langue occitane.

Anciennes appellations du fleuve

Le département tire son nom du fleuve qui, à l'époque gallo-romaine, était connu sous le nom grec de « Κανεντελος » (« Kanentelos »). Ce nom est mentionné par le célèbre géographe Claude Ptolémée en 140[8].

En 360, à l'époque de l'Antiquité tardive, le poète de langue latine Ausone latinise le nom du fleuve sous la forme « Carentonus »[8].

Plus tard, dans un manuscrit daté de 865, le cours d'eau est orthographié sous la forme latine « Caranto »[9].

À la fin du Moyen Âge, il apparaît sous sa forme presque contemporaine dans un texte où est mentionné le village de « Taillebourg qui siet sur une male rivière que l'on appelle Carente »[9].

La plupart des noms des villes et des villages riverains du fleuve des deux départements charentais ont accolé à leur toponyme le nom du fleuve vers la fin du XIXe siècle - cas de Châteauneuf-sur-Charente en 1891 - ou dans le courant du siècle suivant - cas de Verteuil-sur-Charente en 1962 -, généralement pour éviter des confusions d'homonymie géographique[N 6].

Histoire

La Charente et les provinces qui occupaient son territoire avant 1790 : l'Angoumois, la Saintonge, le Poitou et la Marche.

Le département a été créé à la Révolution française, le en application de la loi du . Il a été formé autour de l'Angoumois et de son ancienne capitale, Angoulême, qui a été choisie pour être le chef-lieu d'un département qui intégra à l'ouest le Cognaçais (des limites de l'actuelle Charente-Maritime jusqu'à Bassac) et le Sud-Charente avec Barbezieux-Saint-Hilaire, qui faisaient partie de la Saintonge, et à l'est les terres limousines du Confolentais, ainsi que quelques communes du Poitou au nord et du Périgord au sud[1].

La Charente a été habitée dès le paléolithique moyen (sites de Vilhonneur, Gardes-le-Pontaroux, Sers, Mouthiers)[10].

Au cours de l'Histoire, il n'a jamais vraiment existé d'unité, ni politique, ni religieuse, ni judiciaire. La coupure entre l'Angoumois, à l'est, centré sur Angoulême et la Saintonge, à l'ouest, centrée sur Saintes et englobant Cognac, qui existait déjà à l'époque celte a perduré jusqu'à la Révolution et n'a d'ailleurs pas totalement disparu.

La Saintonge est ainsi nommée car elle était le territoire des Santons, tandis que l'Angoumois aurait été le territoire d'une autre tribu, plus petite, les Agésinates. Pendant l'occupation romaine, toute la Charente est devenue une riche région gallo-romaine dont il reste en particulier les thermes de Chassenon et le théâtre des Bouchauds.

À la suite des grandes invasions et de l'effondrement de l'Empire romain, le département entre dans une période de léthargie comme l'ensemble de l'Aquitaine à laquelle il appartient.

À l'époque médiévale, des places fortes ont été érigées entre le Xe siècle et le XIIe siècle, période pendant laquelle chaque village a également construit son église romane. Villes et châteaux fortifiés (Cognac, Angoulême, Villebois-Lavalette…) ont été mis à mal durant la guerre de Cent Ans et l'occupation anglaise. Celle-ci se termine en Charente avec la prise de Chalais en juin 1453, un mois avant la bataille de Castillon.

Reconstruits, châteaux et églises ont souffert des guerres de religion, qui ont été un désastre pour ce département (départ de plus de 50 % des artisans)[1].

Les Charentais ont formé une partie importante des colons de la Nouvelle-France (Québec).

Durant la Révolution, peu d'évènements marquants sont à signaler - si ce n'est la création du département de la Charente - et la Terreur y a été très modérée.

Le commerce se faisait par le fleuve (sel, cognac, matériaux…) et diverses industries (papeteries, fonderies…) datent du XVIIe siècle.

Le XIXe siècle avec la révolution industrielle et le commerce du cognac a été une période de grande richesse. La crise engendrée par le phylloxéra, qui a commencé à ruiner le vignoble charentais dès 1872, a provoqué un fort exode rural qui, cependant avait déjà commencé dès 1851, année où le département a atteint son record démographique. À cette baisse de population se sont ajoutées les saignées des guerres et la Charente n'a toujours pas retrouvé son niveau de population de 1851[1].

Durant la Seconde Guerre mondiale, sa position coupée en deux par la ligne de démarcation avec l'Ouest, zone occupée, et l'Est, zone libre, explique l'organisation rapide de réseaux de résistance[11].

Héraldique

Armes de la Charente

Les armes de la Charente se blasonnent ainsi : « Coupé, en 1 d'azur aux trois fleurs de lys d'or surmontées d'un lambel d'argent et en 2 losangé d'or et de gueules ; à la burelle ondée d'argent brochant sur la partition. »

Administration

Historique du cadre administratif du département

Avant sa formation lors des débats de la Constituante de 1790, le département, dénommé Angoumois[12] de janvier à mars 1790, était composé très majoritairement des anciennes provinces de l'Angoumois, au centre, et de la Saintonge, à l'ouest et au sud-ouest, avec respectivement Angoulême et Saintes comme capitales historiques.

La carte administrative

La géographie administrative de la Charente a subi beaucoup de modifications depuis sa création en 1790, à l'exception des limites départementales qui sont demeurées sans changement depuis le premier tracé[13].

Comme l'indique la carte administrative ci-jointe, le département de la Charente est subdivisé aujourd'hui en trois arrondissements de taille à peu près comparable depuis la refonte de leurs limites administratives au 1er janvier 2008.

Arrondissements et cantons de la Charente après la réforme de 2008

Le département est également subdivisé en 35 cantons qui ont subi de nombreuses modifications territoriales depuis leurs origines, surtout autour des deux principales villes que sont Angoulême et Cognac, et il regroupe aujourd'hui 404 communes, ces dernières ayant à leur tour beaucoup varié aussi bien par le nombre que par les remaniements (fusions, absorptions, annexions).

Les divisions administratives actuelles du département de la Charente sont les suivantes :

Politique

La Charente a voté massivement Bonapartiste à l'élection de 1848, par désir de paix. Vigny écrivait la Charente n'est qu'une Vendée Bonapartiste. Elle va le rester jusqu'à la fin du XIXe siècle et en 1889 seul le Confolentais vote Républicain alors qu'Angoulême élit Paul Déroulède, et ce n'est qu'après l'élection partielle de 1906 que le département devient totalement Républicain. Lors de l'élection partielle de 1939, Marcel Déat est élu en remplacement de René Gounin, USR comme lui, devenu sénateur.

Au sortir de la guerre, les quatre députés élus le 10 novembre 1946 sont 1 PC, 1 socialiste, 1 RGR (radical) le jeune Félix Gaillard et 1 MRP. Dans le même temps les deux sénateurs élus sont plus modérés, ce sont Guy Pascaud juste de retour de déportation et Pierre Marcilhacy qui seront ensuite réélus constamment jusqu'en 1980.

À partir de 1958 le scrutin devient majoritaire de circonscription, ce qui est très défavorable pour la gauche. Le PC entame une lente descente et malgré encore environ 23 % des voix n'a plus de député. Les trois députés élus sont un UNR, Raymond Réthoré, un conservateur Républicain Indépendant, Jean Valentin, et un Radical Félix Gaillard. Ils seront réélus en 1962 et 1967.

À l’élection présidentielle le général De Gaulle obtient une large majorité : 53,12 % en 1965, et aux élections législatives de juin 1968 ce sont deux UNR qui sont élus, Raymond Réthoré et Michel Alloncle. Félix Gaillard sauve son fauteuil mais après sa mort accidentelle en 1970 il est remplacé par un troisième député UNR, Francis Hardy.

L’élection présidentielle de 1974, et le score de 54,01 % de François Mitterrand au second tour, marquent l'essor de la gauche : Jean-Michel Boucheron, PS, est élu maire d'Angoulême en 1977 et député en 1978. André Soury PC retrouve le siège de Confolens qu'il avait perdu en 1958, et si Francis Hardy garde le siège de Cognac, il va le perdre en 1981 au profit de Bernard Villette, PS. La Charente est passée de trois députés de droite en 1970 à trois députés de gauche en 1981.

Mais les électeurs ruraux restent conservateurs et en 1980 ce sont Pierre Lacour et Michel Alloncle qui sont élus sénateurs, et en 1982 le conseil général reste à droite avec 19 conseillers contre 16 et Pierre-Rémy Houssin, maire de Baignes-Sainte-Radegonde en prend la présidence.

Au législatives de 1986, les résultats s'équilibrent, Jean-Michel Boucheron et Jérôme Lambert pour le PS, Francis Hardy pour l'UNR et Georges Chavanes pour l'UDF[1]. Georges Chavanes entre au Gouvernement, et c'est Pierre-Rémy Houssin qui devient député.

Georges Chavanes à Angoulême et le RPR Pierre-Rémy Houssin à Cognac sont élus députés en 1988 et réélus ensuite, Jean-Claude Beauchaud le suppléant de Jean-Michel Boucheron le remplace en 1993, tandis que Jérôme Lambert est battu par le RPR Henri de Richemont mais récupère son siège en 1997.

En 1997, c'est donc le retour de Jérôme Lambert à Confolens, l'arrivée à Cognac de Marie-Line Reynaud, à Angoulême de Jean-Claude Viollet et la réélection de Jean-Claude Beauchaud avec 65 % au second tour.

En 2002, Jérôme Lambert, Jean-Claude Beauchaud et Jean-Claude Viollet sont réélus, mais Jacques Bobe prend le siège de Marie-Line Reynaud qui le récupèrera en 2007 alors que Martine Pinville remplace Jean-Claude Beauchaud (Martine Pinville était la candidate des militants locaux, candidate dissidente se présentant contre Malek Boutih, candidat du PS imposé par le national).

Le conseil général voit une poussée de la gauche en 2001 (et l'élection du premier conseiller général vert, Patrik Fontanaud) et son basculement à gauche aux élections de 2004. Michel Boutant PS en devient le président.

Les deux grandes villes Angoulême et Cognac ont basculé dans l'escarcelle du PS aux élections municipales de 2008, ce qui confirme la poussée à gauche du département (après conseils régional et général en 2004 et 4 députés sur 4 à l'issue des législatives de 2007). Aujourd'hui, Soyaux, 3e ville du département en banlieue d'Angoulême, reste la dernière ville importante dirigée par la droite. La plus grande partie des communes sont dirigées par des listes « d'intérêts communaux » sans tendance marquée.

Justice

À la suite de la réforme de la Justice de 2007, l'organisation de la carte judiciaire de la Charente a subi un profond remaniement[14]. Mais elle a en même temps entraîné une certaine forme de « désertification » des instances judiciaires dans le département, souvent préjudiciable pour les justiciables, la notion de « justice de proximité » étant mal perçue par les citoyens autant qu'elle est dénoncée par l'ensemble des professions juridiques[15].

Le Palais de justice d'Angoulême

Ainsi un seul Tribunal de grande instance (TGI) étend ses compétences judiciaires sur l'ensemble du territoire départemental. Il se situe logiquement à Angoulême, qui plus est préfecture de la Charente.

Deux Tribunaux d'instance (T.I.) sont maintenant répartis sur le département au lieu de cinq avant la réforme de la carte judiciaire. Ils sont situés à Angoulême et à Cognac. Les trois TI supprimés avaient leur siège à Barbezieux, Confolens et Ruffec.

La Charente dispose d'une Cour d'assises qui est fixée à Angoulême et qui est en même temps le chef-lieu judiciaire du département. Mais son rôle est appelé à être fortement amenuisé du fait que le pôle de l'instruction judiciaire départemental a été fixé à Périgueux, dans le département voisin de la Dordogne. Cependant, du fait de son rôle de Préfecture et de l’importance de son agglomération urbaine, Angoulême abrite une Maison de la Justice et du Droit. C’est l’une des rares instances d’informations juridiques de ce genre présente dans le ressort de la Cour d'appel de Bordeaux.

La Cour d'appel est à Bordeaux, de laquelle dépend la Charente.

Il n'existe pas de juridiction administrative en Charente, celle-ci est implantée à Bordeaux qui y concentre le Tribunal administratif et la Cour administrative d'appel.

Par ailleurs, un seul tribunal de commerce est en activité en Charente. Il a son siège à Angoulême. Avant la réforme judiciaire, Cognac disposait d'une telle instance.

À son côté fonctionne un Conseil des Prudhommes en Charente qui est également fixé à Angoulême.

Culture

La culture en Charente apparaît à la fois dans son patrimoine bâti (vestiges gallo-romains, églises, châteaux) et dans ses œuvres artistiques d'une étonnante floraison comme la faïencerie, la peinture, la sculpture, la poésie et la littérature, où l'empreinte laissée par la Renaissance depuis la « cour de Cognac » de Louise de Savoie y est profonde.

décor Renoleau traditionnel

Le patrimoine départemental est d'une extrême richesse et se décline en plusieurs thèmes qui vont des vestiges de l'époque gallo-romaine comme le célèbre site de Chassenon aux nombreuses églises romanes comme celle d'Angoulême sans oublier les multiples châteaux et manoirs dont celui de La Rochefoucauld en est certainement le plus bel édifice.

Par ailleurs, des musées ruraux et urbains reflètent les nombreux aspects de l'histoire mouvementée de ce département et ne manquent pas d'intérêt. Parmi ceux-ci, le musée de la Faïence de Charente présente une collection rare et unique dans la région.

La culture artistique est représentée par des poètes (d'Alfred de Vigny à la Tour de Feu), des écrivains (de Jean-Louis Guez de Balzac, François de La Rochefoucauld et Jean-Baptiste de La Quintinie jusqu'à « l'École de Barbezieux »), des peintres et des faïenciers.

Enfin, cette richesse culturelle est complétée par les nombreux festivals (Festival de Confolens, Festival du film policier de Cognac, Festival Blues Passions de Cognac, Musiques Métisses, Festival international de la bande dessinée). Ce dernier qui a lieu annuellement à Angoulême dépasse très largement le cadre du département et a atteint une solide notoriété internationale.

Langues

Le département de la Charente est traversé du nord au sud par la frontière linguistique oc/oïl.

Les médias

  • Les journaux les plus diffusés sont la Charente libre[16] dont le siège est situé aux portes d'Angoulême et Sud Ouest édition Charente[17]; ils recouvrent l'essentiel de l'actualité quotidienne de tout le département.

Gastronomie

Plats

  • Cagouilles (les escargots petit-gris) soit grillées au beurre persillé, soit en sauce ou encore farcies à la chair à saucisse,
  • daube de beu (bœuf),
  • sauce de pire et gigouri : sortes de civet de porc qui diffèrent par leur composition (lard, gorge, tête, poumons, sang…),
  • gros grillon et grillon charentais.

Viandes

Légumes

  • melon nature ou au Pineau des Charentes,
  • fèves à la croque au sel,
  • baraganes (aillet, de goût différent du poireau cultivé) cuit, tiède, vinaigrette, ou consommé à Pâques avec le chevreau,
  • mogettes (haricots).

Fromages

Desserts

  • merveilles (sorte de beignets)
  • millas (gâteau à base de farine de maïs, c'est un « étouffe chrétien »)
  • cornuelle : gâteau triangulaire à trou central, en pâte sablée garnie de grains d'anis. Elle viendrait des très anciennes fêtes païennes du printemps
  • galette charentaise. Plus moelleuse que le broyé poitevin beaucoup plus dur
  • le Rameau ; pâte à chou allongée, (en forme de gros éclair), garni de crème de Saint-Honoré ou crème légère, voire de crème chantilly ou crème pâtissière, ce gâteau est confectionné pour les Rameaux, et jusqu'à Pâques (s'appellerait aussi élégamment « pine fourrée » dans la région de Barbezieux (Sud Charente) et confectionnée à Pâques exclusivement).

Vins et alcools

Autres

  • ail, condiment indispensable au Charentais et aillet durant tout le printemps
  • brin d'aillet du 1er mai : ce matin là en-cas festif avec aillet cru, pain, grillon, fromage frais… fête qui serait d'origine gauloise
  • raisiné (compote cuite dans le jus de raisin réduit)

Personnalités liées au département

Notes et références

Notes

  1. Selon les données statistiques de l'Insee, la Charente a officiellement une superficie de 5 956 km2, ce qui en fait le plus petit des quatre départements qui composent la région Poitou-Charentes, se classant très près après celui des Deux-Sèvres qui a une superficie officielle de 5 999 km2, celui de Charente-Maritime avec 6 864 km2 et celui de la Vienne qui, avec 6 990 km2, en est le plus étendu. Sur les 25 809 km2 de la région administrative, la part du département de la Charente est de 23,1 %, celle des Deux-Sèvres de 23,2 %, celle de Charente-Maritime de 26,6 % et celle de la Vienne de 27,1 %.
  2. Tandis que la population totale s'établit à 362 528 habitants, cette dernière donnée est prise en compte par les administrations, notamment en vue du calcul de la DGF des communes lors de l'élaboration annuelle du budget. Sur ce, consulter notamment la Base A.S.P.I.C. des départements / Site ASPIC des départements, intercommunalités, communes.
  3. Au recensement de 2007, la population de la France métropolitaine est de 61 795 550 habitants répartis sur une superficie de 543 965 km2, soit une densité d'environ 114 hab./km2 - (Source : Insee).
  4. Selon les nouvelles délimitations de 2010 établies par l'Insee où l'unité urbaine d'Angoulême notamment gagne deux nouvelles communes urbaines. Se reporter à l'article détaillé Démographie de la Charente.
  5. En Poitou-Charentes, Poitiers et La Rochelle sont les deux premières agglomérations urbaines de la région avec respectivement 128 535 habitants et 127 033 habitants en 2007. Les suivantes après Angoulême sont Niort (4e), Châtellerault (5e), Rochefort (6e), Royan (7e) et Saintes (8e) ; consulter l'article détaillé Démographie de la région Poitou-Charentes
  6. Dans le département de la Charente, sept communes riveraines du fleuve ont accolé le nom de la Charente à leur toponyme. Il s'agit par ordre alphabétique des communes suivantes : Angeac-Charente, Bourg-Charente, Châteauneuf-sur-Charente, Montignac-Charente, Saint-Quentin-sur-Charente, Saint-Yrieix-sur-Charente et Verteuil-sur-Charente tandis qu'en Charente-Maritime, six communes sont concernées : Brives-sur-Charente, Bussac-sur-Charente, Dompierre-sur-Charente, Saint-Nazaire-sur-Charente, Salignac-sur-Charente et Tonnay-Charente.

Références

  1. a b c d e et f Modèle:Ref-Bordessoules-Charente
  2. Jean Combes (dir.) et Michel Luc (dir.), La Charente de la Préhistoire à nos jours (ouvrage collectif), St-Jean-d'Y, Imprimerie Bordessoules, coll. « L'histoire par les documents », , 429 p. (ISBN 2-903504-21-0, BNF 34901024, présentation en ligne), p. 10
  3. a et b Insee
  4. La Charente libre du 4 janvier 2010
  5. Population des communes de la Charente au recensement de 2011 - Population municipale
  6. Gilles Bernard, La tradition industrielle charentaise face à la crise, Norois, numéro 119, (lire en ligne), p. 435
  7. Journaux Sud-Ouest et Charente Libre du 18 au 21/09/2007
  8. a et b Jean-Marie Cassagne et Mariola Korsak, « Origine des noms de villes et villages de la Charente », éditions Bordessoules, 1998, p. 72
  9. a et b Jean-Marie Cassagne et Mariola Korsak, « Origine des noms de villes et villages de la Charente-Maritime », éditions Bordessoules, 2003, p. 115
  10. Néandertal en Poitou-Charentes, A. Debenath et J.F. Tournepiche, Association régionale des musées en Poitou-Charentes.
  11. Le maquis charentais Bir Hacheim, Raymond Troussard, 1981, SAJIC Angoulême, dépôt légal no 1455
  12. La Formation du Département de la Charente, Pierre du Chambon, chez Dubois à Ruffec, 1934
  13. Le Splaf de la Charente
  14. La réforme de la carte judiciaire en Charente et en Poitou-Charentes
  15. la carte judiciaire de la Charente dans la Juridiction de Bordeaux
  16. La Charente Libre, « Actualités » (consulté le )
  17. Sud Ouest, « Charente/Actualité » (consulté le )
  18. Limousin Poitou-Charentes France 3

Voir aussi

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Articles connexes

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