Chêne-liège

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Quercus suber

Le chêne-liège (Quercus suber L.), est un arbre à feuilles persistantes du genre Quercus (le chêne), famille des Fagacées (anciennement Cupulifères). Il est exploité pour son écorce qui fournit le liège. Il est parfois appelé le corsier, le surier ou suve.

Le nom spécifique suber est le nom du chêne-liège, ou du liège, en latin.

Une forêt de chênes-lièges s'appelle une suberaie.

Description[modifier | modifier le code]

Le chêne liège est un arbre avec un feuillage persistant, pouvant vivre 150 à 200 ans, voire 800 ans et atteindre 20 à 25 m de haut (le plus grand ayant atteint 43 m), ne dépasse généralement pas 12 à 15 m. Le diamètre du tronc est de 100 cm en moyenne.

Les jeunes rameaux sont gris clair ou blanchâtres et densément poilus. Les branches plus âgées sont fortes et noueuses. Les arbres plus âgés ne forment que de courtes pousses entre 7 à 15 cm de longueur[1]. L'écorce épaisse, longitudinale et craquelée est caractéristique du chêne liège. Le cambium de l'arbre forme très tôt une couche de liège, de 3 à 5 cm d'épaisseur.

Section du tronc.

Le liège présente des fissures verticales et est blanc à l’extérieur et rouge à brun rouge à l’intérieur. Après la récolte du liège, le tronc apparaît rougeâtre mais noirci fortement avec le temps[1]. Le bois est à pores annulaires, a un cœur brun et un aubier rougeâtre clair[2].

Il présente un tempérament strictement calcifuge et requiert des températures moyennes annuelles douces (de 12 à 19 °C).

Les feuilles, petites (de 3 à 5 cm), alternes, coriaces, ovales-oblongues, sont bordées de dents épineuses et cotonneuses sur leur face inférieure, et persistent sur l'arbre pendant deux à trois ans.

Les fleurs jaunâtres s'épanouissent au printemps courant avril-mai, les fleurs mâles, en chatons, et femelles, minuscules, sont séparées sur le même pied.

Les glands oblongs, enveloppés sur la moitié de leur longueur par les cupules, sont réunis par deux sur des pédoncules courts et renflés.

L'écorce épaisse, isolante et crevassée peut atteindre 25 cm d'épaisseur.

Culture[modifier | modifier le code]

On l'a traditionnellement cultivé dans le sud de l'Europe où il était réputé apprécier les sols les plus pauvres, comme l'explique le Grand vocabulaire françois en 1768 :

« On peut élever des lièges dans différents terrains à force de soins et de culture, mais ils se plaisent singulièrement dans les terres sablonneuses, dans des lieux incultes, et même dans des pays de landes. On a observé que la culture et la bonne qualité du terrain étaient très-contraires à la perfection que doit avoir l'écorce de cet arbre, relativement à l'usage qu'on en fait. La seule façon de multiplier le liège, c'est d'en semer le gland aussitôt qu'il est en maturité. On pourra cependant différer jusqu'au printemps, pourvu que l'on ait eu la précaution indispensable de le conserver dans la terre sèche, ou dans du sable. Comme cet arbre réussit très difficilement à la transplantation, il sera plus convenable de semer les glands dans des pots ou terrines, dont la terre soit assez ferme pour tenir aux racines, lorsqu'il sera question d'en tirer les jeunes plants »[3]

Utilisations[modifier | modifier le code]

Récolte de liège au Portugal.
  • Liège comme matériau aux propriétés particulières (léger, isolant) : le liège produit directement par l'arbre est le « liège mâle », crevassé et de moindre qualité ; on doit l'enlever, c'est l'opération de « démasclage » qui se fait dès que le tronc atteint 70 cm de circonférence. Le nouveau liège qui se forme est le « liège femelle » ou « de reproduction », que l'on lève tous les 9 à 15 ans (selon les régions), quand l'épaisseur voulue est atteinte, environ 3 cm. Le prélèvement de l'écorce s'effectue la première fois lorsque l'arbre atteint l'âge de 25 ans. Le temps de reconstituer une nouvelle assise de liège (tous les 9 à 10 ans), et on le découpe à nouveau, toujours en juillet et août, quand l'arbre est en sève. L'écorce s'exploite sur le tronc et les principales branches, en fonction de la circonférence du chêne-liège. Le liège est un produit de faible densité, bon isolant thermique, acoustique et vibratoire, et résistant à l'eau grâce à la subérine qui imprègne les cellules. Le liège femelle sert traditionnellement à fabriquer des bouchons alors que le liège mâle peut être concassé en granulés et transformé en panneaux d'isolation.
    Au XVIIIe siècle, on en fait des bouchons, et il « s'emploie pour la pêche, et dans la marine à différents usages : on en couvre les maisons en certains cantons d'Espagne, on choisit pour cela le liège en belles tables, uni, peu noueux, n'étant point crevassé, d'une épaisseur moyenne, léger, mais le moins poreux, et qui se coupe net facilement »[3].
    Il était - au moins depuis le XVIIIe siècle utilisé par les cordonniers pour épaissir les semelles de souliers (« pour les rendre plus secs, et pour relever la taille de ceux qui les portent. »[3]).
    Calciné dans des pots couverts, il produisait une cendre légère et très noire utilisée comme pigment dit « noir d'Espagne »[3].
  • Bois-matériau : C'est un bois dense, très dur qui fait un excellent bois de chauffage et/ou de petite charpente ou menuiserie.
  • Usages médicinaux : Autrefois on considérait que « L'écorce de liège est astringente, propre pour arrêter les hémorragies et le cours de ventre, soit qu'on la prenne à la dose d'un demi gros en substance, ou d'un gros réduit en poudre, soit qu'on la prenne en décoction depuis une demi-once jusqu'à une once dans une pinte d'eau. Le liège brûlé et réduit en cendre impalpable, puis incorporé dans l'huile d'œuf, est un bon remède pour adoucir et réduire les hémorroïdes »[3].

Principaux pays producteurs[modifier | modifier le code]

Distribution[modifier | modifier le code]

Aire de distribution naturelle.

Selon l'Institut méditerranéen du liège, la suberaie mondiale totaliserait environ 2 687 000 hectares répartis sur sept pays[4] :

Originaire du sud-ouest de l'Europe et du nord-ouest de l'Afrique, le chêne-liège a été naturalisé dans les régions de climat méditerranéen. On le retrouve au bord de la mer jusqu'à 500 m d'altitude environ. C'est une espèce calcifuge, héliophile et thermophile.

Les plus vastes subéraies du monde se trouvent au Portugal, avec un total de près de 736 000 ha concentrés à 76 % dans la région de l'Alentejo[5]. La superficie de subéraie est en constante augmentation depuis plus d'un demi-siècle au Portugal, et la plupart de ces forêts sont encore jeunes. Maâmora est la plus grande forêt de chênes-lièges du Maroc (130 000 ha).

Écologie[modifier | modifier le code]

Chêne-liège (Portugal).

Les suberaies (montados en portugais) sont importantes pour la préservation de la biodiversité (classement Natura 2000) ; on y trouve des espèces protégées comme le lynx ibérique ou l'aigle impérial, ou encore Boletus mamorensis. Ces milieux jouent également un rôle dans la régulation du cycle hydrologique, la protection des sols et la séquestration du carbone[6].

L'écorce remarquable du chêne-liège, en plus de réduire les pertes d'eau, est une adaptation aux incendies : la sélection naturelle a favorisé cette espèce car le liège est un excellent isolant et le feu n'atteint pas l'aubier, la partie vivante sous l'écorce. Tandis que les autres essences périssent, de nouvelles branches peuvent repousser rapidement à partir de celui-ci. Cet arbre est donc potentiellement d'un grand intérêt pour lutter contre le problème récurrent des incendies estivaux dans les régions méditerranéennes et leurs conséquences directes et indirectes.

Ravageurs et maladies[modifier | modifier le code]

Références[modifier | modifier le code]

  1. a et b Page 501
  2. Enzyklopädie der Laubbäume. Page 503
  3. a b c d et e Grand vocabulaire françois : contenant 10. L'explication de chaque mot dans ses diverses acceptions grammaticales, par Guyot (Joseph Nicolas, M.), Sébastien-Roch-Nicolas Chamfort, Ferdinand Camille Duchemin de la Chesnaye (P 2-6 de la version numérique, tome 16), éd. C. Panckoucke, 1768 ; Voir l'article Liège
  4. Institut Méditerranéen du Liège, « Aire de répartition et production de liège », sur www.institutduliege.fr (consulté le )
  5. Dario de Noticias, Portugal. Le chêne-liège, outil de développement durable, Courrier International, 2010, [1].
  6. João Santos Pereira, Miguel Nuno Bugalho et Maria da Conceição Caldeira, Du chêne-liège au liège : Un système durable, APCOR (Association portugaise du liège), (ISBN 978-972-95171-8-1, lire en ligne).

Voir aussi[modifier | modifier le code]

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Galerie[modifier | modifier le code]

Liens externes[modifier | modifier le code]