Spinelle

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Spinelle
Catégorie IV : oxydes et hydroxydes[1]
Image illustrative de l’article Spinelle
Cristaux de spinelle dans leur gangue de calcite blanche.
Général
Classe de Strunz
Classe de Dana
Formule chimique Al2MgO4 MgAl2O4
Identification
Masse formulaire[2] 142,2657 ± 0,0018 uma
Al 37,93 %, Mg 17,08 %, O 44,98 %,
Couleur rouge, bleu, vert, brun, noir, incolore, jaune, rose, orange, violet
Système cristallin cubique (isométrique)
Réseau de Bravais faces centrées F
Classe cristalline et groupe d'espace hexakisoctaédrique,
Fd3m
Macle fréquentes sur {111} : « macle du spinelle » de deux individus maclés par accolement
Clivage peu net sur {111}
Cassure conchoïdale, irrégulière
Habitus massifs, grenus, grossiers, compacts, en grains, arrondis
Échelle de Mohs de 7,5 à 8
Trait blanc, grisâtre, blanc gris
Éclat vitreux, mat
Propriétés optiques
Pléochroïsme aucun
Fluorescence ultraviolet luminescent, fluorescent (rouge)
Transparence translucide, transparent à opaque
Propriétés chimiques
Densité 3,58
Température de fusion 2135 °C
Propriétés physiques
Magnétisme aucun
Radioactivité aucune
Précautions
Directive 67/548/EEC



Unités du SI & CNTP, sauf indication contraire.

Le spinelle est une espèce minérale de la famille des oxydes de formule MgAl2O4 (oxyde de magnésium et d'aluminium). C'est une pierre fine utilisée en joaillerie. Celui de couleur rouge a longtemps été confondu avec le rubis, ce qui lui vaut une grande quantité de synonymes. Ses principaux pays producteurs sont le Sri Lanka, la Birmanie et le Tadjikistan.

Historique de la description et appellations[modifier | modifier le code]

Inventeur et étymologie[modifier | modifier le code]

La première description a été réalisée en 1546 par Georg Bauer, dit Georgius Agricola. Le nom dérive du latin spina, « épine », en allusion à ses cristaux pointus à arêtes très nettes.

Topotype[modifier | modifier le code]

Il n'existe pas de topotype reconnu pour cette espèce.

Synonymes[modifier | modifier le code]

  • Akerite[3].
  • Candite (de Bournon 1823) : spinelle en masse noire. Gemme trouvée dans le district de Candi (Ceylan) à la fin du XVIIIe siècle par monsieur Leschenaust[4].
  • Rubace ou rubacelle : terme désuet pour « petit rubis[5] ».
  • Rubicelle : terme désuet qui peut, également, désigner une topaze rose-orangé[6].
  • Rubis balais : terme désuet provenant d'une déformation du nom de Badakhchan, province du nord-est de l'Afghanistan d'où proviennent ces faux rubis, mot altéré en Balakhsh puis Balas[7].
  • Spinelite.

Caractéristiques physico-chimiques[modifier | modifier le code]

Variétés[modifier | modifier le code]

  • Alkali-spinel (Eckermann, H. von 1922) : variété de spinelle contenant Na2O 1,38 % et K2O 1,31 %. Trouvée à Mansjöberg, Los, Ljusdal, Hälsingland, Suède[8].
  • Ceylanite (Delamétherie)[9] : le nom évoque l’île de Ceylan. Variété ferrifère de spinelle pour un ratio Mg:Fe de 3:1 a 1:1.
Variantes orthographiques : Zeilanite, Zeylanite.
  • Chlorospinelle (M.G. Rose 1840) : variété ferrifère de spinelle avec Fe3+ en remplacement de l’aluminium[10].
  • Chromospinelle : variété riche en chrome de formule Mg(Al,Cr3+)2O4[11]
  • Corundolite : variété artificielle riche en alumine de formule MgO·2Al2O3[12]. Ce mot peut également désigner une roche[13].
  • Ferropicotite (Lacroix 1910) : variété ferrifère de spinelle dédiée au minéralogiste Picot de Lapeyrouse[14].
  • Gahnospinelle (Anderson & Payne 1937) : variété riche en zinc de formule (Mg,Zn)Al2O4, décrite initialement a Gem gravels, Ratnapura, Province de Sabaragamuwa, Sri Lanka, qui a inspiré le nom[15].
  • Magnochromite (Websky 1873) : variété chromifère de spinelle[16].
  • Pléonaste (Haüy 1801) : c'est-à-dire « qui surabonde[17] ». Terme intermédiaire de la série hercynite-spinelle.

Couleur[modifier | modifier le code]

La couleur des cristaux de spinelle est due à la présence d'au moins deux éléments de transition parmi V3+, Cr3+, Fe2+, Fe3+, Mn2+ et Mn3+, répartis de façon variée entre les sites tétraédriques et octaédriques de la structure spinelle[18].

  • Les cristaux orange, rouges et magenta sont pauvres en fer et doivent leur couleur, principalement, à V3+ et Cr3+ dans les sites M (avec une prédominance de V3+ pour l'orange et de Cr3+ pour le rouge).
  • Les cristaux roses, bleus et verts sont riches en fer, et leur couleur varie dans l'ordre rose-bleu-vert sous l'effet de l'augmentation de la concentration en fer total (principalement) et en Fe3+ (secondairement).
  • Les cristaux jaunes, rares dans la nature, contiennent du manganèse et pas ou très peu de Fe2+.

Cristallochimie[modifier | modifier le code]

  • Le spinelle forme trois séries, avec la magnésiochromite, avec la gahnite, avec l'hercynite.
  • Le spinelle sert de chef de file à un groupe de minéraux isotructuraux qui porte son nom.

Groupe du spinelle :

Les spinelles désignent aussi un groupe de minéraux de formule générale (X2+)(Y3+)2(O2−)4, où X2+ est un cation divalent et Y3+ un cation trivalent. Parmi les membres de ce groupe, on peut noter la magnétite.

La structure des spinelles consiste en un empilement compact cubique à faces centrées d'oxygène. Les cations divalents occupent les sites à coordination tétraédrique et les cations trivalents les sites à coordination octaédrique.

Cristallographie[modifier | modifier le code]

Structure cristalline du spinelle MgAl2O4, vue le long de la direction [110]. Les atomes de magnésium sont représentés en jaune, ceux d'aluminium en gris et ceux d'oxygène en rouge.

Le spinelle cristallise dans le système cristallin cubique, de groupe d'espace Fd3m, avec Z=8 unités formulaires par maille conventionnelle[19].

Gîtes et gisements[modifier | modifier le code]

Carte des principaux pays producteurs de spinelles dans le monde

Gitologie et minéraux associés[modifier | modifier le code]

Gitologie[modifier | modifier le code]

Le spinelle se rencontre essentiellement dans les calcaires métamorphiques. On le trouve dans les roches lunaires et dans des météorites.

Minéraux associés[modifier | modifier le code]

Forstérite, chondrodite, scapolite, phlogopite, corindon, sillimanite, andalousite.

Croissance des minéraux[modifier | modifier le code]

Synthèse[modifier | modifier le code]

Le spinelle synthétique peut être incolore ou coloré, il porte alors différents noms. Certains sont interdits par le C.I.B.J.O (World jewellery confederation)[20], d'autres font l'objet d'une protection pour terme déposé.

  • Rozircon : marque déposée pour un spinelle synthétique rose.
  • Saphir blanc : terme interdit.
  • Strongite : marque déposée pour un spinelle synthétique.

Exploitation des gisements[modifier | modifier le code]

Utilisations
Le spinelle fait de qualité gemme est une pierre fine très utilisée.

Gisements producteurs de spécimens remarquables[modifier | modifier le code]

  • Afghanistan :
Jegdalek, district de Surobi, province de Kaboul[21].
  • Birmanie :
Kyauk Tha, Kyauk-Pyat-Thet, Mogok, district de Sagaing, division de Mandalay[22].
  • France :
affleurements de péridotite, étang de Lers, col d'Agnès, Massat, Ariège, Midi-Pyrénées[23].
  • Vietnam :
mine de Luc Yen, province de Yen bai[24].

Spécimens remarquables[modifier | modifier le code]

Marguerite de Foix (morte en 1486), princesse de Navarre et duchesse de Bretagne par son mariage, possédait le spinelle Côte-de-Bretagne qui, légué à sa fille Anne de Bretagne, entra dans le trésor royal de François Ier. Retaillé en forme de dragon pour constituer l'insigne de la Toison d'or de Louis XV, il fait partie des joyaux de la Couronne conservés au Musée du Louvre. Deux célèbres pierres de la couronne d'Angleterre, le « Rubis du Prince Noir » sur la couronne et le « Rubis de Tamerlan », pierre de 361 carats sur un des colliers de la couronne d’Angleterre, se sont avérées être des spinelles rouges[25].

Notes et références[modifier | modifier le code]

  1. La classification des minéraux choisie est celle de Strunz, à l'exception des polymorphes de la silice, qui sont classés parmi les silicates.
  2. Masse molaire calculée d’après « Atomic weights of the elements 2007 », sur www.chem.qmul.ac.uk.
  3. The American journal of science: Volume 170 1905
  4. Bulletin des sciences mathématiques: astronomiques, physiques et chimiques 1826 p. 488
  5. Claude-Marie Gattel - Dictionnaire universel de la langue française avec la prononciation figurée 1819 p. 587
  6. Henri Landrin - Dictionnaire de minéralogie, de géologie, et de métallurgie 1852 p. 377
  7. (en) Richard W. Hughes, « The Rubies and Spinels of Afghanistan – A brief history », sur http://www.ruby-sapphire.com, (consulté le )
  8. Eckermann, H. von (1922): The alkali-spinel of the Mansjö Mt. Geologiska Föreningen i Stockholm Förhandlingar. 44: 757-760
  9. Laméthérie, journ. de phys., 1793, p. 23
  10. Rose (1840), Ann. Pys.: 50: 652.
  11. Bulletin signalétique: Chimie I: chimie générale, chimie physique, chimie minérale, chimie analytique, chimie organique, Volume 24,Numéro 1 1963 p. 463
  12. Chilton's jewelers' circular/keystone 1970 jewelers' directory issue p. 274
  13. Doklady: Earth science sections, Volumes 244 à 246 1979 p. 46
  14. Alfred Lacroix Minéralogie de la France et de ses colonies p. 309
  15. Anderson and Payne (1937), Mineralogical Magazine: 24: 547.
  16. Websky (1873), Zeitschrift deutsche geol. Ges.: 25: 394.
  17. René Just Haüy - Traité de minéralogie, Volume 3 1801 p. 17
  18. (en) Giovanni B. Andreozzi, Veronica D’Ippolito, Henrik Skogby, Ulf Hålenius et Ferdinando Bosi, « Color mechanisms in spinel: a multi-analytical investigation of natural crystals with a wide range of coloration », Physics and Chemistry of Minerals, vol. 46, no 4,‎ , p. 343-360 (DOI 10.1007/s00269-018-1007-5).
  19. (en) Sawada, H., « An electron density residual study of magnesium aluminium oxide spinel », Materials Research Bulletin, vol. 30, no 3,‎ , p. 341-345 (DOI 10.1016/0025-5408(95)00010-0)
  20. Site du CIBJO
  21. Garnier, V., Giuliani, G., Ohnenstetter, D., Fallick, A.E., Dubessy, J., Banks, D., Vinh, H.Q., Lhomme, T., Maluski, H., Pêcher, A., Bakhsh, K.A., Long, P.V., Trinh, P.T., and Schwarz, D. (2008): Ore Geology Reviews 34, 169-191.
  22. Pavel M. Kartashov analytical data, Sieghard Ellenberger specimens
  23. J.L. Bodinier et al., Bull. Minéral., 1987, 110, p. 345-358 / A.B. Woodland, Chemical Geology, 10 December 1996, vol. 134, no. 1, p. 83-112(30) / J.P. Lorand, 1989, Lithos, 23, 281-299
  24. Garnier, V., Giuliani, G., Ohnenstetter, D., Fallick, A.E., Dubessy, J., Banks, D., Vinh, H.Q., Lhomme, T., Maluski, H., Pêcher, A., Bakhsh, K.A., Long, P.V., Trinh, P.T., and Schwarz, D. (2008): Marble-hosted ruby deposits from Central and Southeast Asia: Towards a new genetic model. Ore Geology Reviews 34, 169-191.
  25. « Spinelle / Pierres fines et précieuses de A à Z avec Juwelo », sur Juwelo (consulté le ).

Voir aussi[modifier | modifier le code]

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Article connexe[modifier | modifier le code]

Liens externes[modifier | modifier le code]