Centre historique minier de Lewarde

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Fosse Delloye

Fosse Joseph Delloye
La fosse Delloye en 2011. Le puits Delloye no 2 est à gauche, Delloye no 1 est à droite.
La fosse Delloye en 2011. Le puits Delloye no 2 est à gauche, Delloye no 1 est à droite.
Puits Delloye n° 1
Coordonnées 50,331689, 3,172622[BRGM 1]
Début du fonçage 1911
Mise en service 1927
Profondeur 409 mètres
Étages des accrochages 260, 350 et 401 mètres
Arrêt 1971 (extraction)
Remblaiement ou serrement 1971
Puits Delloye n° 2
Coordonnées 50,332147, 3,172631[BRGM 2]
Début du fonçage 1927
Mise en service 1932
Profondeur 518 mètres
Étages des accrochages 260, 350, 401 et 513 mètres
Arrêt 1971 (extraction)
Remblaiement ou serrement 1971
Administration
Pays France
Région Hauts-de-France
Département Nord
Commune Lewarde
Caractéristiques
Compagnie Compagnie des mines d'Aniche
Groupe Groupe de Douai
Unité de production UP de Douai
Ressources Houille
Concession Aniche
Protection Logo monument historique Classé MH (2010)
Patrimoine mondial Patrimoine mondial (2012)[note 1]

Géolocalisation sur la carte : Nord
(Voir situation sur carte : Nord)
Fosse Joseph Delloye
Géolocalisation sur la carte : France
(Voir situation sur carte : France)
Fosse Joseph Delloye

La fosse Delloye ou Joseph Delloye de la Compagnie des mines d'Aniche est un ancien charbonnage du bassin minier du Nord-Pas-de-Calais, situé à Lewarde. Après quatorze ans de fermeture, le site est devenu le Centre historique minier de Lewarde. La fosse est commencée en 1911, à la même période que les fosses Bernard, Lemay et Bonnel. Le fonçage du puits Delloye est interrompu par la Première Guerre mondiale. Les travaux ne reprennent qu'en 1921, et le puits est mis en service en 1927, lorsqu'il a atteint la profondeur de 360 mètres. À cette date, le puits Delloye no 2 est commencé à quelques décamètres au nord, et commence à extraire en 1932, un an après la mise en service de la fosse Barrois, la dernière des mines d'Aniche. Les puits assurent l'aérage, le service, et l'extraction.

La Compagnie des mines d'Aniche est nationalisée en 1946, et intègre le Groupe de Douai. Des cités de taille relativement modeste sont alors construites, la Compagnie d'Aniche n'en ayant pas bâti. La fosse Vuillemin est concentrée sur la fosse Delloye en 1955, ainsi que Sébastopol, son puits d'aérage. Des études sont menées sur le gisement, mais il s'avère que celui-ci n'est plus rentable à exploiter, la fosse ferme en 1971. À cette date, les seules fosses encore ouvertes sont celles appartenant aux concentrations Gayant et Barrois pour la concession d'Aniche, et no 9 de la concession de l'Escarpelle, en ce qui concerne le Groupe de Douai.

En 1973, les Houillères décident de créer un musée de la mine sous l'impulsion de Monsieur Alexis Detruys, Secrétaire Général du Bassin du Nord-Pas-de-Calais, et le site de la fosse Delloye est choisi. Le centre historique minier ouvre ses portes en 1984. La fosse Delloye constitue avec la fosse Arenberg, la fosse no 11 - 19 et la fosse no 9 - 9 bis, un des sites majeurs de la mémoire du bassin minier. D'autres fosses, plus modestes, ont également été conservées : la fosse no 6 des mines de Lens, la fosse no 13 bis des mines de Lens, la fosse no 2 des mines de Flines, et la fosse no 2 des mines de Marles. Au début du XXIe siècle, Charbonnages de France matérialise les têtes des puits Delloye nos 1 et 2, et y installe des exutoires de grisou. Outre la fosse, il subsiste également la base des terrils cavaliers nos 220 et 220A, et les cités, typiques de l'époque post-Nationalisation. En plus de présenter au public toutes les installations d'une fosse du XXe siècle, y compris des galeries reconstituées, le Centre historique minier possède également 2 700 mètres linéaires d'archives, parmi lesquelles on trouve 7 000 ouvrages, 550 000 documents photographiques, 500 films, 350 vidéogrammes et 300 enregistrements sonores. Le , les installations de surface sont classées aux monuments historiques. La fosse Delloye a été inscrite le au patrimoine mondial de l'Unesco.

La fosse[modifier | modifier le code]

La dernière fosse ouverte dans le sud de la concession d'Aniche est la fosse Vuillemin en 1891, pour une mise en exploitation quatre ans plus tard[A 1]. La fosse Sébastopol est bien mise en service en 1905, mais il s'agit du puits d'aérage de la précédente fosse[A 2]. Au début du XXe siècle, la Compagnie des mines d'Aniche décide d'implanter de nouvelles fosses dans le nord de la concession, qui est encore inexploité, elle ouvre ainsi la fosse Déjardin au nord de Sin-le-Noble[A 1], et la fosse De Sessevalle à Somain[A 3].

Au début des années 1910, concurremment aux travaux de la fosse Delloye, au sud de la concession, la Compagnie d'Aniche met en chantier trois nouvelles fosses dans le nord de la concession : Bernard à Frais-Marais, hameau de Douai[A 2], Lemay à Pecquencourt[A 4] et Bonnel à Lallaing[A 5].

Fonçage[modifier | modifier le code]

Le diamètre du puits est de quatre mètres. Le cuvelage est en fonte de 2,16 à 87,72 mètres. Le terrain houiller est atteint à 178,70 mètres[Y 1]. La fosse est située à 1 650 mètres à l'est[note 2] de la fosse Roucourt[note 3], à 2 650 mètres au sud-est[note 2] de la fosse Saint René, à 2 300 mètres à l'ouest-sud-ouest[note 2] de la fosse Vuillemin, et à 1 810 mètres au nord-ouest[note 2] de la fosse Sébastopol[note 3].

Le puits est situé non loin de la limite avec la concession de la Compagnie des mines d'Azincourt[A 4]. La Première Guerre mondiale entraîne l'interruption des travaux, ceux-ci ne reprennent qu'en 1921[A 4].

Exploitation[modifier | modifier le code]

Le puits no 1 est mis en exploitation en 1927, alors qu'il a atteint la profondeur de 360 mètres. À cette date, le puits Delloye no 2 est mis en chantier[A 4], à 50 mètres au nord[note 2] du premier puits. Son diamètre est de cinq mètres et son cuvelage est en fonte de 2,15 à 88,87 mètres[Y 1]. Le terrain houiller a également été atteint à 178,70 mètres[Y 1]. le puits Delloye no 2 commence à extraire en 1932, quand il a atteint la profondeur de 380 mètres[A 4].

Le gisement exploité est constitué de charbon gras et demi-gras, l'extraction débute par les veines Joseph nos 4, 2 et 3[A 4],[note 4].

La Compagnie des mines d'Aniche est nationalisée en 1946, et intègre le Groupe de Douai. La fosse Vuillemin, ainsi que son puits d'aérage Sébastopol, sont concentrés sur la fosse Delloye en 1955[B 1]. À ce titre, le puits no 2, profond de 360 mètres, est approfondi à 479 mètres en 1964, afin d'exploiter les gisements de Vuillemin. Des sondages sont effectués, mais le gisement n'est pas rentable à exploiter[B 1].

Les puits Delloye nos 1 et 2, profonds de 409 et 518 mètres, sont remblayés en 1971[Y 1]. Dans les deux puits, trois accrochages étaient établis à 260, 350 et 401 mètres, Delloye no 2, plus profond, était équipé d'un étage de recette supplémentaire établi à 513 mètres[Y 1].

Reconversion : le centre historique minier[modifier | modifier le code]

Centre historique minier
L'entrée.
Informations générales
Type
Charbonnage, musée de la mine (d)Voir et modifier les données sur Wikidata
Ouverture
1984
Surface
7 000 m2 de bâtiments sur huit hectares
Visiteurs par an
150 000
Site web
Collections
Collections
Techniques, ethnologiques, géologiques
Label
Bâtiment
Protection
Partie d'un site du patrimoine mondial UNESCO (d) ()
Classé MH ()Voir et modifier les données sur Wikidata
Localisation
Pays
Commune
Adresse
Rue d'Erchin,
59287 Lewarde, France

Alors que la fosse était promise à la démolition comme les autres, les Houillères du bassin du Nord et du Pas-de-Calais décident de la conserver afin d'en faire un musée de la mine. Celui-ci ouvre ses portes en 1984[B 1]. Au début du XXIe siècle, Charbonnages de France matérialise les têtes de puits, et y installe des exutoires de grisou. Le BRGM y effectue des inspections chaque année[1]. Tous les bâtiments ont été conservés et rénovés, à l'exception de la dynamitière et d'un château d'eau[2]. Un hangar a été détruit au début des années 2000 pour laisser place à l'accueil[2], mais le nouveau bâtiment rappelle ses formes.

Une grande partie du site est classée aux monuments historiques[3], par arrêté du , vingt-cinq ans après l'ouverture au public du musée[4],[5]: les bâtiments de recette et d'extraction et les chevalements des puits nos 1 et 2 ; la salle des compresseurs ; le hall vitré ; la salle du ventilateur ; le criblage ; l'ensemble des différentes passerelles ; l'ancien atelier ; le bâtiment d'accueil ; le bâtiment à usage administratif et le centre de documentation ; le bâtiment comprenant les bureaux de l'administration, la salle des bains-douches, la lampisterie, l'infirmerie, le garage à vélo et les toilettes ; la dynamitière ; l'ancienne scierie (aujourd'hui restaurant) ; le bâtiment de la bascule ; et la maison de concierge sont classés.

La fosse Delloye fait partie des 353 éléments répartis sur 109 sites qui ont été inscrits le au patrimoine mondial de l'Unesco. Elle constitue le site no 23[6].

Musée[modifier | modifier le code]

Le Centre historique minier est un musée certifié Label musée de France. Il propose la visite des installations d'une ancienne fosse typique du XXe siècle, ainsi que des galeries reconstituées présentant l'évolution de l'extraction, des premières fosses jusqu'aux chantiers modernes des années 1980[7]. En parallèle, le musée est un lieu de culture et s'ouvre régulièrement à des domaines connexes à la mine et à des tournages[8].

Collections[modifier | modifier le code]

Le Centre historique minier possède également 2 700 mètres linéaires d'archives, parmi lesquelles on trouve 7 000 ouvrages, 550 000 documents photographiques, 500 films, 350 vidéogrammes et 300 enregistrements sonores[7]. Des collectes sont organisées chaque année[7]. Le musée recueille également des témoignages d'anciens mineurs.

Fréquentation[modifier | modifier le code]

Chiffres de fréquentation 2001-2018[9]
Année Entrées gratuites Entrées payantes Total
2001 13 961 113 880 127 841
2002 13 697 148 015 161 712
2003 10 741 133 016 143 757
2004 11 101 138 734 149 835
2005 11 831 134 163 145 994
2006 13 027 136 879 149 906
2007 14 987 126 826 141 813
2008 12 858 126 384 139 242
2009 13 915 137 845 151 760
2010 13 030 135 152 148 182
2011 16 850 133 681 150 531
2012 16 408 135 614 152 022
2013 15 296 144 177 159 473
2014 13 256 142 427 155 683
2015 13 938 132 378 146 316
2016 10 978 131 295 142 273
2017 10 401 147 080 157 481
2018 10 281 137 059 147 340

Les terrils[modifier | modifier le code]

Le terril cavalier Delloye Sud.
Le terril cavalier Delloye Nord.

Afin de faire circuler les trains, deux terrils cavaliers ont été formés[10].

Terril no 220, Cavalier Delloye Sud[modifier | modifier le code]

50° 20′ 14″ N, 3° 10′ 34″ E

Le terril no 220, situé à Lewarde, est un des deux terrils cavaliers de la fosse Delloye des mines d'Aniche. Il a été exploité[11].

Terril no 220A, Cavalier Delloye Nord[modifier | modifier le code]

50° 20′ 33″ N, 3° 10′ 49″ E

Le terril no 220A, situé à Lewarde, est un des deux terrils cavaliers de la fosse Delloye des mines d'Aniche. Il a été exploité[12].

Les cités[modifier | modifier le code]

La cité Béharelle.
La cité Bandini.

La Compagnie d'Aniche a bâti quelques habitations près de la fosse Delloye, étant donné que les cités de la fosse Vuillemin, très étendues, sont pour certaines situées à un peu plus d'un kilomètre de la fosse[note 2]. Après la Nationalisation, une vingtaine de maisons, soit une quarantaine d'habitations, ont été construites près de la fosse Delloye. Les cités de la fosse Vuillemin ont en revanche été étendues.

Catastrophe minière[modifier | modifier le code]

Le vendredi à h 50, une catastrophe minière par éboulement à 377 m de fond dans la veine du Grand Moulin, située vers Villers-au-tertre tua deux mineurs et en blessa un troisième. Franciezk Wosniak, 43 ans de Monchecourt, boutefeu, a été le premier remonté après trois heures d'efforts. Le soir Adolf Buttwill, 44 ans d'Ecaillon a été remonté survivant blessé aux jambes. Samedi matin Henrick Drzewiecki, 31 ans, d'Auberchicourt est retrouvé sans vie[13],[14]. L'alerte avait été donnée par le conducteur du loco-tracteur revenant chercher des bennes qu'il avait retrouvées vides et s’aperçut de l'éboulement de la galerie. Les circonstances, selon les militants de la section syndicale C.G.T du puits Delloye, reprises dans un article d'Antoine Bernalicis[réf. nécessaire] : « La voie Grand Moulin aurait dû être poussée avec deux cadres côte à côte avec semelle au pied, deux étriers de fixation chacun; elle aurait dû être longeonnée par un bon boisage anglé, le bois a toujours annoncé les grosses charges. Faire travailler les ouvriers avec seul cadre dans cet endroit[pas clair], était de la folie. » La veine du Grand Moulin était reconnue comme très pentue avec un charbon particulièrement fluide[13].

Identité visuelle[modifier | modifier le code]

Notes et références[modifier | modifier le code]

Notes
  1. Le classement aux monuments historiques et l'inscription sur la liste du patrimoine mondial de l'Unesco concernent les installations de surface de la fosse Delloye.
  2. a b c d e et f Les distances sont mesurées grâce à Google Earth. Dans le cas de puits, la distance est mesurée d'axe en axe, et arrondie à la dizaine de mètres la plus proche. Les têtes de puits matérialisées permettent de retrouver l'emplacement du puits sur une vue aérienne.
  3. a et b Les fosses Roucourt et Sébastopol sont des puits d'aérage, en conséquence, ils ne produisent pas de houille.
  4. Les veines Joseph sont nommées en l'honneur de l'administrateur Joseph Delloye, qui a aussi laissé le nom au siège.
Références
  1. [PDF] Bureau de recherches géologiques et minières, « Article 93 du Code minier - Arrêté du 30 décembre 2008 modifiant l’arrêté du 2 avril 2008 fixant la liste des installations et équipements de surveillance et de prévention des risques miniers gérés par le BRGM - Têtes de puits matérialisées et non matérialisées dans le Nord-Pas-de-Calais »(Archive.orgWikiwixArchive.isGoogleQue faire ?), sur dpsm.brgm.fr,
  2. a et b (fr) Jean-Louis Huot, « Mines du Nord-Pas-de-Calais - La fosse Delloye des mines d'Aniche », http://minesdunord.fr/.
  3. Notice no PA59000171, sur la plateforme ouverte du patrimoine, base Mérimée, ministère français de la Culture
  4. « Le Centre historique minier de Lewarde, un patrimoine enfin classé monument historique », sur lavoixdunord.fr, La Voix du Nord, .
  5. « Six édifices du patrimoine minier classés monuments historiques », sur lavoixdunord.fr, La Voix du Nord, .
  6. « Bassin Minier Nord-Pas de Calais », sur whc.unesco.org, Unesco
  7. a b et c (fr) « Site internet du Centre historique minier de Lewarde », sur chm-lewarde.com.
  8. Nathalie Labreigne, « Documentaire : le Centre historique minier filmé pour le petit écran », sur lavoixdunord.fr, La Voix du Nord, .
  9. « Fréquentation des Musées de France », sur data.culture.gouv.fr (consulté le ).
  10. Liste des terrils du Bassin minier du Nord-Pas-de-Calais, fournie par la Mission Bassin Minier, voir Terrils du Bassin minier du Nord-Pas-de-Calais.
  11. « Fiche du terril no 220 », sur http://www.chainedesterrils.eu/, La Chaîne des Terrils
  12. « Fiche du terril no 220a », sur http://www.chainedesterrils.eu/, La Chaîne des Terrils
  13. a et b André Gailard, « Trois mineurs ensevelis à la fosse Delloye de Lewarde », La Voix du Nord,‎ .
  14. « Dernier hommage à l'insécurité du puits Delloye », La tribune des mineurs,‎ .
Références aux fiches du BRGM
Références à Guy Dubois et Jean Marie Minot, Histoire des Mines du Nord et du Pas-de-Calais. Tome I,
  1. a et b Dubois et Minot 1991, p. 61
  2. a et b Dubois et Minot 1991, p. 63
  3. Dubois et Minot 1991, p. 62
  4. a b c d e et f Dubois et Minot 1991, p. 64
  5. Dubois et Minot 1991, p. 65
Références à Guy Dubois et Jean Marie Minot, Histoire des Mines du Nord et du Pas-de-Calais. Tome II,
Références aux dossiers concernant la renonciation à la concession d'Aniche par Charbonnages de France
  1. a b c d et e Renonciation, Puits Delloye nos 1 et 2

Annexes[modifier | modifier le code]

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Bibliographie[modifier | modifier le code]

Document utilisé pour la rédaction de l’article : document utilisé comme source pour la rédaction de cet article.

  • Guy Dubois et Jean-Marie Minot, Histoire des Mines du Nord et du Pas-de-Calais : Des origines à 1939-45, t. I, , 176 p., p. 61-65. Ouvrage utilisé pour la rédaction de l'article
  • Guy Dubois et Jean-Marie Minot, Histoire des Mines du Nord et du Pas-de-Calais : De 1946 à 1992, t. II, . Ouvrage utilisé pour la rédaction de l'article
  • Charbonnages de France, Renonciation à la concession d'Aniche. Ouvrage utilisé pour la rédaction de l'article

Articles connexes[modifier | modifier le code]

Liens externes[modifier | modifier le code]