Camouflage (militaire)

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Le camouflage désigne tout moyen ou dispositif tendant à rendre moins visible ou à donner une apparence trompeuse à un objet ou à un être vivant.

Le mot camouflage a été créé en 1914 dans le jargon militaire français à partir d'un verbe italien camuffare ayant le même sens.

Un soldat américain dans un village afghan. Sa tenue en camouflage désert/montagne se fond dans la couleur et la texture de l'arrière plan
Tireurs d'élite du 2e régiment étranger d'infanterie vêtus de ghillie suit, ultime forme de camouflage optique au XXIe siècle. (Afghanistan, 2005)

Historiquement les teintes utilisées afin d'obtenir un effet camouflant sont différentes nuances de vert, de kaki, de brun ou de beige. Parfois le gris ou le noir sont aussi utilisés, mais en tout état de cause les couleurs sont mates. Mais depuis l'invention de l'imagerie par satellite ces notions ont évolué.

Un système camouflant est réalisé à partir de différents matériaux et techniques, tels que des peintures, branchages, des filets colorés en textile ou des tissus imprimés.

Histoire du camouflage militaire

Dans le domaine militaire, le camouflage est largement utilisé pour dissimuler à la vue de l'ennemi du matériel, des véhicules, des navires ou du personnel militaire.

Son utilisation dans l'uniforme des fantassins est un signe caractéristique du passage à l'ère de la guerre moderne, lors de la Première Guerre mondiale. En effet, dans les guerres des époques précédentes, les tenues voyantes permettaient de mieux distinguer les différentes unités sur un champ de bataille bien délimité, où la puissance et la portée des armes à distance étaient faibles et où la majeure partie des combats se faisait au contact. Avec l'augmentation de la portée et de la cadence de tir des armes à feu, la dissimulation devenait une nécessité pour protéger le soldat.

Première Guerre mondiale

Une technique simple est celle du "rideau de fumée". Selon la légende de cette photo d'archive il s'agit d'une opération de sauvetage de la Deutsches Heer camouflée par un brouillard artificiel, en 1917, sur le front de l'ouest (il pourrait aussi s'agir de soldats fuyant un nuage de gaz toxique)

Aux premières heures du conflit seules les tenues vestimentaires des armées britanniques, allemandes et des États-Unis adoptaient des couleurs dans différents tons de kaki qui rendaient les soldats moins visibles de loin.

Les premières utilisations du camouflage furent appliquées pour dissimuler les navires (principalement la Royal Navy), les avions (Certains avions allemands (Fokker) durant le premier conflit mondial utilisaient un décor fait de losanges de différentes couleurs afin de dissimuler les avions parqués au sol à la vue des avions d'observation ennemis), les chars d'assaut et les pièces d'artillerie.

Le camouflage individuel apparaît sur le casque des soldats allemands lors de l'adoption du nouveau casque, le Stahlhelm, introduit en 1916. Les troupes de choc peignaient leurs casques d'acier de formes géométriques et de couleurs claires, rappelant les formes appliquées sur les avions, afin de dissimuler leurs silhouettes lorsqu'ils regardaient au-dessus du parapet.

Du côté français, certains attribuent aux travaux de Louis Guingot et de Lucien-Victor Guirand de Scevola la paternité du développement de cette technique dans les armées. L'armée française utilisa les compétences de différents artistes : Fernand Léger, Jean-Louis Forain, Loÿs Prat, André Mare,pierre Patout et Louis Abel-Truchet. Elle les réunit en février 1915 au sein d'une section, appelée "camoufleurs", sous le commandement de Lucien-Victor Guirand de Scevola promu lieutenant à cette occasion, cette section qui adopte au col des tenues un insigne en forme de caméléon, par référence au mimétisme de cet animal, dont un vivait en liberté dans l'atelier de Louis Guingot. La tenue du sous-officier Louis Guingot qui servit de test est exposée au musée de la grande guerre de Péronne (Somme). Le Guinness World Records a reconnu la date du comme date de première utilisation du camouflage moderne (Earliest use of modern camouflage[1]). En 1918, la section désormais organisée de manière industrielle comptait 3 000 soldats et employait 1 200 hommes (principalement des travailleurs Annamites) et 8 000 femmes dans la fabrique de camouflage supervisée par le capitaine Lucien-Victor Guirand de Scevola[2].

C'est durant la grande guerre que les armées étrangères utilisèrent le mot français camouflage qui n'existait pas dans leurs langues.

Seconde Guerre mondiale

Ravitaillement en munitions d'un char Panzer V camouflé sous une fausse maison, en Italie, lors de la bataille de Monte Cassino (Avril 1944, selon la légende de cette photo d'archive allemande)

Le camouflage individuel par les vêtements fut très utilisé et amélioré durant le second conflit mondial, lors duquel on l'employa sur les tenues et vêtements portés par les troupes de certains pays, les avions, les chars, ainsi que les navires de guerre.

Chaque pays belligérant adopta des types de camouflages permettant de différencier les troupes amies des troupes ennemies.

Chaque saison de l'année imposait d'utiliser un camouflage adapté au milieu. Pour l'hiver par exemple, des tenues blanches tachetées ont fait leur apparition. Pour les combats urbains, comme pendant la bataille de Stalingrad, on utilisa des tenues qui faisaient apparaitre un décor de briques, tenues qui furent utilisées principalement par l'armée soviétique.

Des techniques de trompe-l'œil furent utilisées sur le mur de l'Atlantique, des peintres dessinèrent de fausses fenêtres et des façades pour dissimuler des blockhaus et les faire passer pour des immeubles d'habitation.

Il a été estimé à l'époque qu'un camouflage améliorait de 15 % les chances de survie d'un fantassin.

Actuellement

Guide touristique démontrant l'étroitesse des tunnels utilisés par les vietcongs pour se cacher pendant la guerre du Vietnam.

Les moyens de détections modernes (vision infrarouge, radar, détection acoustique) ont rendu le camouflage moins opérant mais son utilisation reste préconisée. Les armées et industriels développent en réaction à ces progrès de nouveaux moyens de camouflage comme de nouveaux types de filet, qui en plus d'être bariolés diminuent le rayonnement thermique de l'objet couvert (le rendant ainsi moins visible aux moyens de vision en infrarouge).

Les grandes familles de camouflage

Camouflage à forme brisée

Héritier du camouflage des casques allemands et des tenues des camoufleurs français, il est composé de deux, trois ou quatre couleurs. Ce sont de grandes taches ou coups de pinceaux qui sont appliqués sur un tissu déjà coloré.

Ce motif a pour avantage de casser les formes. Très efficace de loin ou contre les reconnaissances aériennes, il a pour défaut d'augmenter le contraste et d'être inefficace à courte distance.

Les plus connus
Type Détail Galerie
Camouflage CE Camouflage français des zones tempérées.
Soldat équipé d'une tenue NBC
M81 woodland Adopté en 1981, il est jusqu'en 2004 le camouflage de base de l'armée américaine.
Deux soldats lançant un FIM-92 Stinger
DBDU Souvent appelé "Chocolate-Chip Camouflage" ou "Cookie Dough Camouflage" en raison de sa ressemble à la pâte à biscuits aux pépites de chocolat
Un des rares motifs de camouflage à 6 couleurs, utilisé par l'armée US lors de la guerre du Golfe.
Il en deviendra un des symboles.
DPM Disruptive Pattern Material,
Ancien camouflage britannique centre-Europe.
FELIN Camouflage français (non retenu) conçu pour le projet FELIN.
Il rappelle les couleurs du Flecktarn et du DPM.

Flecktarn/Digital Camouflage

Flecktarn

Waffen SS faits prisonniers à Arnhem le 18/09/1944 portant le camouflage Erbsenmuster

En 1937, les Waffen-SS décidèrent, sous l'impulsion d'Heinrich Himmler, de renouer avec le culte du « chasseur/soldat » et de développer un camouflage qui les rapprocherait de la forêt en les distinguant de l'armée régulière. C'est ainsi que Brandt and Schick's développe en décembre 1937 un motif qui rompt avec la technique de brisure. Ce motif est appelé « motif d'arbre », il est composé de petites taches et de formes rappelant les feuilles. Testé sur le champ de bataille, il fut un succès, réduisant de 15 % les engagements adverses. Il fut amélioré, pour obtenir en 1944 le camouflage de type Erbsenmuster ou « petit pois », seulement composé d'un assemblage quadricolore de petites taches rappelant le pelage des félins.

Les Américains s'inspirèrent de ce type de camouflage mais ne l'utilisèrent que sur le front Pacifique afin d'éviter les confusions avec leurs adversaires nazis.

Durant la guerre froide, l'armée de l'Allemagne de l'Ouest continua d'exploiter ce type de camouflage « petit pois » ou « léopard ».

C'est en 1990 que l'armée allemande reconstituée utilise le camouflage de type flecktarn, décliné également en version désert Wüstentarn.

Camouflage numérique

Ce type camouflage à pois intéressa l'armée américaine et de nombreux tests, durant les années, 1970 s'orientèrent vers des versions à forme carrée ou rectangulaire[3].

C'est seulement dans les années 2000 que l'armée canadienne mit au point le premier Camouflage numérique, le DCamC (Dessin de camouflage canadien)[4], assisté par informatique, ce camouflage utilise des synthèses d'images satellite ; il reprend l'idée des points des Waffen-SS. Il est officiellement en service en 2001 et est décliné en versions aride DCamC régions arides (RA) et arctique[5].

L'armée US n'est pas en reste et chaque corps développe son propre digital.

  • L'US Marine Corps adopte le MARPAT (MARines PATtern), camouflage pixélisé multicolore, comme son homologue canadien.
  • L'US Army l'Universal Camouflage Pattern (UCP) alias ARPAT (ARmy PATtern), camouflage bicolore adapté à tous les types de terrain.
  • L'US Air Force l'Airman Battle Uniform (ABU)
  • L'US Navy le Navy Working Uniform (NWUs)


Les plus connus
Type Détail Galerie
Flecktarn Camouflage officiel de la Bundeswehr.
Trois versions : tempérée, aride et arctique.

Camouflage Flecktarn
en version tempérée
DCamC Camouflage officiel de l'armée canadienne.
Quatre versions : tempérée, aride, arctique et urbain.

Camouflage DCamC
en version tempérée
MARPAT Camouflage officiel de l'United States Marine Corps.
Trois versions : tempérée, aride et arctique.

Camouflage MARPAT
en version tempérée
ARPAT Camouflage de l'US army.
Motif et couleurs uniques,
Utilise trois couleurs différentes
dont 2 teintes de vert dit Foliage Green.
Depuis 2009 Existe en six versions[6]. La version arpat Delta devrait être en dotation courant septembre 2009[7].

Camouflage arpat faisant partie de
l'ensemble ACU

Ghillie suit

Camouflage commerciaux

MultiCam

Motif MultiCam

Le MultiCam est un camouflage hexa-chromique, il fut en concurrence avec le camouflage UCP (Universal Camouflage Pattern) pour remplacer les stocks de l'US army. Développé par la société Crye Precision[8], il a la particularité d'être tout terrain. Utilisé au départ par certaines forces spéciales de l'United States Special Operations Command, il est très prisé par les employés des sociétés militaires privées en particulier la fameuse Blackwater Worldwide, avec qui Crye Precision a développé une ligne d'équipement. Il reprend et fusionne l'idée du camouflage brisé et du camouflage à pois. Il est en dotation depuis septembre 2009 sur le théâtre extérieur de la Guerre d'Afghanistan pour des forces de l'US Army[7]. En février 2010, on annonce qu'il sera adopté par la totalité des forces de l'US Army dans ce pays[9].

Multi-Terrain Pattern

La société Crye Precision a développé avec l'armée britannique un nouveau camouflage le MTP[10],[11] très proche du MultiCam.

Mirage

Le camouflage Mirage de la société Bulldog Equipment est à l'étude par l'US Army. C'est un camouflage Digital mais comportant un très grand nombre de couleur, 6-7 couleurs.

Principe du FOMECBLOT

FFOMECBLOT sont les initiales de : Fond, Forme, Ombre, Mouvement, Éclat, Couleur, Bruit, Lumière, Odeur et Traces. Il s'agit d'un moyen mnémotechnique des militaires francophones pour garder à l'esprit les fondamentaux du camouflage. dans la FETTA (Formation Elémentaire Toutes Armes) des années 1980 : FOMBECTO : Forme, Ombre, Mouvement, Bruit, Éclat, Couleur, Traces, Odeur.

Une variante est FORMATT pour Forme, Ombre, Reflet, Mouvement, Arrière-plan, Tonalité, Traces. Il convient en effet de casser la forme pour la rendre moins discernable, de ne pas oublier que le soleil tourne et qu'un abri camouflé le matin peut se retrouver exposé l'après-midi, de prendre garde aux objets métalliques, aux verres de montres et autres optiques et de se déplacer lentement. Il faut également veiller à toujours coller à son environnement s'il y a déplacement (d'une zone boisée vers des champs par exemple), communiquer par signes et enfin effacer toute trace de son passage (empreintes, déchets…).

Concernant les odeurs, les dentifrices ainsi que les savons parfumés ou odorants sont à proscrire, notamment en forêt ou dans la jungle.

En Belgique, Le mot mnémotechnique FORMATOSE est utilisé. La déclinaison de ce mot correspond à Forme, Ombre, Reflet, Mouvement, Arrière plan, Tonalité-ton, Odeur, Son, Electro-magnétisme.

Camouflage thermo-optique

La lumière réfléchie par un corps ne se limite pas au visible. Nous l'avons vu précédemment, les camouflages sont composés de motifs appliqués principalement sur les textiles qui dissimulent la présence mais ne la masquent pas. Le camouflage thermo-optique permettra de masquer complètement le corps de la vision de l'ennemi.

Camouflage optique

Des laboratoires de l'armée américaine développent des camouflages rendant le porteur invisible. Ceux-ci permettent la réflexion de la lumière d'un côté du corps à l'autre. Ainsi, un homme situé devant un mur noir sera aperçu avec une teinte noire. Des capteurs (placés sur le dos) font ressortir la même teinte (sur le ventre). Ce type de camouflage est en phase de développement. Il est aussi développé pour les blindés et autres véhicules lourds. Son efficacité ne lui permet pas encore d'être très fiable. Le camouflage optique est en fait un genre de camouflage actif. Si on projette une image sur un objet masqué, celui-ci donnera l'illusion d'être transparent. Pour obtenir ce camouflage optique, les chercheurs font appel à un procédé baptisé X'tal vision.

Camouflage aux infrarouges

Durant la Seconde Guerre mondiale, les armées ont déjà été confrontées au problème du camouflage dans le spectre électromagnétique hors de la vision humaine (infrarouge et ultraviolet).

La photographie infrarouge fut développée par Kodak en 1937. Les nazis y trouvèrent tout de suite une application militaire, pour la détection nocturne des troupes adverses. Le vert naturel de la flore réfléchit cette partie du spectre tandis que le corps humain, qui l'absorbe, apparaît plus sombre. C'est ainsi que l'usine chimique I.G. Farben développe un agent chimique à haut pouvoir réfléchissant, appelé Hydron Olive GX. Il contient du sulfure et est incorporé dans les parties vertes des camouflages nazis.

De leur côté les Américains ne maîtrisèrent pas pleinement les techniques de vision infrarouge. C'est seulement en 1965, durant la guerre du Vietnam, que l'armée US ajouta des colorants réfléchissants aux tenues militaires.

En 1981, le camouflage M81 woodland a intégré pleinement des agents réfléchissants. Mais durant ce début des années 80, l'armée US se voit confier de nouvelles missions dans le golfe Persique. Elle s'aperçoit que le M81 woodland devient un handicap pour les zones arides. La solution est simple : ne pas ajouter d'agent réfléchissant dans les camouflages aride et arctique (tel que dans le Chocolate chips).

En France, la perception des premiers uniformes traités pour limiter la détection infrarouge par l’imbibition au noir de carbone a lieu lors de l'opération Daguet en 1990.

Camouflage thermique

Image thermique d'un serpent autour d'un bras humain

Le corps humain (dans une moindre mesure que les véhicules) dégage un rayonnement de chaleur, lié à sa température, visible par thermographie. L'objet chaud apparaît de façon claire, ce qui le détache du fond plus sombre. Une méthode pour réduire cette signature thermique est de rendre le soldat plus proche de la température de l'environnement en augmentant la surface d'échange. L'utilisation d'un poncho permet la diffusion de la chaleur et casse la forme humaine. Des techniques plus efficaces sont aussi employées, telle que la tenue ghillie qui, par son nombre de fibres, agit comme un radiateur. Une autre technique est de développer des textiles ou des peintures à faible émission, incorporant le plus souvent des particules métalliques.

Camouflage Dazzle (Camouflage naval)

Le porte-avions USS Essex (CV-9), repeint en 1944.

Durant les deux Guerre mondiale, les bateaux de guerre, pour se protéger des sous-marins dont les U-Boot, adoptèrent un camouflage qui permettait de brouiller la vision de leurs infrastructures. Le camouflage se constituait de formes géométriques de couleurs grises ou noires ; parfois on redessinait les contours d'un autre navire sur la coque afin de mieux tromper l'observateur ennemi. Ainsi, par un périscope ou de loin à la jumelle, il était difficile de déterminer de quel type de vaisseau il s'agissait.

Exemples de camouflages militaires

Notes et références

Voir aussi

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Articles connexes

Liens externes