Camouflage

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Un flet se fondant dans le gravier au fond de la mer.

Le camouflage est une méthode de dissimulation. Il permet à un organisme visible ou à un objet de passer inaperçu, se fondant avec son environnement. Les exemples incluent des rayures d'un tigre, le treillis d'un soldat moderne et un papillon présentant l'apparence d'une feuille. La théorie du camouflage couvre les différentes stratégies qui sont utilisées pour obtenir cet effet.

Dans la nature

La coloration de camouflage est la forme la plus commune de camouflage, qui se trouve dans une certaine mesure chez tous les animaux. La façon la plus simple pour un animal consiste à être d'une couleur similaire à son environnement. Par exemple, les chevreuils, les écureuils, ou les taupes ont les tonalités de leur milieu (pour correspondre à des arbres ou à la terre), de même la combinaison du bleu et du blanc de la peau du ventre des requins les rend difficiles à détecter à la fois par le dessus et le dessous, grâce à une contre-illumination. Des motifs plus complexes peuvent être observés chez les animaux comme les lézards, les papillons et les grenouilles, et bien d'autres.

Le type de camouflage qu'une espèce développera dépend de plusieurs facteurs :

  • L'environnement dans lequel il vit. C'est généralement le facteur prépondérant.
  • La physiologie et le comportement de l'animal. Les animaux à fourrure ont besoin de camouflages différents de ceux à plumes ou à écailles. De même, les animaux qui vivent en groupes utilisent des techniques de camouflage différentes de ceux qui sont solitaires.
  • Si l'animal est une proie potentielle, le comportement ou les caractéristiques de son prédateur peuvent influencer sur la façon dont le camouflage se développe. Par exemple, si le prédateur a une vision achromatique, alors l'animal n'aura pas besoin de correspondre à la couleur de ses environs.

Les animaux produisent des couleurs de deux façons:

  • Biochromes : pigments naturels microscopiques qui absorbent certaines longueurs d'onde de la lumière et reflètent les autres, créant une couleur visible qui est ciblée pour son principal prédateur.
  • Structures physiques microscopiques, qui agissent comme des prismes qui réfléchissent et diffusent la lumière pour produire une couleur qui est différente de la peau, telles que la fourrure translucide de l'ours polaire, qui a en fait la peau noire.
Mimétisme de protection chez les insectes

La couleur du camouflage peut changer également. Cela peut être dû à un simple changement de saisons, ou cela peut être un réponse à un changement environnemental plus rapide. Par exemple, le renard arctique a un pelage blanc en hiver, et brun en été. Les mammifères et les oiseaux ont besoin d'un nouveau manteau de fourrure et d'un nouveau jeu de plumes, respectivement, mais certains animaux, comme les seiches, ont des cellules pigmentaires, appelé chromatophores, qu'elles peuvent contrôler. D'autres animaux tels que certaines espèces de poissons ou les nudibranches peuvent modifier la coloration de leur peau en changeant leur alimentation. Cependant, la créature la plus connue qui change de couleur, le caméléon, ne le fait pas généralement à des fins de camouflage, mais pour exprimer son humeur ou pour sa thermorégulation.

Au-delà des couleurs, des motifs de pelage sont souvent utiles dans le camouflage via la coloration également. L'illusion Cornsweet décrit la perception visuelle comme se produisant au travers des contrastes de contours. On reconnaît un chien, par exemple, par sa couleur autant que par sa forme. Souvent, ce qui importe le plus pour un bon camouflage via la coloration est de briser le contour du corps d'une créature. Ceci peut être vu chez des animaux domestiques communes comme les chats tigrés, mais les zébrures globales chez d'autres animaux comme les tigres et les zèbres les aident à se fondre dans leur environnement, respectivement la jungle et les prairies. Ces deux derniers exemples offrent un exemple intéressant, une impression initiale pourrait être que leur coloration ne correspond pas à leur environnement respectif, mais les proies des tigres ne discernent généralement pas certaines couleurs et ne peuvent pas faire la différence entre orange et vert. Le prédateur principal des zèbres, le lion, ne discerne pas les couleurs. Dans le cas des zèbres, les rayures se mêlent aussi de sorte qu'un troupeau de zèbres ressemble à une grande masse, ce qui rend difficile, pour un lion, le choix d'une individu en particulier. Ce même concept est également utilisé par de nombreuses espèces de poissons rayés. Parmi les oiseaux, les bernaches du Canada forment un troupeau dans les hautes herbes et apparaissent plus comme des bâtons et moins comme des têtes d'oiseaux.

Teratodus monticollis

Dans la nature, il y a une forte pression de sélection poussant les animaux à se fondre dans leur environnement ou à dissimuler leur forme ; pour les proies afin d'éviter les prédateurs et pour les prédateurs afin d'être capables de se faufiler vers une proie. Le camouflage naturel est un moyen permettant à ces animaux d'y parvenir, par divers modes : l'un est de se fondre dans son environnement, tandis qu'un autre est pour l'animal de ressembler à quelque chose d'inintéressant ou à quelque chose de dangereux.

Il y a une permanente coévolution des capacités sensorielles des animaux pour lesquels il est avantageux d'être capable de détecter les animaux camouflés, et les caractéristiques du camouflage des espèces qui se dissimulent. Les niveaux de camouflage et de capacités sensorielles peuvent être plus ou moins prononcés suivant les couples d'espèces prédateur-proie.

Certains animaux simulent également le mouvement naturel, par exemple, celui d'une feuille dans le vent. C'est ce qu'on appelle un comportement ou une habitude procryptique. D'autres animaux attachent ou attirent des matériaux naturels sur leur corps pour se dissimuler. Quelques animaux ont réponse chromatique, changeant de couleur dans des environnements changeants, que ce soit de façon saisonnière (telle l'hermine ou le lièvre d'Amérique) ou beaucoup plus rapidement avec chromatophores dans leur tégument (la famille des céphalopodes). Certains animaux, notamment dans les milieux aquatiques, prennent également des mesures pour camoufler les odeurs qu'ils émettent et qui peuvent attirer les prédateurs. Certains espèces vivant en troupeau adoptent un motif similaire rendant difficile la distinction d'un seul animal, comme par exemple les bandes sur les zèbres et les échelles de réflexion chez certains poissons.



Galerie

Dans le domaine militaire

Un sniper camouflé, un exemple de camouflage militaire mimant l'environnement naturel
Un exemple moderne de camouflage de montagne

Le camouflage militaire n'a pas été largement utilisé dans les premières guerres des civilisations occidentales. Les armées du XVIIIe et XIXe siècle ont tendance à utiliser des couleurs vives, et des dessins impressionnants. Ils sont destinés à décourager l'ennemi, à attirer des recrues, favoriser la cohésion des unités, ou de permettre une identification plus facile des unités dans le brouillard de guerre du champ de bataille, chose commune avant l'invention de la poudre à canon sans fumée. Les chasseurs à pied au XVIIIe siècle ont été les premiers à adopter des couleurs relativement ternes de vert ou de gris. Le gros des armées ont conservé leurs couleurs vives jusqu'à être convaincus de l’intérêt des couleurs ternes. En 1857, les Britanniques en Inde ont été forcés par le nombre de victimes de teindre leurs uniformes tropicaux blancs dans des tons neutres, d'abord dans une teinte boueuse appelée kaki (du mot Ourdou pour «poussière»). Mais ce n'était qu'une mesure ponctuelle. C'est seulement après la Seconde Guerre des Boers, en 1902, que les uniformes de campagne "home service" (c'est-à-dire non tropicaux) de toute l'armée britannique ont été standardisés en utilisant une teinte plus foncée, le Serge kaki. D'autres armées de terre, comme celles des États-Unis, de la Russie, de l'Italie, de l'Allemagne ont suivi avec des couleurs kaki, gris, bleu-gris ou d'autres plus adaptés à leurs environnements.

Les filets de camouflage, des matériaux naturels, des motifs de couleur perturbatrice, des peintures avec des propriétés spéciales dans les domaines infrarouge, thermique, et radar ont également été utilisés sur des véhicules militaires, des navires, des aéronefs, des installations et des bâtiments. Un exemple frappant est le camouflage Dazzle utilisés sur les navires pendant la Première Guerre mondiale, qui n'était pas destiné à rendre les bateaux difficiles à voir, mais plutôt à rendre difficile l'évaluation de leur vitesse à l'œil nu. Les tenues Ghillie sont portées par les snipers et leurs observateurs (spotters) leur permettent d'avoir un niveau de camouflage supérieur, alliant non seulement les couleurs, mais des brindilles, des feuilles et d'autres feuillages pour briser la silhouette humaine et pour remplacer les motifs imprimés de leur uniforme par des couleurs et des matériaux de leur environnement immédiat. Cela leur permet de rester discret même en étant observé directement avec des jumelles ou d'en haut par les avions.

Un nouveau développement concerne les motifs de camouflage pixélisés ou dénommés numériques, comme ACUPAT, MARPAT et CADPAT[1].

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Techniques de camouflage militaires

Dans le domaine militaire, le camouflage est souvent la technique la plus sûre pour contrer une menace ou mettre fin à une traque. D'autres actions sont possibles (fuite ou défense par exemple) mais c'est souvent la première technique utilisée car elle permet au soldat de garder ses forces, de s’adapter à l’évolution de la menace et de prendre le temps de la réflexion. De plus, elle peut permettre d’éviter le danger au lieu de le fuir ou d’y faire face.

FFOMECBLOT — acronyme de fond, forme, ombre, mouvement, éclat, couleur, bruit, lueur, odeur, trace — est un qualificatif et moyen mnémotechnique utilisé des militaires français afin de garder à l'esprit la totalité des signes pouvant trahir une présence :

  • Forme : l’œil étant attiré par les formes non naturelles (lignes droites, formes géométriques), les militaires tentent donc au maximum de déshumaniser la forme de leur corps (bras et jambes, tête et épaules) en adoptant des habits larges et informes (poncho, cape, etc…).
  • Ombres : les ombres peuvent souvent révéler une approche par les arrières. Les soldats voulant se camoufler doivent donc faire attention à la position du Soleil afin de pouvoir adapter leur approche.
  • Mouvements : chez l’homme, l'œil est instantanément attiré par le mouvement notamment ceux ayant lieu dans le champ de vision périphérique. De ce fait, l’immobilité est l’une des bases du camouflage.
  • Éclat : tout ce qui reflète la lumière (lame de couteau, gourde, verre de montre…), peut révéler la position d'un militaire à une très grande distance. En effet, un éclat de lumière attire l’œil de manière systématique d’autant que celui-ci est le plus souvent d’origine humaine. Pour s’en prémunir, les soldats peuvent recouvrir de tissu ou de scotch par exemple tout ce qui pourrait réfléchir la lumière.
  • Couleurs : de la même manière que pour les formes, l’œil est attiré par toute couleur non naturelle comme la peau nue. Les militaires se camouflant cherchent donc à adopter systématiquement la couleur de leur environnement et ce, sur toutes les parties du corps (port de gants et d’une cagoule, ou d’un filet sur le visage). En France, le camouflage CE (Centre Europe) est particulièrement efficace, mais les militaires peuvent l'agrémenter de végétation locale.
  • Bruits : tout comme le mouvement, c’est souvent l'un des premiers signaux trahissant la présence d'un soldat, d’autant plus qu’il est quasiment impossible de bouger sans bruit. Une des solutions employée est de progresser en terrain dégagé, près d'une ligne de chemin de fer par exemple, ou de masquer le bruit de déplacement par un autre bruit, comme en marchant le long d’un cours d’eau.
  • Lueurs : les lueurs sont aussi visibles la nuit que l’éclat l'est le jour. Elles sont visibles à de très grandes distances. Par ailleurs, comme la lumière éclaire à faible distance tout en plongeant le reste dans les ténèbres, les militaires doivent éviter au maximum toute lumière la nuit. Ils peuvent ainsi choisir des lampes peu puissantes et si possible avec filtre rouge ce qui ne gène pas la vision de nuit.
  • Odeurs : ce sont surtout les animaux qui sont capables de détecter des hommes à l'odeur.
  • Traces : les militaires se camouflant cherchent à laisser le moins de traces possibles de leur passage en enterrant par exemple leurs ordures ou en évitant les traces laissées par leurs chaussures.

Par ailleurs, c'est après une bonne observation de leur environnement que les militaires peuvent se camoufler efficacement. Ils ne doivent pas également négliger leur mobilité ainsi que le confort de leur cachette, l'attente pouvant durer longtemps.

Applications non militaires

Un chasseur en tenue de camouflage moderne
Une tour de communication, camouflée comme un arbre

Les chasseurs utilisent souvent des vêtements de camouflage qui sont visuellement adaptés à la chasse qu'ils pratiquent. L'exemple le plus frappant est le camouflage orange vif, qui rend le chasseur très visible pour les humains, mais s'appuie sur le fait que la plupart des gros gibiers, comme le cerf, sont dichromates, et perçoivent l'orange comme une couleur terne. D'autre part, les azurants optiques, couramment utilisés dans les détergents de lessive pour faire apparaitre brillants les articles lavés, sont visibles par de nombreux gibiers. L'utilisation de ces derniers va faire, sur ce qui apparaît à l'œil humain comme des vêtements de camouflage, se démarquer sur le fond, pour un animal aux yeux sensibles aux ultraviolets[2].

Il y a différents types de camouflage de chasse. L'utilisation de chacun dépend de la zone dans laquelle le chasseur va chasser. Il peut varier en apparence d'un motif "chêne mousseux" à un modèle de "branche de sauge" pour les chasseurs de grands mammifères. Les chasseurs de sauvagine peuvent avoir des camouflages qui ressemblent à des roseaux des marais.

Voir aussi



Références

Notes

  1. Barcott, Bruce, "Invisible, Inc.", The Atlantic, 1 July 2011, p. 80.
  2. « How Game Animals See and Smell »

Bibliographie

  • Roy R. Behrens - Art and Camouflage: An Annotated Bibliography
  • (en) Behrens, Roy R., Camoupedia: A Compendium of Research on Art, Architecture and Camouflage, Dysart, Bobolink Books, , poche (ISBN 978-0-9713244-6-6)
  • Behrens, Roy R. (2009), "Camouflage" in E. Bruce Goldstein, ed., Encyclopedia of Perception. Sage Publications, pp. 233–236. ISBN 978-1-4129-4081-8.
  • (en) Behrens, Roy R., False Colors: Art, Design and Modern Camouflage, Dysart, Bobolink Books, , 1re éd. (ISBN 978-0-9713244-0-4)
  • (en) Goodden, Henrietta, Camouflage and Art: Design for Deception in World War 2, Londres, Unicorn Press, , 1re éd. (ISBN 978-0-906290-87-3)
  • Tom Harris, « How Animal Camouflage Works », How Stuff Works (consulté le )
  • « How do a zebra's stripes act as camouflage? », How Stuff Works (consulté le )
  • (en) Newark, Tim, Camouflage, Londres, Thames and Hudson, and Imperial War Museum, , 1re éd. (ISBN 978-0-500-51347-7)
  • Jon Latimer, Deception in War, London: John Murray, 2001.
  • Traver, Kacey. Life under the Sea.' Copyright 2008.
  • Everett L. Warner, “The Science of Marine Camouflage Design” in Transactions of the Illuminating Engineering Society 14 (5) 1919, pp. 215–219.
  • Everett L. Warner, “Fooling the Iron Fish: The Inside Story of Marine Camouflage” in Everybody’s Magazine (November 1919), pp. 102–109.

Liens externes

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