Cairanne (AOC)

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Cairanne
Image illustrative de l’article Cairanne (AOC)
Les vignes à Cairanne, à l'assaut du vieux village.

Désignation(s) Cairanne
Appellation(s) principale(s) Cairanne
Type d'appellation(s) AOC
Reconnue depuis 1967
Pays Drapeau de la France France
Région parente Vignoble de la vallée du Rhône
Sous-région(s) vallée du Rhône méridionale
Localisation Nord Vaucluse
Saison Deux saisons sèches (hiver et été) et
deux saisons pluvieuses (automne et printemps)
Climat tempéré méditerranéen sous influence du mistral
Sol Terres rouges sur grès, terrasses argileuses, caillouteuses et sols maigres sur mollasses sableuses
Superficie plantée 760 hectares
Cépages dominants Grenache noir N, syrah N, grenache blanc B et clairette B
Vins produits rouges, et blancs
Production 31 600 hectolitres
Pieds à l'hectare Minimum 4 000 pieds par ha,
soit maximum 2,5 m2 par pied
Rendement moyen à l'hectare 41 à 45 hl/ha[1]

Le cairanne est un vin produit sur la commune de Cairanne, dans le département français de Vaucluse en région Provence-Alpes-Côte d'Azur, homologué comme appellation d'origine contrôlée, provisoirement depuis le 20 juin 2016[2],[3] et définitivement depuis le 25 juin 2018[4].

Histoire[modifier | modifier le code]

Moyen Âge[modifier | modifier le code]

Le village fut un fief de l'ordre des Hospitaliers de Saint-Jean de Jérusalem, qui dut le rétrocéder au pape Jean XXII, en 1320. Le souverain pontife se réserva la dîme annuelle qui s'élevait à douze tonneaux de vin du cru.

Période moderne[modifier | modifier le code]

En 1766, une délibération du Conseil de Ville ordonna que, désormais : « Les aubergistes et cabaretiers ne pourront vendre aux particuliers que du vin du lieu et en bouteilles cachetées. Les messieurs de la police sont chargés de mettre le sceau aux dites bouteilles et les vendeurs devront justifier l'origine de leur vin. » Au siècle suivant, vers 1850, il y eut une forte demande de vin blanc. Celui-ci était consommé « bourru » sur les places de Saint-Étienne et Lyon.

Période contemporaine[modifier | modifier le code]

Les vignerons de la commune obtinrent la dénomination côtes-du-rhône cairanne en 1953, puis ce fut le classement en tant que côtes-du-rhône-villages cairanne en 1967.

Situation géographique[modifier | modifier le code]

La commune étend son vignoble entre le talweg de l'Aygues, rivière torrentueuse et ses dépôts alluvionnaires. Ses vignes ont conquis garrigues et coteaux.

Le terroir viticole de Cairanne.

Orographie[modifier | modifier le code]

Le point culminant du terroir de Cairanne, le belvédère des Côtes-du-Rhône, est situé à 320 mètres d'altitude. Il s'abaisse graduellement de la colline de Ventabren[5] par terrasses et coteaux, jusqu'à la plaine caillouteuse du Plan-de-Dieu.

Géologie[modifier | modifier le code]

C'est un terroir composite formé de terres rouges (argilo-calcaires) reposant sur un substrat de grès. Quand le relief s'élève, la vigne est implantée sur des terrasses argileuses et caillouteuses où se mêlent des mollasses sableuses.

Climatologie[modifier | modifier le code]

Ce terroir viticole est situé dans la zone d’influence du climat méditerranéen. Les étés sont chauds et secs, liés à la remontée en altitude des anticyclones subtropicaux, entrecoupés d’épisodes orageux parfois violents. Les hivers sont doux. Les précipitations sont peu fréquentes et la neige rare[6]. Le climat de ce terroir est soumis à un rythme à quatre temps : deux saisons sèches (une brève en hiver, une très longue et accentuée en été), deux saisons pluvieuses, en automne (pluies abondantes et brutales) et au printemps. Sa spécificité est son climat méditerranéen qui constitue un atout exceptionnel :

  • Le mistral assainit le vignoble ;
  • La saisonnalité des pluies est très marquée ;
  • Les températures sont très chaudes pendant l'été.
Relevé météorologique de Cairanne
Mois jan. fév. mars avril mai juin jui. août sep. oct. nov. déc. année
Température minimale moyenne (°C) 6 7,5 11 13 17,5 21 23 23 19,5 15,5 9 6,5 14,3
Température moyenne (°C) 2 3 6 8 12 15 18 18 14 11 6 3 9,7
Température maximale moyenne (°C) 10 12 16 18 23 27 30 30 25 20 13 10 19,5
Record de froid (°C)
date du record
−13,4
1985
−14,5
1956
−9,7
2005
−2,9
1970
1,3
1979
5,7
1984
9
1953
8,3
1974
3,1
1974
−1,1
1973
−5,4
1952
−14,4
1962
Record de chaleur (°C)
date du record
20,3
2002
23
1960
27,2
1990
30,7
2005
34,5
2001
38,1
2003
40,7
1983
42,6
2003
35,1
1966
29,6
1985
24,6
1970
20,2
1983
Précipitations (mm) 36,5 23,3 24,9 42,7 45,6 25,4 20,9 29,1 65,8 59,8 52,8 34 460,6
Diagramme climatique
JFMAMJJASOND
 
 
 
10
6
36,5
 
 
 
12
7,5
23,3
 
 
 
16
11
24,9
 
 
 
18
13
42,7
 
 
 
23
17,5
45,6
 
 
 
27
21
25,4
 
 
 
30
23
20,9
 
 
 
30
23
29,1
 
 
 
25
19,5
65,8
 
 
 
20
15,5
59,8
 
 
 
13
9
52,8
 
 
 
10
6,5
34
Moyennes : • Temp. maxi et mini °C • Précipitation mm

Selon Météo-France, le nombre par an de jours de pluie supérieurs à 2,5 litres par mètre carré est de 45, et la quantité d'eau, pluie et neige confondues, est de 660 litres par mètre carré. Les températures moyennes oscillent entre 0 et 30 °C selon la saison. Le record de température, depuis l'existence de la station de l'INRA, est de 40,5 °C lors de la canicule européenne de 2003, le 5 août (et 39,8 °C, le 18 août 2009) et −12,8 °C le . Les relevés météorologiques ont lieu à l'Agroparc d'Avignon.

Mistral

Le vent principal est le mistral, dont la vitesse peut aller au-delà des 110 km/h. Il souffle entre 120 et 160 jours par an, avec une vitesse de 90 km/h par rafale en moyenne[7]. Le tableau suivant indique les différentes vitesse du mistral enregistrées par les stations d'Orange et Carpentras-Serres dans le sud de la vallée du Rhône et à sa fréquence au cours de l'année 2006. La normale correspond à la moyenne des 53 dernières années pour les relevés météorologiques d'Orange et à celle des 42 dernières pour Carpentras[8].

Légende : « = » : idem à la normale ; « + » : supérieur à la normale ; « - » : inférieur à la normale.

Vitesse des vents du mistral
Jan. Fév. Mars Avril Mai Juin Juil. Août Sept. Oct. Nov. Déc.
Vitesse maximale relevée sur le mois 96 km/h 97 km/h 112 km/h 97 km/h 94 km/h 100 km/h 90 km/h 90 km/h 90 km/h 87 km/h 91 km/h 118 km/h
Tendance : jours avec une
vitesse > 16 m/s (58 km/h)
-- +++ --- ++++ ++++ = = ++++ + --- = ++

Vignoble[modifier | modifier le code]

Présentation[modifier | modifier le code]

Le vignoble s'étend sur la commune de Cairanne. Il s'étend sur 760 hectares et produit 24 540 hectolitres par an.

Encépagement[modifier | modifier le code]

Les rouges sont faits à partir de grenache noir (60 à 70 %), de syrah (20 à 30 %) et de mourvèdre (10 à 20 %).

Les blancs sont produits à partir de grenache blanc (50 %), de clairette (25 %), de marsanne, de roussanne, de bourboulenc et de viognier.

Méthodes culturales et réglementaire[modifier | modifier le code]

Le décret du , impose un cahier des charges précis, dans le cadre de l'appellation avec un rendement maximum de 42 hl/ha, une taille courte en gobelet ou en cordon, un degré alcoolique minimum, pour les rouges de 12,5 %, pour les les blancs de 12 %. À ceci s'ajoutent un contrôle analytique des vins et un agrément après dégustation.

Terroir et vins[modifier | modifier le code]

Plusieurs terroirs composent la commune. Au nord, les coteaux du versant sud de la Montagne, mêlant argile blanche et calcaire, qui s'affaisse vers le sud sur une terrasse caillouteuse, arrière-pays entre l'Aigues et l'Ouvèze, dénommée le Plan de Dieu.

Au sud et à l'ouest, les Garrigues formées d'argiles rouges, qui jouxtent les terrasses de l'Aygues, formées d'alluvions du diluvium alpin. Au nord-ouest de la commune, les Hautes-Rives et les Bayes sont composées de terres siliceuses.

Millésimes[modifier | modifier le code]

Ils correspondent à ceux du vignoble de la vallée du Rhône.

Structure des exploitations[modifier | modifier le code]

Les trois couleurs du terroir de Cairanne.

Le syndicat des vignerons de Cairanne, créé en 1929, regroupe actuellement 22 vignerons indépendants et 200 coopérateurs.

Type de vins et gastronomie[modifier | modifier le code]

Les rouges évoluent des arômes de fruits à noyau en leur prime jeunesse vers des notes de cuir et de truffes en vieillissant. Ce sont des vins de grande garde — dix ans et plus —, traditionnellement conseillés sur du gibier et de la venaison, et il s'accorde parfaitement avec les daubes (avignonnaise ou provençale), les civets de chevreuil, de lièvre ou de sanglier et avec une gardiane de taureau.

Le blanc, traditionnellement, est conseillé soit en apéritif, soit sur des poissons, coquillages et crustacés. Il se révèle parfait en accompagnement d'un fromage de chèvre.

Commercialisation[modifier | modifier le code]

La commercialisation, sur le marché intérieur, se fait à partir des CHR, cavistes, grande distribution, salons pour les particuliers et les professionnels.

À l'exportation, les plus importants marchés se trouvent en Suisse, aux États-Unis, au Canada et en Asie du Sud-Est.

Le syndicat des vignerons de l'appellation est représenté au sein de la Commanderie des Costes du Rhône, confrérie vigneronne qui tient ses assises au château de Suze-la-Rousse, siège de l'Université du vin.

Caveau du Belvédère[modifier | modifier le code]

Dans le village, le Caveau du Belvédère a été le premier caveau créé en Côtes-du-Rhône en 1959, il regroupe actuellement vingt vignerons et commercialise une soixantaine de vins différents.

Producteurs de l'appellation[modifier | modifier le code]

Cave des vins de Cairanne

Liste non exhaustive des producteurs de l'appellations[9] :

  • Camille Cayran ( nom commercial de la Cave Coopérative de Cairanne )[10]
  • Caveau du Belvédère
  • Chantecôtes
  • Château le Plaisir
  • Château les Quatre Filles
  • Domaine Alary
  • Domaine Armand
  • Domaine Berthet-Rayne
  • Domaine Boisson
  • Domaine Brusset
  • Domaine Cros de Romet
  • Domaine de Dionysos
  • Domaine de Crémone
  • Domaine de la Gayere
  • Domaine de la Tête Noire
  • Domaine de Saint-Andéol
  • Domaine Delubac
  • Domaine des Amadieu
  • Domaine des Coteaux des Travers
  • Domaine des Escaravailles
  • Domaine du Trapadis
  • Domaine Eyverine[Information douteuse]
  • Domaine Galuval
  • Domaine Grosset
  • Domaine Jubain
  • Domaine Juliette Avril
  • Domaine Ka
  • Domaine les Grands Bois
  • Domaine les Hautes Cances
  • Domaine Martin
  • Domaine Moun Pantaï
  • Domaine Philippe Plantevin
  • Domaine Rabasse-Charavin
  • Domaine Richaud
  • Domaine Roche
  • L’Oratoire Saint-Martin
  • La Bastide Saint-Dominique
  • Le Clos des Mourres
  • Les Chemins de Sève
  • Les Terrasses du Belvédère

Notes et références[modifier | modifier le code]

  1. Décret du 23 octobre 2009.
  2. Arrêté du 20 juin 2016 homologuant le cahier des charges relatif à l'appellation d'origine contrôlée « Cairanne » (lire en ligne).
  3. « Décision nos 402876 et autres », sur www.legifrance.gouv.fr (consulté le ).
  4. « Arrêté du 25 juin 2018 homologuant le cahier des charges de l'appellation d'origine contrôlée « Cairanne » », sur www.legifrance.gouv.fr (consulté le ).
  5. D'après le toponymiste Charles Rostaing, Ventabren trouve ses racines dans un nom pré-celtique, vin-t, signifiant « hauteur », et que l'on retrouve dans Ventoux, et un suffixe celte bren, désignant une colline.
  6. La climatologie du Vaucluse..
  7. Jean Vialar, Les Vents régionaux et locaux, 1948 ; réédité par Météo-France en 2003.
  8. Source : Services techniques d'Inter Rhône à Avignon Données météorologiques concernant l'année 2006 [PDF].
  9. François Collombet, « Cairanne AOC, Cru des Côtes du Rhône », sur Dico du vin, .
  10. « Camille Cayran, Cave Coopérative de Cairanne » (consulté le ).

Voir aussi[modifier | modifier le code]

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Bibliographie[modifier | modifier le code]

  • Robert Bailly, Histoire de la vigne et des grands vins des Côtes-du-Rhône, Avignon, , 202 p.
  • Pierre Charnay, Vignobles et vins des Côtes-du-Rhône, Avignon, Aubanel, .
  • Guy Jacquemont et Patrick Galant, Le Grand Livre des Côtes-du-Rhône, Paris, Éd. du Chêne, .
  • (en) Robert W. Mayberry, Wines of the Rhône Valley: A guide to origins, Totawa, New Jersey, USA, Rowman & Littlefield Publishers, .
  • Charles Pomerol (dir.) et al., Terroirs et vins de France : Itinéraires œnologiques et géologiques, Orléans, Éd. du BRGM, .
  • Pierre Le Roy de Boiseaumarié, Histoire de l'appellation Côtes-du-Rhône, Avignon, Éd. Reflets Méditerranées, .

Articles connexes[modifier | modifier le code]

Liens externes[modifier | modifier le code]