Bécan (dessinateur)

Un article de Wikipédia, l'encyclopédie libre.
Bécan
Naissance
Décès
Sépulture
Division 96 du cimetière du Père-Lachaise (d)Voir et modifier les données sur Wikidata
Pseudonymes
Bernard Bécan, BécanVoir et modifier les données sur Wikidata
Nationalité
Activités
Formation

Bécan, pseudonyme de Bernhard Cahn (francisé en Bernard Cahn), né le à Stockholm et mort le à Paris, est un peintre, dessinateur, lithographe, aquafortiste et affichiste français[1].

Biographie[modifier | modifier le code]

Élève des Beaux-Arts[2] et de Jules-Victor Verdier (1862-1926) qui le mènent à la gravure et aux émaux, il s'engage dans la Légion étrangère, puis collabore à un journal de poilus durant la Grande Guerre. Après 1918, il devient illustrateur et affichiste pour le cinéma et le théâtre. Son style sobre et incisif lui vaut de commencer une carrière féconde de caricaturiste et de dessinateur de presse.

Il débute comme dessinateur en 1917 au Carnet de la Semaine[3]. Au début des années 1920, il participe aux journaux Le Rire, Le Grand Guignol, Le Canard enchaîné, Le Progrès civique, L'Œuvre ou Le Journal. Il est un portraitiste et un caricaturiste indulgent, ce dont il se justifiera lui-même en écrivant : « Quant à être méchant, dans la caricature de théâtre, comme certains cherchent à l'être, je n'en vois pas vraiment le but, alors que dans la caricature politique, cela se comprend très bien. Il vaut beaucoup mieux chercher à atteindre une vérité psychologique plutôt que de compter les rides »[4]. L'historien Christian Delporte restitue, dans la salle des pas-perdus du Palais Bourbon en 1926, Édouard Herriot ou Aristide Briand posant volontiers pour cette « sorte d'aristocratie » que constituent quelques dessinateurs politiques - auxquels Delporte donne les noms de Bernard Bécan, Jean Sennep, Henri-Paul Deyvaux-Gassier, Raoul Cabrol, Henri-Gabriel Ibels et André Galland - « que l'on envie, que l'on admire, que l'on craint parfois aussi. Épiés dans leurs moindres gestes, à la tribune, sur leurs bancs de l'hémicycle ou dans les couloirs de la Chambre, les ministres et les députés ne savent plus s'ils doivent les éviter ou solliciter leur attention. Les dessinateurs forgent leur réputation »[5].

En tant qu'humoriste, Bécan expose au Salon des humoristes et au Salon des Dessinateurs parlementaires ; en tant que peintre, lithographe, aquafortiste, il expose au Salon des indépendants. Il réalise des couvertures de livres, illustrant ainsi Louis Delluc, Maurice Dekobra, Georges Simenon, Henri Béraud, Paul Morand, Joseph Kessel et René Jeanne.

En 1940, il dessine les titres et les vignettes d'Aujourd'hui. Juif, il est persécuté par les nazis et le régime de Vichy sous l'Occupation. Se sentant particulièrement humilié de porter l'étoile jaune, il se laisse mourir de faim trois ans avant la fin de la Seconde Guerre mondiale. Yvon Bézardel évoque ainsi sa fin de vie : « Pauvre Bécan, dont l'art consistait à égayer les autres ! Jusqu'à l'Occupation, nul ne s'était jamais avisé de son origine juive et rien au monde ne le menaçait. Une fois Paris sous la botte, il se mit à redouter tellement la Gestapo qu'il n'osa plus se risquer au dehors et demeura enfermé chez lui. Il ne dormait plus. Le hasard ayant voulu que son logement ouvrît sur le toit d'un immeuble voisin, le malheureux se tenait toujours prêt à gagner ce toit et à se jeter dans le vide, à la moindre alerte. Par crainte de surprise, il guettait auprès d'une fenêtre toujours ouverte, par laquelle pénétraient l'air et l'humidité du dehors. Ainsi cet humoriste était mort de froid, sa fin n'avait même pas été tragique, mais misérable »[6].

Il meurt le en son domicile dans le 9e arrondissement de Paris[7], et, est inhumé au Cimetière du Père-Lachaise (96e division)[8].

Œuvre[modifier | modifier le code]

Affiches[modifier | modifier le code]

Affiche (1923) pour Rio Jim et William S. Hart.

Illustrations[modifier | modifier le code]

La Bêtise (1923), lithographie[14].
  • Roger Dévigne, Le cheval magique, poèmes, vignettes et culs-de-lampe par Bernard Bécan et Carlègle, 300 exemplaires constituant l'édition originale, L'Encrier, Paris, 1924.
  • Gaston Leroux, La farouche aventure ou la coquette punie, couverture illustrée par Bernard Bécan, Gallimard, 1925.
  • Georges-Gustave Toudouze, Les aventuriers de la science : L'homme qui volait le Gulf Stream, couverture illustrée par Bernard Bécan, Gallimard, 1925.
  • Jean d'Hourec, La fille au masque pourpre, couverture illustrée par Bernard Bécan, Gallimard, 1925.
  • Paul Cartoux et Henri Decoin, Le roi de la pédale, illustrations de Becan, NRF, 1925
  • Maurice Schneider et M.-C. Poinsot, Sémiramis, reine de Babylone, couverture illustrée par Bernard Bécan, Gallimard, 1926.
  • Joseph Kessel, Le triplace, burin original de Bernard Bécan, édition originale de vingt exemplaires numérotés sur papier Japon, Éditions Marcelle Lesage, 1926.
  • Georges-Gustave Toudouze, Les aventuriers de la science : l'éveilleur de volcans, couverture illustrée par Bernard Bécan, Gallimard, 1927.
  • Henry Clérys, Naïlé Hanoum, capitaine turc, couverture illustrée par Bernard Bécan, Gallimard, 1927.
  • René Girardet, L'étrange Monsieur de Lorgemont, couverture illustrée par Bernard Bécan, Gallimard, 1927.
  • Jean Fournier, Iggins & Co, couverture illustrée par Bernard Bécan, Gallimard, 1927.
  • Joseph Kessel, La folie du sage, burin original en frontispice par Bernard Bécan, Éditions Marcelle Lesage, 1927.
  • Louis Roubaud, 36, quai des Orfèvres, bois original de Bernard Bécan en couverture, Les Éditions de France, Paris, 1927.
  • Pierre Daye, La Chine est un pays charmant, illustrations de Bernard Bécan, Les Éditions de France, 1927.
  • Gustave Le Rouge, Le secret de la marquise, couverture illustrée par Bernard Bécan, Gallimard, 1928.
  • A.E.W. Mason, Le reflet dans la nuit, couverture illustrée par Bernard Bécan, Gallimard, 1928.
  • Charles-Antoine Gonnet, Sur la piste blanche, couverture illustrée par Bernard Bécan, Gallimard, 1928.
  • Vera Krijanovskaia, L'élixir de longue vie - Les immortels sur terre, couverture illustrée par Bernard Bécan, Gallimard, 1928.
  • Gaston Le Rouge, Une mission secrète, couverture illustrée par Bernard Bécan, Gallimard, 1928.
  • Albert-Jean, La proie de l'homme, couverture illustrée par Bernard Bécan, Gallimard, 1928.
  • S.S. Van Dine, La mystérieuse affaire Benson, couverture illustrée par Bernard Bécan, Gallimard, 1928.
  • Paul Morand, Le peuple des étoiles filantes, portrait par Bernard Bécan, À la lampe d'Alladin, Liège, 1928.
  • Paul Morand, Charleston U.S.A., lithographie originale par Bernard Bécan, À la lampe d'Alladin, 1928.
  • H.J. Magog, Trois Ombres sur Paris, couverture illustrée par Bernard Bécan, Gallimard, 1929.
  • Erich Maria Remarque, À l'Ouest, rien de nouveau, dessin de couverture par Bernard Bécan, Stock, 1929.
  • Louis Roubaud, Music-hall, illustrations de Bécan, Éditions Louis Querelle, Paris, 1929.
  • René Jeanne, Cinéma, amour et Cie, Éditions Louis Querelle, Paris, 1929.
  • Bernard Bécan (introduction d'André Lang), Gueules classées - Trente masques, trente-quatre planches et une eau-forte de l'auteur, Éditions Louis Querelle, Paris, 1930.
  • Bennett J. Doty, La légion des damnés, illustrations de Bernard Bécan, Stock, 1930.
  • Charles Oulmont, Paris, ce qu'on y voit, ce qu'on y netend, cinquante-six illustrations par Bernard Bécan, Berger-Levrault, 1931.
  • Georges Simenon, Les Fiançailles de monsieur Hire, jaquette de l'édition originale dessinée par Bernard Bécan, Arthème Fayard, 1933.
  • Georges Simenon, Le Coup de lune, jaquette de l'édition originale dessinée par Bernard Bécan, Arthème Fayard, 1933.
  • Georges Simenon, La Maison du canal, jaquette de l'édition originale dessinée par Bernard Bécan, Arthème Fayard, 1933.
  • Georges Simenon, L'Écluse numéro 1, jaquette de l'édition originale dessinée par Bernard Bécan, Arthème Fayard, 1933.
  • Georges Simenon, L'Âne rouge, jaquette de l'édition originale dessinée par Bernard Bécan, Arthème Fayard, 1933.
  • Georges Simenon, Les Gens d'en face, jaquette de l'édition originale dessinée par Bernard Bécan, Arthème Fayard, 1933.
  • Georges Simenon, Le Haut Mal, jaquette de l'édition originale dessinée par Bernard Bécan, Arthème Fayard, 1933.
  • Georges Simenon, L'Homme de Londres, jaquette de l'édition originale dessinée par Bernard Bécan, Arthème Fayard, 1933.
  • Georges Simenon, Maigret, jaquette de l'édition originale dessinée par Bernard Bécan, Arthème Fayard, 1934.
  • Maurice Maeterlinck, Printemps du monde, portrait en frontispice par Bernard Bécan, Dynamo, Pierre Aelberts, Liège, 1949.
  • René Leibowitz, Scènes de la vie musicale aux U.S.A., couverture art-déco de Bernard Bécan, Dynamo, Pierre Aelberts, Liège, 1950.
  • Henri Béraud, Les horreurs de la paix, soixante dessins par Bernard Bécan, Éditions Le Merle blanc, 1922, réédition incluant une notice sur les relations entre Henri Béraud et Bernard Bécan, Les amis d'Henri Béraud, 2001.

Dessins de presse[modifier | modifier le code]

Dessins de portraits[modifier | modifier le code]

Peinture[modifier | modifier le code]

Les toiles de Bécan, des paysages, sont rares et suggèrent des vues du Pays basque[2].

Expositions[modifier | modifier le code]

Réception critique[modifier | modifier le code]

  • « Son crayon, qu'il emploie d'une main sûre à fouiller le caractère et les traits d'un visage, a du mordant, de la force, une agréable vivacité et ce tour net et prompt où nous reconnaissons tout de suite la signature. » - Francis Carco[3]
  • « Bécan est avant tout un croquiste. Il semble qu'il ne veuille point perdre une minute, et il parvient dans le minimum de temps, avec le minimum de lignes, à produire le maximum d'effets. Et sa manière précise, sans sécheresse, synthétique et sans mollesse, ses hachures solides, brèves, sans inutilité, lui permettent merveilleusement les notations en quelques traits, l'esquisse d'un mouvement fugitif mais expressif, et d'indiquer une attitude ou de suggérer un caractère significatif. » - Louis Chéronnet[16]
  • « Il faut donner une mention particulière aux couvertures composées par Bécan. Son esprit, où se mêlent curieusement l'analyse et la synthèse, s'y donne libre cours. Le livre est haché, disséqué, réduit à ses éléments essentiels qui, tous, par un trait, par une silhouette, par une touche de couleur, un rappel toujours significatif, se juxtaposent en un ensemble papillotant et cependant harmonieux. Il n'est presque plus besoin de lire le livre, tant la couverture le résume parfaitement. C'est du meilleur "simultanéisme". » - Robert Burnand[17]
  • « Il laisse surtout de nombreuses caricatures hâtivement jetées au crayon - souvent sur des nappes de restaurants - notations psychologiques d'une intelligence acerbe sur ces "contemporains majeurs" qu'il fréquentait quotidiennement. » - Gérald Schurr[15]
  • « Ses dessins soulignent des situations ou des comportements originaux, le plus souvent caricaturaux... Son style se reconnaît par ses traits dynamiques et ses effets contrastés de lumière. » - Frank Claustrat et Alain Pizerra[2]

Musées et collections publiques[modifier | modifier le code]

Notes et références[modifier | modifier le code]

  1. Archives de Paris, registre matricule no 3879, classe 1910, bureau de Paris (avec mention de la profession).
  2. a b et c Frank Claustrat et Alain Pizerra, Bernard Bécan, Dictionnaire Bénézit, Grûnd, 1999, tome 1, page 939.
  3. a et b Francis Carco, Les Humoristes, Éditions Paul Ollendorff, 1921
  4. Bernard Bécan, « Le dessinateur du spectacle », magazine A.B.C., septembre 1938.
  5. Christian Delporte, Images et politique en France au XXe siècle, Nouveau Monde Édition, 2006.
  6. Yvon Bézardel, Sous l'Occupation - Souvenirs d'un conservateur de musée, Éditions Calmann-Lévy, 1964.
  7. Archives de Paris 9e, acte de décès no 99, année 1943 (page 11/31)
  8. Registre journalier d'inhumation de Paris Père-Lachaise de 1943, en date du 26 janvier (page 11/22)
  9. Bibliothèque nationale de France, Fatty coureur de dot, l'affiche
  10. Bibliothèque nationale de France, Rio Jim, le fléau du désert, l'affiche
  11. a et b Musée Carnavalet, L'affiche du Salon des humoristes, Bernard Bécan, vers 1924
  12. a et b La Cinémathèque française, Affiche de promotion pour la comédienne Ève Francis
  13. Maremurex, Knock ou le triomphe de la médecine, histoire de la pièce
  14. Reproduite dans L’Ami du Lettré pour 1924, Paris, G. Crès, [janvier 1924].
  15. a et b Gérald Schurr, Les petits maîtres de la peinture, valeur de demain, Les Éditions de l'Amateur, 1975, tome 2, page 75.
  16. Louis Chéronnet, « Bernard Bécan », L'Art vivant, 1927.
  17. Robert Burnand, « Bernard Bécan », Art et Industrie, 1927.

Annexes[modifier | modifier le code]

Bibliographie[modifier | modifier le code]

  • Francis Carco, Les humoristes, Éditions Paul Ollendorf, 1921.
  • Yvon Bizardel, Sous l'Occupation - Souvenirs d'un conservateur de musée, Éditions Calmann-Lévy, 1964.
  • Gérald Schurr, Les petits maîtres de la peinture, valeur de demain, Les Éditions de l'Amateur, 1975, tome 2.
  • Emmanuel Bénézit, Dictionnaire des peintres, sculpteurs, dessinateurs et graveurs, Gründ, 1999.
  • Marcus Osterwalder, Dictionnaire des illustrateurs, Éditions Ides et Calendes, 2000.
  • Ouvrage collectif, Dico Solo en couleurs - Plus de 5.000 dessinateurs de presse et 600 supports en France de Daumier à l'an 2000, Éditions Aedis, 2004.
  • Christian Delporte, Images et politique en France au XXe siècle, Nouveau Monde Édition, 2006.

Liens externes[modifier | modifier le code]