Bâillon (Québec)
Le « bâillon » ou la procédure législative d’exception est, au Québec, une procédure à l'Assemblée nationale qui permet au gouvernement de modifier les règles relatives à l'adoption d'un projet de loi. Cette mesure permet de limiter le temps de débat et de procéder plus rapidement à l'adoption d'un projet de loi.
Explication
La procédure législative d'exception est une procédure prévue au Règlement sur l'Assemblée nationale qui permet de diminuer le temps alloué au débat parlementaire sur un projet de loi. Les articles 257.1 à 257.10 du Règlement définissent le temps alloué à chacune des portions du débat. De façon générale, la procédure d'exception permet de réduire le débat sur un projet de loi à environ 14 heures[1].
Cette procédure est utilisée généralement par le gouvernement pour faire adopter des projets de loi urgents ou controversés. Avant la réforme parlementaire de 2009, le gouvernement pouvait faire adopter autant de projet de loi qu'il le proposait dans sa motion. Le bâillon consistait alors simplement en la levée des procédures de l'Assemblée. Depuis le , l'utilisation du bâillon est encadrée dans le Règlement et ne permet au gouvernement de l'utiliser que sur un seul projet de loi à la fois.
Texte
L'article 182 du Règlement de l'Assemblée nationale prévoit la procédure pour invoquer le bâillon.
« 182. Motion de procédure d’exception ─ Le leader du gouvernement peut présenter une motion sans préavis établissant une procédure d’exception en vue de l’étude d’une affaire inscrite ou non au feuilleton. Cette procédure d’exception peut être introduite à l’égard d’une seule affaire à la fois.
La motion, qui fait l’objet d’un débat restreint, ne peut être amendée ni scindée.
Dès l’adoption de la motion, les dispositions du règlement incompatibles avec la procédure prévue dans la motion sont implicitement suspendues pour les fins de l’étude de l’affaire faisant l’objet de la motion, sous réserve des dispositions de la présente section.
L’Assemblée ne peut être saisie que d’une seule motion de procédure d’exception à la fois[2]. »
Exemples
Loi 43
Le bâillon a été notamment utilisé en par le gouvernement Jean Charest lors de la 37e législature du Québec afin d'imposer de nouvelles conventions collectives aux employés de l'État.
Loi 115
Le bâillon fut aussi utilisé en par le gouvernement Jean Charest pendant la 39e législature du Québec pour adopter la Loi faisant suite aux décisions judiciaires en matière de langue d’enseignement modifiant ainsi la Charte de la langue française, ce qui fut ardemment contesté par ses opposants[réf. souhaitée].
Loi 78
Le gouvernement Jean Charest utilise également le bâillon lors de la 2e session de la 39e législature afin d'accélérer l'adoption de la Loi permettant aux étudiants de recevoir l’enseignement dispensé par les établissements de niveau postsecondaire qu'ils fréquentent (Loi 78). Cette loi, adoptée le 18 mai 2012, visant à mettre fin à la grève étudiante québécoise de 2012. Elle a été abrogé en par le gouvernement Pauline Marois.
Notes et références
- Bureau de l'Assemblée nationale 2009, p. 13-14.
- Règlement 2010, p. 111.
Articles connexes
Articles généraux
Exemples de lois adoptées sous bâillon
- Loi concernant les conditions de travail dans le secteur public
- Loi modifiant le Code du travail
- Loi 115
- Loi 78
Bibliographie
- Règlement et autres règles de procédure de l’Assemblée nationale, Assemblée nationale, , 11e éd., 394 p. (lire en ligne).
- Bureau de l'Assemblée nationale, La réforme parlementaire 2009, Assemblée nationale, , 19 p. (lire en ligne)