Brou de noix

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Statuette en plâtre teint au brou de noix.

Le brou de noix est un colorant naturel extrait de l'écorce de la noix. Il sert pour la teinture du bois, et pour la fabrication d'une encre brune, de teinte plus chaude que le bistre, qui s'emploie en lavis et parfois en calligraphie[1].

Composition[modifier | modifier le code]

Le brou contient des tanins, des flavonols telles que la junglanoside ou l'hydroxyjuglone, et diverses substances chimiques, principalement une naphtoquinone, la juglone[2].

Le rapide brunissement des fruits à la cassure provient de l'oxydation enzymatique de ces tanins. Le brou teint durablement les doigts, car ses composés tannent la peau[3].

Histoire[modifier | modifier le code]

Le brou craquelé et ouvert en automne, contient la noix.

Décrit par Richelet en 1706[4], mais certainement en usage longtemps auparavant, le brou de noix fut d'abord utilisé pour teindre le bois[5], ce qui reste son emploi principal (Béguin 1990).

Il peut se mordancer à l'alun, et, ainsi rendu insoluble, servir pour la teinture des laines et des soies, principalement pour rabattre les teintes vives[6].

Comme c'est le cas de beaucoup d'autres teintures, le parenchyme de la drupe du noyer, plus connu comme brou de noix servait aussi en pharmacie, pour ses qualités astringentes[7].

Des artistes l'ont utilisé soit brut, en lavis, soit mordancé. Pernetty indique en 1757 que mordancé, il peut servir à fabriquer un pigment laqué brun avec un liant[8].

Usage artistique[modifier | modifier le code]

Des artistes comme Le Lorrain ou Rembrandt ont employé le brou de noix pour réaliser des œuvres en lavis bruns[9]. Pierre Soulages a utilisé le brou de noix en contraste du noir[10].

Mise en œuvre[modifier | modifier le code]

Le brou de noix se présente sous la forme d'une poudre (le brou qui entoure l'écale de la noix) qu'il suffit de diluer dans de l'eau chaude pour obtenir, à partir du jus de brou, une encre brune. On peut lui rajouter un vernis ou de la gomme arabique afin de lui conférer plus de viscosité[réf. souhaitée].

Le brou de noix est une encre peu teintante. Délébile, elle permet de jouer avec la technique des enlevés, qui consiste à ôter la couleur au pinceau mouillé afin de révéler les lumières du motif. Pour cette technique, l'emploi d'un papier peu poreux (papier dessin et non papier aquarelle) est préférable.

Pharmacie[modifier | modifier le code]

Recueilli avant la maturité du fruit, le brou de noix est astringent. Il a servi en cosmétique pour teindre les cheveux[11].

Le brou de noix a des propriétés vermifuges, antiseptiques et antifongiques[12].

Liqueur[modifier | modifier le code]

Les noix vertes permettent aussi d'élaborer une liqueur dite liqueur de brou de noix. Elles sont coupées en morceaux puis broyées afin d'être mises à macérer pendant deux mois dans de l'eau-de-vie.

Couleur brou de noix[modifier | modifier le code]

En 1802, la mode s'empare de l'expression brou de noix pour désigner une couleur de costume masculin[13]. Cet usage peut se retrouver dans le français actuel, la couleur brou de noix pouvant s'obtenir par de toutes autres matières colorantes[14].

La teinture brou de noix utilisée en menuiserie pour teindre le bois (aussi appelée brou de noix artificiel ou extrait de Cassel) est ainsi fabriquée à partir de terre de Cassel (NB8), de bois d'Inde, de potasse et d'eau et non de véritable brou de noix (NB7) (Béguin 1990).

Annexes[modifier | modifier le code]

Bibliographie[modifier | modifier le code]

  • André Béguin, Dictionnaire technique de la peinture, , p. 130 « Brou de noix ».

Articles connexes[modifier | modifier le code]

Liens externes[modifier | modifier le code]

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Notes et références[modifier | modifier le code]

  1. Claude Mediavilla, Histoire de la calligraphie française, Albin Michel, , 335 p., p. 323.
  2. Ségolène Bergeon-Langle et Pierre Curie, Peinture et dessin. Vocabulaire typologique et technique, Paris, Éditions du patrimoine, , 1249 p. (ISBN 978-2-7577-0065-5), p. 973, « Brou de noix ».
  3. Marc-André Selosse, Les Goûts et les couleurs du monde. Une histoire naturelle des tannins, de l'écologie à la santé, Actes Sud, , p. 73.
  4. Pierre Richelet, Dictionnaire françois, Amsterdam, (lire en ligne).
  5. Nicolas Lemery, Nouveau recueil de secrets et curiositez les plus rares et admirables de tous les effets que l'art et la nature sont capables de produire, Amsterdam, 3, (lire en ligne).
  6. Recueil des règlements généraux et particuliers concernant les manufactures et fabriques du royaume, Paris, Impr. royale, (lire en ligne) ;
    Anglès, La Perfection de la teinture noire sur la soie, Lyon, (lire en ligne).
  7. Nicolas Philibert Adelon, Dictionnaire de médecine., t. 3, ARG-BUT, Paris, Béchet jeune, (lire en ligne) ; Nicolas-Jean-Baptiste-Gaston Guibourt et Noël-Étienne Henry, Pharmacopée raisonnée, ou Traité de pharmacie pratique et théorique, , p. 17.
  8. Antoine-Joseph Pernety, Dictionnaire portatif de peinture, sculpture et gravure, (lire en ligne).
  9. [source insuffisante] La requête « brou de noix » sur la « base Joconde »(Archive.orgWikiwixArchive.isGoogleQue faire ?) donne 190 réponses le 14 février 2017. Des dessins du Lorrain y sont marqués à l'« encre brune », sans indication de composition.
  10. « Brou de noix sur papier (1948) Pierre Soulages • Musée Soulages Rodez », sur Musée Soulages Rodez (consulté le ).
  11. Yannick de Roeck-Holtzhauer, « La cosmétologie à travers les âges », Revue d'Histoire de la Pharmacie, no 279,‎ , p. 397-399 (lire en ligne).
  12. « Noyer », sur www.doctissimo.fr (consulté le ).
  13. Journal des arts, de littérature et de commerce, Paris, 1902 « Journal des arts », sur gallica.bnf.fr.
  14. Trésor de la langue française, « Brou », sur atilf.atilf.fr.