Bourrée fantasque

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Bourrée fantasque
Image illustrative de l’article Bourrée fantasque
couverture de la première édition (1891)

Genre Œuvre pour piano
Musique Emmanuel Chabrier
Durée approximative 6 minutes
Dates de composition 1891
Dédicataire Édouard Risler
Partition autographe Bibliothèque nationale de France
Création
Paris
Interprètes Madeleine Jaeger

La Bourrée fantasque est une pièce pour piano composée par Emmanuel Chabrier en 1891[1]. C'est la dernière œuvre pour l'instrument publiée du vivant de l'auteur[2].

Présentation[modifier | modifier le code]

La Bourrée fantasque est dédiée à Édouard Risler, pianiste et ami du compositeur[3]. Chabrier lui écrit dans une lettre datée du 12 mai 1891 :

« Je vous ai fabriqué un petit morceau de piano que je crois assez amusant et dans lequel j’ai compté près de 113 sonorités différentes. »[4]

Elle a été créée le à Paris par Mme Henry Jossic (Madeleine Jaeger) à un concert de la Société nationale de musique[1].

Analyse[modifier | modifier le code]

L’œuvre emprunte une partie de son titre à la bourrée et est construite autour de deux thèmes[2]. Le premier, noté très animé, avec beaucoup d'entrain, et marcatissimo, avec ses nombreuses notes répétées et son allure dynamique, possède une couleur martelée et populaire qui évoque la danse campagnarde[5]. Le second, noté molto espressivo, possède un tout autre caractère, de grande douceur, et une indécision mélodique qui finit par se résoudre en plénitude lyrique[5]. Tandis que le début de la pièce est en ut mineur mais teinté de modalisme du fait de la sensible non altérée, le second thème est en fa majeur mais très chromatique, et après diverses modulations expressives, la fin est en ut majeur, « dans un joyeux tintamarre »[2].

Son exécution demande environ six minutes[6].

Commentaires[modifier | modifier le code]

Pour Alfred Cortot, « on n’avait point encore écrit pour le piano de cette manière, en lui prêtant des ressources orchestrales insoupçonnées, en utilisant les timbres pour caractériser les rythmes, en libérant le pouvoir rayonnant de la pédale. Autant, sinon plus qu’España, ce court divertissement de piano aura mis les compositeurs sur la voie d’une nouvelle technique de la couleur musicale »[7].

François-René Tranchefort rappelle quant à lui que Poulenc considérait que Chabrier innovait ici dans le domaine pianistique « autant que les Études de Debussy, ou de Gaspard de la nuit de Ravel »[5].

Guy Sacre synthétise ces appréciations en écrivant que « c'est la pièce qui résume Chabrier, un chef-d’œuvre de rythmes, de timbres, de couleurs, où le piano rivalise avec l'orchestre »[2].

Orchestrations[modifier | modifier le code]

Fichier audio
Emmanuel Cabrier, Bourrée fantasque
orchestrée par Felix Mottl.
noicon
Orchestre symphonique de Détroit,
dir. Paul Paray (1957).

Chabrier a fait une première esquisse d'orchestration qu'il n'a pas achevée[8]. L'une des versions orchestrales les plus jouées est celle de Felix Mottl, exécutée pour la première fois le 27 mars 1898 à Paris sous sa direction, à la tête de l'orchestre Lamoureux[8]. Une autre version est celle réalisée par Charles Koechlin et créée le 14 mars 1924 par l'orchestre de la Société des concerts du Conservatoire sous la direction d'Albert Wolff[8] et enregistrée en 2012 chez Hänssler par le Radio-Sinfonieorchester Stuttgart des SWR sous la direction de Heinz Holliger. À l'occasion du centenaire de la mort du compositeur, Robin Holloway complète l'orchestration originale de Chabrier : la première exécution de cette nouvelle version est donnée à Londres le 8 février 1994 par l'English Northern Philharmonia sous la direction de Paul Daniel[8].

Ballets[modifier | modifier le code]

Autres instrumentations[modifier | modifier le code]

Il existe également un arrangement de la pièce pour piano à quatre mains dû au compositeur, ainsi qu'une version pour deux pianos (à 4 mains) par Édouard Risler[3].

Bibliographie[modifier | modifier le code]

  • Alfred Cortot, La musique française de piano. Première série, Claude Debussy, César Franck, Gabriel Fauré, Emmanuel Chabrier, Paul Dukas, Paris, Éditions Rieder, 1930.
  • Guy Sacre, La musique pour piano : dictionnaire des compositeurs et des œuvres, vol. I (A-I), Paris, Robert Laffont, coll. « Bouquins », 1998, 1 495 p.
  • François-René Tranchefort (dir.), Guide de la musique de piano et de clavecin, Paris, Fayard, coll. « Les indispensables de la musique », 1987, 870 p.

Discographie[modifier | modifier le code]

Pour piano[modifier | modifier le code]

Pour orchestre[modifier | modifier le code]

Notes et références[modifier | modifier le code]

  1. a et b Roger Delage, Emmanuel Chabrier, Paris, Fayard, 1999, 767 p.
  2. a b c et d Guy Sacre, La musique pour piano : dictionnaire des compositeurs et des œuvres, vol. I (A-I), Paris, Robert Laffont, coll. « Bouquins », 1998, 1 495 p.
  3. a et b Emmanuel Chabrier (1841-1894), Bourrée fantasque. Piano. D 74, (lire en ligne)
  4. Emmanuel Chabrier. Correspondance, réunie et présentée par Roger Delage et Frans Durif, avec Thierry Bodin, Paris, Klincksieck, 1995, 1261 p., p. 882
  5. a b et c François-René Tranchefort (dir.), Guide de la musique de piano et de clavecin, Paris, Fayard, coll. « Les indispensables de la musique », 1987, 870 p. (ISBN 978-2213016399), (BNF 35064530)
  6. (en-US) « Bourrée fantasque, for piano… | Details », sur AllMusic (consulté le )
  7. Alfred Cortot (1877-1962), La Musique française de piano, (lire en ligne)
  8. a b c et d Emmanuel Chabrier (1841-1894), Bourrée fantasque. Orchestre. D 75, (lire en ligne)
  9. Nicole Wild et David Charlton, Théâtre de l'Opéra-Comique Paris : répertoire 1762-1972, Paris, Mardaga, , 552 p., p. 170
  10. (en) « Ballet Master », sur New York City Ballet, Our history, George Balanchine (consulté le )
  11. « Chabrier: Musique pour piano », sur Hyperion Records (consulté le )
  12. « CHABRIER: Piano Works, Vol. 1 », sur www.naxos.com (consulté le )
  13. « Chabrier: Orchestral Works Orchestral & Concertos Chandos », sur Chandos Records (consulté le )

Liens externes[modifier | modifier le code]